Etudes des séries évolutives des systèmes agraires en relation avec les changements climatiques

A Madagascar, le secteur agricole, dans lequel prédomine une agriculture essentiellement extensive irriguée ou pluviale, ainsi que l’élevage extensif, reste encore fortement tributaire des aléas climatiques. Ceux-ci se traduisent par d’importantes variations des régimes thermiques, pluviométriques et une accentuation des phénomènes exceptionnels (tels que les cyclones) qui risquent de constituer un influent paramètre, encore insuffisamment considéré dans les politiques de développement nationales.

Face à cette situation, Madagascar a élaboré son Plan d’Action National d’Adaptation aux changements climatiques (PANA). Cependant, les acteurs et décideurs impliqués dans l’exécution de ce plan sont encore loin de cerner la variation spatiale des différentes composantes de la vulnérabilité climatique, et ne disposent pas encore de suffisamment d’informations, outils et compétences pour mieux décider des actions à mener et des régions où ils doivent se focaliser.

C’est dans ce contexte que l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques de l’Université d’Antananarivo (ESSA), en partenariat avec le Laboratoire des RadioIsotopes Antananarivo (LRI), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), le Centre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural (FOFIFA), et l’Equipe de Coordination du PANA au Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts et du Tourisme a entrepris le projet intitulé : « Vulnérabilité et Adaptation des Systèmes Agraires à Madagascar aux Changements Climatiques ».

MATERIEL : LA ZONE D’ETUDE

Présentation générale

Le district de Marovoay est situé dans le Nord-Ouest de Madagascar, dans la région Boeny, à environ 500 km d’Antananarivo et à une cinquantaine de kilomètres de la côte. Il occupe une grande partie du delta intérieur du fleuve Betsiboka et se trouve entre 46°20’ et 46°50’ de longitude Est et 16°00’ et 17°13’ de latitude Sud (BASTIAN, G., 1967). Le district a une superficie de 4 412 km2 au total dont 2 921 km2 de plaine rizicole. Il est considéré comme le deuxième grenier à riz de Madagascar (LE BOURDIEC, F., 1974). La Commune Rurale de Manaratsandry (CRM) fait partie des 12 Communes du district de Marovoay. Le Chef-lieu de la commune est situé sur la rive gauche de la Betsiboka à 35 km de Marovoay ville, le Chef-lieu de district (ONG FIVOARANA, 2002).

Géo-morphologie

Dans l’ensemble, la plaine de Marovoay présente un relief quasi-plan de basse altitude (jusqu’à 2 m au dessus de la mer). Des levées alluviales bordent la Betsiboka et l’étage de colline volcanique rompent la régularité de la topographie. En effet, dans la CRM, des collines de 20 à 80 m au dessus de la mer, parfois très érodées, rompent la monotonie de la plaine (LE BOURDIEC, F., 1974).

Hydrographie

La commune rurale de Manaratsandry dispose d’un assez riche réseau hydrographique (ONG FIVOARANA, 2002) dont les plus importants sont :
– le fleuve Betsiboka parcourant le côté Est de la Commune,
– la rivière Trangabitika ;
– la source d’Andranomandevy ;
– la source d’Andranovola,
– et le lac Rico.

Les différents terroirs
Le relief de la Commune se décline de l’Ouest en Est en pente douce. La bordure orientale est dominée par une vaste plaine de près de 6000 ha et au nord par une formation marécageuse de mangrove. La partie centrale de la Commune est relativement plane alternée par les vallées peu profondes.

Les principaux facteurs d’évolution des systèmes agraires

Un système agraire est un mode d’exploitation du milieu, historiquement constitué et durable, un système de forces de production adapté aux conditions bioclimatiques d’un espace donné et répondant aux conditions et besoins sociaux du moment (CIRAD et al, 2002). L’émergence et le développement de nouveaux types de systèmes agraires peuvent donc être liés soit aux facteurs climatiques du milieu, soit aux facteurs économiques et sociaux.

Pour la zone d’étude, la série évolutive des grands modes d’exploitation du milieu montre que les facteurs socio-économiques constituent le facteur le plus déterminant dans l’évolution des systèmes agraires. En effet, c’étaient surtout l’augmentation de la taille de la population, le changement de régime politique et la participation de l’Administration ou son délaissement de la gestion des surfaces rizicoles qui avaient entrainé les différents changements dans les modes d’exploitations.

Ainsi, la première hypothèse, selon laquelle les bouleversements de certains éléments du climat favorisent l’émergence et le développement de nouveaux types de systèmes agraires, est infirmée. En effet, l’environnement socio-économique du deuxième grenier à riz de la Grande Ile est d’une telle importance que les conséquences de la variabilité climatique sur l’évolution des grands modes d’exploitation se trouvent principalement cachés.

Néanmoins, cette variabilité était prise en compte dans les grandes politiques de développement exécutées dans la région. Le volume des précipitations avait, par exemple, favorisé la vulgarisation de l’utilisation de variété à cycle court pour la riziculture de saison intermédiaire.

Par ailleurs, la diversification plus poussée des cultures pratiquées récemment dans la région démontre une volonté de faire face aux risques qui pèsent sur la riziculture du fait du bouleversement de certains éléments du climat auquel les exploitants peuvent être vulnérables.

Les aléas auxquels les exploitations peuvent être confrontées

L’exposition des exploitations aux divers aléas climatiques diffère selon le type de terroir exploité. Pour les exploitations qui mettent en valeur des parcelles situées sur la partie exondée de la zone d’étude, les aléas sont surtout l’absence ou l’insuffisance des pluies d’une part, et la précipitation trop violente d’autre part. En effet, les cultures pluviales pratiquées sur ces parcelles sont tributaires de la précipitation pour leur besoin en eau. En outre, l’impact pluvial en cas de précipitation violente constitue un moteur d’érosion des pentes.

Selon RAHARINJANAHARY (2004), les ménages qui ont peu de terres sont les moins sujets aux problèmes d’érosion du fait que « les faibles superficies incitent mieux à la conservation des sols parce qu’elles sont plus faciles à gérer. » Malheureusement, la protection des parcelles contre l’érosion exige des investissements financiers. Ainsi, les exploitations à faible revenu se trouvent dans l’impossibilité de protéger leurs parcelles.

Pour le cas de la plaine inondée, la variabilité interannuelle de la pluviométrie peut occasionner divers dégâts pour la riziculture. En effet, s’il n’y a pas d’inondation conséquente, le cycle des insectes ravageurs et des rongeurs ne sera pas détruit, le dessalage des zones présentant des sols halomorphes sera perturbé et la flore adventice aquatique sera recrudescente. Dans le cas contraire, une inondation tardive et prolongée entrainera d’une part l’ensablement des rizières et des canaux d’irrigation et, d’autre part, un retard du commencement des travaux de riziculture de saison intermédiaire (atriatry) et une limitation de l’irrigation car il y aura concurrence entre la saison atriatry retardée et la saison jeby (RAHAINGOARIVONY, 1994). Les systèmes jeby et dimbialoka sont donc les plus affectées par la variabilité climatique et les exploitations qui les pratiquent exclusivement sont les plus sensibles. Ce sont les exploitations semi-patronales et patronales. Mais les premières sont les plus vulnérables car la mise en location d’une grande surface de rizière ou l’exercice d’autres activités très génératrices de revenu permettent aux exploitations patronales d’avoir une capacité d’adaptation plus grande .

Pour faire face à ces aléas, les exploitations adoptent différentes sortes de techniques d’adaptation. Il y a tout d’abord la diversification des cultures et des activités. Au lieu de se consacrer uniquement à la riziculture de décrue, les ménages exploitent de plus en plus de tanety en saison pluviale et se tournent vers d’autres activités génératrices de revenu telles que l’élevage porcin ou les petits commerces.

Ensuite, les exploitations pratiquent l’avancement du calendrier cultural et l’utilisation de variétés à cycle court telles que les variétés Mahavonjy, IR20 et IR38. Et enfin, il y a l’exploitation des rizières ensablées et non irriguées par des cultures pluviales comme sur des baiboho et l’utilisation de la technique d’irrigation par marée pour les rizières de berges.

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Table des matières

INTRODUCTION
1. MATERIEL ET METHODE
1.1. MATERIEL : LA ZONE D’ETUDE
1.1.1. Présentation générale
1.1.2. Géo-morphologie
1.1.3. Climat
1.1.4. Hydrographie
1.1.5. Les différents terroirs
1.2. METHODOLOGIE
1.2.1. La recherche bibliographique
1.2.2. Les visites et enquêtes sur terrain
1.2.3. Le traitement des données
1.2.4. Les limites du travail
2. RESULTATS
2.1. SERIE EVOLUTIVE DES GRANDS MODES D’EXPLOITATION
2.1.1. L’écosystème originel
2.1.2. Agriculture d’abattis-brûlis avec élevage extensif de bovin (du XVIème au début du XIXème siècle)
2.1.3. Début de la riziculture de décrue (de 1834 à 1896)
2.1.4. Aménagement des marécages et riziculture irriguée de saison sèche (1896 – 1960)
2.1.5. Riziculture motorisée de décrue (1960-1975)
2.1.6. Prolifération de la riziculture intermédiaire et colonisation des baiboho : 1975 – 1994
2.1.7. Avancement du calendrier cultural et monopole des variétés à cycle court (1995 – 2005)
2.2. LE SYSTEME AGRAIRE ACTUEL
2.2.1. Les terroirs
2.2.2. Les systèmes de production
2.2.3. TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS
3. DISCUSSIONS
3.1.1. Les principaux facteurs d’évolution des systèmes agraires
3.1.2. Les aléas auxquels les exploitations peuvent être confrontées
3.1.3. Quelques recommandations pour l’avenir de la région
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE ET WEBIOGRAPHIE
ANNEXES

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