Etude thématique et stylistique de la poésie d’autoglorification (bàkku) des lutteurs wolo

Dans les sociétés traditionnelles, l’oralité occupe une place capitale. En effet, elle constitue d’une part le principal moyen de communication, d’interconnaissance et d’interaction entre les individus. D’autre part, «ce patrimoine invisible mais audible» pour reprendre les termes de Lylian Kesteloot est un véritable moyen d’expression de la tradition. Sur ce, selon Cheick Sakho : « les peuples qui ne connaissaient pas l’écriture, n’ont pu conserver leurs cultures et leurs civilisations que grâce à l’oralité.» Ainsi à partir de cette oralité, ces sociétés traditionnelles ont développé une riche et abondante littérature. Cette littérature dénommée littérature orale participe également au processus de transmission des valeurs. Aussi, apparaîtelle dans son ensemble comme « l’expression de la pensée profonde d’un groupe ethnique » du point de vue de leurs pratiques socio-culturelles. C’est dans ce sens qu’Amade Faye écrit : «Dans les civilisations de l’oralité, l’expression littéraire est en rapport avec l’existence quotidienne, les expériences intimes et les conceptions sociales spécifiques.» A ce titre, l’on peut dire que dans les communautés traditionnelles, la littérature orale ou, plus particulièrement la poésie orale est étroitement liée à la vie de tous les jours. Outre cela, dans ces sociétés anciennes, chaque individu peut se créer librement des chants. Par conséquent, ces types de productions sont appelées chants populaires ou chants profanes. Ils découlent d’une création spontanée et sont liés au rythme de l’activité humaine. Par ailleurs, le chant populaire s’élargie dans la société et se crée dans toutes les circonstances telle que la naissance, la circoncision, le mariage, les cérémonies funéraires, les jeux etc. Ainsi la littérature orale est inhérente et difficilement détachable à la vie de la communauté. Sur ce, Diao Faye renchérit: «la littérature orale dans ses différents genres (le conte, la légende, le mythe, la chanson, l’épopée …) est omniprésente dans la vie culturelle et les activités professionnelles des populations.» .

En somme, la littérature orale, dans sa globalité est un receptacle dans lequel s’expriment les valeurs socio-culturelles d’une communauté donnée.

Dés lors, en Afrique, il n’est pas de société, ni d’ethnie, ou un quelconque groupe linguistique ou culturel qui ne dispose pas d’une littérature orale. Ainsi, l’ethnie wolof qui constitue notre cadre d’étude présente une variété de productions littéraires basées sur l’oralité. Ces différentes productions que composent cette littérature orale correspondent chacune à un contexte de création bien déterminé et sont classées en « genres littéraires » . A côté des grands genres (épopée, mythe, conte) dits le plus souvent par les « maîtres incontestables de la parole » qui sont des griots attitrés, il existe des genres mineurs tels que les proverbes, les dévinettes, les dictons, les chants etc. qui relèvent d’une création populaire. Ainsi, force est de reconnaître que dans les sociétés traditionnelles qui connaissent l’oralité comme principale moyen d’expression littéraire, il existe de belles productions qui viennent des individus. Il s’agit notamment des chants populaires. Chaque individu peut librement en improviser en fonction de ses activités. En général, cette chanson qu’il se crée apparaît comme une sorte de motivation et d’exhortation au travail. C’est pourquoi Jaques Chevrier affirme: « la poésie orale africaine est liée à la vie de tous les jours et à ce titre, elle peut être proférée à tout moment par n’importe qui (…) Cette activité poétique populaire et spontanée se manifeste et s’exprime en effet dans les circonstances les plus diverses, et, loin de s’opposer à l’action, la poésie l’accompagne toujours, quand elle ne la provoque pas » . Dans le régistre des chansons populaires nous remarquons, particulièrement chez les wolof, l’existence de la poésie d’autoglorification ou chant panégyrique communément appelée bàkku. Le bàkku, ou poésie gymnique est un chant que le lutteur improvise au milieu des arènes de lutte. En conséquence il est un poème personnel, déclamé de façon spontanée sous le rythme du tam-tam. En ce sens, le lutteur se mue donc en griot pour s’exalter et se glorifier.

Présentation de la société wolof 

La société wolof qui constitue notre cadre d’étude forme une entité ethnique très large. Elle représente une bonne partie de la population sénégalaise. Les wolof sont également diversement répartis dans le pays. Ainsi, pour mieux appréhender la société wolof du point de vue de son fonctionnement et de son organisation sociopolitique, il importe d’étudier l’origine historique de cette éthnie et son emplacement géographique. Nous aborderons ensuite les différentes productions littéraires issues de cette société pour enfin terminer avec l’étude de l’organisation sociale.

PRESENTATION HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE 

Origine historique

La question sur l’origine historique des wolof est souvent l’objet de plusieurs controverses entre ces différentes sources (orales, historiques et européennes). Selon les sources orales, la naissance de l’empire du jolof serait rattachée à un personnage mythique du nom de Njaajaan Njaay. La légende raconte que Njaajaan était un descendant d’un guerrier almoravide nommé Boubacar Oumar et de Fatoumata Sall. Après la mort de son père, Fatoumata se remaria avec l’un des esclaves de son ancien mari. Njaajaan ne pouvant pas supporter cela quitte le village et se jette dans le fleuve. Souvent, il sort des eaux pour départir les enfants qui se querellaient pour le partage des poissons qu’ils ont pris dans la journée. Alertés, les vieux de cette localité décidèrent de l’attraper. De par sa sagesse, les dignitaires du village finiront par le nommer roi. C’est ainsi que Njaajaan devint premier roi du Walo  qui se situe précisément dans le delta du fleuve Sénégal au Nord. A partir de là, la tradition orale soutient que Njaajaan aurait favorisé l’émergence de l’ethnie wolof en tant que groupe linguistique, culturel et politique. Par conséquent, Jean Boulègue en se ressourçant à la tradition orale, souligne que « l’origine de la langue wolof serait attribuée à Njaajaan Njaay, créateur mythique de l’Etat wolof qui aurait fondé successivement le premier royaume du Walo puis celui du Jolof.»  Quant à la langue wolof, Boulègue écrit toujours, qu’elle aurait été créée à sa cour (celle de Njaajaan Njaay), dans le Walo, par la rencontre de gens de diverses origines venus lui faire leur soumission. Donc, la fondation de l’empire jolof ne s’éloigne guère de la création de la langue wolof. Selon les mêmes sources, cet empire du Jolof, à partir du XIII jusqu’au XVIs se serait étendu du fleuve Sénégal au Nord jusqu’à la Gambie au Sud et engloberait des populations diverses qui, pour la plupart seront intégrées dans l’ethnie wolof. Abdoulaye Bara Diop abondant dans le même sens, écrit : « Une version de la tradition orale veut que l’ethnie wolof se soit constituée à la faveur de Njaajaan Njaay où se seraient fondus plusieurs groupes (soose, seereer, pulaar,) pour donner naissance à la langue au peuple wolof. » Le jolof est donc une grande entité politique, linguistique et culturelle qui regroupe en son sein des royaumes vassaux tels que le Waalo, le Kayor, le Bawol, le Siin et le Saalum sous le règne du personnage mythique Njaajaan Njaay .

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA SOCIETE WOLOF
CHAPITRE1 : PRESENTATION HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE
1.1 Origine historique
1.2. Présentation géographique
CHAPITRE 2 : ORGANISATION SOCIALE
CHAPITRE 3: PRODUCTION LITTERAIRE
DEUXIEME PARTIE : TRANSCRIPTION ET TRADUCTION
CHAPITRE1 : ETUDE THEMATIQUE
1-1 L’hospitalité
1-2 L’héro sme dans le bàkku
3-3 La magie et le réligieux
CHAPITRE 2 : ETUDE SPATIO-TEMPOREL
2-1 Etude spatiale
2-2: Etude temporelle
CHAPITRE 3 : ETUDE STYLISTIQUE
3-1 Les figures de rhétorique
3-1-1 L’hyperbole
3-1-2 L’euphémisme
3-1-3 La répétition
3-1-4 La métaphore
3-1-5 Le parallélisme
3-2 Les procédés énonciatifs
3.2.1 L’énonciateur
3.3.2 Le ton comique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE GENERALE

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