Les plantes ont été depuis toujours une source de médicaments. Aujourd’hui encore, la majeure partie de la population mondiale, plus particulièrement dans les pays en voie de développement, se soigne avec des remèdes traditionnels à base de plantes (ADJANOHOUN.1979). Madagascar est un pays qui dispose d’une grande diversité floristique, à laquelle s’ajoute une tradition séculaire d’utilisation traditionnelle des plantes. Par sa haute diversité et son taux d’endémisme élevé, elle figure dans le groupe des sept pays génétiquement les plus riches du monde (HUFTY, 2001). Sa flore est constituée de 12.000 espèces dont 80 % sont endémiques (KOECHLIN et GANZHORN, 1974). Elle fournit en plus du paysage, des fonctions écologiques, et des médicaments (QUANSAH, 1996). Malheureusement, ces espèces floristiques sont menacées par l’extension des terrains de culture et d’habitation, l’exploitation minière, les feux de brousse, et la déforestation. Selon (SIGRID, 2003), 435 000 hectares en moyenne de la forêt à Madagascar disparaissent chaque année (ONE, 1997). Il est important et urgent de mener une étude scientifique sur les espèces locales afin de disposer des données utiles et importantes puis de mieux valoriser la biodiversité en général et les plantes médicinales en particulier par la mise au point des phytomédicaments, entre autres. Cette flore a déjà contribué à la découverte de nombreux principes actifs qui ont servi à la préparation des médicaments. Les industries pharmaceutiques continuent encore de s’appuyer sur la diversité des métabolites secondaires des végétaux pour trouver des nouvelles molécules biologiquement actives (GUEDE-GUINA ,1997 ; KRA, 2001). Malgré les efforts et la découverte sans cesse de médicaments, les maladies infectieuses connaissent une forte recrudescence. Pour le cas des maladies fongiques, la candidose est fréquemment rencontrée, entre autres chez les patients immunodéprimésν c’est surtout une infection opportuniste. Elle peut se présenter aussi bien comme une infection superficielle, plus souvent bénigne que profonde ou systémique. Le Centre National d’Application de Recherches Pharmaceutiques (CNARP) a inséré dans son programme d’activité la recherche de nouvelles molécules d’origine végétale ayant une propriété antifongique et / ou antibactérienne et pouvant être utilisées comme principes actifs dans la formulation de phytomédicaments. Le but de notre étude consiste à :
– mettre en évidence et évaluer l’activité antifongique des extraits d’Abrahamia deflexa (ANACARDIACEES),
– contribuer à la recherche par bioguidage des substances naturelles biologiquement actives de la plante,
– se familiariser aux techniques utilisées au cours d’une étude phytochimique et des tests biologiques in vitro,
ETAT DES CONNAISSANCES SUR LA PLANTE
La famille des Anacardiacées est celle des Dicotylédones qui comprend près de 600 espèces reparties en 70 genres. Ce sont des arbres des régions tempérées. A Madagascar, la famille des Anacardiaceae comprend 8 genres : Campnosperma, Gluta, Abrahamia, Micronychia, Sorindeia, Faguetia, Operculicarya et Poupartia (SCHATZ, 2001) Abrahamia comprend une vingtaine d’espèces, toutes sont endémiques à l’exception d’Abrahamia longifolia qui est originaire d’Afrique (PERRIER, 1946). Quatre genres contiennent des espèces renfermant des substances bioactives: Gluta, Abrahamia, Micronychia et Operculi carya; deux autres espèces introduites: Anacardium occidentale et Mangifera indica sont également utilisées en médecine traditionnelle (MABBERLEY, 2000).
DONNEES BOTANIQUES ET ETHNOBOTANIQUES
POSITION SYSTEMATIQUE DE L’ESPECE
Règne : VEGETAL
Sous-règne : TRACHEOBIONTA
Division : MAGNOLIOPHYTA
Classe : MAGNOLIOPSIDA
Sous-classe : ROSIDAE
Ordre : SAPINDALES
Famille : ANACARDIACEAE
Genre et espèce : Abrahamia deflexa
Nom vernaculaire: Hazombarorana, hazombaroa, sohy (CRONQUIST, 1988)
Un herbier de référence est déposé au Département de Botanique et d’Ethnobotanique du CNARP.
DESCRIPTION BOTANIQUE
(SCHAZT, 2001; BRUMMITT, 1992; PERRIER., 1946)
Abrahamia deflexa est un petit arbre ne dépassant pas 12 m de haut, à exsudation blanche. Les feuilles sont simples, alternes, sans stipules; limbe glabre, membraneux, vert noirâtre dessus, brun rougeâtre dessous, oblong ou ovale lancéolé (2,8-8,6X1-2,5 cm), peu atténué vers la base très obtuse, ou emarginé au sommet; nervures secondaires immergées et peu visibles sur les deux faces; pétiole grêle de 8-18 mm. Les inflorescences sont en panicules terminales plus ou moins longuement pédonculés, parsemées de quelques rares poils ferrugineux. Elle a des fleurs courtement pédicellés, petitesν 5 sépales parsemés de quelques poils à l’extérieur, 5 pétales. La fleur male a 5 étamines extradisquales ; anthères dorsifixes, introrses, à déhiscence longitudinales; disque entourant un ovaire rudimentaire. La fleur femelle est également pentamères; 5 staminodes; ovaire supère Le fruit est ovale ou oblong (2X1-1,5cm), glabre, avec de nombreux canaux résinifères, contenant une graine ovale aiguë.
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE
Abrahamia deflexa est une plante endémique de Madagascar. Elle se rencontre surtout dans le Nord-Ouest de l’Ile (The digital Flora of Madagascar, β01β).
UTILISATIONS EMPIRIQUES
Au sein du même genre, d’autres espèces sont utilisées en médecine traditionnelle comme antiinfectieuses selon les enquêtes ethnobotaniques menées par les botanistes du CNARP. Toutefois, d’après la recherche bibliographique que nous avons effectuée sur Abrahamia deflexa, il n’a pas été fait mention de son utilisation dans la thématique antimicrobienne.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. ETAT DES CONNAISSANCES SUR LA PLANTE
I.1 DONNEES BOTANIQUES ET ETHNOBOTANIQUES
I.1.1 POSITION SYSTEMATIQUE DE L’ESPECE
I.1.2 DESCRIPTION BOTANIQUE
I.1.3 DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE
I.1.4 UTILISATION EMPIRIQUE
II. ETAT DES CONNAISSANCES SUR Candida albicans et la candidose
II.1 GENERALITES SUR Candida albicans
II.2 GENERALITES SUR LES CANDIDOSES
II.2.1 Facteurs de virulence
a) Dimorphisme
b) Adhésines
c) Enzymes sécrétées
II.3 LES ANTIFONGIQUES
a) Les analogues de pyrimidine
b) les azoles
c) les échinocandines
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES
I. MATERIELS
I.1. MATERIEL VEGETAL
I.1.1. Sélection de la plante
I.1.2. Récolte
I.1.3. Préparation de l’échantillon de la plante
I.2. MATERIELS TECHNIQUES:
I.2.1 Matériels pour l’étude chimique
I.2.2 Matériels pour l’étude biologique
II. METHODES
II.1.METHODES UTILISEES POUR L’ETUDE CHIMIQUE
II.1.1 CRIBLAGE PHYTOCHIMIQUE
a) Principe
b) Préparation de l’extrait à analyser
c) Mode opératoire
II.1.2 EXTRACTION
a) Principe de l’extraction
b) Mode opératoire
II.1.3 CHROMATOGRAPHIE SUR COUCHE MINCE
a) Principe
b) Mode opératoire
II.1.4 METHODES DE FRACTIONNEMENT
II.1.4.1 Chromatographie sur colonne ouverte (CC)
II.1.4.1.1 Chromatographie d’adsorption en phase normale sur colonne Ouverte
a) Principe
b) Mode opératoire
II.1.4.1.2.Chromatographie d’exclusion sur gel de SephadexLH20
a) Principe
b) Mode opératoire
II. 2.METHODES UTILISEES POUR L’ETUDE BIOLOGIQUE
II.2.1 METHODE DE MICRODILUTION EN MILIEU LIQUIDE
II.2.1.1 Principe
II.2.1.2 Détermination de l’activité antifongique
II.2.1.3 Détermination de la concentration minimale inhibitrice (CMI)
II.2.1.4 Mode opératoire
a) Préparation des matériels utilisés
b) Préparation de l’inoculum
c) Préparation de l’extrait à tester
d) Milieux de cultures
e) Remplissage et ensemencement des puits de la microplaque
f) Traitement des résultats
II.2.2. METHODE DE NUMERATION CELLULAIRE
II.2.2.1 Principe
II.2.2.2 Mode opératoire
a) Préparation du milieu de culture
b) Préparation de la préculture et affectation des puits de la microplaque
c) Lecture de la DO du contenu de chaque puits
d) Ensemencement dans des boites de Pétri
e) Evaluation et traitement des résultats
II.2.3 TEST DE TOXICITE AIGUE
II.2.3.1 Principe
II.2.3.2 Mode opératoire
a) Préparation des souris
b) Préparation de la solution mère de l’extrait à tester25
c) Administration de la solution
d) Méthodes pour la détermination de la dose létale
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSIONS
I. CRIBLAGE PHYTOCHIMIQUE
II. PROCEDE D’EXTRACTION N°1 ET TESTS D’ACTIVITE ANTIFONGIQUE DES EXTRAITS
II.1. TEST D’ACTIVITE DU FLUCONAZOLE, L’ANTIFONGIQUE DE REFERENCE
II.2. RESULTAT DU COMPTAGE DES CELLULES DE Candida albicans
II.3. TESTS D’ACTIVITE ANTIFONGIQUES DES EXTRAITS
III. PROCEDE D’EXTRACTION N°2 ET TESTS D’ACTIVITE ANTIFONGIQUE DES EXTRAITS
IV. TEST DE TOXICITE AIGUE DE L’EXTRAIT ES2Ac
V. CRIBLAGE PHYTOCHIMIQUE DES EXTRAITS ACTIFS: ES1Bu et ES2Ac
VI FRACTIONNEMENT BIOGUIDEE ET TESTS D’ACTIVITE DES EXTRAITS ACTIFS: ES1Bu et ES2Ac
a) Fractionnement bioguidé de l’extrait butanolique ES1Bu
b) Fractionnement bioguidé de l’extrait ES2Ac
CONCLUSION