Soutenance mémoire
Les écosystèmes malgaches présentent un taux d’endémisme exceptionnel et comptent parmi les plus importants au monde car 85% des espèces sont endémiques. Cependant, elles sont menacées de disparition et d’extinction. Seuls 12,9 millions d’hectares sont recouverts par la forêt naturelle soit 20% de la superficie totale du pays (ANDRIAMAMPANDRY, 2002).
Actuellement, si l’O.N.E estime que pour Madagascar la déforestation a un rythme alarmant à raison de 200 à 300 000 ha par an, la FAO confirme que la superficie boisée croît dans les pays industrialisés (ANDRIAMAMPANDRY, 2002). Dans la province autonome de Fianarantsoa, il existe un corridor forestier reliant deux Parcs Nationaux, celui de Ranomafana au Nord et celui d’Andringitra au Sud et qui se prolonge jusqu’au Pic de la Réserve Spéciale d’Ivohibe avec une longueur de 180 km environ sur une largeur de 5 à 15 km (Figure 1). Actuellement, ce corridor forestier subit diverses pressions, entre autres, la pression humaine par le biais de la pratique de la culture sur brûlis, tavy, par le prélèvement des bois précieux comme Dalbergia spp. Sans aucune mesure de précaution, ce corridor forestier, qui mérite d’être conservé dans l’intérêt de tous, risque de se fragmenter, voire même de disparaître. A part cette pratique culturale, la fragmentation et la dégradation du corridor sont également dues à la hausse de la demande en bois de construction et en bois d’œuvre. En effet, selon GOODMAN et RAZAFINDRATSITA (2001) : « si cette pression vient à s’accentuer, le maintien de la fonction biologique du couloir est en péril compromettant ainsi la survie future des populations des deux aires protégées qu’il relie ».
MILIEU D’ETUDE
Cadre abiotique
Localisation géographique
Le site d’étude se trouve dans la province de Fianarantsoa, dans la région de la Haute Matsiatra. Ce site a comme coordonnées géographiques 21° 22’ 46’’ latitude Sud, 47° 18’ 34’’ longitude Est, et altitude de 1 128 m . Il est localisé dans et autour du terroir villageois d’Ambendrana dans le fonkontany d’Iambara. En outre, il fait partie des dix fokontany constituant la commune rurale d’Androy dans la sous-préfecture de Fianarantsoa II, plus précisément dans la région nordouest du corridor forestier reliant les parcs nationaux de Ranomafana et de l’Andringitra.
On y rencontre divers types de formations végétales comme des paysages dominés par une bande de lisières forestières délimitant la formation végétale primaire de moyenne et de haute altitude de la série à Weinmannia et à Tambourissa à l’Est et du terroir agricole à l’Ouest, des paysages marqués par des îlots de forêts primaires préservées dû à la présence des tombeaux ou des villages abandonnés, tanàna haolo, des paysages à parcelles cultivées et kapòka (savoka) d’âges et d’aspects divers.
Géologie et sols
a) Géologie
D’Ouest en Est, trois systèmes caractérisent la région de la Haute Matsiatra : le système androyen qui couvre le tiers de la région dans sa partie occidentale, le système vohibory qui s’allonge et se rétrécit du nord au sud et le système de graphite qui est parallèle à la côte dans la partie est de la région . Entre ces deux derniers systèmes sont plaquées des roches granitiques et migmatitiques de Tampoketsa sous forme de minces filets allongés le long des régions d’Amoron’Imania, de la Haute Matsiatra et d’Ihorombe, toujours du Nord au Sud.
b) Sols
La plupart des jachères sont localisées sur les flancs des montagnes, que ce soit sur le haut versant, le mi-versant ou le bas versant. Dans le terroir d’Ambendrana, trois types de sol ont été rencontrés : les sols hydromorphes, les sols alluvionnaires et les sols ferralitiques.
– Les sols hydromorphes caractérisent les bas-fonds. Ils se subdivisent en deux : ceux qui sont très hydromorphes, appelés localement : « honahona », difficiles à aménager en rizière dont l’horizon supérieur est formé d’amas végétaux mal décomposés, et les sols dont l’hydromorphie est moins accusée avec la présence de l’horizon organique en surface, témoin d’un bon sol de rizière. Ce dernier type des sols est aménageable en rizière (Anonyme, 2003).
– Les sols alluvionnaires ou atsanga sont constitués par des apports d’ordre alluvial et colluvial. Ces types de sol sont rencontrés dans la partie Ouest du terroir d’Ambendrana du fait de la faiblesse de la pente et des cours d’eau dans cette zone. Ces sols constituent des alluvions couvrant la superficie des sols nus(BLANC-PAMARD et RALAIVITA, 2004).
– Les sols ferralitiques sont des sols rouges, tany mena ou jaunes sur rouges, mavo ambony mena. Ce dernier est formé de la superposition des deux couches de sol : couche à caractère ferralitique de couleur rouge surmontée d’une couche à caractère limoneux de couleur orangée. Selon BOURGEAT et PETIT (1969), dans cette région, il y a trois types de sol ferrallitique : les sols ferralitiques modaux, sur le sommet plan, épais et développant les horizons A, B, C, les sols ferralitiques pénévolués rencontrés sur les très fortes pentes des plus hauts sommets, et les sols ferralitiques rajeunis. Ce dernier type est rencontré sur le versant moins pointu des collines, au profil A/C (BLANC-PAMARD et RALAIVITA, 2004).
Hydrologie
Autour de la région d’Ambendrana, on compte beaucoup de ruisseaux qui se déversent dans différentes directions à cause de la topographie très accidentée d’une part et de la succession des vallons et des collines d’autre part. Ampatsakana, Andranokely, Andreana et Ambalavao se déversent à l’Est, Vodindefona, Amboloka et Antsihivolanala se déversent au Nord, le seul qui se déverse au Sud est Andohan’i Sahambavy . Les cours d’eau viennent de la colline couverte par un type de végétation appelé localement « songon’ala » et par des forêts naturelles appelées « alakatoto ou alagasy». En effet, selon notre enquête, le service des eaux et forêts interdit aux paysans de défricher ces forêts sur la colline car elles conservent de l’humidité pendant la nuit et sa condensation pendant le jour peut assurer l’approvisionnement en eau des ruisseaux. En outre, elles favoriseraient la formation des pluies assurant aussi l’alimentation en eau des ruisseaux.
Les cours d’eau de bas-fond jouent un rôle important sur le plan agricole surtout pour la riziculture de la première saison « vary aloha ». En effet, les paysans peuvent en irriguer leur rizière.
En outre, les gens n’utilisent pas seulement ces cours d’eau pour la riziculture mais également pour l’élevage (nettoyage de bovins après piétinage, pisciculture etc.).
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Table des matières
INTRODUCTION
1. MILIEU D’ETUDE
1.1. Cadre abiotique
1.1.1. LOCALISATION GÉOGRAPHIQUE
1.1.2. GÉOLOGIE ET SOLS
a) Géologie
b) Sols
1.1.3. HYDROLOGIE
1.1.4. CLIMATOLOGIE
a) Courbe ombrothermique
b) Température
c) Vents
1.2. Cadre biotique
1.2.1. PHYTOGÉOGRAPHIE
1.2.2. VÉGÉTATION ET FLORE
a) Formation primaire
b) Formation secondaire
c) Reboisements d’Eucalyptus, de Mimosa et de Pins
1.2.3. FAUNE
1.3. Cadre socio-culturel et économique
1.3.1. POPULATION
a) Démographie
b) Structure de la population
c) Contexte socio-économique
d) Contexte sanitaire
1.3.2. SYSTÈME D’EXPLOITATION
a) Agriculture
b) Elevage
c) Chasse et pêche
d) Exploitation forestière
2. MATERIELS et METHODES
2.1. Prospections préliminaires
2.2. Choix des parcelles d’études
2.3. Etudes floristiques
2.3.1. RECHERCHE DE L’AIRE MINIMALE
2.3.2. RELEVÉS DES PARAMÈTRES FLORISTIQUES ET PHYTOSOCIOLOGIQUES
2.3.3. ETUDE DE LA DIVERSITÉ FLORISTIQUE
a) Richesse spécifique « S »
b) Spectre biologique
c) Autres indices de diversité
2.4. Etudes de la végétation
2.4.1. STRUCTURE DÉMOGRAPHIQUE DU PEUPLEMENT
a) Surface terrière (G’)
b) Densité des ligneux
2.4.2. STRATIFICATION
2.5. Méthodes d’enquêtes
2.5.1. ELABORATION DES FICHES D’ENQUÊTES SUR L’ÉVOLUTION DES PARCELLES
2.5.2. ENQUÊTES ETHNOBOTANIQUES
2.6. Traitements numériques des données
2.6.1. CHOIX DES INDIVIDUS ET VARIABLES
2.6.2. CHOIX DES MÉTHODES D’ANALYSES APPROPRIÉES
2.6.3. INTERPRÉTATION DES STRUCTURES
3. RESULTATS et INTERPRETATIONS
3.1. Résultats floristiques
3.2. Principaux groupements végétaux
3.2.1. RÉSULTATS DE L’A.C.P.
3.2.2. PERCEPTIONS PAYSANNES ET DIFFÉRENTS GROUPEMENTS VÉGÉTAUX
a) Groupements végétaux des parcelles exposées vers le Sud
b) Groupements végétaux des parcelles exposées entre Sud et Nord
c) Groupements végétaux des parcelles exposées vers le Nord
3.2.3. STRUCTURE HORIZONTALE DES DIFFÉRENTES FORMATIONS VÉGÉTALES
a) Répartition par classe des diamètres (D.H.P)
b) Densité des ligneux (D)
c) Surfaces terrières (G’)
3.3. Dynamiques post-culturales des jachères d’Ambendrana
3.3.1. Evolution régressive
3.3.2. Evolution progressive
3.4. Conclusion partielle
3.5. Résultats des enquêtes sur les pratiques culturales
3.5.1. RESSEMBLANCES ENTRE LES PARCELLES D’ÉTUDES
3.5.2. PRATIQUES CULTURALES APRÈS LES DÉFRICHEMENTS
3.5.3. RÉSULTATS DE L’A.C.P. SUR LES PRATIQUES CULTURALES
3.5.4. DESCRIPTION DES PRATIQUES CULTURALES
3.6. Conclusion partielle
3.7. Influence de la disparité des pratiques culturales sur la diversification des kapòka
3.8. Résultats des enquêtes ethnobotaniques
3.8.1. ESPÈCES COMESTIBLES
a) Plantes alimentaires
b) Plantes fourragères
3.8.2. ESPÈCES MÉDICINALES
3.8.3. PLANTES RITUELLES
3.8.4. ESPÈCES UTILISÉES COMME BOIS D’ŒUVRE OU POUR LA CONSTRUCTION
a) Bois de construction
b) Bois pour la confection de certains outils ménagers
c) Bois pour la confection des meubles
3.8.5. BOIS D’ÉNERGIE
3.8.6. PLANTES ALIMENTAIRES DES ANIMAUX SAUVAGES
3.9. Conclusion partielle
4. SYNTHESE et DISCUSSION DES RESULTATS
4.1. Diversité floristique
4.1.1. DIVERSITÉ INTRA-PARCELLAIRE
4.1.2. DIVERSITÉ INTERPARCELLAIRE
4.2. Dynamique végétale post-culturale des kapòka d’Ambendrana
4.3. Méthodes d’enquêtes
4.4. Usages ethnobotaniques
CONCLUSION
