Etudes ecologiques et modes d’utilisation des plantes medicinales

La biodiversité végétale joue un rôle écologique primordial sur la vie de communauté locale. La communauté locale exploite et valorise les ressources végétales pour leur vie quotidienne en particulier les produits médicinaux pour les gens loin de centre de soin. Maromizaha est, selon la définition donnée aux Aires Protégées par l’UICN, « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés ». Presque la totalité des membres des communautés de base vivant autour de la Nouvelle Aire Protégée Maromizaha n’ont pas accès aux centres de soins modernes. Le coût minimum d’une visite médicale est de 20000 MGA pour les problèmes de santé les plus bénins, y compris les frais de transport mais sans compter les frais de médication (GERP, 2016). Une très grande part des populations ne disposent pas des moyens nécessaires pour engager de telles dépenses. La création de l’Aire Protégée est en partie responsable de cette situation. Les besoins locaux en ressources sont donc règlementés.

Dans les pays en développement, la médecine traditionnelle constitue le premier recours pour plus de 80 % de la population (SOFOWORA, 2010). Les plantes médicinales constituent des ressources précieuses pour la grande majorité des populations rurales en Afrique, où plus de 80% de cette population s’en sert pour assurer les soins de santé (JIOFACK et al., 2009, 2010). A Madagascar, la connaissance sur l’utilisation de la flore en médecine traditionnelle est encore insuffisante (NORSCIA et BAGOGNINI-TARLI, 2006). La richesse floristique de Madagascar est estimée à 12 000 espèces pour les végétaux vasculaires dont plus de 2250 ont été recensées comme étant des plantes médicinales, soit 18,95% (Ministère de l’Environnement, 2001). La liste des plantes médicinales malgache est encore loin d’être exhaustive (RAKOTONANDRASANA, 2013; RAKOTOARIVELO et al., 2013). Elles sont menacées actuellement par une destruction plus inquiétante (www.pnae.mg, 2009). Les connaissances traditionnelles disparaissent progressivement face à l’invasion de la culture moderne (RAKOTOARISOA, 2008 ; RANDRIANARIVONY, 2015) et la disparition des différentes espèces de plantes.

MILIEU PHYSIQUE 

Localisation de la zone d’étude

D’une superficie de 1880,8 ha, la végétation forestière de l’Aire Protégée Maromizaha également appelée la forêt pluviale des arbres à dragons. Maromizaha se situe à 140 km à l’Est d’Antananarivo et à 225 km à l’Ouest de Toamasina entre les latitudes 18°57’S et 19°00’S et les longitudes 48°26’E et 48°31’E. Elle longe la route nationale N° 2 sur 6,5 km et est administrativement rattachée à la Région Alaotra-Mangoro, District de Moramanga. L’Aire Protégée est située à cheval de trois fokontany : Morafeno (Commune d’Andasibe), Ampangalantsary (Commune d’Andasibe) et Ambavaniasy (Commune de Beforona) .

L’Aire Protégée Maromizaha appartient au corridor forestier Ankeniheny Zahamena (CAZ) et elle est bordée par d’autres Réserves Forestières et Aire protégée , notamment, Analamazaotra au Nord-Ouest, Vohimana au Nord-Est et Vohidrazana au Sud.

Géologie et pédologie

La zone d’étude est caractérisée par des roches métamorphiques de type gneiss à graphite. Les sols sont ferralitiques de couleur jaune orangé à rouge relativement humifère, caractéristiques du milieu tropical humide sous couvert forestier. Sous forêt naturelle, les sols présentent un profil doté d’un horizon superficiel humifère plus ou moins épais qui lui confère une texture argilo-sableuse favorable à l’infiltration de l’eau. Ils sont en général à pH légèrement acide, inférieur à 5 et presque constant dans tous les horizons. La teneur en bases échangeables est très basse (PERNET, 1954).

Hydrographie

Plusieurs rivières prennent leur source dans la forêt de Maromizaha. A l’Ouest, la rivière Ankazomirahavavy qui se jette dans la rivière Analamazaotra. Les rivières Ambodipaiso également appelées Ambatoharanana et Amalonabe qui se dirigent vers le Nord pour se déverser dans la rivière Anevoka. Toutes ces rivières ont leurs affluents qui prennent leur source dans la forêt de Maromizaha.

Climat

La région de Mangoro présente un climat humide tempéré d’altitude, caractéristique de la falaise Betsimisaraka. Elle est soumise à l’Alizé, un vent dominant du Sud-est, qui souffle en permanence sur cette zone orientale (DONQUE, 1975). Les données climatiques d’Analamazaotra ont été considérées pour Maromizaha. Ce sont des données moyennes de 30 ans portant sur la période de 1961 à 1990, enregistrées par le Service de la Météorologie d’Ampandrianomby avant la fermeture de la Station Météorologique d’Analamazaotra .

La température moyenne annuelle est d’environ 18°C avec une moyenne mensuelle maximale d’environ 21°C au mois de Février et une moyenne mensuelle minimale d’environ 15°C de Juin à Août. La pluviométrie moyenne annuelle est de 1179,6 mm repartie sur 207 jours. Le mois de Mai est le moins pluvieux de l’année avec une moyenne de 51,3 mm tandis que le mois de Janvier est le plus pluvieux (la hauteur maximale enregistrée est de 342,6 mm). Le diagramme ombrothermique selon GAUSSEN (1955) montre sur un même graphique, les courbes de pluviosité moyenne mensuelle (P) et la température moyenne mensuelle (T) en fonction des mois de l’année . Le principe est basé sur P=2T ; les mois dont les précipitations mensuelles sont inférieures à deux fois la valeur de la température moyenne correspondante (P < 2T), sont considérés comme étant des mois écosecs.

Le diagramme ombrothermique montre qu’il n’y a pas de mois écologiquement sec, la région est presque humide toute l’année. Elle appartient à la zone tropicale humide de type perhumide chaud, caractérisée par l’absence de saison sèche.

MILIEU BIOTIQUE

Flore et végétation

La forêt de Maromizaha est également appelée la « forêt pluviale des arbres à Dragons » du fait de la présence d’une espèce typique de la famille des CONVALLARIACEAE : Dracaena spp., aussi connu sous le nom d’ « Arbres dragons ». Cette forêt constitue un couloir reliant la grande forêt de Vohidrazana au Sud-Est, la Réserve Spéciale d’Analamazaotra et le Parc National de Mantadia au Nord .

Cette forêt est composée de plusieurs formes végétales (arbres, arbustes, lianes, buissons, épiphytes, herbes et mousses) qui se répartissent le long des cinq strates typiques (muscinale, herbeuse, arbustive, arborée et émergeante) des forêts denses humides. Du point de vue phytogéographique, la végétation de la zone d’étude appartient :
● à la flore du vent (PERRIER DE LA BATHIE, 1921) ;
● à la zone écofloristique orientale (FARAMALALA & RAJERIARISON, 1999), intermédiaire entre la zone écofloristique de basse altitude (0 à 800 m) appartenant à la série à Anthostema et à MYRISTICACEAE et la zone écofloristique de moyenne altitude (800 à 1800 m) de la série à Weinmannia et à Tambourissa ;
● à la forêt dense humide (MOAT & SMITH, 2007) englobant les plateaux de l’Est et du centre de Madagascar avec les escarpements qui leurs sont associés.

L’étude effectuée par RAMANAHADRAY (2009) à Maromizaha, a révélé la présence de 87 familles réparties en 212 genres regroupant 432 espèces. La famille des RUBIACEAE est la plus représentée avec 20 genres regroupant 44 espèces. Ensuite les EUPHORBIACEAE avec 12 genres et 26 espèces, les LAURACEAE avec 6 genres et 23 espèces, les MALVACEAE avec 7 genres et 17 espèces, les CLUSIACEAE avec 7 genres et 16 espèces, les ASTERACEAE avec 9 genres et 14 espèces.

Milieu humain

Population et activités économiques

Les habitants aux alentours de la Nouvelle Aire Protégée de Maromizaha sont constitués principalement par des Betsimisaraka, Merina, Bezanozano, Bestileo et Antandroy.

La population la plus proche de la forêt est localisée dans 9 villages qui profitent des ressources naturelles de cette forêt. La plupart des populations locales sont des cultivateurs, qui pratiquent les cultures vivrières  dont les produits sont directement consommés et vendus (le riz, le maïs, le haricot, le manioc, la patate douce, etc.). Les cultures de rente sont le gingembre, l’arachide, la banane, etc. Ces dernières représentent des sources de revenu importantes pour une partie de la population, du fait des prix assez élevés qu’elle peut en tirer. D’autres activités sont spécifiques à chaque village : exploitation des massifs rocheux pour la fabrication des pierres plates, moellons et gravillons à Morafeno, charbonnage à Maromizaha et Amalonabe. Actuellement, des projets de développement ont été instaurés et axés sur la promotion des techniques agricoles modernes. Des Activités Génératrices de Revenus (AGR) sont aussi en cours de perfectionnement à Maromizaha telles que l’apiculture, la pisciculture ou la production d’huiles essentielles (SURRANS, 2015).

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Table des matières

INTRODUCTION
Partie I : PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
I. MILIEU PHYSIQUE
I.1. Localisation de la zone d’étude
I.2. Géologie et pédologie
I.3. Hydrographie
I.4. Climat
II. MILIEU BIOTIQUE
II.1. Flore et végétation
II.2. Faune
II.3. Milieu humain
II.3.1. Population et activités économiques
II.3.2. Santé
Partie II : MATERIELS ET METHODES
I. MATERIELS
II. METHODES
II.1. Etudes préliminaires
II.1.1. Recherches bibliographiques
II.1.2. Prospection préliminaire
II.2. Etudes ethnobotaniques
II.2.1. Choix des sites d’études
II.2.2. Enquêtes proprement diteS
II.2.3. Traitement des données ethnobotaniques
II.2.3.1. Identification des maladies émergentes
II.2.3.2. Niveau de fidélité
II.2.3.3. Calcul d’indice d’utilisation
II.2.4. Recoupement de la véracité médicale des différentes maladies
II.3. Inventaire des plantes médicinales
II.3.1. Collectes et détermination des espèces
II.3.2. Choix des espèces à étudier
II.3.3. Description des espèces sélectionnées
II.4. Relevés écologiques des espèces sélectionnées
II.4.1. Choix du site de relevé
II.4.2. Etudes écologiques des espèces sélectionnées
II.4.3. Méthodes de relevé écologiques
II.4.4. Etude de la régénération naturelle des espèces cibles
II.4.4.1. Taux de régénération
II.4.4.2. Structure démographique des espèces cibles
Partie III : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. RESULTATS DES ETUDES ETHNOBOTANIQUES
I.1. Répartition des personnes interviewées
I.2. Plantes médicinales recensées
I.3. Maladies traitées par les plantes médicinales
I.4. Fréquences d’utilisation des plantes médicinales selon la catégorie de maladie
I.5. Lieux de prélèvement des plantes médicinales
I.6. Modes d’utilisation
I.6.1. Parties utilisées
I.6.2. Modes de préparation
I.7. Pressions et menaces
I.8. Maladies émergentes et indice de fidélité (FL)
I.9. Indice d’utilisation
I.9.1. Choix des espèces cibles
I.9.2. Description botanique des espèces sélectionnées
II. ECOLOGIE DES ESPECES ETUDIEES
II.1. Description de l’habitat des espèces cibles
II.1.1. Forêt primaire
II.1.2. Forêt dégradée
II.2. Etude du substrat
II.3. Distribution des espèces cibles au niveau national et local
II.4. Densité et abondance numérique des espèces cibles
II.5. Taux de régénération (TR)
II.6. Structure démographique de la population de chaque espèce cible
Partie IV : DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
I. DISCUSSIONS
II. SUGGESTIONS
CONCLUSION

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