Influence de la distance à la lisière sur les activités des Microchiroptères
Un test de différence de l’activité des Microchiroptères selon la distance de la lisière a été réalisé. Les données de base du test sont celles collectées aux lisières, à 50 M et à 150 M de celles-ci c’est-à-dire à la savane. D’après ce test, les activités de Microchiroptères varient fort significativement avec la distance de la lisière (Kruskall-Wallis, p=0.002, H=20.18), ce qui correspond à la figure 9. L’activité des chauves- souris, est très élevée dans l’ensemble des fragments de forêt, existe à la lisière et est nulle à la savane. Ceci pourrait être dû au fait qu’il y a des espèces qui ne sortent pas de la forêt. Il y a lieu de mentionner qu’il existerait une surestimation de l’activité en forêt de fragments du fait que l’étude y a été menée en deux saisons. Comme mentionnées au tableau 1, les tailles de ces fragments H, E, D, B, C, F, G et A sont respectivement 0,2ha, 0,3ha, 0,5ha, 2,0ha, 3,2ha, 30,0ha, 130,0ha et 1250,0 ha La lisière pourrait servir d’endroit de chasse pour les chauves-souris, de façon intensive, à 0 mètre de la lisière et très peu à 50 mètres de la lisière à l’extérieur de la forêt.
Relation de la vitesse du vent avec la distance de la lisière
A chaque point d’écoute, les données marquant la vitesse du vent ont été collectées, à l’aide d’un aéromètre qui affiche en mètre par seconde (m/s) la vitesse maximale du vent et sa vitesse moyenne. L’intensité du vent varie significativement par rapport à la distance à la lisière de forêt (Anova, F=23.52, p=0.0001) et est plus élevée à 150 mètres. Ceci correspond à la figure 19, qui montre que :
– A la lisière, la vitesse maximale du vent est, en moyenne, de l’ordre de 1 m/sec à la lisière pour une vitesse moyenne de 0,5 m/s pendant cinq minutes de mesures de la vitesse du vent sur chaque point d’écoute.
– A 50 mètres de la lisière, la vitesse maximale du vent est, en moyenne, 2 m/s pour une vitesse moyenne de 1,2 m/s.
– A 150 mètres de la lisière, la vitesse maximale du vent est de 3 m/s pour une vitesse moyenne de 2m/s.
On peut en conclure que le vent est faible à la lisière où l’on enregistre plus d’activité, d’une part, de chauve-souris et plus d’insectes, d’autre part par rapport à la savane où le vent est fort.
Structures linéaires de forêt
En se referant aux généralités sur l’habitat des chauves-souris, les lisières comptent parmi les structures linéaires de forêt comme les rivières et les pistes droites. Les Microchiroptères utilisent la lisière pour leur chasse aux proies. Ceci est dû non seulement au vent minime, comme il a été énoncé, mais aussi à la structure de l’habitat de cette lisière. Celui-ci est constitué d’éléments verticaux à la différence des milieux ouverts tels que la savane et les rizières. Par ailleurs, Limpens et al. (1989) et Limpens et Kapteyn (1991) ont soulevé l’hypothèse de l’utilisation des milieux linéaires comme repère des chauve-souris à leur déplacement. Il existe des preuves montrant le maintien du contact acoustique avec les éléments verticaux du paysage (Verboom et al. 1999). La portée limitée de l’écholocation devrait contraindre ces animaux à voler à proximité d’éléments du paysage et ainsi les tenir éloignés des milieux ouverts. Ceci dépendrait de l’espèce et en particulier de sa taille. Les chauves-souris de petite taille émettent des cris à haute fréquence et à aire restreinte d’où la nécessité d’utiliser les éléments linéaires du paysage comme repères. Par contre, les chauves-souris de grande taille en émettent à des fréquences faibles et de larges aires d’appel. Ainsi, elles peuvent plus facilement s’éloigner de la végétation. En voie de conséquence, l’on pourrait en déduire que les chauves-souris qui survolent au droit des lisières sont celles de petite taille. L’étude sur le vol au long des étangs des chauve-souris, Myotis dasycneme, a trouvé des indications telles que les chauve-souris maintiennent un contact acoustique avec les éléments verticaux des prairies en ajustant graduellement leur émissions de pouls en accord avec la distance des rives du canal (Verboom et al. 1999).
Objectifs de conservation
a) Ecologie des Microchiroptères : Les Microchiroptères de Madagascar présenterait un taux d’endémicité non négligeable tant au niveau de la famille, du genre que d’espèces. Des connaissances actualisées sur ces animaux sont importantes et ne feront qu’un complément aux acquis antérieurs dans le domaine. Les acteurs en matière de l’écologie de Chiroptères se doivent de veiller à nos réflexions sur les objectifs qui suivent :
Objectif 1 : Favoriser les études sur les Microchiroptères dans les lisières d’Ambohitantely
Objectif 2 : Continuer l’effort entrepris dans la constitution des données spécifiques aux Chiroptères dans les lisières de la Réserve Spéciale d’Ambohitantely.
Objectif 3 : Poursuivre les efforts d’inventaire et de connaissances des chiroptères dans quelques régions spécifiques de Madagascar.
b) Conservation des Microchiroptères : La conservation des Chiroptères est localisée au niveau des écosystèmes. Bien qu’elle se confronte à de lourds investissements, les objectifs suivants seraient incontournables :
Objectif 1°: Renforcer les actions en faveur des aires protégées existantes en valorisant les lisières.
Objectif 2 : Sensibiliser la population et les enfants en particulier sur l’importance de chauve-souris
Objectif 3 : Assurer la conservation effective des espèces des Chiroptères en impliquant tous les acteurs y spécialisées. Ceux-ci seraient élargis des institutions publiques et nationales telles que MEEF, MERS, les communes et autorités Locales, les organismes ANAE, CAPE, CIME, CNE, CNRE, et GEF, d’une part, ainsi que des institutions internationales notamment WCS et WWF, d’autre part.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : ETAT DE CONNAISSANCES
I. GENERALITES SUR LE MILIEU D’ETUDE
1. Contexte
2. Situation géographique
3. Climat
4. Géologie et sols
5. Hydrographie
6. Végétation
7. Milieu humain
8. La flore
9. La faune
II. CARACTERES GENERAUX DES MICROCHIROPTERES
1. Taxonomie
2. Particularités biologiques et adaptations
3. Habitats des Microchiroptères de Madagascar
4. Echolocation
III. ECHANTILLONNAGE DES INSECTES
PARTIE II : METHODOLOGIE
I : CALENDRIER DE TRAVAIL ET CHOIX DU SITE D’ETUDE
II. METHODES D’OBSERVATION DIRECTE
1 : Observation et enregistrement des activités des Microchiroptères sur terrain
2. Observation et capture des insectes
3. Température et vitesse du vent
4. Identification des insectes
III. ANALYSE STATISTIQUE
PARTIE III : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. LES MICROCHIROPTERES PRESENTS A AMBOHITANTELY ET LEURS ACTIVITES
1- Familles probables
2- Horaires d’activité des Microchiroptères
II- INFLUENCE DE LA DISTANCE A LA LISIERE SUR LES ACTIVITES DES MICROCHIROPTERES
III- INFLUENCE DE L’ABONDANCE DES INSECTES SUR LES ACTIVITES DES MICROCHIROPTERES
1-Abondance des insectes selon la distance à la lisière
2-Activité des Microchiroptères selon l’abondance des insectes
IV-INFLUENCE DE L’INTENSITE DU VENT SUR LES ACTIVITES DES MICROCHIROPTERES
1. Relation de la vitesse du vent avec la distance de la lisière
2. Relation de la vitesse du vent et de l’abondance des insectes
PARTIE IV : DISCUSSIONS
I. ACTIVITES DES MICROCHIROPTERES
II. ABONDANCE DE LA NOURRITURE DANS LA LISIERE
III. VENT DANS LA LISIERE
IV. STRUCTURES LINEAIRES DE FORET
V. PREDATION
VI. MORPHOLOGIE ET ECHOLOCATION
PARTIE V : RECOMMANDATIONS STRATEGIQUES
I. STRATEGIES DEVELOPPEES
II. AXES D’ORIENTATION
1. Ecologie
2. Conservation des Microchiroptères
III. OBJECTIFS DE CONSERVATION
a) Ecologie des Microchiroptères
IV. MESURES STRATEGIQUES DE MISE EN ŒUVRE
V. CONCLUSION
CONCLUSION
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