Le changement climatique affecte la production mondiale en ayant des effets sur les rendements ainsi il menace la sécurité alimentaire. (CIRAD, 2013). Le rendement est affecté par les variabilités météorologiques comme la hausse des températures, la modification au niveau du régime des précipitations et l’augmentation du taux du carbone atmosphérique. (Parry et al.,2004). Par l’intermédiaire de ces différentes manifestations, le changement climatique peut être à l’origine de l’apparition de nouveaux ravageurs ou encore de l’augmentation et l’intensification des stress climatiques subis par les plantes. Ainsi les chercheurs en amélioration des plantes s’efforcent d’adapter les espèces agricoles pour assurer leur survie et développement dans ce contexte. Ils créent donc de nouvelles variétés résistantes ou tolérantes aux ravageurs, qui survivraient aux stress climatiques.
Selon IRRI en 2011, les effets du changement climatique risquent d’être globalement négatifs sur la riziculture. Le riz est la troisième céréale produite dans le monde après le blé et le maïs. Mais il constitue l’aliment de base de pas moins de 3,23 milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale, loin devant le blé à 1,55 milliard et le maïs à 288 millions (FAO 2007). La production mondiale s’élève à 497,8 millions de tonnes de riz usiné en 2016 (USDA, 2017).
A Madagascar, il s’agit de l’aliment de base de la population. Le riz y est la principale culture vivrière. Intimement lié à la vie culturelle et quotidienne malagasy, il est cultivé dans toutes les situations dans toutes les régions. (Dabat,2000). La production de riz est surtout destinée à l’autoconsommation, ainsi sa place dans l’agriculture et dans l’économie malgache est indéniable. (Dabat,2000) Mais malgré la diversité des types de riziculture, l’immensité de surface exploitable en riz, ajoutée à la grande diversité de variétés de riz cultivées comptant plus de 6000 accessions selon la FOFIFA, la productivité du riz demeure insuffisante. (MPAE,2016). Selon le ministère de l’agriculture en 2016, la faible utilisation de semences certifiées par les producteurs configure parmi les raisons de cette insuffisance.
L’amélioration de la productivité est indispensable pour affronter la croissance démographique et lutter contre la pauvreté. Pourtant dans le domaine de la riziculture de bas-fonds, le changement climatique risque de dégrader celle-ci en cas d’absence d’adaptation adéquate. Très sensible aux inondations par manque d’infrastructure de maîtrise d’eau, travaux agricoles généralement dépendant de l’arrivée de la pluie et étant un pays très sujet aux cyclones, la riziculture de bas fonds à Madagascar est soumise à un grand risque face au changement climatique. De plus, face au coût élevé de l’emploi des semences de variétés améliorées, les variétés traditionnelles et semences paysannes sont toujours conservées et cultivées par les agriculteurs Malagasy ; des variétés et semences dont la capacité d’adaptation au changement climatique est encore méconnue. D’où l’intérêt de cette : « Etude sur les variétés et semences paysannes en relation avec le changement climatique : Cas de la riziculture sur bas-fonds dans la commune Ankazobe ». Mais pourtant les variétés locales de riz sont d’une haute importance dans la société malagasy. Elles ont un caractère quasi sacré lié au culte des ancêtres à statut de « bien communautaire » (Radanielina,2010).
ETAT D’ART
Changement climatique
Définitions
Les changements climatiques désignent une variation statistiquement significative de l’état moyen du climat ou de sa variabilité persistant pendant de longues périodes (généralement pendant des décennies ou plus). Selon la convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CNUCC) les changements climatiques sont des « changements qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables ». La CNUCC établit ainsi une distinction entre les changements climatiques attribuables aux activités humaines altérant la composition de l’atmosphère et la variabilité du climat imputable à des causes naturelles.
Tendances globales
Au cours des 40 dernières années, une élévation générale de 0.2°C environ de la température moyenne mondiale a été enregistrée. (Rabefitia et.al, 2008). Ce réchauffement global de la Terre ne peut être expliquée que si les effets des activités humaines sont considérés. Cependant la distribution des augmentations de la température n’est pas uniforme, certaines régions particulièrement l’intérieur des régions continentales telles que l’Afrique australe manifeste un réchauffement plus important que d’autres. De même pour la pluviométrie, difficile à discerner à cause de sa grande variabilité mais nous observons que les changements des précipitations ne sont pas uniformes au niveau mondial. En effet nous constatons une humidification des régions tropicales et subtropicales et une diminution des précipitations en Afrique Australe. (Rabefitia et.al, 2008) .
Madagascar et le changement climatique
Pour Madagascar, une évolution du climat a eu lieu récemment. Cette évolution a surtout concerné la température moyenne de l’air ayant augmenté régulièrement depuis les années 50 dans la région Sud et depuis les années 70 dans la partie Nord. Ensuite, le niveau des précipitations à Madagascar a aussi connu une grande variabilité. En effet un allongement des séquences sèches est constaté sur les Hautes Terres Centrales et la Côte Est et sur la partie Ouest, l’intensité des précipitations ont tendance à augmenter. Enfin, concernant les cyclones, leur nombre moyen annuel touchant Madagascar n’a pas changé (3 à 4) mais le nombre de cyclones intenses (vents supérieurs à 150 km/h) a augmenté. (DGM,2008) En terme de biodiversité, Madagascar est classé parmi les zones hot spot mondiale. Pourtant le changement climatique risque de provoquer un important impact sur les faunes et flores de la Grande île. (Ingram et Dawson,2005).
En outre, le changement climatique pourrait avoir des incidences importantes, à court et à long terme, dans les zones rurales en influant sur la disponibilité et l’approvisionnement en eau, sur la sécurité alimentaire et sur les revenus agricoles, notamment en provoquant des déplacements des zones de production de cultures vivrières ou non à travers le monde (GIEC, 2014). Or Madagascar est un pays à vocation agricole. En effet 83,7% de la population active pratique l’agriculture à titre d’activité principale. Pour la campagne agricole 2004-2005, la population agricole est estimée à 13315725 habitants (MAEP,2007).
Riz
Taxonomie du riz
Taxonomie du riz :
Règne Plantae
Classe Equisetopsida C.Agardh, 1825
Ordre Poales Small, 1903
Famille Poaceae Barnhart,1895
Genre Oryza L.,1753
Espèce Oryza sativa L.,1753
Source :INPN, 2018
Physiologie du riz
Le développement du riz comporte trois phases : la phase végétative, la phase reproductive et la phase de maturation.
Phase végétative
La phase végétative commence par la germination. La germination consiste à l’absorption en eau des grains de paddy entraînant son gonflement et l’hydrolyse des réserves. La tigelle et la radicule sort du grain par la suite. Ensuite, il y a le tallage qui dure environ 50 jours. (Andriamanetsiarivo,2006). Les talles se forment d’abord à partir des bourgeons axillaires ensuite elles prennent origine au niveau des nœuds.
Phase reproductive
La phase reproductive commence à la formation de la panicule appelée montaison, passe par l’épiaison et se termine à la floraison. Cette phase dure environ 35 jours et elle est plus sensible aux températures basses et élevées et à la sécheresse (PAPRIZ, 2012).
Phase de maturation
La maturation s’effectue en trois stades successifs après la fermeture de la glumelle supérieure et celle inférieure. Ainsi le contenu du grain passe de l’état laiteux à pâteux à mûr.
Le changement climatique et la riziculture de bas-fonds
Les inondations, une des conséquences des perturbations climatiques, entraînent d’un désordre physiologique qui affecte le riz de submersion des régions tropicales et subtropicales. Il s’agit de la toxicité ferreuse des sols qui est un stress abiotique affectant la production des cultures notamment celle du riz par une forte assimilation de fer. On constate un retard dans la croissance, un tallage réduit et plus tard un taux de stérilité élevé. Ce sont en général les feuilles âgées qui sont affectées. La plupart des sols à toxicité ferreuse ont été signalés comme étant mal drainés. (Razafinjara, 1993) Le drainage peut être suggéré comme technologie de gestion des sols et des eaux pour une meilleure valorisation agricole des bas-fonds afin d’atténuer les effets de la toxicité ferreuse. Il peut être considéré comme une stratégie d’adaptation aux changements climatiques qui provoquent les inondations.
Riziculture à Madagascar
Le secteur rizicole est un moteur de l’économie malgache. Il contribue à 12 % du PIB et 43 % du PIB agricole (MPAE,2016). Le riz représente l’aliment de base pour la grande majorité des malgaches. Sa consommation est élevée et est évaluée en moyenne à 110 kg/habitant/an selon Radanielina en 2010. Concernant les variétés de riz cultivées, l’utilisation des variétés traditionnelles est encore dominante dans toutes les régions de Madagascar. Elle concerne plus de 79% de la superficie aquatique emblavée et 65% de celle des parcelles pluviales Les raisons de la faible utilisation des semences améliorées à Madagascar ne sont pas à rechercher seulement au niveau des riziculteurs. La filière semences est privatisée mais il n’existe pas encore d’opérateurs pour la production de semences certifiées de riz autres que les CMS relevant du MPAE (Dabat, 2000). Par ailleurs le réseau de distribution de semences améliorées certifiées reste embryonnaire. De plus, le faible taux de renouvellement des semences favorise les mélanges et déprécie à long terme la qualité des semences des variétés améliorées. La pureté variétale est douteuse. Mais les conditions nécessaires pour permettre aux semences des variétés améliorées d’extérioriser leurs potentialités ne sont pas toujours réunies. L’apport des bonnes doses de fertilisation, une des exigences des variétés améliorées, n’est pas respecté.
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Table des matières
1. INTRODUCTION
2. ETAT D’ART
2.1 Changement climatique
2.2 Riz
3. MATERIELS ET METHODES
3.1 Présentation de la zone d’étude
3.2 Méthodologies
4. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Variabilité climatique
Perception paysanne du changement climatique
Effets du changement climatique sur la riziculture de bas-fonds
Stratégies d’adaptation des paysans face au changement climatique
Choix des variétés cultivées
Choix des semences utilisées
5. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
5.1. Sur la perception paysanne du changement climatique
5.2. Sur les stratégies d’adaptation face au changement climatique
5.3. Sur le choix de variétés cultivées
5.4. Sur le choix de semences
5.5. Vérification des hypothèses
6. CONCLUSION