Étude sur les différences entre la poésie d’Arthur Rimbaud et la poésie parnassienne de 1870 à 1871

L’enfance carolopolitaine de Jean Nicolas Arthur Rimbaud

Afin de comprendre Arthur Rimbaud et d’analyser au mieux les poèmes que le poète français écrivit de 1870 à 1871, il est important d’avoir en mémoire et de comprendre le contexte dans lequel le génie poétique de ce jeune homme s’est éveillé. Il y a sans nul doute de nombreux facteurs qui ont provoqué l’apparition du futur génie de la poésie française. Avant d’étudier dans le cœur des poèmes, les liens et les différences entre Rimbaud et les Parnassiens, revenons aux origines de ce poète, bien avant qu’il n’arrive à Paris, qu’il ne rencontre Verlaine, qu’il ne devienne un « poète maudit ». Jean Nicolas Arthur Rimbaud est né à Charleville le 20 octobre 1854 à Charleville. Son père Frédéric Rimbaud était capitaine d’infanterie et sa mère Vitalie Cuif issue de la bourgeoisie ardennaise. Rimbaud ne connut que très peu son père. Ses parents se séparèrent alors qu’il n’avait que 6 ans. L’absence du père n’est pas une souffrance que Rimbaud exprima explicitement dans ses lettres ou ses poèmes. Cette absence lui a-t-elle vraiment pesée ? Sa mère lui évita en tout cas d’y penser : « la mère avait « purgé la maison de ce qui pouvait apprendre à ses enfants qu’ils eussent un père » . Il semblerait que l’omniprésence de sa mère combla l’absence d’un père qu’il n’avait que très peu connu. Mais il est évident que cette situation familiale ne fut pas sans conséquence pour le jeune garçon.
L’autorité parentale sur les quatre enfants Rimbaud ne fut donc assumée que par Vitalie Rimbaud : une femme de caractère, décrite comme une femme hautaine et peu chaleureuse par ceux qui ont pu la rencontrer. Fermement catholique, elle se consacra à donner une bonne éducation à ses enfants. Arthur Rimbaud eut droit à une des meilleures instructions proposées à l’époque dans la région. En 1861 il fut inscrit avec son grand frère Frédéric à l’institution Rossat : « Cette école privée, très cotée dans le département, était fréquentée par les enfants de la bourgeoisie aisée : Frédéric et Arthur Rimbaud, fils d’officier, y avaient leur place. »

Le Parnasse : L’Histoire du mouvement des Impassibles

Pendant qu’à Charleville Rimbaud grandit sous l’autorité de sa mère et s’éveille à la poésie française, un nouveau courant poétique s’érige à Paris : Le Parnasse. Les hommes de lettres et poètes qui vont être les figures de proue de ce mouvement, ceux qui inspireront Rimbaud dans bon nombre de ses premiers poèmes demeurent les disciples d’un seul et même maître, génie incontesté du XIXe siècle, Victor Hugo. L’auteur romantique des Misérables, va voir naître au cours de ce siècle la poésie parnassienne. Ce courant évolua tout au long du XIXe siècle. Son idéologie première est l’art pour l’art. Cette doctrine a une origine sociale. « La révolution de Juillet 1830 déclenche une révolution dans les lettres en libérant des forces sociales antagonistes : les défenseurs de la bourgeoisie comme les partisans du progrès social revendiquent l’engagement des intellectuels à leur côtés, précisément au moment où ceux-ci ont le sentiment de pouvoir agir efficacement sur la société.»
Alors que Hugo défend une poésie sociale, engagée pour le progrès, d’autres poètes qui deviendront les parnassiens vont proposer une poésie qui se coupe du monde et qui n’a d’autre but que d’exprimer le «Beau».« L’art pour l’art naît d’un refus d’aliéner la littérature aux thèses sociales ou bourgeoises et souhaite lui ouvrir une voie purement artistique, éloignée des considérations politiques contemporaines. »
Le Parnasse connaîtra cependant plusieurs périodes et divers poètes viendront mener ce courant poétique. C’est pourquoi nous allons, pour retracer le parcours et l’évolution de ce groupe de poètes, nous appuyer sur les œuvres poétiques des auteurs parnassiens mais également sur l’ouvrage de Catulle Mendès, La légende du Parnasse contemporain. Un livre publié en 1888 soit deux décennies après l’éclosion de ce nouveau courant littéraire. L’auteur qui a appartenu au Parnasse partage son expérience et livre son regard sur la naissance puis l’existence de ce mouvement poétique.

La lettre à Banville du 24 mai 1870 ou l’échec parnassien

C’est à l’âge de quinze ans que Rimbaud s’adressa pour la première fois à Théodore de Banville. Le 24 mai 1870, l’élève prodige du collège de Charleville porte en lui des ambitions poétiques et veut dans cette lettre les exprimer à ce maître de la poésie parnassienne. Voilà des mois que le jeune Rimbaud se cultive, dévore les poèmes des poètes romantiques et parnassiens. Rimbaud à cette époque a déjà été distingué par de nombreux prix de composition de vers latins. Avec cette lettre, il s’attaque à un examen poétique d’une tout autre envergure. Rimbaud croit en ses qualités de poètes, mais est-il digne de rejoindre les poètes parnassiens ; ces poètes illustres qui publient leurs poèmes dans Le Parnasse Contemporain ? Il envoya dans cette lettre trois poèmes. Le premier n’a pas de titre. C’est un poème de deux quatrains qui deviendra plus tard Sensation. Le second est Ophélie. Et enfin le troisième s’intitule Credo in unam, poème dans lequel Rimbaud plaça ses espoirs d’être publié dans le Parnasse Contemporain.
Lors de l’analyse de cette lettre, il est bien évidemment important de ne pas négliger les propos tenus par Rimbaud autour de ces trois poèmes. Si Rimbaud n’a pas vu son souhait exaucé par Banville, c’est certainement parce que les poèmes du jeune poète de Charleville n’ont pas satisfait le poète parnassien, mais aussi parce que le discours du jeune homme dans sa lettre ne l’a pas convaincu. Il nous serait plus simple de comprendre le refus de Banville si seulement nous avions en notre possession la réponse que ce dernier adressa à Arthur Rimbaud. Puisque ce n’est pas le cas, nous sommes réduits à des suppositions. Mais cette lettre du 24 mai 1870 offre à elle seule quelques éléments de réponse à cette question et nous dit comment Rimbaud a vainement tenté de se conformer à la poésie parnassienne.

Arthur Rimbaud poète de « la liberté libre »

Le parcours poétique comme la vie de Rimbaud est parsemé d’échecs, de tables rases et de nouveaux départs. Après avoir lancé, en vain, un appel à Théodore de Banville pour que ce dernier lui ouvre les portes du Parnasse Contemporain, Arthur Rimbaud a continué son œuvre de poète. Dans les poèmes que Rimbaud écrivit entre l’envoi de la première lettre et la rédaction de la seconde lettre à Théodore de Banville, nous constatons comme beaucoup de critiques l’on fait, une grande influence des poètes parnassiens et romantiques. Mais nous pouvons également voir dans ces poèmes, ceux qui souvent retranscrivent « la liberté libre » du poète de Charleville, l’expression d’une originalité poétique et d’une naturelle différence entre les écrits de Rimbaud et ceux de ces contemporains. Le 2 novembre 1870 Arthur Rimbaud envoya une lettre à Georges Izambard. Il raconte en outre son amour de la liberté : « Je meurs, je me décompose dans la platitude, dans la mauvaiseté, dans la grisaille. Que voulez-vous, je m’entête affreusement à adorer la liberté libre, et…un tas de choses que « ça fait pitié », n’est-ce pas ? – Je devais repartir aujourd’hui même ; je le pouvais : j’étais vêtu de neuf, j’aurais vendu ma montre et vive la liberté! ». « La liberté libre » est cet état dans lequel se trouve Rimbaud lorsqu’il prend la route, qu’il fugue loin de Charleville et de sa mère.
Nous allons à présent, tenter de mettre en lumière les différences entre les poèmes de Rimbaud à cette période de sa vie et les poèmes des poètes parnassiens. Rimbaud de l’été 1870 à l’été 1871 n’écrit plus pour se faire connaître en employant une poésie conforme à l’esthétisme de l’époque. Le jeune poète poursuit son propre cheminement poétique, poussé par cette vocation de poète qui l’habite.
L’une des premières différences qui apparaît dans la poésie rimbaldienne concerne le contenu des poèmes. Contrairement à la plupart des poètes parnassiens, Rimbaud, dans cette période de sa vie poétique traita très souvent des sujets de la vie quotidienne, de sa propre vie. Alors que les Parnassiens s’acharnent à faire revivre des personnages mythologiques, comme Banville dans Les Exilés ou Théophile Gautier dans Émaux et Camées, Rimbaud parle surtout du monde dans lequel il vit. Il ne traita le thème de la mythologie grecque seulement dans Soleil et chair et Vénus Anadyomène.

Les lettres du voyant pour toujours aller plus loin

En mai 1871, Arthur Rimbaud reste un poète inconnu demeurant à Charleville. Voilà longtemps qu’il rime depuis sa ville natale, qui malgré plusieurs fugues le retient toujours prisonnier. Bien que sa tentative de se voir publier dans le Parnasse Contemporain fut un échec, il poursuit son cheminement poétique.
Après avoir écrit les poèmes, qui constituent ce que l’on appelle les deux « cahiers de Douai », qu’il fit parvenir à Paul Demeny. Après avoir lu, imité les poètes parnassiens qui l’ont inspiré sans empêcher sa personnalité, son approche de la poésie d’apparaître dans ses poèmes, Rimbaud s’exprime sur la poésie et en donne à ses amis sa vision. Il est temps pour lui de s’émanciper de ses maîtres et de proposer une nouvelle façon de concevoir la poésie.
Le 13 et 15 mai il envoie à Georges Izambard et Paul Demeny les deux lettres dîtes « Lettres du voyant ». Dans la première, Rimbaud regrette que son professeur se complaise dans une poésie « subjective » et prône la poésie « objective ». Comme l’explique Yves Bonnefoy : « La poésie subjective semble bien celle qui s’en tient à l’idéalité, à l’esthétisme « artiste » et au jeu ; et celle, sentimentale et lyrique, qui ne retient de l’émotion que sa part domesticable, celle, en un mot, qui enferme la personne dans le réseau de ses conventions, sans l’ouvrir à la transcendance de ce qui est. »
La lettre que Rimbaud envoya le 15 mai 1871 à Paul Demeny est plus longue et plus détaillée. Il y reprend les idées retranscrites dans la lettre qu’il envoya à son ancien professeur, en expliquant donc ce qu’il entend par « se faire voyant », puis clos sa lettre sur un jugement critique à propos de ses contemporains.
J’ai résolu de vous donner une heure de littérature nouvelle. Le poète de Charleville âgé de 17 ans est déterminé. Il est conscient d’être sur le point de proposer à son ami une conception de la poésie parfaitement inédite. Rimbaud ouvre sa lettre par « un psaume d’actualité », il s’agit de son poème intitulé Chant de guerre parisien dans lequel il évoque le soulèvement des communards qui suivit la signature de l’armistice entre la France et la Prusse.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION 
PARTIE 1 :L’HISTOIRE D’ARTHUR RIMBAUD, DU PARNASSE ET DE LA GUERRE DE 1870 
CHAPITRE 1 – L’ENFANCE CAROLOPOLITAINE DE JEAN NICOLAS ARTHUR RIMBAUD
CHAPITRE 2 – LE PARNASSE : L’HISTOIRE DU MOUVEMENT DES IMPASSIBLES
CHAPITRE 3 – DE LA CHUTE DE L’EMPIRE À LA COMMUNE. DE PARIS À CHARLEVILLE
PARTIE 2 :RIMBAUD, L’INDIGNE HÉRITER DU PARNASSE 
CHAPITRE 1 – LA LETTRE À BANVILLE DU 24 MAI 1870 OU L’ÉCHEC PARNASSIEN.
CHAPITRE 2 – ARTHUR RIMBAUD POÈTE DE « LA LIBERTÉ LIBRE »
CHAPITRE 3 – LES LETTRES DU VOYANT POUR TOUJOURS ALLER PLUS LOIN
PARTIE 3 :ARTHUR RIMBAUD LARGUE LES AMARRES PARNASSIENNES 
CHAPITRE 1 – LA SECONDE LETTRE À BANVILLE : QUAND L’ÉLÈVE SE MOQUE DU MAÎTRE
CHAPITRE 2 – CE QUE RIMBAUD DIT À BANVILLE À PROPOS DE SES FLEURS
CHAPITRE 3 – LE BATEAU IVRE D’ARTHUR RIMBAUD
Conclusion 
Bibliographie

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *