Un poison est défini comme toute substance susceptible de léser gravement des structures de l`organisme ou entrainer la mort après introduction dans l`organisme et selon la dose, le mode de pénétration, l’état du sujet. Il peut être d’origine minérale, végétale, animale, et microbienne (BRUNETON, 1987). Une toxine est un poison d’origine organique. Nombreuses sont les toxines qui sont élaborées par les organismes animaux, végétaux ou microbiens. Depuis les temps le plus reculés, bien que conscient des dangers auxquels il s’expose, l’homme utilise des extraits d’organismes toxiques pour de multiples usages : se procurer de la nourriture (la chasse, la pêche…), se soigner (préparation de recettes médicamenteuses), se défendre, mais aussi pour lutter contre les animaux nuisibles ou encore pour la justice populaire, etc. A titre d`exemples, on peut citer :
●les plantes à curare Strychnos toxifera et Strychnos usambarensis utilisées comme poison de pêche et aussi pour enduire les flèches empoisonnées (UMBERTO QUATTROCCHI, 2012).
●les extraits de Cadia rubra Viguier (Fabaceae) et d’Euphorbia laro (Euphorbiaceae) utilisés pour la chasse et la pêche (RASOANAIVO et al., 1993 ; RAHERINIAINA, 2004) ;
●les extraits de Rhodocodon madagascariensis Baker (Hyacinthaceae), servant à tuer les rats (RAKOTO-RATSIMAMANGA, 1998) ;
●les extraits de Cerbera venenifera (Apocynaceae), employé pour prouver la culpabilité ou l’innocence d’un suspect dans le rituel Malagasy (CORTADELLAS et al., 2010).
Les toxines ont été à l’origine de beaucoup de progrès dans différentes branches de la médecine comme la toxicologie et la technologie, parmi d’autres sciences et ont aussi fourni à la biologie des outils d’étude des mécanismes d’action. La toxicologie, étant la science des poisons, explore la nature chimique des composés et les mécanismes cellulaires de la toxicité, avec un impact particulier sur l’identification des effets indésirables et leurs mécanismes (COSTA et TEIXEIRA, 2014 ; GENTER et al.; 2014). De plus, quelques toxines ont servi à la conception de médicaments, de produits agricoles et cosmétiques, d’herbicides, d’insecticides ou d’antifongiques et sous un angle plus fondamental, elles sont devenues des outils pharmacologiques précieux pour élucider divers phénomènes biologiques.
Données botaniques sur le genre Albizia
Le genre Albizia comporte des arbres hermaphrodites, de tailles différentes, se présentant comme des petits arbres et arbustes, tropicaux ou subtropicaux à croissance rapide, avec une écorce fibreuse et des ramilles à pubescence dense. Les feuilles sont pennées ou bipennées. Le pétiole est généralement muni de glandes. Les fleurs, en grappes, sont fonctionnellement mâles possédant des étamines beaucoup plus longues que les pétales et nectarifères. Elles possèdent plus de 10 étamines qui sont plus ou moins soudées à la base. Les rameaux sont inermes et les fruits sont soit indéhiscents, soit déhiscents, non élastiques avec des graines non arillées. Albizia est principalement distribuée dans la forêt et les fourrés décidus secs et subarides et quelques espèces sont également rencontrées dans la forêt sempervirente humide et subhumide. (NEUWINGER et al., 1996 ; SCHATZ, 2001 ; DU PUY et al., 2002).
Données sur les espèces d’Albizia étrangères
Utilisations traditionnelles
Nombreuses sont les espèces d’Albizia utilisées dans la médecine traditionnelle. A titre d’exemples :
❖A. amara : en Afrique de l’est, en Inde et au Sri Lanka, l’infusion de racines est utilisée oralement pour traiter la pneumonie, la tuberculose, la stérilité féminine et comme aphrodisiaque. Les racines, appliquées extérieurement, sont utilisées contre les verrues et les maux de l’utérus. L’écorce, émétique est utilisée pour traiter la jaunisse et les inflammations buccales. La pâte d’écorce fraîche est prise pour soulager les maux d’estomac et celle des feuilles et des graines est appliquée sur les yeux pour traiter les troubles oculaires. Les graines sont utilisées dans le traitement d’ulcères, les feuilles écrasées dans le traitement des plaies, de la diarrhée et de l’œdème. Les gousses, émétiques sont employées pour le traitement de la toux et du paludisme. Les fleurs et les graines sont consommées pour l’asthme et les maladies vénériennes. (RAJKUMAR et SINHA, 2010 ; UMBERTO QUATTROCCHI, 2012).
❖A. antunesiana : au Zimbabwe, les feuilles et les racines sont utilisées par les guérisseurs pour guérir plusieurs troubles métaboliques et non métaboliques comme les yeux irrités, les coupures, les ulcères, les maux de gorge, l’amygdalite, la tuberculose, la gonorrhée, le diabète et les problèmes cardiaques (CHIPITI et al., 2013) .
❖A. anthelmintica : les écorces de tige et de racine servent à comme anthelminthique, anti-nématode et antipaludique au Kenya et au Soudan, (GATHUMA et al., 2004 ; MUTHEE et al., 2011) ;
❖A. ferruginae : les racines et les écorces de tige sont utilisées pour soigner la dysenterie, les plaies, l’anémie et la gonorrhée en Côte d`Ivoire et au Burkina Faso (AGAYARE et al., 2006).
❖A. harveyi : en Afrique tropicale et au Botswana, les racines sont utilisées pour traiter l’épilepsie, la cystite, et les vomissements. Les racines bouillies sont utilisées pour traiter l’infertilité féminine et pour prévenir les fausses couches (UMBERTO QUATTROCCHI, 2012).
❖A. lebbeck : les feuilles et les écorces sont utilisées pour traiter l’asthme, l’arthrite et les brûlures (MALLA et al., 2014).
❖A. odoratissima : les écorces de tige sont utilisées en Inde pour soigner la lèpre et les ulcères (ZOU, 2000).
❖A. myriophylla : en Thaïlande, le jus de racines pilées est utilisé comme fébrifuge. La tige est utilisée comme antimicrobienne (surtout contre les Candida). Les feuilles bouillies avec celles d’Holmskioldia sanguinea et de Nymphaea nouchalis ont prises comme purificateur du sang. Les extraits de ces plantes ajoutées à certains dentifrices et rince-bouche sont utilisés pour lutter contre les caries dentaires (UMBERTO QUATTROCCHI, 2012).
❖A. schimperiana : en Afrique tropicale et au Malawi, l’écorce de tige est utilisée comme antitussive et pour traiter les verrues. L’infusion de racine est utilisée contre les maux de tête (UMBERTO QUATTROCCHI, 2012). Au Kenya, l’infusion de racines est employée contre les maux de tête et autres malaises. En Tanzanie, l’écorce du tronc est aussi utilisée pour traiter les verrues. L’écorce fournit un substitut du savon, tandis que la cendre d’écorce est ajoutée au tabac à priser pour lui donner une saveur piquante. En Ethiopie, les graines pilées mélangées avec de l’eau sont employées comme insecticide. Les feuilles servent à teindre la laine en jaune (LEMMENS, 2008).
❖A. splendens : en Malaisie et au Sumatra, les feuilles sont utilisées pour traiter la diarrhée (UMBERTO QUATTROCCHI, 2012).
Les données concernant l’espèce gummifera
Position systématique
(DU PUY et al., 2002)
Règne : PLANTAE
Sous règne : TRACHEOBIONTA
Classe : MAGNOLIOPSIDA
Ordre : FABALES
Famille : FABACEAE
Sous-famille : MIMOSOIDEAE
Genre : Albizia
Espèce : Gummifera
Noms vernaculaires : Volomborona, Sambalahy .
Description botanique
A. gummifera est un arbre caducifolié, à cime aplatie, pouvant atteindre 30 m de haut avec un fût rectiligne et cylindrique, jusqu’à 100 cm de diamètre. L’écorce est de couleur variée, de jaunâtre à grise, généralement lisse et l’écorce interne exsude une gomme claire. Les feuilles sont alternes, composées, bipennées avec 3-8 paires de pennes avec des stipules lancéolées, caduques, jusqu’à 7 mm de long. Les pétioles ont une glande sessile près de la base sur le dessus de 2,5-4,5 cm de long, avec des rachis pubescents de 4,5-11 cm de long. Les fleurs blanches rougeâtres sont bisexuées, régulières et presque sessiles. Le calice est obconique, de 2-5 mm de long et finement pubescent à l’extérieur. La corolle est de 7-12 mm de long, avec un tube de 4,5-6 mm de long. Les étamines sont nombreuses, de 2,5-3,5 cm de long, unies en tube sur presque toute leur longueur, blanches dans la partie inférieure et rougeâtres au-dessus. L’ovaire est supère, ellipsoïde, de 1,5-2,5 mm de long. Le fruit renfermant 9-12 graines est sous forme de gousse oblongue, aplatie, de 10-21 cm x 2-4 cm. Les graines sont globuleuses, aplaties à largement oblongues et de 8-12 mm x 7-10 mm. La période de floraison se situe entre octobre et novembre (DU PUY et al., 2002 ; MAROYI, 2008).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
SYNTHESEBIBLIOGRAPHIQUE
Première partie : ETUDE CHIMIQUE
I. MATERIELS ET METHODES
I.1. MATERIELS
I.1.1. Matériel végétal
I.1.1.1.Date et lieu de récolte
I.1.1.2.Préparation et mode de conservation
I.1.1.3. Les produits chimiques
I.2. METHODES
I.2.1. Méthodes d’extraction
I.2.1.1. Extraction à froid
I.2.1.2. Extraction à chaud
I.2.2. Méthodes de purification
I.2.2.1. Traitement par la chaleur
I.2.2.1.1. Principe
I.2.2.1.2. Mode opératoire
I.2.2.2. Fractionnement par le n-butanol
I.2.2.2.1. Principe
I.2.2.2.2. Mode opératoire
I.2.3. Méthode de concentration
I.2.4. Calcul de rendement
I.2.5. Méthodes d’analyse
I.2.5.1. Chromatographie sur couche mince
I.2.5.1.1. Principe
I.2.5.1.2. Mode opératoire
a) Dépôt des échantillons
b) Développement de la plaque
c) Révélation du chromatogramme
I.2.5.2. Criblage phytochimique
I.2.5.2.1. Préparation des extraits à tester
a) Extrait acide
b) Extrait aqueux
c) Extrait chloroformique
d) Extrait hydroéthanolique
I.2.5.2.2. Les tests proprement dits
a) Détection des alcaloïdes
Test de MAYER
Test de WAGNER
Test de DRAGENDORFF
b) Détection des saponosides
c) Détection des tanins et polyphénols
Test à la gélatine
Test à la gélatine salée
Test au chlorure ferrique
d) Détection des anthraquinones (Test de BORNTRAGER)
e) Détection des désoxyoses (Test de KELLER KILIANI)
f) Détection des iridoïdes
g) Détection des stéroïdes, triterpènes et stérols insaturés
Test de LIEBERMANN-BURCHARD
Test de SALKOWSKI
f) Détection des flavonoïdes et des leucoanthocyanes
Détection des flavonoïdes (Test de WILLSTÄTTER)
Détection des leucoanthocyanes (Test de BATE SMITH)
II. RESULTATS
II.1. EXTRACTION
II.2. PURIFICATION
II.2.1. Traitement par la chaleur
II.2.2. Fractionnement par le n-butanol
II.3. RENDEMENT
II.4. ANALYSE DES EXTRAITS
II.4.1. Chromatographie sur couche mince
II.4.2. Criblage phytochimique
II.4.3. Propriétés physico-chimiques
III. DISCUSSION
Deuxième partie : ETUDE TOXICOLOGIQUE
I. MATERIELS ET METHODES
I.1. MATERIELS
I.1.1. Les souris d’expérimentation
I.1.2. Les végétaux d’expérimentation
I.1.3. Matériels utilisés en microbiologie
I.1.3.1. Les germes utilisés
I.1.3.2. Les milieux de cultures utilisés
I.1.3.2.1. Les milieux solides
I.1.3.2.2. Les milieux liquides
I.1.3.3. Les disques pour les tests d’antibiogramme
I.1.3.4. La microplaque
I.2. METHODES
I.2.1. Méthodes d’étude des effets des extraits sur les animaux
I.2.1.1. Test sur souris
I.2.1.1.1. Les voies d`administration
I.2.1.1.2. Estimation de la toxicité aiguë
I.2.1.1.3. Détermination de la DL50 (24 h)
I.2.2. Méthodes d’étude des effets des extraits sur les végétaux
I.2.2.1. Etude des effets sur la germination des graines
I.2.2.1.1. Principe
I.2.2.1.2. Mode opératoire
I.2.3. Méthodes d’étude des effets sur la croissance des microorganismes
I.2.3.1. Méthode de stérilisation
I.2.3.2. Spectre d’activité antimicrobienne des extraits
I.2.3.2.1. Principe
I.2.3.2.2. Mode opératoire
I.2.3.3. Détermination de la concentration minimale inhibitrice (CMI)
I.2.3.3.1. Principe
I.2.3.3.2. Mode opératoire
I.2.3.4. Détermination de la concentration minimale bactéricide (CMB) et fongicide (CMF)
I.2.4. Test d’activité antioxydante
I.2.4.1. Principe
I.2.4.2. Mode opératoire
II. RESULTATS
II.1. EFFETS SUR LES ANIMAUX
II.1.1. Effets sur les souris
II.1.1.1. Description des symptômes d’intoxication
II.1.1.1.1. Voie orale
II.1.1.1.2. Voie intrapéritonéale (ip)
II.1.1.2. Estimation de la DL 50 (24 h)
II.2. EFFETS SUR LES VEGETAUX
II.2.1. Effets sur la germination des graines
II.3. EFFETS SUR LES MICROORGANISMES
II.3.1. Spectre d’activité antimicrobienne des extraits
II.3.2. Détermination de la CMI
II.3.3. Détermination de la CMF
II.4. ACTIVITE ANTIOXYDANTE
III. DISCUSSION
CONCLUSION GENERALE