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ETIOPATHOGENIE
Les lรฉsions isolรฉes :
Lโรฉtude des relations de frottement (la tribologie) permet de mieux comprendre lโรฉtiopathogรฉnie des phรฉnomรจnes dโusure dentaire et de les classer en fonction des mรฉcanismes en jeu24 .
Les dents font partie du systรจme manducateur, donc elles sont soumises
ร des contacts statiques et dynamiques24 pour concourir ร lโocclusion, la phonation, la dรฉglutition. Ces contacts sont :
โข Dento-dentaires,
โข Vis-ร -vis des aliments, des parties molles (joues, langue et lรจvres),
โข Vis-ร -vis des corps รฉtrangers intรฉgrรฉs ร la vie quotidienne (brosse ร dent, dentifrice et accessoires dโhygiรจne dentaire, pipe, รฉpingle et objets mรฉtalliques).
Toutes ces actions ne peuvent se produire sans une perte de substance dentaire qui peut รชtre gรฉnรฉralisรฉe (globale) ou focalisรฉe (localisรฉe)24. Les mรฉcanismes tribologiques en jeu peuvent รชtre:
– Lโabrasion ร deux corps : friction de deux corps solides en mouvement dont les surfaces sont en contact direct. Cโest le cas de lโattrition
– Lโabrasion ร trois corps : mรชme phรฉnomรจne avec interposition de particules abrasives
– Lโรฉrosion : abrasion ร trois corps dont lโun est un fluide (gaz ou liquide) ;
– Lโusure tribo-chimique : perte de substance provoquรฉe par une action chimique (acide, chรฉlatant) affaiblissant la cohรฉsion molรฉculaire des surfaces en jeu, se combinant avec chacun des processus ci-dessus pour lโamplifier32.
Les mรฉcanismes citรฉs ci-dessus agissent en surface, cependant on peut ajouter un facteur indirect (favorisant) qui peut contribuer ร lโusure par une action en profondeur24 .
– Lโabfraction (la fatigue) : destruction dโun corps en sub-surface pouvant affecter la surface. Elle est causรฉe par les forces de flexion consรฉcutives aux stress occlusaux.
Abfraction :
Selon Kaleka32 et coll cโest une perte localisรฉe (cervicale) de lโintรฉgritรฉ de surface de la dent (รฉmail, dentine ou cรฉment) par destruction en sub-surface sous lโeffet cumulatif de la flexion dentaire rรฉpรฉtรฉe (fatigue).
Elle est dโรฉtiologie multiple avec comme tรชte de file les parafonctions telles que le bruxisme, les interfรฉrences travaillantes et non travaillantes65.
Dโaprรจs les รฉtudes de Marion et coll, les lรฉsions abfractives sont plus frรฉquentes chez les individus prรฉsentant une fonction groupe (22%) plutรดt que chez les individus prรฉsentant une fonction canine (2%) 25,43.
Des รฉtudes de Rees ont montrรฉ que les restaurations occlusales ร lโamalgame peuvent รชtre ร lโorigine de cette lรฉsion6,47.
En ce qui concerne la pathogรฉnie, la thรฉorie de la flexion reste la plus plausible.
ยพ Thรฉorie de la flexion :
Cโest une thรฉorie basรฉe sur des รฉtudes expรฉrimentales et des constatations cliniques. Elle nโest pas encore sans controverses. Il sโagit dโune interprรฉtation des phรฉnomรจnes biomรฉcaniques de contraintes que subit la dent dans sa fonction occlusale. Lโeffritement superficiel de lโรฉmail et/ou du cรฉment et de la dentine peut รชtre appuyรฉ par deux hypothรจses32,49:
– Les forces occlusales excentrรฉes (dues au bruxisme ou aux interfรฉrences) entraineraient des contraintes rรฉpรฉtรฉes en traction que subirait la zone cervico-dentaire et suffiraient ร la longue ร disjoindre,
par effet de la fatigue, les prismes dโรฉmail, essentiellement en vestibulaire32,38. Ces phรฉnomรจnes vont crรฉer une zone de faiblesse ร la rรฉgion cervicale, permettant aux autres causes dโusure (abrasion et รฉrosion), dโapprofondir et de modeler la lรฉsion ainsi crรฉรฉe.
– Les actions des acides dโorigine intrinsรจque ou extrinsรจque pourraient accentuer les contraintes de compression et de traction, concentrรฉes prรจs de la jonction amรฉlo-cรฉmentaire21,23,32.
Cette thรฉorie de la flexion sโest appuyรฉe sur les constatations cliniques ci-aprรจs :
– Les lรฉsions cervicales non carieuses, pour la plupart du temps, sont accompagnรฉes dโusure dentaire trรจs prononcรฉe (attrition), mettant
en exergue des interfรฉrences et/ou des parafonctions. Plusieurs รฉtudes confirment lโassociation entre lโattrition et lโabfraction chez un mรชme sujet31,33,40,42,45.
– Des รฉtudes expรฉrimentales de modรฉlisation in vitro ont montrรฉes que la rรฉsultante des contraintes dโรฉcrasement axial et surtout de flexion
vestibulo-linguale se concentrent dans la rรฉgion cervicale proche de la jonction amรฉlo-cรฉmentaire32,38 .
Malgrรฉ ces รฉtudes et expรฉriences21,38 , les lรฉsions cervicales non carieuses ne peuvent รชtre reproductibles ni par une mise en รฉvidence directe ni par leur รฉtiopathogรฉnie par des รฉtudes in vivo ou en dehors de lโorganisme. Cโest donc une spรฉculation de penser que seule lโabfraction serait lโinitiatrice des lรฉsions cervicales. Divers arguments ont รฉtรฉ รฉvoquรฉs pour la justifier indirectement.
Powers et coll (1973) avaient annoncรฉ que l’รฉmail est sensible ร la tension et la phase de dรฉformation peut donc causer sa rupture, permettant ร l’eau et ร d’autres petites molรฉcules de pรฉnรฉtrer entre les prismes et empรชcher le rรฉtablissement des liens interprismatiques ร la sortie du stress4,40,51.
Abrasion :
Cโest une usure mรฉcanique des dents par le contact rรฉpรฉtรฉ avec des corps รฉtrangers. Cโest un phรฉnomรจne progressif12.
Il peut รชtre scindรฉ en deux : abrasion globale (gรฉnรฉralisรฉe) et abrasion focalisรฉe (localisรฉe).
ยพ Abrasion globale
Tout corps en contact avec dโautres subit une usure mรชme minime. Les organes dentaires nโรฉchapperont pas ร cette rรจgle. Dans la bouche, cette friction est assurรฉe par les aliments, les joues, la langue et les corps รฉtrangers. Lโalimentation moderne est beaucoup plus molle que dโautres modes plus archaiques53 donc il possรจde un pouvoir abrasif plus faible. Les parties molles (joues, langue) exercent des forces de frottement sur la denture matรฉrialisรฉ sur les surfaces axiales vestibulaires et linguales par une zone habituellement dรฉpourvue de plaque bactรฉrienne (aire dite autonettoyante)22,32,49.
ยพ Abrasion focalisรฉe:
Lโusage gรฉnรฉralisรฉ de la brosse ร dent et du dentifrice est un couteau ร double tranchant. Dโune part, il permet un contrรดle de plaque et donc concourt ร la prรฉvention des maladies carieuses et parodontales. Dโautre part, leur utilisation inadaptรฉe, peut aboutir ร des phรฉnomรจnes dโagression tissulaire pouvant affecter ร la fois le parodonte (ulcรฉration,
rรฉcession gingivale) et lโodonte (usure de la zone dรฉnudรฉe), focalisรฉs essentiellement dans la zone cervico-vestibulaire18,32. Ce phรฉnomรจne dโabrasion ร รฉtรฉ comparรฉ ร une piste de ski par Kaleka et coll32 : les premiers passages des poils de la brosse se feront de maniรจre alรฉatoire dans la zone cervicale puis de petites rainures se formeront et les poils emprunteront ces rainures par convenance et ces rainures sโรฉlargiront au fil du temps32.
Une grande รฉtude transversale sur 818 sujets de Bergstrรถm et Lavstedt5 (1979) a montrรฉ une augmentation de la frรฉquence de lรฉsions cervicales de 12% chez des patients qui se brossent deux fois par jour, comparรฉ ร ceux qui se brossent moins frรฉquemment4,5,32 .
Les paramรจtres รฉtiologiques les plus significatifs รฉtaient lโรขge, le mode de brossage et la frรฉquence du brossage.
Bien que jouant un rรดle indรฉniable dans lโusure dentaire, la composition chimique de la pate dentifrice et la rigiditรฉ des poils de la brosse ne sont pas aussi importantes que les trois facteurs citรฉs prรฉcรฉdemment.
Une รฉtude plus rรฉcente de Lussi et coll32,42 a montrรฉ sur une population de 391 personnes dโรขge compris entre 26 et 50 ans, que les lรฉsions cervicales cunรฉiformes affectaient entre 60,8 et 78,7% des personnes en fonction de lโรขge. 85% des cas รฉtaient associรฉs ร lโhyperesthรฉsie dentinaire et le contrรดle effectuรฉ 6 ans aprรจs a รฉtabli que ce sont les
trois facteurs citรฉs ci-dessus qui aggravent ces lรฉsions confirmant ainsi le mรฉcanisme cumulatif de lโusure32,41.
Erosion :
Cโest une usure des dents par dissolution acide progressive ne faisant pas intervenir la plaque bactรฉrienne. Cโest un phรฉnomรจne progressif30. Comme dans le processus carieux, il existe un pH critique (5,5) en dessous duquel les cristaux dโhydroxyapatite commencent ร se dรฉsintรฉgrer. Alors que lโรฉmail est beaucoup plus compacte que la dentine et le cรฉment donc il est aisรฉ de comprendre pourquoi les รฉrosions dรฉbutent au niveau de la jonction amรฉlo-cรฉmentaire (mise ร nu par la sรฉnescence ou la sรฉnilitรฉ). Ce phรฉnomรจne est le mรฉcanisme dโusure le plus รฉtudiรฉ 7,17,29,41,46,49,61 car il se situe au carrefour de plusieurs domaines, allant de la santรฉ publique ร la nutrition, la mรฉdecine du sport, la gastro-entรฉrologie et la psychiatrie.
Lโexposition continue ou rรฉpรฉtรฉe du milieu buccal aux acides (quโils soient dโorigine intrinsรจque, extrinsรจque ou inconnue) va dรฉsรฉquilibrer le systรจme dรฉminรฉralisation-reminรฉralisation aboutissant ร une perte irrรฉversible des tissus dentaires.
ยพ Les acides dโorigine extrinsรจque :
Lโalimentation et les mรฉdicaments restent les principales sources. Cependant, il existe des sources environnementales reconnues telles
que les piscines chlorรฉes ou lโexposition professionnelle aux acides dans les industries qui sont plus rares 29,62. Dans les รฉtudes scientifiques32,66 , on constate que le mode alimentaire sโoriente vers une consommation dโacide de plus en plus grandissante surtout chez les jeunes et les trรจs jeunes enfants, dont la consommation de jus de fruit, de boissons gazeuses et de boissons sportives de rรฉhydratation est en nette progression. La consommation dโaliments plus traditionnels que sont les fruits (citron), les conserves vinaigrรฉes, les sauces de salade, le rรฉgime lacto-vรฉgรฉtarien, les vinsโฆ ont รฉtรฉ identifiรฉs comme facteurs favorisant les usures dentaires32,39,67.
La prise prolongรฉe de certaines molรฉcules mรฉdicamenteuses telles que lโacide ascorbique (vitamine C) en tablette et certains bains de bouche 37,85 pourraient provoquer une attaque acide. Le 3,4 methylรจnedioxy-methamphรฉtamine (ecstasy) rรฉduit la sรฉcrรฉtion salivaire donc il attenue le rรดle de rรฉgulation que joue la salive dans lโhomรฉostasie du milieu buccal. Son utilisation combinรฉe avec la prise de boissons acides en grande quantitรฉ pour rรฉtablir lโรฉquilibre hydrique pourrait contribuer ร lโusure รฉrosive32,51.
Mรฉcanismes bifactoriels
Les trois mรฉcanismes (le Stress, la friction et la corrosion) peuvent se combiner deux ร deux :
Abrasion – abfraction
Cโest des lรฉsions cervicales dโusure dues aux forces de flexion et ร la friction dโun facteur externe.
Dans ce type de lรฉsion, ces deux facteurs agissent en synergie entrainant la destruction, au niveau de la rรฉgion cervicale, de la structure prismatique de lโรฉmail quand le brossage est exaspรฉrรฉ donnant une lรฉsion abrasive combinรฉe ร des lรฉsions en forme de cale ou abfraction21,49.
Corrosion โ abfraction
Cette combinaison peut se produire en prรฉsence de forces de flexion et dโun agent chimique. Cโest une perte de substance dentaire due ร une action physico-chimique.
Le phรฉnomรจne est le plus souvent constituรฉ dโune corrosion combinรฉe ร un stress dynamique. Dans ce cas les forces de flexion dรฉrivent de lโocclusion et des parafonctions qui peuvent lโaccompagner.
Plus rarement, il dรฉrive dโune corrosion combinรฉe ร un stress statique.
On peut lโobserver dans certains cas de traitements orthodontiques49.
Dans lโun ou lโautre cas, les forces les forces de flexion crรฉent, au niveau des structures dentaires de la rรฉgion cervicale deux types de stress : le premier est une compression dirigรฉe dans le sens de la force et le second une traction exercรฉe dans le sens opposรฉ. Ceux-ci combinรฉes ร lโaction des corrosifs peu produire une perte de substance dentaire au niveau de la rรฉgion cervicale (figure 1).
Abrasionโ corrosion
Cโest une activitรฉ synergรฉtique de substances corrosives et dโagent externe de friction. Le mรฉcanisme le plus courant est le brossage avec une pate dentifrice contenant des substances abrasives48.
Deux groupes diffรฉrents de chercheurs (Jaeggi et Lussi, 1999; Attin et coll, 2004)2,29, par des รฉtudes in situ, ont annoncรฉ que si la surface de la dent n’est pas exposรฉe ร l’abrasion mรฉcanique, une pรฉriode dโexposition prolongรฉe ร la salive entraรฎnera une reminรฉralisation.
De cette รฉtude de laboratoire, ils ont conclu qu’aprรจs une attaque acide, un dรฉlai dโattente d’au moins une heure avant le brossage peut augmenter la rรฉsistance des surfaces dentaires ร l’abrasion (Jaeggi et Lussi, 1999; Attin et coll, 2000)1,30.
Mรฉcanismes Multifactoriels
Les trois mรฉcanismes de base (stress, friction et corrosion) interagissant sont les facteurs dโinitiation et de perpรฉtuation des lรฉsions de surfaces dentaires.
Dans certains cas, plus de deux mรฉcanismes peuvent รชtre impliquรฉs dans lโรฉtiologie des lรฉsions. Il nโest pas rare de rencontrer chez certains patients des lรฉsions cervicales corrosives exacerbรฉes par lโabrasion due au brossage intempestif et associรฉe ร une absence de fonction occlusale de rรฉfรฉrence (cโest-ร -dire une prรฉsence dโinterfรฉrences occlusales). Les trois types de lรฉsions peuvent donc รชtre prรฉsents chez une mรชme personne et on parle alors de corrosion-abrasion-abfraction. L’รฉtiologie combinรฉe d’usure cervicale est soutenue par une enquรชte sur 264 individus et des donnรฉes d’implication de la salive et des questionnaires diรฉtรฉtiques (Bader et coll, 1996)3. L’รฉtude contrรดlรฉe de cas a montrรฉ que l’usure cervicale est un processus multifactoriel tant dans l’initiation que dans la progression. (Grippo)
TRAITEMENT
Il y a deux รฉtapes thรฉrapeutiques : le traitement รฉtiologique et le traitement de la lรฉsion elle-mรชme.
Le traitement รฉtiologique consiste ร supprimer toutes les habitudes nocives comme un brossage traumatisant dans le cas dโune abrasion par exemple.
La seconde รฉtape peut se faire par une mรฉthode directe ou indirecte.
Restauration directe
Vu la topographie des lรฉsions cervicales non carieuses (en forme de dรฉpouille) et leurs situations (en vestibulaire), les matรฉriaux inesthรฉtiques et ceux qui ne remplissent pas des aptitudes ร lโadhรฉsion et des qualitรฉs esthรฉtiques ne pourront pas รชtre utilisรฉs pour leur traitement (cโest le cas de lโamalgame dโargent). Les composites et les ciments verres ionomรจres sont donc plus adaptรฉs ร ces restaurations.
Restauration indirecte
Les facettes esthรฉtiques sont des piรจces en cรฉramique ou en rรฉsine qui remplacent toute la face vestibulaire des dents (antรฉrieurs surtout). Elles sont assimilables ร de faux ongles. Une fine couche de matรฉriau fabriquรฉe sur mesure recouvre la face vestibulaire de la dent. Elle nรฉcessite une rรฉduction irrรฉversible de lโรฉmail des dents par contre le rรฉsultat esthรฉtique est excellent.
LES BIOMATERIAUX DE RESTAURATIONS DENTAIRES
Ce sont des matรฉriaux organiques, minรฉraux ou organominรฉraux permettant de restaurer plus ou moins durablement la forme de la dent. Ils sont nombreux mais nous ne dรฉcrirons dans cette รฉtude que les ciments aux verres ionomรจres (CVI), les composites, les facettes esthรฉtiques et les adhรฉsifs amรฉlo-dentinaires.
Les ciments aux verres ionomรจres (CVI):
Comme la plupart des ciments, ceux appelรฉs verre-ionomรจres sont le produit dโune rรฉaction acido-basique entre une poudre (verre alumino-silicate de calcium fluorรฉ) et un liquide gรฉlatineux (acide alkanoรฏque). Le principal ingrรฉdient utilisรฉ dans les versions dentaires est lโacide polyacrylique, dont les propriรฉtรฉs adhรฉsives sont bien connues.
Ces ciments peuvent adhรฉrer de faรงon permanente ร des surfaces biologiques dans des conditions dโhumiditรฉ, ce qui les rend adaptรฉs ร des usages odontologiques. En dรฉfinitive, ces ciments dรฉrivent de la rรฉaction entre lโacide polycarboxylique aqueux et le verre alumino-silicate.
Composition :
Ces ciments sont constituรฉs :
– dโune poudre de verre dโaluminosilicate de calcium fluorรฉ
– dโun liquide dโacide polyalkรฉnoรฏque qui possรจde de nombreuses fonctions carboxyliques (COOH). Ces fonctions permettent dโobtenir la formation du sel de polyalkรฉnoate mรฉtallique.
Lโacide a une masse molรฉculaire รฉlevรฉe, ce qui explique sa haute viscositรฉ donc la difficultรฉ ร rรฉaliser une goute dโun calibre constant pour le dosage. Le liquide est parfois de lโeau distillรฉe et dans ce cas, lโacide est dรฉshydratรฉ et mรฉlangรฉ directement ร la poudre.
Classification :
On distingue deux grands groupes :
– Les CVI autopolymรฉrisables : ils sont sous forme dโune poudre et dโun liquide ร malaxer. Ils sont le rรฉsultat dโune rรฉaction acidobasique oรน lโacide est le liquide et la base la poudre. La rรฉaction de prise aboutit ร un polysel mรฉtallique hydratรฉ. Pour optimiser la manipulation et lโefficacitรฉ clinique du matรฉriau, il faut une bonne connaissance de la rรฉaction de prise.
– Les CVI photopolymรฉrisables : Il sโagit dโun composite dโau moins 10% de composition totale associรฉ ร des initiateurs photosensibles ajoutรฉ au mรฉlange polyacrylique-alumino-silicate-fluorรฉ.
Ils permettent une manipulation plus aisรฉe et la prise est sous contrรดle et quasi-instantanรฉe. Lโinconvรฉnient est quโon ne sait pas encore ร quelle mesure la rรฉsine altรจre ou modifie le dรฉveloppement des chaines polyaccryliques. Dโautre part, la rรฉaction de prise initiale dรฉveloppรฉe sous lโinfluence de la lumiรจre aboutit ร une consistance ferme, immรฉdiate alors que les propriรฉtรฉs finales ne pourront pas รชtre atteintes avant 24 heures.
A cotรฉ de ces deux grands groupes, il y a les cermets qui sont utilisรฉs pour pallier aux insuffisances mรฉcaniques des ciments aux verres ionomรจres traditionnels. Ils contiennent 45% de particules dโargent fritรฉes aux verres alumino-silicate-fluorรฉs. Lโincorporation de ces particules va inรฉvitablement changer certaines propriรฉtรฉs du ciment telles que la radio-opacitรฉ, la rรฉsistance ร lโabrasion…
Propriรฉtรฉs :
Lors de la premiรจre phase de la prise du ciment, le relargage ionique (acide) corrode la couche de boue dentinaire qui couvre habituellement la surface de la dent taillรฉe. Un รฉchange dโions de phosphate et dโhydrogรจne conduit ร une neutralisation rapide du pH bas ร lโinterface; lโhumidification est assurรฉe grรขce ร la nature hydrophile du ciment (Watson, 1990). Le mรฉcanisme de liaison nโest pas encore tout ร fait รฉlucidรฉ, mais lโon admet quโil se fasse par chรฉlation obtenue essentiellement au moyen dโun รฉchange de charges nรฉgatives des polyacides, positives des ions calcium et du collagรจne par lโintermรฉdiaire de groupement carboxylate et phosphate.
La rรฉsistance ร la compression, ร la flexion et ร lโabrasion des CVI est trรจs insuffisante. Elle est 15 ร 30 fois plus faible que celle des composites.
Les ciments aux verres ionomรจres se rรฉtractent lors de la prise, phรฉnomรจne qui diminue lโadhรฉsion initiale dรฉjร plus fortes que les forces de cohรฉsion. Il a รฉtรฉ รฉgalement dรฉmontrรฉ que la rรฉtraction est aussi compensรฉe par la formation de microfissures tout le long de la vie dโune restauration avec des ciments verre-ionomรจres.
Le coefficient de dilatation thermique est le mรชme que celui de lโรฉmail (11.10-6/C).
Il nโest pas toxique pour la pulpe car ses molรฉcules trop grosses ne pรฉnรจtrent pas dans les tubulis dentinaires, son pH acide (= 3) lors de lโinsertion รฉvolue rapidement vers la neutralitรฉ et sa prise est peu exothermique.
Le CVI est compatible avec une bonne santรฉ parodontale, sa radio-opacitรฉ est faible. La libรฉration de fluorures pendant et aprรจs la prise a un effet carioprotecteur.
La taille des particules rend la finition dรฉlicate. La meilleure surface possible est obtenue lorsque le CVI prend contre une matrice en
celluloรฏde. Aprรจs la prise, on enlรจve les excรจs par un instrument tranchant puis le polissage est rรฉalisรฉ 24 heures aprรจs la pose au moyen de disques abrasifs.
Les Composites
Ce sont des combinaisons tridimensionnelles dโau moins deux substances chimiques diffรฉrentes reliรฉes entre elles par un agent de liaison ou liant.
Composition
La matrice (ou phase organique)
Cโest la phase ร laquelle tous les autres constituants seront ajoutรฉs. Elle est rรฉsineuse et la prise du matรฉriau se fait en son sein. La phase organique est composรฉe dโun rรฉseau polymรจre (matrice de BOWEN=bis GMA et le diurรฉthane) et des adjuvants (contrรดleurs de viscositรฉ ou diluant, les agents de polymรฉrisation, les stabilisants, les substances favorisants lโesthรฉtique entre autres)
Les particules (ou phase de charge)
Son rรดle essentiel est de confรฉrer aux compostes leurs qualitรฉs mรฉcaniques. Sur le plan chimique elles sont composรฉes de quartz cristallins et de silices pyrolytiques ou colloรฏdales.
Lโagent de couplage (ou liant)
Il nโy a pas de liaison spontanรฉe entre les particules de charge et la phase organique. Le liant รฉtant une molรฉcule bipolaire (organosilane) va fixer les particules de charge par son groupe รฉtoxy et la matrice par lโouverture de ses doubles liaisons au niveau des atomes de carbone.
Les liaisons sont trรจs sensibles ร lโhydrolyse. A la surface du composite la rupture de la liaison libรจre les particules de charge crรฉant ainsi une altรฉration de lโรฉtat de surface. Les tanins qui sont apportรฉs par lโalimentation se fixeront facilement sur les anfractuositรฉs et seront ร lโorigine de dyscolorations au cours du vieillissement des composites.
Classification
Elle se fait en fonction de la phase de charge car cโest elle qui intervient directement dans les critรจres de choix du composite. On distingue gรฉnรฉralement 3 groupes :
Les composites conventionnels ou traditionnels
Ils sont constituรฉs de macrocharges de 5 ร 30ยตm pour les plus anciens et de 1ร 5ยตm pour les plus rรฉcents. Leurs qualitรฉs physiques sont convenables mais la rรฉsistance ร lโabrasion est insuffisante. Ils ont une mauvaise aptitude au polissage et au dรฉgrossissage du ร lโarrachement en surface des particules minรฉrales. Cet arrachement des particules entraine une porositรฉ qui est source de rรฉtention diverses et รฉventuellement des dyscolorations.
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Table des matiรจres
NTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
A-LES LESIONS CERVICALES NON CARIEUSES
I-HISTORIQUE
II-CLASSIFICATION
III-ETIOPATHOGENIE
III-1-Les lรฉsions isolรฉes
III-1-1-Abfraction
III-1-2-Abrasion
III-1-3-Erosion
III-2-Les lรฉsions combinรฉes
III-2-1-Mรฉcanismes bifactoriels
III-2-1-1 Abrasion-abfraction
III-2-2-1-Corrosion โ abfraction
III-2-1-3 Abrasion- corrosion
III-2-2- Mรฉcanismes Multifactoriels
IV-TRAITEMENT
IV-1- Restauration direct
IV-2- Restauration indirecte
B- LES BIOMATERIAUX DE RESTAURATIONS DENTAIRES
I-Les CVI
I-3-Propriรฉtรฉs
II-Composites
II-1- Composition
II-1-1-La matrice ou phase de organique
II-1-2-Les particules ou phase de charge
V-1-3-Lโagent de couplage ou liant
II-2-Classification des composites
II-2-1-Les composites conventionnels ou traditionnels
II-2-2-Les composites microchargรฉs
II-2-3-Les composites hybrides
II-3- Propriรฉtรฉs des composites
III-Les adhรฉsifs amรฉlodentinaires
III-1- Cahier de charge
III-1-1- Biocompatibilitรฉ
III-1-2- Adhรฉsion et รฉtanchรฉitรฉ
III-1-3- Durabilitรฉ
III-1-4- Manipulation
III-2–2-1-Classification en gรฉnรฉration
III-2-2-Classification selon le principe dโaction et le nombre dโรฉtapes (DEGRANGE 2005)
IV- Les facettes esthรฉtiques
IV-1-Les facettes en composite
IV-2-Les facettes en cรฉramique
DEUXIEME PARTIE : EVALUATION CLINIQUE DU TRAITEMENT DES LESIONS CERVICALES NON CARIEUSES
I- JUSTIFICATION-OBJECTIF
II-MATERIEL ET METHODE
II-1- Matรฉriel
II-2- Mรฉthode
III- RESULTATS
III-1-Rรฉpartition des patients selon lโรขge
III-2-Rรฉpartition des patients selon le sexe
III-3-Rรฉpartition des lรฉsions selon le secteur
III-4-Rรฉsultats de lโรฉvaluation des restaurations
III-4-1-Evaluation ร trois mois
III-4-1-1-Evaluation de la rรฉtention
III-4-1-2-Evaluation de lโintรฉgritรฉ marginale
III-4-1-3-Evaluation de la coloration marginale
III-4-2-4-Evaluation de la vitalitรฉ pulpaire
III-4-2-Evaluation ร six mois
III-4-2-1-Evaluation de la rรฉtention
III-4-2-2-Evaluation de lโintรฉgritรฉ marginale
III-4-2-3-Evaluation de la coloration marginale
III-4-2-4-Evaluation de la vitalitรฉ pulpaire
IV-DISCUSSIONS
IV-1-La rรฉtention
IV-2-Lโintรฉgritรฉ marginale
IV-3-La coloration marginale
IV-4-La vitalitรฉ pulpaire
CONCLUSION
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