Etude sur les traumatismes intentionnels

La survenue de traumatismes physiques est un problème de santé publique à l’échelle mondiale. En 2013 dans le monde, 973 millions de personnes ont été victimes de traumatismes physiques nécessitant une prise en charge médicale. Suite à ces traumatismes, on estime que chaque jour plus de 14 000 personnes perdent la vie et plus de 90 % de ces décès surviennent dans des pays à revenus faible ou intermédiaire (PRFI), avec des taux plus élevés chez les personnes économiquement défavorisées. Ces traumatismes impactent toutes les couches de la société et particulièrement les jeunes au cours de leurs années les plus productives et représentent trois des cinq principales causes de décès chez les 15 à 29 ans. Les quatre principales causes de traumatismes au niveau mondial sont dans l’ordre : Les accidents de la route, les violences auto-infligées, les chutes accidentelles et les violences interpersonnelles. La proportion de ces causes varie d’un pays à un autre et même d’une région à l’autre au sein d’un même pays et est liée aux différents facteurs politiques, économiques et socio-culturels de ces régions. Les traumatismes intentionnels regroupent l’ensemble des traumatismes liés à des actes de violence et dans l’actualité, nous sommes quotidiennement confrontés à ces faits de violence tels que les agressions, les meurtres ou les viols qui entretiennent un sentiment d’insécurité auprès des populations. Ces traumatismes entrainent très souvent chez les survivants un handicap de façon temporaire ou permanente et outre l’atteinte physique, ils sont responsables de conséquences mentales (dépression, anxiété), de changements de comportement (tabagisme, abus de drogues et d’alcool, pratiques sexuelles à risque), de grossesses non désirées et d’autres affections à l’origine d’incapacités et de décès ultérieurs. Pour les victimes elles-mêmes, leur famille ainsi que leur pays les traumatismes entrainent des pertes économiques considérables liées aux frais de la prise en charge ainsi que de la perte ou la baisse de productivité des victimes et de leur entourage.

LES TRAUMATISMES 

Définitions

Selon l’OMS, le traumatisme physique est « tout dommage physique causé à une personne lorsque son corps a été soumis, de façon soudaine ou brève, à un niveau d’énergie intolérable. Il peut s’agir d’une lésion corporelle provenant d’une exposition à une quantité d’énergie excédant le seuil de tolérance physiologique, ou d’une déficience fonctionnelle conséquence d’une privation d’un ou de plusieurs éléments vitaux (exemple : air, eau, chaleur), comme dans la noyade, la strangulation ou le gel. Le temps passé entre l’exposition à l’énergie et l’apparition du traumatisme est court » La violence quant à elle est décrite comme « tout acte volontaire pouvant porter atteinte à l’intégrité physique ou morale de la personne dans le but de contraindre, dominer ou de détruire, entraînant des souffrances physiques ou mentales infligées à autrui ou à soi-même. »[36] Nous notons une différence entre la maladie et le traumatisme. Dans la maladie, l’altération de l’état de santé est due à des causes internes ou externes. Le temps passé entre l’exposition et l’apparition des signes et symptômes peut être long. Dans les traumatismes, les causes sont externes (accidentelles ou volontaires) et souvent violentes, entrainant rapidement des conséquences physiques.

Impact 

Au niveau mondial, les traumatismes sont responsables de 10% des causes de morbidités et de 9% des causes de décès chaque année soit plus de cinq millions de morts et près de 1,7 fois le nombre total de décès causés par le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Outre l’atteinte physique, leur impact est psychologique et économique.

Classification des traumatismes

Plusieurs critères permettent de classer les traumatismes. Il existe ainsi des systèmes de classifications des traumatismes basés sur des critères tels que : la circonstance, le mécanisme en cause (chute, noyade, brûlure), le caractère intentionnel ou non intentionnel, la zone du corps atteinte (traumatisme crânien, abdominaux, thoraciques), la nature des lésions (fracture, contusion, blessure), le lieu de survenue (travail, école, domicile) et la gravité des lésions. Dans la « Classification statistique Internationale des Maladies et des problèmes de santé connexes » CIM10, l’OMS classe les traumatismes selon leur intentionnalité dans les causes externes de morbidité et de mortalité [50]. L’intentionnalité décrit le caractère volontaire d’un auteur à engendrer un traumatisme. On aura donc des traumatismes intentionnels et non intentionnels.

❖ Les traumatismes non intentionnels
Les traumatismes non intentionnels représentent l’ensemble des traumatismes survenant lors de phénomènes imprévus, fortuits et soudains. Il s’agit des accidents de transport, des chutes accidentelles, des expositions accidentelles à des forces mécaniques et/ou des forces animées, des noyades et submersions accidentelles, de l’exposition accidentelle à la fumée, au feu et aux flammes, et de l’intoxication accidentelle par des substances nocives.

❖ Les traumatismes intentionnels
Les traumatismes intentionnels regroupent l’ensemble des traumatismes dus à des actes de violences. L’auteur du traumatisme entraine volontairement une ou plusieurs lésions contre lui-même ou contre autrui. Cette violence est répartie en 3 types : Les violences auto-infligées, les violences interpersonnelles et les violences collectives et interventions de la force publique.

LES TRAUMATISMES INTENTIONNELS

Les traumatismes intentionnels sont causés par la violence et sont responsables de plus de 1,6 millions de morts chaque année. Cette violence peut être de nature physique, sexuelle, psychologique ou être une privation ou une négligence volontaire.

CIRCONSTANCES DES TRAUMATISMES INTENTIONNELS 

Les violences auto-infligées
La violence auto-infligée est celle qu’un individu s’inflige volontairement. Elle se subdivise en comportement suicidaire et en sévices auto-infligés. Les comportements suicidaires regroupent les pensées suicidaires, les tentatives de suicide (également appelées « para-suicide ») et les suicides réussis. Les sévices auto-infligés sont caractérisés par les automutilations qui sont une destruction ou une altération directe et délibérée de parties du corps sans intention suicidaire consciente. Ils sont classés en automutilation majeure, en automutilation stéréotypée et en automutilation superficielle à modérée. Plusieurs méthodes sont utilisées dans les violences auto-infligées. On retrouve :

❖ Des Lésions auto-infligées par pendaison, arme à feu, objet tranchant / contondant, saut dans le vide et autres.
❖ Une auto-intoxication avec des substances pharmacologiques, de l’alcool, du gaz, des pesticides et autres produits chimiques.

Les violences interpersonnelles 

Les violences interpersonnelles regroupent l’ensemble des violences dirigées contre autrui. Elles sont réparties en « violence familiale et à l’égard d’un partenaire intime » et en « violence communautaire ».

Les violences interpersonnelles se présentent sous diverses formes. « La maltraitance des enfants » rassemble toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence, d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité [53]. Les violences physiques peuvent se manifester par le syndrome de l’enfant battu qui décrit les manifestations cliniques de violences physiques graves chez les jeunes enfants le plus souvent par des traumatismes crâniens avec des fractures de la boite crânienne, des hémorragies rétiniennes, des hématomes sous duraux et d’autres troubles d’ordre neurologiques [33,40]. « La violence des jeunes » est caractérisée par les homicides et agressions violentes non mortelles. Elle sévit surtout chez les adolescents et les jeunes adultes car ils représentent la tranche la plus active des populations et la plus exposée aux facteurs familiaux, communautaires, sociétaux et aux influences culturelles. « La maltraitance des personnes âgées » est caractérisée chez les personnes âgées et fragilisées par la survenue de lésions graves et permanentes voire de décès dû à des traumatismes même de faible vélocité. « La violence conjugale » regroupe les agressions physiques, les rapports sexuels forcés et autres formes de coercition sexuelle, les comportements autoritaires ou tyranniques au sein d’un couple. La forme la plus courante est la violence exercée contre une femme par un époux ou un partenaire intime de sexe masculin et environ 42% des femmes victimes de cette violence présente des traumatismes physiques. « La violence sexuelle » ou agression sexuelle, est l’ensemble des atteintes sexuelles commises avec violence, contrainte, menace ou surprise sur autrui. Le viol constitue la forme la plus accomplie de cette agression et elle affecte principalement les femmes et les enfants et au niveau mondial.

Outre les traumatismes physiques, la violence sexuelle est associée à un risque accru de nombreux problèmes de santé sexuelle et génésique, dont les conséquences se font sentir immédiatement, mais aussi bien des années après l’agression. Les conséquences pour la santé mentale sont tout aussi graves que les conséquences physiques. « Les Mutilations génitales » sont des atteintes à l’intégrité de l’organe génital d’une personne par ablation totale ou partielle d’un ou de plusieurs de ses éléments, dans un but non thérapeutique à l’exception, chez l’homme de la circoncision thérapeutique ou traditionnel.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I- LES TRAUMATISMES
1. Définitions
2. Impacts
3. Classification des traumatismes
II- LES TRAUMATISMES INTENTIONNELS
1. CIRCONSTANCES DES TRAUMATISMES INTENTIONNELS
1.1. Les violences auto-infligées
1.2. Les violences interpersonnelles
1.3. Les violences collectives et interventions de la force publique
2. ANATOMIE PATHOLOGIE
2.1. Mécanismes lésionnels
2.1.1. Traumatismes par compression directe
2.1.2. Traumatismes par décélération
2.1.3. Traumatismes par arme blanche
2.1.4. Les traumatismes par arme à feu
2.2. Les lésions
2.2.1. Les contusions – écchymoses – hématomes
2.2.2. Les plaies
2.2.3. Les fractures
2.2.4. Les entorses et les luxations
2.2.5. Le broiement
2.2.6. Les brûlures
3. LES AGENTS VULNÉRANTS
3.1. Les armes contondantes
3.2. Les armes blanches
3.3. Armes à feu
3.4. Les sources de brûlures
4. DIAGNOSTIC
4.1. Préhospitalier
4.2. Hospitalier
5. TRAITEMENT
5.1. La prise en charge préhospitalière
5.1.1. Le témoin du traumatisme
5.1.2. L’équipe de secouriste
5.2. Prise en charge hospitalière
5.2.1. Le Tri
5.2.2. La prise en charge initiale
5.2.3. Traitement définitif des lésions
5.2.4. Stabilisation et transfert
6. ASPECTS MEDICO LEGAUX
DEUXIEME PARTIE
I. CADRE D’ÉTUDE
1. Cadre géographique
2. Historique
II. MATÉRIEL ET MÉTHODE
1. Patients
2. Méthode
2.1. Type et Période
2.2. Source de données
2.3. Paramètres étudiés
2.4. Traitement des données
RESULTATS
1. Données épidémiologiques
2. Données diagnostiques
3. Données thérapeutiques
DISCUSSION
1. Aspects épidémiologiques
2. Aspects diagnostiques
3. Aspects thérapeutiques
4. Mortalité
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES

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