La croissance démographique constitue actuellement un des facteurs qui aggrave l’insécurité alimentaire dans le monde. Avec un taux de croissance de 3% par an, Madagascar n’échappe pas à cette pression démographique (U.S.Census, 2012). L’accroissement de la productivité agricole devrait suivre cette tendance de la croissance démographique, afin que Madagascar conserve une certaine autosuffisance alimentaire.
Dans le Moyen-Ouest de Madagascar, l’augmentation de la population est surtout due à l’arrivée des immigrants venant d’autres régions du pays. L’existence de vastes plateaux et de nombreux bas-fonds, encore peu colonisée et relativement fertiles dans cette région attire ces immigrants qui sont principalement des agriculteurs. Vu la dimension vaste des terrains (plus particulièrement ceux des Tanety), leur mise en valeur est conditionnée par l’accessibilité, au moins, à la traction animale. En effet, dans cette région, la traction bovine, bien que très ancienne, reste très importante. Par leur travail, les bœufs de trait contribuent encore significativement à réduire la pénibilité des travaux agricoles tels que les labours et de diverses autres activités, comme les transports. L’élevage bovin joue donc un rôle très important dans le système de production des paysans du Moyen Ouest (Granier, 1966). Il fournit les matières organiques et une grosse partie du travail pour soutenir la production agricole.
Présentation de la zone d’étude
La zone géographique dont on parle dans ce document concerne la région Bongolava. Elle fait partie du Moyen-Ouest de la province d’AntananarivoElle est bordée à l’Ouest Nord-Ouest par le faritany de Mahajanga, région du Melaky, district de Morafenobe, et d’Ambatomainty (à 667 km du bord de la mer de Maintirano), au NordEst par la région d’Analamanga district d’Ankazobe, à l’Est par la région de l’Itasy, au Sud par la région du Vakinankaratra, district de Betafo, et à l’Ouest Sud-Ouest par la région du Menabe, district de Miandrivazo.
Elle est limitée par les coordonnées géographiques suivantes : entre 17,76° et 19,46° de latitude sud, entre 45,48° et 47,08° de longitude Est.
Le chef-lieu de la région, Tsiroanomandidy, se situe à 219 km d’Antananarivo. La région de Bongolava comprend deux districts : le district de Tsiroanomandidy qui s’étend sur 10.199 km² et celui de Fenoarivobe qui couvre 7.784 km². La région de Bongolava s’étend sur une superficie totale de 17. 983 km². Tsiroanomandidy est reliée au chef-lieu de région d’Antananarivo par la route nationale n°1(CREAM, 2013).
Il apparaît que les superficies totales, ainsi que les superficies cultivées pour les quatre principales cultures dans la région de Bongolava ont augmenté entre ces trois années même si la traction animale a connu une régression. On assiste également à la baisse de la superficie cultivée par exploitant entre les années 1985 et 2005. Ces faits s’expliquent par l’existence des actions concernant le développement et les migrants dans le moyen-ouest comme les projets CEFOTAM, PMMO, PDMO… (Raunet, 1994). Ces projets ont entrainé des immigrations importantes dans le Moyen-Ouest aboutissant au surcroit des terrains exploités. Un cas similaire a été observé au Tchad par Angel et Rodriguez (1992) qui ont conclu que « l’augmentation des superficies cultivées dans la zone soudanienne [du Tchad] doit tout à l’augmentation démographique [nombre d’actifs par famille] et pratiquement rien à la traction animale » (Vall et al 2003).
L’accroissement ou la baisse des surfaces cultivées ne dépend uniquement du niveau d’équipement agricole mais autant d’autres facteurs. En effet, dans le Moyen-Ouest d’Antananarivo la régression de la traction n’a pas eu d’effet sur la superficie cultivée.
Face à ces problèmes de recul de la traction animale devant l’accroissement des surfaces exploitées, les exploitants agricoles de cette région ont adopté des nouvelles techniques. Ils ont réservé la traction animale pour le travail des parcelles de taille généralement inférieur à 5 Ha. Pour les grandes exploitations, les travaux de culture sur les parcelles de grande dimension, souvent supérieure à 5 Ha, sont effectués par des matériels à traction motorisée (Blanc-Pamard, 1987 ; Rapport d’analyse régionale : Région Bongolava, 2006; ROR Itasy 2008). Il s’agit des tracteurs agricoles, les motoculteurs, pulvériseurs à disques… (RA, 2005). De plus, le taux d’utilisation des matériels motorisés par rapport aux matériels à traction animale a connu une augmentation. Plusieurs paramètres déterminent ce choix de la traction motorisée pour être une alternative à la traction animale .
➤ Sur le plan technique
Tous les gros travaux de préparation du sol peuvent se faire soit à la charrue à bœuf, soit au tracteur. Mais le tracteur a l’avantage d’être beaucoup plus rapide que la charrue à bœuf. Ainsi, les différentes techniques comme le hersage et planage à la charrue peuvent être remplacées par l’utilisation du tracteur avec une herse ou avec des rouescages. L’équipement en roues-cages qui a été prévu initialement pour empêcher que les tracteurs ne patinent sur ces sols humides permet de remplacer aussi le piétinage traditionnel que le hersage-planage. A cela s’ajoute que le tracteur permet des labours plus réguliers, plus profonds et dans des conditions de dureté du sol qui rendraient impraticables les labours à la charrue (Ottino, 1964).
➤ Sur le plan économique : (Ottino, 1964 ; Blanc-Pamard, 1987)
L’utilisation de la traction animale suppose l’immobilisation d’un capital important constitué par la charrue et/ou la herse d’une part, l’attelage dressé d’autre part qui peut comprendre au moins deux paires de bœufs. Ces derniers tirent l’attelage à tour de rôle puisque les bœufs ne pouvant pas travailler plus d’une bonne demi-journée. Il faut également dresser l’attelage, le soigner, le nourrir et le garder ce qui entraîne un surcroît de travail sur toute l’année.
A la différence, le tracteur apporte un gain de temps et sans travail supplémentaire. Pourtant, les travaux sur les seules terres de leurs propriétaires ne sont pas l’unique rentabilisation. Son travail plus rapide permet de le louer à d’autres exploitants, de pratiquer le métayage motorisé ou métayage-tracteur. Certains exploitants ont plus d’un tracteur, le second tracteur ne sert qu’à la location de travail. En effet, la location d’un tracteur pour le labour est une solution qui tend à être préférée à raison d’être plus rapide (environ 3 heures de tracteur par hectare) et légèrement plus économique que le labour à la charrue.
➤ Concernant le temps de travail
En culture attelée, le travail s’étale sur plusieurs jours car il faut tenir compte des paires de bœufs disponibles : les deux paires de bœufs qui tirent la charrue travaillent 4 heures par jour puis récupèrent le jour suivant, le travail peut être poursuivi si l’exploitant dispose de deux autres paires de bœufs, autrement il est remis au lendemain.
Par exemple, le labour de un Ha de terrain en culture attelée se fait entre 8 à 12 jours sur sol meuble. L’intérêt du tracteur qui intervient dans différents travaux (labour-hersage transport), est de réduire le travail en durée et de faire qu’il s’étale moins dans le temps. Le matériel agricole joue un grand rôle sur la rapidité d’exécution des travaux : tracteur ou plusieurs attelages utilisés en même temps dans la même parcelle.
Pour le cas des exploitants qui n’ont pas de matériel d’exploitation (bœufs, charrue ou herse), ils s’organisent pour leurs travaux dans le cadre de location, entraide ou travail d’équipe, ce qui entraîne du retard dans les dates d’exécution des travaux.
Mais en réalité, les tracteurs agricoles ne sont pas techniquement adaptés à tous les unités de paysages. En effet, les sols des vallées ne sont pas mécanisables du fait de leur structure foncière morcelée de superficie souvent pas plus de 1are, de la topographie locale, de l’aménagement des cultures en terrasses et de leur nature hydromorphe rendant inaccessible au tracteur. Ces derniers sont faciles à utiliser sur des terrains plus ou moins vaste et à pente faible (inférieur à 12%) donc seulement sur les plateaux. L’accès aux champs est alors un facteur qui peut sérieusement réduire l’utilisation de tracteurs, mais ne pose pas de problèmes si l’on se sert d’animaux. Le travail de ces sols des vallées ne peut donc pas dépasser de l’utilisation de la traction animale.
De plus, sur le plan économique, les tracteurs agricoles ne sont pas accessibles aux petits paysans du fait de leur cout élevé pouvant atteindre jusqu’à cent millions d’Ariary. Même les la plupart des grandes exploitants ou les associations des paysans n’ont pas les moyens d’en acheter. Ainsi, le fait que les matériels à traction animale sont fabriqués par des forgerons locaux, faciles à manipuler et à réparer et qu’ils ne dépendent pas de la disponibilité ou du prix du gasoil défait les tracteurs agricoles. De plus, les animaux de trait compactent normalement moins le sol que les tracteurs.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Matériels et méthodes
1.1. Présentation de la zone d’étude
1.2. Méthodologie de travail
1.2.1. Choix de la zone d’étude
1.2.2. Collecte de données
1.2.3. Analyses des données
1.2.4. Limites de la méthodologie
2. Résultats et interprétations
2.1. Evolution et importance de la traction animale
2.2. Valeur de la surface totale cultivée dans la région de Bongolava
2.3. Valeur de la surface moyenne cultivée par exploitant
2.4. Evolution de la surface cultivée selon les types de culture
2.5. Evolution des effectifs des matériels de travail du sol selon la classe de superficie
2.6. Evolution des effectifs des différents matériels de travail du sol
3. Discussions et recommandations
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES