Etude systématique et bioécologique des lichens corticoles de différents phorophytes au niveau de la région d’El Kala

La forêt est l’écosystème, qui après les océans, présente la plus grande diversité biologique. Les lichens forment une part importante de la biodiversité de ce type de milieu naturel, par le grand nombre de formes qu’ils présentent et la variété des conditions écologiques qu’ils recherchent. Ils restent cependant encore mal connus du grand public, et même des naturalistes où la connaissance des espèces reste très imparfaite et sujette à de nombreuses découvertes, notamment dans les forêts méditerranéennes qui constituent un milieu naturel fragile (Bricaud, 2006). Présent dans tous les milieux terrestres, les lichens sont très présents en milieu forestier où ils constituent des associations liées à l’ambiance forestière et apportent donc des indications complémentaires à celles des autres groupes présents en ces lieux. Il serait pertinent d’élaborer, tant à l’échelle nationale que régionale, un référentiel pratique permettant de faire le lien entre la végétation lichénique et l’état de maturation des boisements forestiers (Bricaud et Bauvet, 2006).

Du fait de leur grande sensibilité aux conditions du milieu qui les abrite, les lichens peuvent être considérés comme des indicateurs biologiques de premier ordre. Ils intègrent en effet sur le long terme les effets des différents facteurs abiotiques et biotiques de leur environnement, et une analyse de leurs peuplements donne des indications sur les niveaux de perturbations des milieux qui les hébergent (Bricaud, 2010). Dans le monde, au départ, les recherches lichéniques avaient trait uniquement à la systématique. Les études lichéniques relatif aux pathologies des écosystèmes telle que la pollution atmosphérique ne sont venues que bien après. A ce sujet, les lichens sont utilisés comme « bioindicateurs » car ils réagissent effectivement avec beaucoup de sensibilité aux différents degrés de pollution de l’air (Hawksworth, 1988).

Présentation de la région d’El Kala (Parc National d’El Kala)

A l’extrême Nord-Est de l’Algérie, se situe un ensemble d’écosystèmes naturels allant de l’aquatique maritime au forestier en passant par le type aquatique lacustre, d’une beauté paysagère rare. Cet ensemble de nuances écosystémiques regroupant une faune et une flore unique au monde a attiré et ce depuis très longtemps, l’attention des naturalistes nationaux et internationaux qui ont fait d’une partie de lui un Parc National de renommée s’étendant sur une superficie de 76 438 ha. Il s’agit du “ Parc National d’El Kala” (Bessah, 2005). La grande richesse biologique de l’extrême Nord-Est algérien auquel appartient le Parc National d’El Kala et du Nord Ouest tunisien les ont fait considérer comme un pointchaud régional de biodiversité «Kabylies-Numidie-Kroumirie» (Véla et Benhouhou, 2007).

Situation géographique

Appartenant au Tell Nord-Oriental algérien, le Parc National d’El Kala est limité au Nord par un cordon dunaire bordant la mer Méditerranée, à l’Est par la frontière algérotunisienne, au Sud par les monts de la Medjerda et à l’Ouest par la ville d’El Tarf et les vastes marais de la Mekkada (Fig. 1). Ses coordonnées géographiques vont de 36° 43’ N. à 36° 57’ N. et de 7° 43’ E. à 8° 37′ E. (Loukkas, 2006).

Topographie

Le relief est un facteur déterminant pour la répartition territoriale des paramètres climatiques, en particulier des précipitations qui apportent l’humidité nécessaire aux lichens (Lerond, 1981). Selon Joleaud (1936), les principaux éléments constituant le relief du Parc National d’El Kala sont:
– Un cordon dunaire qui s’étend d’Ouest en Est, le long de la côte sur une longueur de 40 km et vers le Sud jusqu’au pied du djebel Segleb en s’enfonçant parfois jusqu’à 24 km à l’intérieur des terres,
– de petites éminences de relief gréseux de faible altitude (180- 300 m) qui interrompent dans certains endroits le cordon dunaire, ainsi qu’un ensemble de collines au Nord, à l’Est et à l’Ouest ne dépassant pas 600 m,
– une plaine alluviale et marécageuse, adossée aux collines intermédiaires des monts de la Medjerda,
– au Sud s’élève une partie du versant Nord de la Medjerda où l’altitude moyenne est de 1100 m environ.

D’une manière générale, ce relief se compose d’une juxtaposition de dépressions, dont le fond est occupé par des formations lacustres ou palustres et de hautes collines aux formes variées: dômes, escarpements, alignement de crêtes, couverts par une végétation dense (de Bélair, 1990).

Géologie et géomorphologie

La région d’El Kala date de la formation de la chaîne tellienne. L’actuelle structure morphologique résulte d’une activité tectonique datant du tertiaire et du quaternaire. Cette diversité combinée à l’action de l’eau et du vent contribue jusqu’à présent au façonnement du relief (Marre, 1987). L’époque tertiaire se distingue par la formation des argiles de Numidie qui sont datées de l’Éocène moyen. Ces argiles d’une épaisseur de 300 m environ se développent dans le fond des vallées et en bordure des plaines, tandis que les grès de Numidie datant de l’Éocène supérieur reposent, en concordance sur les argiles précédentes, sur 150 m d’épaisseur, formant la masse principale des collines et la crête du djebel Ghorra. A l’époque quaternaire il y a eu la formation des dépôts fluviatiles constitués principalement de limons, de sables et de galets déposés par les Oueds. Quant aux dépôts marins éolisés ils sont formés par un amas dunaire issu de l’érosion par la mer des falaises gréseuses (Joleaud, 1936) .

Pédologie

La couverture pédologique de la région d’El Kala se caractérise par une distribution des chaînes de sol en fonction de la topographie, de la végétation et de la roche mère. Selon Durand (1952), l’étude des sols de la région d’El Kala permet de déterminer plusieurs types de sols dont les principaux sont:
– Les sols podzoliques insaturés à vocation forestière de chêne liège. Ils sont à structure granuleuse légèrement lessivée sans accumulation importante de la litière.
– Les sols de marais occupant la partie centrale des différentes cuvettes, formés d’argiles lacustres,
– Les sols des prairies marécageuses,
– les sols tourbeux non inondés,
– les sols alluvionnaires (des oueds et des colluvions des pentes gréseuses),
– les sols dunaires (sur le littoral).

Hydrographie

Le Parc National d’El Kala est un ensemble de plans d’eau répartis entre lacs et marais dont les principaux sont le Lac Tonga, le Lac Oubeïra, le Lac Mellah, le Lac Bleu, le marais de Bourdim et beaucoup d’autres d’importance écologique égale (Fig. 3). La partie orientale du Parc National d’El Kala est mal drainée. De nombreux affluents issus des massifs formant la frontière algéro-tunisienne, s’écoulent suivant une direction de l’Est vers l’Ouest et aboutissent à la plaine d’Oum Teboul. Une partie des eaux alimente alors le Lac Tonga par l’intermédiaire de l’Oued El-Hout. Une autre partie s’infiltre dans les alluvions et recharge la nappe phréatique. Le reste stagne sous la forme de marécages sur les argiles de Numidie. La partie méridionale du Parc National d’El Kala est drainée par 3 oueds: Oued Bougous, Oued Mellila et Oued El-Kebir Est lequel joue le rôle de collecteur principal. Par contre la partie occidentale englobe plusieurs chaâbet et oueds liés aux Lacs Mellah et Oubeïra (Joleaud, 1936). Par ailleurs, le Parc National d’El Kala est caractérisé par un grand nombre de sources dont les plus importantes sont celles de Bouglez, Bourdim et Oued Le’bhim, totalisant un débit de 150 l/s. Il existe aussi d’autres sources telles que la source de Boulif située dans l’extrême Ouest d’El Kala et celle de Khanguet Aoun localisée dans les forêts denses de Ramel-Souk. A la frontière algéro tunisiènne, sur les monts de Haddada, nous retrouvons les sources de Drider et d’Oum-Skek (B.N.E.F., 1984).

Climatologie

La répartition des lichens est tributaire de facteurs écologiques qui regroupent un ensemble de facteurs climatiques tout à fait importants par le fait que ces végétaux en tirent une partie de l’eau, le gaz carbonique et les aliments minéraux apportés par la pluie ou le vent (Ozenda et Clauzade, 1970). L’étude des facteurs climatiques au niveau du Parc National d’El Kala (zone d’étude), s’avère très importante pour expliquer justement la dynamique des espèces lichéniques, sachant que chacune d’elles a cependant ses exigences propres et sa répartition est influencée par le biotope dans lequel le climat joue un rôle déterminant. Pour analyser les conditions climatiques de la région d’El Kala, on dispose de données relatives aux paramètres pluviométriques, thermiques, hygrométriques et orographiques pour une période allant de 1995 à 2012. Ce sont ces données relevées durant 18 ans que nous analyserons en détail. Nous les avons recueillies au sein de la station météorologique d’El Kala.

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Table des matières

Introduction
Chapitre I- Présentation de la région d’El Kala (Parc National d’El Kala)
I.2.- Topographie
I.3.- Géologie et géomorphologie
I.4.- Pédologie
I.5.- Hydrographie
I.6.- Climatologie
I.6.1.- Température
I.6.2.- Pluviométrie
I.6.3.- Hygrométrie
I.6.4.- Vent
I.6.5.- Synthèse des données climatiques de la région d’étude
I.6.4.1- Diagramme ombrothermique de Gaussen de la région d’El Kala
I.6.4.2.- Climagramme d’Emberger
I.7.- Données bibliographique sur la biodiversité floristique du Parc National d’El Kala
I.7.1.- La flore
I.7.1.1.- La flore des milieux terrestres
I.7.1.2.- La flore des milieux humides
I.7.2.- La faune
Chapitre II- Bioécologie des lichens
II.- Définition
II.2.- Les partenaires de la symbiose lichénique et leur rôle
II.2.1.- Le mycosymbiote
II.2.2.- Le photosymbiote
II.3.- Morphologie du thalle
II.3.1.- Les thalles crustacés
II.3.2.- Les thalles foliacés
II.3.2.1.- Les thalles foliacés type
II.3.2.2.- Les thalles foliacés ombiliqués
II.3.3.- Les thalles fruticuleux
II.3.4.- Les thalles squamuleux
II.3.6.- Les thalles gélatineux
II.4.- Structure du thalle
II.4.1.- Structure homéomère
II.4.2.- Structure hétéromère
II.4.2.1.- Structure radiée
II.4.2.2.- Structure stratifiée
II.5.- Organes non sporogènes portés par le thalle
II.6.- Organes portés par le thalle, donnant de spores
II.6.1.- Les ascocarpes ou fructifications
II.6.1.1.- Les apothécies
II.6.1.1.1.- Les apothécies lécidéines
II.6.1.1.2.- Les apothécies lécanorines
II.6.1.1.3.- Les apothécies zéorine
II.6.1.1.4.- Les apothécies cryptolécanorines
II.6.1.2.- Les lirelles
II.6.1.3.- Les périthèces
II.6.1.4.- Les pycnides ou condianges
II.6.2.- Les asques
II.6.3.- Les spores
II.7.- La reproduction des lichens
II.7.1.- Multiplication végétative
II.7.2.- La reproduction sexuée
II.8.- Croissance et longévité des lichens
II.9.- Ecologie des lichens
II.9.1.- Les facteurs substratiques
II.9.2.- Les facteurs climatiques
II.9.3.- Les facteurs biologiques
II.10.- Ethnolichénologie
II.10.1.- Usage alimentaires
II.10.2.- Usages médicaux
II.10.3.- Usages industriels
II.10.3.1.- Teinture
II.10.3.2.- Décoration
II.10.3.3.- Parfumerie
II.10.4.- Usage comme indicateurs de conditions de milieu
Chapitre III- Méthodologie
III.1.- Choix des phorophyte
III.2.- Choix et description des sites
III.3.- Méthode d’échantillonnage
III.3.1.- Relevés systématiques
III.3.2.- Relevés phytosociologiques
III.4.- Technique de détermination des lichens
III.5.- Indices écologiques appliqués à la flore lichénique
III.6.- Traitement statistique
Chapitre IV- Résultats et Discussion
IV.1. – Liste systématiques des taxa lichéniques recensés
IV.2.- Résultats relatifs à la flore lichénique de la région d’El Kala exprimés à travers les indices écologiques
IV.2.2.- Richesse totale des lichens inventoriés par phorophyte
IV.2.3.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par famille
IV.2.4.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par catégorie
IV.2.5.- Richesse lichénique quantifiée selon la stratégie de reproduction
IV.2.6.- Richesse lichénique quantifiée par photobionte
IV.2.6.1.- Richesse lichénique totale de la région d’El Kala quantifiée par photobionte
IV.2.6.2.- Richesse lichénique totale par phorophyte quantifiée par photobionte
IV.2.7.- Richesse lichénique quantifiée par chorotype
IV.2.7.1.- Richesse lichénique globale de la région d’El Kala quantifiée par photobionte
IV.2.7.2.- Richesse lichénique globale par phorophyte quantifiée par chorotype
IV.2.8.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par type d’étage de végétation
IV.2.8.1.- Richesse lichénique globale de la région d’El Kala quantifiée par type d’étage de végétation
IV.2.8.2.- Richesse lichénique globale par phorophyte quantifiée par type d’étage de végétation
IV.2.9.- Degré de rareté des taxa lichéniques de la région d’El Kala
IV.3.- Résultats relatifs à la flore lichénique des phorophytes étudiés exprimés à travers les indices écologiques
IV.3.1.- Résultats relatifs à l’inventaire lichénique sur Quercus coccifera
IV.3.1.1.- Spectre systématique de la flore lichénique du Quercus coccifera
IV.3.1.2.- Spectre physionomique de la flore lichénique du Quercus coccifera
IV.3.1.3.- Richesse lichénique quantifiée selon la stratégie de reproduction
IV.3.1.4.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par photobionte
IV.3.1.5.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par étage de végétation
IV.3.1.6.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par chorotype
IV.3.2.- Résultats relatifs à l’inventaire lichénique sur Quercus suber
IV.3.2.1.- Spectre systématique de la flore lichénique du Quercus suber
IV.3.2.2.- Spectre physionomique de la flore lichénique du Quercus suber
IV.3.2.3.- Richesse lichénique quantifiée selon la stratégie de reproduction
IV.3.2.4.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par photobionte
IV.3.2.5.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par étage de végétation
IV.3.2.6.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par chorotype
IV.3.3.- Résultats relatifs à l’inventaire lichénique sur Quercus canariensis
IV.3.3.1.- Spectre systématique de la flore lichénique du Quercus canariensis
IV.3.3.2.- Spectre physionomique de la flore lichénique du Quercus canariensis
IV.3.3.3.- Richesse lichénique quantifiée selon la stratégie de reproduction
IV.3.3.4.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par photobionte
IV.3.3.5.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par étage de végétation
IV.3.3.6.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par chorotype
IV.3.4.- Résultats relatifs à l’inventaire lichénique sur Olea europea
IV.3.4.1.- Spectre systématique de la flore lichénique du Olea europea
IV.3.4.2.- Spectre physionomique de la flore lichénique du Olea europea
IV.3.4.3.- Richesse lichénique quantifiée selon la stratégie de reproduction
IV.3.4.4.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par photobionte
IV.3.4.5.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par étage de végétation
IV.3.4.6.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par chorotype
IV.3.5.- Résultats relatifs à l’inventaire lichénique sur Fraxinus angustifolia
IV.3.5.1.- Spectre systématique de la flore lichénique du Fraxinus angustifolia
IV.3.5.2.- Spectre physionomique de la flore lichénique du Fraxinus angustifolia
IV.3.5.3.- Richesse lichénique quantifiée selon la stratégie de reproduction
IV.3.5.4.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par photobionte
IV.3.5.5.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par étage de végétation
IV.3.5.6.- Richesse totale de la flore lichénique quantifiée par chorotype
IV.4.- Résultats relatifs aux relevés phytosociologiques
IV.5.- Analyse statistique
IV.5.1.- Corrélations
IV.5.2.- Définition d’une typologie
IV.5.2.1.- Analyse factorielle des correspondances et classification hiérarchique sur matrice espèces lichéniques/stations
IV.5.2.1.1.- Analyse factorielle des correspondances
IV.5.2.1.2.- Classification hiérarchique
IV.5.2.2.- Analyse factorielle des correspondances et classification hiérarchique sur matrice familles lichéniques/stations
IV.5.2.2.1.- Analyse factorielle des correspondances
IV.5.2.2.2.- Classification hiérarchique
Discussion
Conclusion
Références bibliographique

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