Etudes des facteurs de dépérissement du chêne-liège (Quercus suber L.)

La forêt est un écosystème complexe et riche, offrant de nombreux habitats à de nombreuses espèces et populations animales, végétales, fongiques et microbiennes entretenant entre elles, pour la plupart, des relations d’interdépendance. Elle est devenue un lieu de détente et de loisir. C’est aussi un lieu de production et de valorisation économique, mais le plus important la forêt est devenue un espace de vie. Les forêts méditerranéennes se caractérisent par une grande hétérogénéité qui favorise l’adaptation de multiples formations végétales, elle demeure cependant soumise à un climat irrégulier et à des perturbations fréquentes qui entrainent une certaine fragilité de ses écosystèmes. Cette situation se complique davantage du fait de l’extension des activités humaines en forêts telles que l’agriculture, l’élevage, l’urbanisation qui conduit inéluctablement au recul du couvert forestier à la réduction de sa biodiversité (Naggar, 1999) Les forêts méditerranéennes couvrent environ 81million d’hectares (9.4% de la superficie forestière mondiale) et sont constituées d’une mosaïque d’essences forestières, principalement des feuillus (environ 60%) (Mugnossa et al. 2000). Certaines ont une importance écologique fondamentale, c’est le cas des subéraies qui occupent 2.7 million d’hectare : 33% au Portugal, 23% en Espagne, 1% France, 10% en Italie, 15% en Maroc, 21% en Algérie, 3% en Tunisie. Le chêne-liège est considéré comme l’une des essences forestières dont l’aire, naturellement inextensible est étroitement limitée au bassin méditerranéen occidental (Boudy, 1950). Ses forêts produisent une grande quantité de liège (environ 300million de Kg par an) dont 87% vient d’Europe (55% Portugal, 28%Espagne, 1%France, et 3% en Italie) et le reste d’Afrique de nord (4% du Maroc, 6% d’Algérie, 3% Tunisie) (Lopes ; 1996). L’importance économique de la subéraie ne se limite pas à la seule production de liège en effet, les fruits et le feuillage, qui nourrissent le bétail, et les dépôts de bois issus de la taille, qui sont utilisés pour la production du bois de chauffage ou du charbon, sont une ressource fondamentale pour certaines communautés rurales (De Sousa, 2005).

MATERIEL & METHODES

Présentation de la zone d’étude

La présente étude a été réalisée au niveau du Parc National d’El-Kala (P.N.E.K) qui est l’un des plus grands parcs nationaux d’Algérie et de Méditerranée occidentale, crée en 1983, il constitue un laboratoire naturel pour de nombreux chercheurs. Sa richesse biologique et paysagère lui a valu d’être érigé en réserve de biosphère par l’UNESCO. D’une superficie d’environ 80 000 ha, le Parc National d’El-Kala se situe à l’extrême Nord-Est de l’Algérie, inclus administrativement dans la Wilaya d’El-Tarf. Il côtoie la mer méditerranéenne au Nord, les monts de la Medjerda (Djebel Ghorra) au Sud, les frontières algéro-tunisiennes à l’Est et les plaines d’Annaba à l’Ouest (Figure.01). Le Parc National d’El-Kala se caractérise par une hétérogénéité éco systémique concrétisée dans la grande diversité géomorphologique, édaphique et climatique (De Belair, 1990).

Caractéristiques géographiques

Le relief du Parc National d’El-Kala se caractérise par les différentes formations géographiques qui se composent d’une juxtaposition de dépression, dont le front est occupé par des formations lacustres ou palustres et des hautes collines aux formes variées (dôme, escarpement, alignement des crêtes) couvertes par une végétation plus au moins dense (De Belair, 1990). En partant de la mer (0 m d’altitude) jusqu’aux monts de Djebel Ghorra (1200 m d’altitude) on observe plusieurs formations géographiques : un cordon dunaire au Nord sur les côtes qui s’étend d’Ouest en Est sur une longueur de 40 km et se prolonge vers le Sud jusqu’à 24 km à l’intérieur des terres (De Belair, 1990). De plus, le relief du P.N.E.K se caractérise par un pendage important. Il est constitué de 9% de pentes faibles, 10% de pentes moyennes et 80 % de pentes fortes à très fortes. La région d’El-Kala est marquée essentiellement par les deux ensembles structurables formés lors des deux époques: Tertiaire et Quaternaire. L’actuelle structure morphologique résulte donc d’une activité tectonique datant du Tertiaire (il y’a 65 millions d’années) et du Quaternaire (il y a 2 millions d’années). Cette structure à été soumise à une érosion intense à la fin du Miocène, et se poursuit jusqu’à présent notamment grâce à une pluviométrie importante (Benyacoub, 1993).

Les sols de la zone d’étude sont en général des sols bruns forestiers pierreux, profonds, reposant sur une roche mère constituée principalement de grès numidien et d’argile (Tlili, 2003). Riches en humus et en éléments fins acides; ils sont marqués par la présence de sable fin, graviers, cailloux, ainsi que des affleurements rocheux formés principalement de grés.

Caractéristiques climatiques

Le Parc National d’El-Kala est caractérisé par un important complexe humide et un réseau hydrographique dense constitué par des Oueds dont les plus importants sont: Oued ElKebir, Oued El-Hout, Oued Bougous, Oued Ballouta, Oued Bouaroug ; et les lacs dont certains sont d’importance internationale tel que le lac Tonga (2700 ha), Oubeïra (2200 ha), El-Mellah (800 ha)…etc. Quand aux sources, elles sont nombreuses et réparties à travers tout le Parc. Les sources de Bouglez, Bourdim et El-Bhaim comptent parmi les plus importantes. Le climat de cette zone est de type méditerranéen (Emberger, 1971). Il est caractérisé par :

Température

La température est en général influencée par l’altitude, l’exposition, l’orientation du relief, l’éloignement de la mer, la réverbération au sol ainsi que par le couvert végétal. La région se caractérise par des amplitudes thermiques élevées entre les extrêmes les plus froides «m» = 14,6 °C et les plus chaudes «M» = 22,6 °C (Chabi, 1998). D’une manière générale, la température situe El-Kala dans le méditerranéen chaud avec une amplitude thermique élevée entre les extrêmes les plus froides et les plus chaudes. Les températures les plus basses sont enregistrées en altitude durant l’hiver au Djbel Ghorra, avec environ 5 à 6 mois de gelée blanche par an. Au niveau de la mer, les températures descendent très rarement à 0 ºC. Les mois les plus froids sont Janvier et Février, alors que Juillet et Août sont les mois les plus chauds (28 ºC et 79 ºC). Durant cette période, les températures élevées sont généralement dues au sirocco (De Blair, 1990).

Précipitations

Le climat de la région est caractérisé par trois types de précipitations. Nous avons d’une part un régime pluviométrique du type méditerranéen, avec une saison pluvieuse où le bilan hydrique est positif (Novembre à Avril). Elle est suivie par une saison sèche avec un bilan hydrique négatif (Mai à Octobre). D’autre part, la neige apparait sur les sommets de plus de 700 m d’altitude (Janvier et février). Depuis 1913, les précipitations diminuent régulièrement, les moyennes mensuelles sont passées de 910mm par an entre 1913 et 1935 (Seltzer, 1946 in Boumezbeur, 1993), à 768,3 mm entre 1950 et 1988 (Chalabi, 1990), la pluviométrie moyenne annuelle enregistrée entre 1986 et 1992 n’a été que de 672,4 mm, pire encore pour la période comprise entre 1986-2006 où les moyennes mensuelles ont beaucoup chutées jusqu’à atteindre 61,44 mm seulement, soit un déficit de 848,56 mm, 706,86 mm et 610 mm respectivement par rapport aux trois périodes précédentes (1913- 1935, 1950-1988, 1986- 1992). Le mois de décembre est plus arrosé pour la période 1913- 1935, alors que janvier l’est pour la période 1950- 1988, le mois de novembre pour la période 1986- 1992 et en fin le mois de décembre pour la période 1989- 2006 . Ce phénomène de sécheresse peut être généralisé à l’ensemble du pays. (Ziane, 1999).

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Table des matières

1. INTRODUCTION
2. MATERIEL & METHODES
2.1. Présentation de la zone d’étude
2.1.1. Caractéristiques géographiques
2.1.2. Caractéristiques climatiques
2.1.2.1. Température
2.1.2.2. Précipitations
2.1.2.3. Humidité
2.1.2.4. Vents
2.1.3. Caractères bioclimatiques
2.1.4. Biodiversité de la région
2.1.4. 1. Richesse faunistique
2.1.4.2. Richesse floristique
2.2. Présentation des sites d’étude
2.3. Le chêne-liège
2.3.1. Aire de répartition du chêne-liège
2.3.2. Caractère botanique
2.3.3. Ecologie du chêne-liège
2.3.4. Importance économique
2.4. L’étude sanitaire du chêne-liège
2.4.1. Relevés caractéristiques des arbres
2.4.2. Relevés stationnels
2.4.3. L’examen de la cime
2.4.4. L’examen du tronc et des branches
2.4.5. L’examen des feuilles et des rameaux
2.4.6. L’examen des glands
2.4.7. Traitement insecticide
2.4.7.1. Présentation des l’insecticides utilisés
2.4.7.2. Préparation des doses utilisées et traitement
2.4.6.3. Effet du traitement insecticide sur la germination des glands traités
2.5. Analyse statistique
2.5.1. Analyse en composantes principales (ACP)
2.5.2. Test de Kruskall-Wallis
3. RESULTATS
3.1. Relevés dendrométriques et d’exploitation des arbres échantillons
3.2. Relevés stationnels
3.2.1. Relevés sylvicoles
3.3. Etat de la cime
3.3.1. Evolution de la défoliation
3.3.2. Evolution de la décoloration
3.3.3. Evolution de l’indice de dépérissement pendant les années d’étude
3.4. Etat du tronc, l’écorce et la zone sous corticale
3.5. Interaction des facteurs responsables du dépérissement
3.5.1. Interaction de tous les relevés effectués dans les 3 sites pendant les 3 années d’étude
3.5.2. Interaction des relevés fortement corrélés effectués dans les 3 sites pendant les 3 années d’étude
3.5.3. Test de Kruskal Wallis sur les 21 variables
3.6. Etude des feuilles
3.6.1. Feuilles saines
3.6.2. Etude des feuilles endommagées
3.7. Etude des glands sains et troués
3.7.1. La glandée
3.7.2. Biométrie des glands sains
3.7.3. Etude des insectes des glands
3.7.3.1. Biométrie des glands troués
3.7.3.2. Détermination des insectes des glands
3.7.4. Evolution de l’attaque des insectes des glands
3.7.4.1 Glands récoltés de l’arbre
3.7.4.2 Glands récoltés au sol
3.8. L’effet du traitement sur les insectes des glands
3.8.1. L’effet du RH-0345
3.8.2. L’effet de l’Imidaclopride sur les insectes des glands
3.8.3. Effet du RH-0345 sur la germination des glands traités
3.8.4. Effet de l’Imidaclopride sur la germination des glands traités
4. DISCUSSION
5. CONCLUSION
RESUMES

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