Le secteur agricole occupe la première place dans l’économie nationale de Madagascar, qui mobilise jusqu’à 72 % de la population totale correspondant à 86% de la population active (RASOARAHONA, 2014). Anosibe Ifanja fait partie des zones des hauts plateaux à vocation agricole (CREAM, 2013) où l’agriculture constitue l’activité principale de la population. Étant donné que le sol de la zone est encore très fertile (sol volcanique), les cultivateurs ont tendance à élargir la surface de leurs champs de culture depuis le « baiboho » (sol peu évolué) vers le sommet des collines (culture en pente) pour satisfaire leurs besoins. Face à cette situation, les écosystèmes naturels ne cessent de se dégrader. Ce cas permet aux adventices, définis comme plantes croissant de façon spontanée dans les milieux modifiés par l’homme, de se proliférer (GODINHO, 1984). Selon SCHAUB (2010), ces adventices posent un problème de concurrence, quelquefois pouvant entraîner des pertes de rendement et diminuer la qualité des récoltes. Ces pertes sont évaluées à 25 % de production pour les pays tropicaux en voie de développement au lieu de 5 % pour les pays développés (CIRAD, 2001). Et c’est dans ce sens que les adventices prennent le nom de « mauvaises herbes ». Alors qu’il est confirmé que les adventices sont considérées comme nuisibles dans la mesure où elles peuvent entraîner une perte aussi bien sur la quantité, que sur la qualité du produit récolté (PIPON, 2013). Elles attaquent autant les rizières que les « tanety ». Ainsi, la lutte contre ces mauvaises herbes est incontournable en agriculture (TARDIF-PARADIS., 2013). Pourtant, les agriculteurs et les scientifiques ne disposent que peu d’informations pour lutter contre les mauvaises herbes (HANNACHI, 2010). Plusieurs études ont été déjà effectuées sur ces plantes englobant tous les taxons tels que :
– l’étude de RANDRIAMAMPIANINA (1995) sur les mauvaises herbes de cultures pluviales dans le moyen-ouest de Madagascar ;
– l’étude de RAKOTONDRAZAKA (2016) sur la caractérisation des adventices de culture dans le District de Mahanoro ;
– l’étude de RIVOTIANA (2016) sur l’influence des facteurs écologiques sur l’enherbement de culture dans la Commune Anosibe Ifanja.
Localisation géographique
La Commune Anosibe Ifanja appartient à la Région ITASY. Elle est située à 130 km à l’Ouest d’Antananarivo, localisée à 46 km de son chef-lieu de District (Miarinarivo) et à 14 km d’Analavory (PK 124 de la RN1) en allant vers le Nord (ROR et al., 2007) (Carte 1). Elle s’étend entre 18° 51’ et 18° 56’ latitude Sud et de 46°41’ et 46° 51’ longitude Est. C’est une Commune Rurale de 65 km² de surface, constituée par 5 Fokontany à savoir Anosibe, Ampokonato, Ampahimanaga, Ambatolampy et Ambatomenarana.
Milieu physique
Climat
Inclus dans la partie centrale de Madagascar, la Commune Anosibe Ifanja est soumise à un climat tropical de moyenne altitude. Elle est caractérisée par une alternance de deux saisons bien distinctes : saison sèche et fraîche de juin à octobre et saison pluvieuse et chaude de novembre à mai . Le mois le plus frais est le mois de juillet dont la température est de l’ordre de 18°C, alors que le plus chaud se situe au mois de novembre en moyenne 24°C (service météorologique Ampandrianomby) . Cette zone reçoit une précipitation annuelle de 1400 mm.
Hydrographie
Le réseau hydrographique d’Anosibe Ifanja est constitué par les rivières de Faraony, d’Ikotombolo et de Mazy et les lacs d’Amparihikely et Manandona. Ils assurent l’irrigation des rizières de la zone. Lors de la saison de pluie, ces rivières amènent plusieurs tonnes de matériaux et d’alluvions de l’érosion des bassins versants environnants (RAKOTONDRASOA, 2006) et entrainent l’ensablement des rizières. Pourtant, durant la période d’étiage, ces rivières n’arrivent pas à satisfaire les besoins d’irrigation. Par ailleurs, cette zone possède une source thermale qui n’est pas encore exploitée mais la population locale l’utilise pour se soigner (ROR et al, 2007). La majorité de la population d’Anosibe Ifanja retire des eaux de puits, sauf les hameaux de Betongolo et Ampahimanga, situant au piedmont des hautes montagnes, qui utilisent des bornes fontaines.
Relief et paysage
Comme l’ensemble de la haute terre centrale, la Commune Anosibe Ifanja présente une alternance de collines et de vallées. Elle est particulièrement caractérisée par la présence de vaste plaine de riziculture (ancien marais) sous forme d’une cuvette, qui s’étend jusqu’à 1550 ha. Selon CREAM (2013), la présence de cette étendue caractérise la zone. L’altitude varie de 900 à 1600 m et la pente est comprise entre 0 à 60 % (CREAM, 2013).
Géologie et Pédologie
Les formations géologiques sont constituées par les roches métamorphiques précambriennes et les roches volcaniques du pléistocène dont l’éruption a fait apparaître les granites et les cendres volcaniques (RAZANADRAKOTO, 2008). L’évolution de ces types de roches au cours du temps a donné naissance à des collines à sol ferralitique. Actuellement, les principaux sols comme le « baiboho » (sol peu évolué ou sol d’alluvions), le sol volcanique et le sol ferralitique favorisent l’aptitude agronomique d’Anosibe Ifanja.
Milieu Biotique
Flore et végétation
La végétation naturelle appartient au domaine central (PERRIER DE LA BATHIE, 1921) dont le climax est une forêt sclérophylle de moyenne altitude avec une série à Chlaenaceae et Uapaca bojeri (CORNET et GUILLAUMET, 1976), forêt sclérophylle basse selon FARAMALALA et RAJERIARISON (1999) in GOODMAN, 2008. Pourtant, actuellement, aucune forêt naturelle ne figure plus dans cette zone. Elle est couverte par des formations de savanes herbeuses épaisses, à base de graminées (Hyparrhenia rufa). Des reboisements d’Eucalyptus peuvent y trouver mais sur de plus petites superficies (aux environs de 1,37 % de la superficie totale) (ROR et al, 2007). Sur les bassins versants, la surface occupée par les savanes commence à se transformer progressivement en champ de cultures pluviales. Les basfonds et les vastes plaines non cultivés sont recouverts principalement par des « bararata » (Phragmites communis). Ces derniers présentent des jolies fleurs blanches au mois de mars, d’où le nom « Ifanja ».
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : MILIEU D’ETUDE
I.1. Localisation géographique
I.2. Milieu physique
I.2.1. Climat
I.2.2. Hydrographie
I.2.3. Relief et paysage
I.2.4. Géologie et Pédologie
I.3. Milieu Biotique
I.3.1. Flore et végétation
I.3.2. Population et ses activités
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES
II.1. Etudes préliminaires
II.1.1. Recherche bibliographique
II.1.2. Choix et localisation des sites d’études
II.2. Matériels biologiques
II.3. Collecte de données
II.3.1. Collecte d’informations et connaissances paysannes
II.3.2. Etudes écologiques
II.3.3. Identification des adventices
II.3.4. Evaluation de la croissance et du développement de la plante
II.3.5. Etude pédologique
II.4. Analyse de données
II.4.1. Evaluation du degré de nuisibilité
II.4.2. Relation entre le nombre de parcelle ; le type de culture et la richesse floristique
II.4.3. Relation sol-adventices
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Connaissances paysannes sur les adventices et sur les techniques culturales
III.2. Caractéristiques stationnelles des sites d’études
III.3. Identification et description des espèces adventices recensées
III.4. Caractéristiques floristiques
III.4.1. Richesse floristique
III.4.2. Spectre biologique
III.4.3. Croissance et développement des plantes
III.5. Infestation des adventices
III.6. Relation sol-adventices
QAUTRIEME PARTIE : DISCUSSION
IV.1. Connaissances paysannes sur les adventices et les techniques culturales
IV.2. Description des espèces
IV.3. Clé de détermination
IV.4. Aire minimale et richesse floristique
IV.5. Croissance et développement des adventices
IV.6. Infestation des adventices
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES
ANNEXES