ETUDES DES INTERACTIONS DES RN AVEC LES ACIDES AMINES

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Les lanthanides

Cette premiรจre partie a pour but de prรฉsenter quelques applications choisies de la chimie des Ln au degrรฉ dโ€™oxydation +III (Ln(III)). Pour cela, nous verrons dans un premier temps, les propriรฉtรฉs trรจs gรฉnรฉrales de ces Ln(III) expliquant un comportement chimique similaire au sein de la sรฉrie, mais en revanche des propriรฉtรฉs physiques (spectroscopiques) variรฉes qui en font toute leur richesse. Ainsi, le contrรดle de la sphรจre de coordination des complexes de Ln(III) est essentiel pour orienter les applications.

Propriรฉtรฉs

La quasi identitรฉ des propriรฉtรฉs physiques et chimiques de lโ€™yttrium et du scandium avec celles des Ln conduit naturellement ร  regrouper ces 17 รฉlรฉments sous le nom de ยซ terres rares ยป. Ce nom est historiquement associรฉ ร  la difficultรฉ que les chimistes avaient ร  les isoler sous une autre forme que l’oxyde, trรจs rรฉfractaire (terre en ancienne chimie). L’รฉpithรจte rare rappelle leur faible concentration dans les minerais, bien que l’abondance naturelle soit globalement plus importante que celle de l’argent, du plomb ou de l’or.
La configuration รฉlectronique des Ln correspond au remplissage progressif de la couche 4f qui est blindรฉe par les couches externes 5s2 5p6. Les Ln existent tous majoritairement ร  lโ€™รฉtat trivalent et prรฉsentent alors la configuration รฉlectronique [Xe] 5d0 6s0 4fn. Ainsi, ces ions lanthanides trivalents (notรฉs ions Ln3+ ou Ln(III)) prรฉsentent une remarquable homogรฉnรฉitรฉ de leurs propriรฉtรฉs chimiques.
Les รฉlectrons de ยซ valence ยป des orbitales 4f sont ยซ enfouis ยป dans le nuage รฉlectronique et sont donc trรจs peu sensibles ร  lโ€™environnement chimique. Ceci a plusieurs consรฉquences. Tout dโ€™abord les ions lanthanides sont des acides durs dans la ยซ classification de Pearson des acides et bases durs et mous ยป (Pearson, 1963). Ils vont donc interagir prรฉfรฉrentiellement avec des ligands durs, contenant entre autres des atomes donneurs dโ€™oxygรจne (eau, carboxylates, alcoolates, etc.). Leur forte aciditรฉ au sens de Lewis conduit รฉgalement ร  une activation dโ€™atomes dโ€™hydrogรจne prรฉsents sur les molรฉcules dโ€™eau coordonnรฉes au cation mรฉtallique, favorisant ainsi la formation dโ€™hydroxocomplexes (ou espรจces hydrolysรฉes). Ces hydroxydes de lanthanides sont insolubles ร  partir de pH de lโ€™ordre de 6.
Une autre consรฉquence de la profondeur des orbitales 4f est que le champ cristallin est trรจs faible, de lโ€™ordre de quelques centaines de cm-1, contre 5 000 ร  30 000 cm-1 pour les mรฉtaux de transition. Dโ€™un point de vue structural, les liaisons mรฉtal-ligand prรฉsentent une absence de directionnalitรฉ. La position des diffรฉrents ligands dans la sphรจre de coordination est conditionnรฉe essentiellement par les interactions รฉlectrostatiques et stรฉriques entre le cation mรฉtallique et les ligands. Ceux-ci sโ€™organisent au mieux autour du cation mรฉtallique de faรงon ร  minimiser lโ€™รฉnergie รฉlectrostatique et les interactions stรฉriques rรฉpulsives. Enfin, la taille de lโ€™ion varie de faรงon monotone tout au long de la sรฉrie. En effet, du dรฉbut ร  la fin de la sรฉrie, le rayon ionique dรฉcroรฎt rรฉguliรจrement. Ce phรฉnomรจne est appelรฉ ยซ contraction lanthanidique ยป. Ce rayon ionique est un paramรจtre effectif, fonction du nombre de coordination des Ln(III) en solution, qui reprรฉsente le nombre de liaisons mรฉtal-ligand. Les nombres de coordination les plus frรฉquents des Ln(III) sont 8 ou 9, mais ils peuvent varier de 6 ร  12.

Utilisationss

Les domaines d’applications des Ln se sont multipliรฉs lorsque qu’il a รฉtรฉ possible de bien sรฉparer les terres rares entre elles et de nos jours ces applications sont de trรจs haute valeur ajoutรฉe, depuis les applications en mรฉdecine ou en biochimie aux dรฉveloppements plus rรฉcents pour les couleurs des รฉcrans de tรฉlรฉvision.

Les tests immunologiques

Les tests immunologiques reposent sur une rรฉaction biochimique entre un antigรจne (ร  analyser) etย  un anticorps spรฉcifique. Dans les tests immunologiques luminescents, lโ€™anticorps est marquรฉ avec un complexe de Ln(III) : par exemple, un complexe Eu(III) avec un cryptand tris(bipyridine) est liรฉ ร  un anticorps spรฉcifique alors quโ€™un accepteur A est greffรฉ sur un second anticorps spรฉcifique, la rรฉaction biochimique avec lโ€™antigรจne va amener ces deux entitรฉs ร  proximitรฉ lโ€™une de lโ€™autre et un transfert dโ€™รฉnergie va avoir lieu (Figure 2).
Cette technique permet de dรฉtecter la prolactine avec une sensibilitรฉ similaire ร  celle obtenue avec des marqueurs radioactifs (moins de 0,3ยตg/L) (Mathis, 1995).

Les techniques dโ€™imagerie par luminescence

En ajoutant deux dimensions spatiales ร  ces procรฉdures analytiques, il est possible de rรฉaliser de lโ€™imagerie par luminescence. Les complexes de Ln(III) sont trรจs intรฉressants du fait que ce sont des sondes trรจs sensibles pour tous les tests biologiques et quโ€™ils ont des temps de vie de luminescence plus longs que les sondes fluorescentes classiques. Ainsi, les signaux provenant des Ln(III) peuvent รชtre sรฉparรฉs de ceux provenant des tissus biologiques ou des composants optiques en utilisant la luminescence rรฉsolue en temps. Lโ€™utilisation de la microscopie luminescente permet dโ€™obtenir une rรฉsolution spatiale infรฉrieure ร  la dimension de la cellule, rendant possible la localisation prรฉcise de la substance ร  analyser ainsi que la dรฉtermination de sa concentration (Faulkner et al., 2005).

Agents de dรฉplacement chimique en RMN

Bien que les ions Ln3+ ne soient pas directement observables par Rรฉsonance Magnรฉtique Nuclรฉaire (RMN), ils induisent des propriรฉtรฉs particuliรจres sur les noyaux environnants, observables par RMN. La RMN est une technique spectroscopique qui sโ€™intรฉresse aux transitions รฉnergรฉtiques entre les niveaux Zeeman des spins nuclรฉaires placรฉs dans un champ magnรฉtique. Ces transitions se font dans le domaine des ondes radio et sont caractรฉristiques de la nature et de lโ€™environnement chimique du noyau considรฉrรฉ. Lโ€™รฉtude des frรฉquences de rรฉsonance et des rรฉseaux de couplage qui existent entre les spins de la molรฉcule permet dโ€™obtenir des informations sur sa structure et sa dynamique.
La proximitรฉ dโ€™un mรฉtal paramagnรฉtique avec les noyaux observรฉs a une forte influence sur lโ€™allure des spectres RMN. Il existe un couplage hyperfin entre le spin du noyau รฉtudiรฉ et le spin de lโ€™รฉlectron cรฉlibataire appartenant au cation mรฉtallique. Son influence se ressent sur le dรฉplacement chimique du spin nuclรฉaire รฉtudiรฉ et sur la relaxation de ces spins, qui influe sur la largeur de raie. Les premiรจres observations de complexes de Ln(III) en tant quโ€™agents de dรฉplacement chimique remontent ร  1969 (Mar et al., 1973).

Agents de contraste pour lโ€™IRM

Pour un examen dโ€™Imagerie par Rรฉsonance Magnรฉtique (IRM), technique d’imagerie mรฉdicale permettant d’avoir une vue 2D ou 3D d’une partie du corps, notamment du cerveau, lโ€™agent de contraste est injectรฉ par voie intraveineuse, mais il se distribue ensuite dans les espaces extracellulaires et intravasculaires. Les doses requises sont en gรฉnรฉral de 0,1 ร  0,3 mmol.kg-1 et la concentration de la solution injectรฉe est importante (environ 0,5 mol.L-1). Le complexe doit absolument รชtre soluble ร  ces concentrations. Le deuxiรจme point crucial est la stabilitรฉ cinรฉtique et thermodynamique du complexe injectรฉ.
Lโ€™ion aquo Gd3+ est trรจs toxique. Sa toxicitรฉ provient essentiellement de la similitude de son rayon ionique avec celui du calcium (Ca2+). Il se substitue donc au calcium dans le corps humain et empรชche, entre autre, la transmission neuromusculaire en bloquant les canaux du calcium. Il est รฉgalement connu pour interagir avec les protรฉines du sรฉrum, et pour se dรฉposer de faรงon irrรฉversible, sous forme de sels insolubles, sur les os, le foie et la rate. Le complexe injectรฉ doit donc รชtre thermodynamiquement stable et cinรฉtiquement inerte pour que la concentration de Gd(III) libre soit limitรฉe. Ces contraintes trรจs fortes impliquent de nombreux tests cliniques, dโ€™un coรปt actuel dโ€™au moins cent millions de dollars, avant la mise sur le marchรฉ.

Autres applications liรฉes aux propriรฉtรฉs optiques

Nous avons vu que les transitions รฉlectroniques des Ln se situaient entre niveaux discrets : cela se traduit par des absorptions et des รฉmissions de lumiรจre ร  caractรจre fortement monochromatique. Ainsi, de nombreux niveaux dโ€™รฉnergies, se succรจdent ร  intervalles rapprochรฉs entre le proche infrarouge et lโ€™ultraviolet.
Dans le domaine de l’absorption, certains Ln(III) permettent l’obtention de colorations trรจs particuliรจres mises ร  profit dans l’industrie du verre et de la cรฉramique oรน ils entrent dans la composition des pigments (vert de prasรฉodyme, violet du nรฉodyme ou rose de l’erbium).
Au niveau de l’รฉmission, les applications se sont dรฉveloppรฉes, en liaison avec la disponibilitรฉ industrielle des Ln ร  des puretรฉs suffisantes : tรฉlรฉvision couleur, รฉclairage fluorescent et radiographie mรฉdicale. Une grande variรฉtรฉ d’รฉmission peut รชtre obtenue en fonction de la nature du Ln mis en jeu et des positions respectives des niveaux d’รฉnergie excitรฉs ou fondamentaux. Ainsi, en tรฉlรฉvision couleur, l’image est reproduite grรขce ร  l’excitation cathodique sรฉlective de trois luminophores (bleu, vert et rouge) ร  base de Ln dรฉposรฉs sur la face interne de l’รฉcran. Suivant lโ€™รฉlรฉment de Ln choisi, lโ€™รฉmission lumineuse est localisรฉe dans le proche ultraviolet (avec le gadolinium, le cรฉrium), le visible (rouge avec lโ€™europium, orange avec le samarium, vert avec le terbium, jaune avec le dysprosium, bleu avec le thulium), ou le proche infrarouge (avec le nรฉodyme). Cela a permis la rรฉalisation de lampes compactes pour les applications domestiques.

Les actinides

Les An sont gรฉnรฉrรฉs par des captures de neutrons qui n’ont pas รฉtรฉ suivies de fissions. Ils tirent leur nom de l’actinium (Z=89), un mรฉtal lourd qui prรฉcรจde de peu l’uranium dans le tableau de Mendeleรฏev, car ils possรจdent des propriรฉtรฉs chimiques voisines.

Production

L’An produit le plus abondamment est le plutonium avec en tรชte son principal isotope le 239Pu, lui-mรชme fissile. Mais les rรฉacteurs gรฉnรจrent en quantitรฉ moindre, d’autres An qui sont dits ยซ mineurs ยป pour cette raison. Les principaux sont le 237Np, les 241Am et 243Am et les 244Cm et 245Cm. Les An mineurs constituent avec le plutonium une grande partie des dรฉchets radioactifs ร  Haute Activitรฉ et durรฉe de Vie Longue (HAVL), c’est-ร -dire les dรฉchets de l’industrie รฉlectronuclรฉaire les plus dangereux.
Les transuraniens, An plus lourds que l’uranium, n’existent en gรฉnรฉral pas ร  l’รฉtat naturel, car leurs isotopes ont souvent une demi-vie trรจs courte, aux exceptions notables, de quelques isotopes de Np, Pu, Am et Cm produits en quantitรฉs pondรฉrables dans les rรฉacteurs nuclรฉaires (Tableau 1).

Le devenir des radionuclรฉides

En cas de rejet de radionuclรฉides (RN) dans lโ€™environnement, il est nรฉcessaire de connaรฎtre le terme source, les phรฉnomรจnes de transport et de transformation, lโ€™interaction avec les sols, lโ€™incorporation au milieu biologique, etc., afin de pouvoir estimer les consรฉquences ร  long terme de cette contamination.
Une connaissance prรฉcise du comportement des RN selon leur spรฉciation avec les diffรฉrentes molรฉcules impliquรฉes dans les phรฉnomรจnes prรฉsentรฉs Figure 3 est non seulement utile pour prรฉciser les risques encourus pour lโ€™homme et lโ€™environnement mais aussi pour dรฉfinir les protocoles ร  mettre en place afin de retirer efficacement les RN du milieu (phytorรฉmรฉdiation et dรฉcorporation notamment).

Dans le corps : la dรฉcorporation

Les premiรจres recherches concernant le traitement de la contamination interne par des An ont รฉtรฉ menรฉes par le Dรฉpartement Santรฉ du groupe Manhattan. Diffรฉrentes solutions furent envisagรฉes (supplรฉments dโ€™hormones, utilisation de citrate de zirconium ou dโ€™acides carboxyliques communs (Schubert, 1947)) avant de considรฉrer lโ€™administration dโ€™un agent chรฉlatant capable de former avec un mรฉtal, un complexe stable, soluble et pouvant รชtre excrรฉtรฉ par lโ€™organisme comme la seule thรฉrapie envisageable. Cet agent doit idรฉalement possรฉder les caractรฉristiques suivantes : une plus grande affinitรฉ envers les An quโ€™envers dโ€™autres espรจces complexantes prรฉsentes dans le corps, une faible affinitรฉ envers dโ€™autres cations mรฉtalliques essentiels, une faible toxicitรฉ chronique et une administration par voie orale.
La premiรจre molรฉcule envisagรฉe en 1947 fut lโ€™H4-EDTA hexadentate. En 1954, une autre molรฉcule brevetรฉe, lโ€™H5-DTPA, prรฉsentant une plus grande affinitรฉ envers les cations multivalents et une moindre affinitรฉ envers les mรฉtaux divalents fut testรฉe. Les CaNa3-DTPA ou ZnNa3-DTPA sont aujourdโ€™hui encore les seuls traitements en cas de contamination interne. Malgrรฉ son fort pouvoir complexant envers les An(III) et le Pu(IV) dans les fluides corporels, ce traitement DTPA possรจde aussi quelques points faibles. Ainsi, une fois le Pu liรฉ aux tissus ou aux os, le pouvoir de mobilisation du Pu par le DTPA est faible. De plus, la thรฉrapie DTPA peut conduire ร  des formes sรฉvรจres dโ€™hypocalcรฉmie et de carences en ions mรฉtalliques divalents essentiels tels que Zn, Co, Cu et Mn. Pour finir, le DTPA nโ€™est pas trรจs efficace pour la dรฉcorporation dโ€™autres An comme Th(IV), Np(IV) ou U(VI). Ceci peut poser des problรจmes en cas de contamination par plusieurs mรฉtaux ou bien en cas de doute sur le contaminant.
Dans le cadre de travaux sur la dรฉcorporation, il est important de rechercher de nouvelles unitรฉs chรฉlatantes afin dโ€™amรฉliorer la sรฉlectivitรฉ des traitements vis-ร -vis des RN. En matiรจre de dรฉcorporation, une revue rรฉcente de Ansoborlo prรฉsente lโ€™รฉtat de lโ€™art sur la dรฉcorporation des actinides en milieu biologique (Ansoborlo et al., 2007).
Une voie envisagรฉe se base sur les sidรฉrophores qui possรจdent des unitรฉs complexantes โ€“ catรฉcholates, catรฉcholamines, acides amino-carboxyliques, hydroxamates ou hydroxypyridinates (HOPO) โ€“ trรจs spรฉcifiques de Fe(III) ainsi que de Pu(IV). Trois ligands comportant des groupes HOPO, le 5-LIO-(Me-3,2-HOPO) tetradentate, le TREN(Me-3,2-HOPO) hexadentate et le 3,4,3-LI(1,2-HOPO) octadentate sont aujourdโ€™hui considรฉrรฉs comme les meilleurs agents dรฉcorporants des An (Gorden et al., 2003). Ces trois molรฉcules sโ€™avรจrent รชtre significativement plus efficaces que le DTPA pour rรฉduire la quantitรฉ de Pu(IV) et dโ€™Am(III) dans le corps, ainsi que pour รฉliminer Np(V), Np(VI) et U(VI), pour lesquels le traitement DTPA est inactif. De plus, lโ€™administration de ces ligands se fait par voie orale et la toxicitรฉ associรฉe aux quantitรฉs efficaces est assez faible. Des recherches sont menรฉes pour mettre au point un cocktail de ligands afin de tirer le meilleur parti des spรฉcificitรฉs de chaque molรฉcule en cas de contamination interne par un mรฉlange dโ€™An.
Cependant, il est aussi possible de dรฉvelopper des formulations pharmaceutiques originales permettant de diriger davantage le dรฉcorporant vers les sites de transfert et de dรฉpรดt du RN, in vivo. Par exemple, les liposomes10 sont des formulations qui offrent toute une sรฉrie de possibilitรฉs de vectorisation (par encapsulation), notamment concentrer un mรฉdicament au niveau du foie ou augmenter sa pรฉriode biologique dans la circulation sanguine et ainsi amรฉliorer son efficacitรฉ. Dans le cadre du programme national de recherche sur la Toxicologie Nuclรฉaire Environnementale, cette dรฉmarche a รฉtรฉ rรฉcemment appliquรฉe avec succรจs pour le DTPA dont la pharmacocinรฉtique a รฉtรฉ รฉtudiรฉe chez le rat et modifiรฉe grรขce ร  une formulation galรฉnique11 ร  base de diffรฉrents liposomes (Phan et al., 2006a). Il a รฉtรฉ possible dโ€™รฉtudier la distribution du DTPA dans les organes cibles du Pu que sont le foie et lโ€™os, et de modifier cette distribution de faรงon ร  augmenter le temps de contact entre le complexant et le RN pour favoriser lโ€™รฉlimination de ce dernier (Phan et al., 2006b).

Dans les sols

Quelque soit la source et leur forme chimique initiale, la majoritรฉ des RN est insoluble dans les sols et trรจs peu mobile ; lโ€™activitรฉ reste donc majoritairement dans les 10 premiers centimรจtres du sol (Mboulou et al., 1998). La migration des RN est dite latรฉrale car en gรฉnรฉral causรฉe par le vent et lโ€™รฉrosion hydrique, mais des processus mรฉcaniques comme lโ€™exploitation agricole peuvent favoriser sa migration verticale. La fraction de RN hydrosoluble et รฉchangeable dans le sol est infรฉrieure ร  0,4 % et leur dissolution peut sโ€™รฉtaler sur plusieurs annรฉes, conduisant ร  un gradient de concentration trรจs faible (Michel et al., 2002).
Pourtant, suivant les conditions locales, la fraction de RN soluble et/ou mobile peut augmenter considรฉrablement. Diffรฉrents paramรจtres du sol peuvent influencer la mobilitรฉ du RN dans les sols : adsorption, prรฉsence de colloรฏdes, de matiรจre organique et de micro-organismes, etc.

Influence de lโ€™adsorption

Etant donnรฉ que les carbonates forment des complexes stables avec les RN en solution, la surface des minรฉraux carbonatรฉs serait susceptible dโ€™รชtre un site privilรฉgiรฉ dโ€™adsorption des An (Choppin, 2003). Le rรดle important de lโ€™adsorption des RN dans leur immobilisation ou leur transport a รฉtรฉ discutรฉ par de nombreux auteurs (Meece et Benninger, 1993). Lโ€™adsorption suit la mรชme tendance que la complexation, puisquโ€™elle est influencรฉe par les mรชmes paramรจtres (charge des cations, effet stรฉriques, etc.). Dans les milieux neutres et basiques, les RN interagissent avec les groupements hydroxydes de la silice, avec les oxydes de fer ou encore les groupements hydroxydes prรฉsents ร  la surface des colloรฏdes.

Influence des colloรฏdes

Les colloรฏdes naturellement prรฉsents dans les aquifรจres sous forme de particules submicromรฉtriques en suspension sont soupรงonnรฉs dโ€™augmenter la mobilitรฉ de contaminants non solubles au dรฉpend de lโ€™adsorption. Ce serait รฉgalement le cas pour les An (Kim, 1994). Afin de ne pas sous-estimer le transport des RN dans lโ€™environnement, il est donc indispensable de prendre en compte dโ€™autres facteurs que la solubilitรฉ et lโ€™adsorption sur les roches dans les modรจles de migration. Toutefois, lโ€™influence des colloรฏdes sur la mobilitรฉ des An est encore sujet ร  polรฉmiques.

Influence de la matiรจre organique

Les matiรจres organiques naturelles, issues principalement de la dรฉgradation de la matiรจre organique contenue dans les sols, sont essentiellement constituรฉes de substances humiques (SH) (acides humiques AH et acides fulviques AF). La diffรฉrence entre AH et AF se fait selon une dรฉfinition opรฉrationnelle, par leur diffรฉrence de solubilitรฉ dans le milieu aqueux : les AH prรฉcipitent en milieu acide (pH < 3) tandis que les AF sont solubles quelque soit le pH et retenus sur rรฉsine hydrophobe. Les RN sont susceptibles de se complexer avec les substances organiques, notamment les AH et les AF ou les acides organiques simples. Lโ€™utilisation de lโ€™ES-SM a permis de mettre en รฉvidence que les SH sont un mรฉlange de molรฉcules organiques de masses molaires infรฉrieures ร  celles observรฉes expรฉrimentalement, pouvant รชtre considรฉrรฉes comme des supramolรฉcules dont la cohรฉsion pourrait รชtre assurรฉe par des liaisons hydrogรจne (Plancque et al., 2001).
Dans le cas de milieux trรจs rรฉducteurs, mรชme faiblement concentrรฉs en AH (dรจs 0,1 mg.L-1), la spรฉciation des An(III) et des Ln(III) est dominรฉe par des complexes humiques. Au-delร  de pH 7, la formation de complexes mixtes de type hydroxo-humates est รฉvoquรฉe (Artinger et al., 2002; Montavon et Grambow, 2003; Reiller et al., 2002).
Dans le cas des RN au degrรฉ dโ€™oxydation +IV, bien que lโ€™hydrolyse soit trรจs forte, la complexation par les SH ne doit pas รชtre sous-estimรฉe. Les donnรฉes obtenues sur Th(IV) montrent que dรจs de faibles concentrations en SH (de lโ€™ordre du mg.L-1) et pour des pH neutres ou basiques, les RN(IV) seraient majoritairement associรฉs aux SH, au lieu dโ€™รชtre prรฉsents sous forme dโ€™espรจces hydrolysรฉes (Reiller et al., 2003).
Dans le cas oรน les RN seraient prรฉsents aux degrรฉs dโ€™oxydation plus รฉlevรฉs +V ou +VI, les AH sont susceptibles de rรฉduire ces valences en +IV, adoptant le comportement dรฉcrit prรฉcรฉdemment. Les groupements prรฉsumรฉs responsables de ces processus rรฉdox sont les hydroquinones (Reiller et al., 2003).

Influence de la masse microbienne

Les systรจmes biologiques constituent un autre mode de transport dans le sol. Les RN peuvent interagir avec les structures cellulaires et extracellulaires des bactรฉries et perturber lโ€™assimilation et lโ€™utilisation dโ€™รฉlรฉments essentiels, altรฉrant le mรฉtabolisme cellulaire. Ces interactions peuvent transformer les RN de leurs formes les plus communes (solide, adsorbรฉe ou colloรฏdale) en diffรฉrentes espรจces biogรฉochimiques. Les acides organiques produits par les cellules peuvent solubiliser les RN et augmenter leur mobilitรฉ dans lโ€™environnement ou leur transfert dans les cellules. Les polymรจres associรฉs aux parois cellulaires qui comportent des groupements phosphates et carboxylates peuvent complexer les RN et former des biocolloรฏdes mobiles.
Les analyses des retombรฉes de Nagasaki dans des sols de Nishiyama ont montrรฉ que 10 % du Pu est complexรฉ par les AH, que 3 % a migrรฉ rapidement (8 cm.an-1) et que 1 % est complexรฉ par les AF (Fujikawa et al., 1999). La transformation du Pu initialement dรฉposรฉ sous forme dโ€™oxydes thermovitrifiรฉs hautement insolubles, puis incorporรฉ dans des complexes organiques mobilisables, est attribuรฉe ร  lโ€™action des micro-organismes.
Lโ€™ensemble de ces รฉtudes vise ร  mieux comprendre le comportement des RN dans lโ€™environnement, point capital pour prendre les dรฉcisions adรฉquates concernant le traitement des RN, en matiรจre de stockage, de dรฉpollution ou dโ€™utilisation mรฉdicale. Un point commun ร  toutes ces รฉtudes est la connaissance de la spรฉciation des RN. Nous allons donc dรฉtailler le principe de ces รฉtudes.

Les รฉtudes de spรฉciation

Utilisation dโ€™analogues chimiques

La difficultรฉ des mesures de spรฉciation des RN radioactifs ร  lโ€™รฉtat de traces implique la simplification des systรจmes par lโ€™utilisation dโ€™analogues chimiques non radioactifs. Ils permettent par ailleurs la mesure de quantitรฉs macroscopiques par diffรฉrentes techniques pour prรฉdire le comportement du RN radioactif ร  ces concentrations en supprimant le risque radiologique. Ils sont choisis pour leurs propriรฉtรฉs chimiques aussi proches que possibles (rรฉdox, taille, etc.). Le tableau ci-dessous prรฉsente les analogues les plus frรฉquemment utilisรฉs pour les รฉtudes de spรฉciation de RN courants.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
INTERACTIONS DES RADIONUCLEIDES AVEC LES MOLECULES Dโ€™INTERET BIOLOGIQUE
1. Les radionuclรฉides
1.1. Prรฉsentation des lanthanides et des actinides
1.1.1. Dรฉfinition
1.1.2. Les lanthanides
1.1.3. Les actinides
1.2. Le devenir des radionuclรฉides
1.2.1. Dans le corps : la dรฉcorporation
1.2.2. Dans les sols
1.2.3. Influence de la masse microbienne
2. Les รฉtudes de spรฉciation
2.1. Utilisation dโ€™analogues chimiques
2.2. Modรจles prรฉdictifs
2.3. Choix des radionuclรฉides
2.4. Complexitรฉ des systรจmes โ€“ Enjeux des รฉtudes de spรฉciation
2.4.1. Hydrolyse de Eu(III)
2.4.2. Hydrolyse de U(VI)
2.4.3. Cas particulier de la prรฉcipitation des espรจces neutres
3. Les mรฉcanismes dโ€™entrรฉe des mรฉtaux dans les cellules ; Application aux RN
3.1. Les cellules
3.2. Voies d’entrรฉe des RN dans la cellule
3.2.1. Les protรฉines porteuses
3.2.2. Le transport actif
3.2.3. Les canaux ioniques
3.3. Les mรฉcanismes connus dโ€™entrรฉe des RN
3.3.1. Un exemple concret : les similitudes Ln3+/Ca2+
3.3.2. Le calcium en milieu biologique
4. Molรฉcules biologiques impliquรฉes dans la prise en charge des mรฉtaux lourds
4.1. Les phospholipides
4.2. Les protรฉines sรฉquestrices de mรฉtaux lourds
4.2.1. Les protรฉines
4.2.2. Les mรฉtallothionรฉines
4.2.3. Les phytochรฉlatines
4.3. Choix des molรฉcules ร  รฉtudier
4.4. Etude des systรจmes biologiques
4.4.1. Conditions ยซ biologiques ยป et biochimie des RN
4.4.2. Biochimie des RN รฉtudiรฉs
4.4.3. Donnรฉes disponibles
5. Conclusion
-IIMETHODES ANALYTIQUES : PRINCIPES ET OUTILS SPECTROMETRIQUESย 
1. La spectrofluorimรฉtrie laser rรฉsolue en temps (SLRT)
1.1. Prรฉsentation de la technique
1.1.1. Principe de la fluorescence
1.1.2. La fluorescence
1.1.3. La rรฉsolution temporelle
1.1.4. Montage expรฉrimental
1.2. Propriรฉtรฉs spectroscopiques de lโ€™europium
1.2.1. Niveaux dโ€™รฉnergie
1.2.2. Transitions fluorescentes
1.2.3. Complexation en sphรจre interne/ sphรจre externe
1.2.4. Nombre dโ€™hydratation
1.3. Fluorescence de lโ€™uranium
1.4. Longueurs dโ€™onde dโ€™excitation
2. Lโ€™ElectroSpray Spectromรฉtrie de Masse (ES-SM)
2.1. Les diffรฉrents composants dโ€™un spectromรจtre de masse
2.1.1. La source dโ€™ionisation รฉlectrospray (ES) ou รฉlectronรฉbulisation
2.1.2. Lโ€™analyseur (trappe ionique)
2.2. Identification des espรจces : la spectromรฉtrie de masse en tandem (SM/SM) ou fragmentation
2.3. Un outil pour la spรฉciation
2.4. Comparaison avec la SLRT
2.5. Mode opรฉratoire
3. Autres techniques utilisรฉes
3.1. La Spectroscopie dโ€™Absorption des rayons X (SAX)
3.2. La spectromรฉtrie de Rรฉsonance Magnรฉtique Nuclรฉaire (RMN)
3.2.1. RMN du 1H
3.2.2. RMN du 13C
3.3. Spectroscopie infrarouge ร  Transformรฉe de Fourier en rรฉflexion totale attรฉnuรฉe (ATR-IRTF)
3.4. La spectrophotomรฉtrie UV-Visible
4. Conclusion
ETUDES DES INTERACTIONS DES RN AVEC LES ACIDES AMINES
1. Chรฉlation par les petites molรฉcules
2. Conditions opรฉratoires
3. Interactions avec la cystรฉine
3.1. Interaction de lโ€™europium avec la cystรฉine par SLRT
3.2. Interaction de lโ€™uranium avec la cystรฉine par SLRT
3.2.1. Rรฉsultats ร  pH 2
3.2.2. Rรฉsultats ร  pH 4
4. Interactions avec lโ€™acide glutamique
5. Interactions avec lโ€™histidine
5.1. Dosage Eu-His ร  pH 3 par SLRT
5.2. Effet du pH sur la complexation par lโ€™histidine
5.3. Caractรฉrisation des espรจces par rรฉsolution temporelle ร  pH 7,7
6. Conclusion
ETUDES DES RN AVEC LES POLYPEPTIDES
1. Les polypeptides prรฉcurseurs des PC
1.1. Le glutathion rรฉduit
1.2. Le glutathion oxydรฉ
2. Interactions avec le GSH et le GSSG
2.1. Interactions avec le GSH
2.1.1. Etudes de Eu-GSH ร  pH 3 par SLRT
2.1.2. Etude de Eu-GSH ร  pH 3 par ES-SM
2.1.3. Eu-GSH pH 6 par SLRT
2.1.4. U-GSH pH 2 par SLRT
2.2. Interactions avec le glutathion oxydรฉ (GSSG)
2.3. Conclusion
3. Caractรฉrisation dโ€™รฉchantillons concentrรฉs en RN et en ligand
3.1. Donnรฉes structurales RN-Ligands biologiques dans la littรฉrature
3.1.1. Donnรฉes structurales ยซ Ln-AA ยป
3.1.2. Donnรฉes structurales ยซ Uranyle-AA ยป
3.2. Echantillons analysรฉs
3.3. RMN du 1H et du 13C
3.3.1. Cas du GSH pH 3
3.3.2. Cas du GSSG pH 3
3.4. Apport des mesures de spectrophotomรฉtrie UV-Visible
3.5. ATR-IRTF
3.5.1. Etude du GSH
3.5.2. Etude du GSSG
3.6. Spectroscopie dโ€™Absorption des rayons X (EXAFS)
3.7. Conclusion
4. Interactions avec les phytochรฉlatines
4.1. Prรฉsentation des molรฉcules รฉtudiรฉes
4.2. Echantillons
4.3. Etude des PCn par SLRT
4.4. Etude des PCn par ES-SM
4.4.1. Caractรฉrisation des solutions de PC (sans Eu)
4.4.2. Caractรฉrisation des solutions de PC (avec Eu)
4.5. Conclusion
5. Interactions avec les mรฉtallothionรฉines
ETUDE DE Lโ€™IMPACT DE Lโ€™EUROPIUM SUR LES KERATINOCYTES HaCaTย 
1. Objectifs des รฉtudes de contamination
1.1. Bibliographie
1.2. Choix des cellules
1.3. Choix des concentrations de contamination
2. Mรฉthodologie
2.1. Solution mรจre de contamination
2.2. Milieux de culture contaminรฉs
2.3. Culture des cellules
3. Analyses effectuรฉes
3.1. Les culots cellulaires
3.1.1. Minรฉralisation par attaque acide
3.1.2. Minรฉralisation par calcination
3.1.3. Autre voie de minรฉralisation envisagรฉe : la lyophilisation
3.2. Les รฉchantillons ยซ liquides ยป
3.2.1. Solutions de contamination
3.2.2. Surnageants de contamination
3.2.3. Solutions de rinรงage
3.2.4. Solutions de trypsination
3.2.5. Tรฉmoins
4. Rรฉsultats
4.1. Bilan de matiรจre
4.2. Mesure des quantitรฉs de Eu intรฉgrรฉes par les cellules
4.2.1. Quelques remarques
4.2.2. Analyses des concentrations dans les culots cellulaires
5. Conclusion
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
ANNEXES
Liste des abrรฉviations
Annexe 1 : Notions de chimie des solutions et formalisme
Annexe 2 : Rappels sur les phรฉnomรจnes dโ€™inhibition de fluorescence
Annexe 3 : Exploitation du signal de fluorescence en SLRT
Annexe 5 : Composition du milieu de culture DMEM des cellules HaCaT
Annexe 6 : Estimation des incertitudes
Annexe 7 : Produits chimiques
Annexe 8 : Communications scientifiques
BIBLIOGRAPHIE

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