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SPECTROMETRE EN TEMPS DE VOL
DIFFRACTOMETRE ET DIFFUSION AUX PE-TITS ANGLES
L’instrument D16 (ILL, Grenoble France) [24] présente la particularité inté-ressante de pouvoir déplacer son détecteur afin d’observer à la fois l’information aux petits angles mais également l’information structurale à plus grands angles afin d’observer des facteurs de structure tels que des pics de Bragg. On pourrait voir des structures partiellement ordonnées observant le rayon de gyration mais aussi l’espace occupé par chaque couche gr‚ce aux distances de répétition dans l’espace du système. Cet instrument dispose d’un détecteur placé sur un rail circulaire (cf. Fig. 1.1.6) permettant de se placer dans l’ensemble des régions en Q accessibles que l’on souhaite explorer (cf. Tableau 1.1.6).
ETUDES SOUS HAUTE PRESSION DE SYSTEMES BIOLOGIQUES
Les organismes vivants présents sur Terre ont trouvé les moyens de s’adapter à toutes sorte d’environnements depuis l’apparition de la vie sur terre. Comment ces différents organismes se sont adaptés aux différentes conditions de vie qu’ils affrontaient est une question passionnante. L’état actuel des recherches en haute pression laisse penser qu’un certain nombre de facteurs peuvent intervenir dans cette adaptation [27]. Provient-elle de l’adaptation des membranes cellulaires ? Et si oui en quoi sont elles différentes des membranes d’organismes similaires vivant à pression ambiante ? D’autres pistes pourraient aussi indiquer que des cofacteurs protègent les biomolécules des effets de la pression pour les stabiliser [29]. L’adaptation génétique pour produire des protéines adaptées à la pression est aussi une possibilité clé. Le champ de recherche sur l’adaptation aux condi-tions extrêmes est particulièrement vaste et nécessite une étude au cas par cas de chaque type d’organisme, chaque type d’environnement multipliant le nombre de paramètres au fur et à mesure que le nombre de conditions à tester augmente.
Deux options s’offrent à nous dans la compréhension du phénomène de l’adaptation. Nous pouvons soit tester directement des organismes provenant des fonds marins pour comprendre l’adaptation qu’ils subissent en apportant des caractérisations biochimiques, structurales, dynamiques etc… Soit aborder une approche qui est plus théorique et requiert de caractériser les effets de la pression sur des sytèmes modèles nous permettant de développer des modèles mathématiques et des comportements types en expérimentant de façon systéma-tique la multiplicité des conditions pour observer d’une façon phénomènologique mais aussi quantitative et comparative les effets de la pression. Ces deux ap-proches permettent de couvrir une partie de ce sujet extrêmement vaste tout en étant deux visions complémentaires du même sujet. Dans le cadre de ce tra-vail nous avons choisi d’aborder la partie la plus théorique du spectre de cette étude. En démarrant avec l’étude de systèmes plus simples et déjà bien caracté-risé pour les effets de la température sur ceux-ci nous pouvons nous diriger plus avant avec des systèmes et des conditions de plus en plus complexes.
Le chapitre 1.1 aborde la haute pression en diffusion neutronique pour des biosystèmes et couvre à travers d’un article accepté pour un livre sur la haute pression le cadre du travail, la technique, les corrections et quelques expériences entreprises pour développer une couverture générale sur la haute pression. La publication 2 couvre des études entreprises sur la viabilité d’un modèle ther-modynamique développé en diffusion neutronique pour étudier les transitions dynamiques. Ce papier contient les études menées sur des ensembles lipidiques dans différentes conditions expérimentales. Une étude sur l’acétylcholinestérase est décrite dans le chapitre 4 et recoupe une étude dynamique et structurale sur un des états particuliers des protéines connu sous le nom de molten-globule (globule fondu).
Les neutrons thermiques ou froids possèdent une énergie (respectivement 0,025eV et comprise entre 5×10‐5 et 0,025eV) et une longueur d’onde (entre 0.1 et 20Å) correspondantes aux amplitudes et énergies associées aux mouvements atomiques des macromolécules biologiques. Les neutrons ne sont pas chargés, ce qui leur permet de pénétrer profondément dans la matière et d’interagir directement avec les noyaux de celle‐ci. Comme la section efficace de diffusion incohérente des noyaux d’hydrogène domine largement celle des autres atomes et isotopes, la diffusion neutronique représente essentiellement un signal dû à la dynamique moyennée des atomes d’hydrogène. Ceux‐ci sont répartis uniformément au sein des structures biologiques et représentent près de la moitié des atomes présents dans les macromolécules. Les protons permettent donc de retracer les mouvements des groupements chimiques auxquels ils sont liés comme, par exemple, les mouvements des chaines latérales des acides aminés. Par ailleurs, il est possible de renforcer et/ou masquer le signal provenant d’une partie du système en ayant recours à la deutériation spécifique, car le deutérium donne un signal incohérent très faible par rapport à celui de l’hydrogène (de l’ordre de 40 fois moins important). Le remplacement des atomes d’hydrogène par des atomes de deutérium permet donc de masquer le signal des parties deutérées et d’accéder à la dynamique spécifique des parties hydrogénées de systèmes complexes (Wood et al., 2010).
Les interactions neutrons ‐ atomes donnent lieu à deux types de diffusion distincts : La diffusion cohérente reflète la corrélation entre la position de l’atome i au temps 0 et celle de l’atome i’ au temps t. Autrement dit, elle permet de caractériser l’interaction entre paires d’atomes différents et renseigne sur les positions des noyaux à différents temps. Elle donne donc des informations sur les effets collectifs, structuraux ou dynamiques, au sein de l’échantillon. Au contraire, la diffusion incohérente dépend de la corrélation entre la position de l’atome i au temps 0 et celle du même atome au temps t. Elle permet d’étudier les mouvements moléculaires au sein des molécules biologiques. Les interactions peuvent se faire sans ou avec transfert d’énergie, ce qui permet la distinction entre diffusion élastique, quasi‐élastique ou inélastique (Figure 1). Le pic élastique représente le signal des neutrons qui ont interagi avec l’échantillon sans échanger d’énergie avec les atomes. Il renseigne sur des mouvements locaux. Autour de ce pic, se trouve l’élargissement quasi‐élastique qui correspond à de petites quantités d’énergie transférées entre le neutron et l’atome et des mouvements de diffusion ou de rotation. Enfin, la région inélastique est associée à des transferts d’énergie finis et donne lieu à des pics clairement séparés du pic élastique qui sont associés à des excitations collectives comme des phonons.
Le spectromètre à rétrodiffusion IN13 (Figure 2‐B) est un instrument CRG (« Collaborative Research Group ») particulièrement dédié aux études biologiques1. Il est financé et géré grâce à une collaboration entre le CNR (Italie), le CEA, le CNRS et l’Université Joseph Fourier (France). Depuis 2007, de nombreux efforts ont été faits par l’équipe IN13 et les techniciens de l’ILL pour développer un équipement HP bien adapté à la diffusion neutronique. Les contraintes concernent surtout les matériaux qui peuvent être utilisés, car il faut faire un compromis entre une faible absorption de neutrons et une bonne résistance mécanique du porte‐échantillon à la pression. L’équipement, décrit dans cet article et plus en détail dans (Peters et al., 2012), est aussi à disposition pour des utilisations sur d’autres instruments de l’ILL.
La conception de la cellule reprend un design du groupe de M.C. Bellissent‐Funel (Figure 4‐ B+C) du Laboratoire Léon Brillouin (LLB) à Paris (Appavou et al., 2005). Nous avons cependant utilisé un alliage d’aluminium hautement résistant (7049‐T6) au lieu d’un alliage en cuivre‐béryllium. L’aluminium est un matériau quasi‐transparent pour les neutrons et permet donc de minimiser l’absorption des neutrons. Deux cellules ont été réalisées avec le même diamètre interne de 6mm : l’une avec un diamètre externe de 15mm permettant d’atteindre une pression de 7kbar, l’autre avec un diamètre externe de 10mm pouvant aller jusqu’à 1.5kbar. Après usinage, elles ont été autofrettées, c. à d. soumises à une haute pression qui génère une déformation plastique de la paroi interne pour augmenter la tenue en fatigue, puis anodisées pour renforcer leur résistance à l’usure.
Pour réduire le volume d’échantillon et donc diminuer les effets d’absorption et de diffusion multiple rendant le traitement de données fastidieux, un insert cylindrique en aluminium de 4mm de diamètre et de 30mm de hauteur est introduit dans la cellule. Comme la hauteur totale de la chambre intérieure de la cellule est de 60mm, le piston qui transmet la pression ne touche et n’endommage pas l’insert. Ainsi l’épaisseur de l’échantillon ne dépasse pas 1‐2mm dans toute la largeur du faisceau. La grande symétrie de la forme cylindrique simplifie le chargement de l’échantillon, le nettoyage de la cellule et le calcul des corrections dues à l’absorption et à la diffusion multiple. L’échantillon doit être en solution pour permettre une transmission homogène de la pression. Le volume nécessaire est d’environ 1ml.
Le modèle Bicout-Zaccai à été proposé [32] afin de répondre à la probléma-tique des transitions thermodynamiques à basse température de systèmes de polymères. Le modèle est basé sur la transition entre deux états thermodyna-miques non équivalents avec une transition d’ordre supérieur à un. La transition dynamique est un phénomène à l’échelle atomique où la température aux alen-tours de 200K permet un passage de mouvements très localisés et faibles à une bien plus grande liberté de mouvement passé ces températures. Le sujet de la transition dynamique a été au fil des années grandement discuté et digressé et il reste encore à ce jour au même titre que les transitions vitreuses un domaine d’intérêt. Le modèle en lui même mets en lien la différence en énergie libre de Gibbs pour passer la barrière entre deux potentiels différents pour deux popula-tions dynamiques non-équivalentes. Le modèle assume une transition entre des états purement vibratoires à des états dynamiques non-harmoniques. Ces états anharmoniques soulèvent plusieurs questions : quelle est l’énergie requise pour effectuer la transition, quelle est la vitesse à laquelle celles-ci interviennent. Ces points restent néanmoins à clarifier.
En vue de tester le modèle nous avons utilisé un lipide de référence qui a été étudié de façon exhaustive : le DMPC 14 :0 (1,2-dimyristoyl-sn-glycero-3-phosphocholine). Ceci nous permettant d’adresser ces points en partie. L’étude est la suite d’expériences entreprises peu avant dans le groupe de recherche [31].
Dans le cadre de ce travail nous avons poursuivi une étude sous haute pres-sion de la dynamique de la protéine pour reproduire l’état dit de molten-globule [53] se produisant vers 1750Bar d’après des études sur l’activité menées pré-cédemment [54]. L’étude fut poursuivie avec deux techniques différentes, d’une part SANS sur l ’instrument de l’ILL D11 et d’autre part EINS sur l’instrument ILL IN13. L’investigation par diffusion aux petits angles a été menée de 1bar à 2100bar. Le rayon de gyration à 1 bar fut confirmé pour être correspondant aux bonnes proportions de monomères, dimères, tétramères pour l’ acétylcholinesté-rase humaine. Celui-ci correspondant à celui des études menées sur les cristaux d’acétylcholinestérase mesurés en diffraction. L’ expérience révèle une compres-sion globale jusqu’à 11% à 900bar suivi d’une décompression de ce point jusqu’à 2100bar. Cette décompression est synonyme d’un dépliement de la structure ter-tiaire qui est associée à cet état de molten-globule (MG). Pour compléter cette observation l’étude fut menée sur le rétrospectromètre IN13 de 1bar à 6000bar afin d’observer les différents états traversés par la protéine au cours de l’ex-périence. L’état natif (N) suivi d’un état molten-globule à 1750bar pour plus tard atteindre un état dénaturé de la protéine (U pour “unfolded”). L’ensemble suggère un passage par 4 états différents qui sont discutés dans l’article [55].
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Table des matières
1 DIFFUSION NEUTRONIQUE ET TECHNIQUES COMPLEMENTAIRES
1.1 THEORIE DE LA DIFFUSION NEUTRONIQUE
1.1.1 PRINCIPE DE LA DIFFUSION
1.1.2 DIFFUSION INCOHERENTE
1.1.3 SPECTROMETRE EN TEMPS DE VOL
1.1.4 SPECTROMETRES A RETRODIFFUSION
1.1.5 DIFFUSION COHERENTE
1.1.6 DIFFRACTOMETRE ET DIFFUSION AUX PETITS ANGLES
2 ETUDES SOUS HAUTE PRESSION DE SYSTEMES BIOLOGIQUES
2.1 INTRODUCTION GENERALE SUR LA HAUTE PRESSION EN DIFFUSION NEUTRONIQUE
2.2 ETUDE THERMODYNAMIQUE DU MODELE BICOUT-ZACCAI SUR UN SYSTEME MODELE
2.2.1 INTRODUCTION
2.2.2 ETUDE LA TRANSITION DYNAMIQUE DE VESICULES LIPIDIQUES MULTI-LAMELLAIRES ET BICOUCHESPAR DIFFUSION NEUTRONIQUE
2.2.3 CONCLUSION
2.3 ETUDE SOUS HAUTE PRESSION DU MOLTEN-GLOBULE DE L’ACETYLCHOLINESTERASE
2.3.1 INTRODUCTION
2.3.2 ETUDE DE L’ETAT GLOBULE FONDU DE L’ACETYLCHOLINESTERASE HUMAINE INDUIT PAR PRESSION : CHANGEMENTS STRUCTURAUX ET DYNAMIQUES SUIVIS PAR DIFFUSION NEUTRONIQUE
2.3.3 CONCLUSION
3 CONCLUSION
4 REMERCIEMENTS
5 ANNEXE
6 RESUME DE L’OUVRAGE EN FRANÇAIS ET EN ANGLAIS
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