ÉTUDE STATISTIQUE SUR LES IMPACTS MACROÉCONOMIQUES DES IDE

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L’investissement sous forme de participation

La participation concerne l’achat des actions nouvellement émises par une entreprise dont le but est de développer ses activités commerciales. C’est un cas pratique d’IDE dans la mesure où l‘investisseur n’a pas la possibilité de se lancer dans les investissements de création ou de fusion-acquisition. Il constitue également un moyen pour accroître les capacités de production d’une filiale déjà existante. Ainsi, une société est une société de participation si elle détient une part entre 10 % et 50 % du capital d’une autre société. Les participations comprennent donc le capital investi, les actions des filiales et entités associées, et les autres apports en capital.
L’IDE peut se présenter aussi sous d’autres formes selon la relation et les opérations effectuées entre l’investisseur direct et l’entreprise d’investissement direct. Par exemple, les investissements d’extension et de création ont des points communs du point de vue stratégique et il en est de même pour les opérations de fusion-acquisition et l’investissement sous forme de participation. Par contre, l’investissement de type « restructuration financière » a pour but de sauver une activité de filiale en difficulté cela en vue de rembourser une dette ou de réduire les pertes (cf. tableau 1). Actuellement, d’autres formes d’IDE sont apparues à cause de l’incertitude de débouché et des résultats aléatoires des affaires, il s’agit particulièrement des licences et des franchisages, de la sous-traitance et de la cession des réseaux publics.

Les différentes Théories d’IDE : revue de littérature

L’importance accordée aux IDE s’est nettement accrue depuis ces dernières décennies. Au début, les théories portées à son sujet concernent principalement les stratégies d’internationalisation des entreprises multinationales, mais actuellement il est surtout perçu comme l’un des éléments moteurs du développement des pays à la recherche de financement extérieur. Ce qui explique l’essor de nombreuses littératures économiques portant sur l’analyse et l’étude des déterminants des IDE.

Les déterminants de l’IDE

Les déterminants de l’IDE expliquent les facteurs qui poussent une firme à agrandir et à combiner ses activités à l’échelle mondiale. En effet, cela revient à répondre certaines questions majeures concernant le choix, l’intérêt et la cause qui motivent une firme à s’investir à l’étranger. Ce paragraphe résume alors les conceptions essentielles du déterminant de l’IDE, à savoir l’approche initiale par les théories du commerce international des années 60, l’approche de paradigme d’OLI « Ownership, Localization, Internalisation » de Dunning, et les nouvelles théories du commerce international.

Les approches initiales du déterminant des IDE des années 60

L’apparition de la théorie du commerce international résulte en premier lieu de la différence de dotation en ressources naturelles entre les pays ainsi que sa répartition géographique inégale. C’est pour cela qu’elle a fortement inspiré la théorie des déterminants des IDE dans les années soixante11. En effet, les échanges commerciaux et la délocalisation des firmes sont influencés par les écarts de dotation factorielle c’est-à-dire l’ensemble des capacités existantes de production d’un pays ou d’une entreprise. S’il y a une parfaite mobilité des capitaux, son transfert va faire disparaître les avantages comparatifs des pays et donc le commerce international (Mundell, 1957).
Cette théorie explique la possibilité de remplacer les importations des biens intensifs en capital par des entrées de capitaux. Mais aussi, elle constitue une stratégie permettant à une firme de tirer le meilleur rendement possible du capital investi en se replaçant à l’étranger. Cependant, le comportement de la plupart des firmes multinationales (FMN) dépasse de plus en plus le cadre économique de déplacement de capitaux.
En effet, les FMN possèdent des avantages spécifiques transférables internationalement (par exemple : détention d’une marque, avantage technologique, obtention d’une économie d’échelle, effets d’apprentissage important, etc.) liés à l’imperfection du marché (Hymer, 1960), elles demeurent alors compétitives même dans les territoires étrangers, car les gains sont souvent supérieurs aux coûts d’implantation. En s’implantant à l’étranger, l’entreprise cherche de meilleures conditions d’offre et de demande et une meilleure position sur les marchés. Il existe quatre types d’imperfection du marché qui permettent à une entreprise de disposer d’avantages concurrentiels : la différenciation du produit, des qualifications, de connaissances spécifiques, et l’accès inégal aux ressources et facteurs de production (Kindelberger, 1969).
Vernon (1966), en se référant de ces avantages spécifiques notamment en matière de technologie, explique la création des filiales par les multinationales selon la théorie du cycle de vie des produits12. Dans la première phase du cycle, l’innovation d’un nouveau produit place la firme en position de monopole absolu dans le marché local. Plus tard, lorsque le produit est lancé à l’exportation, il entre dans la deuxième phase, celle de la maturité et de la croissance du produit, les nouvelles demandes vont alors diminuer le pouvoir monopolistique de la firme, mais aussi la concurrence commence à apparaître à ce stade. Elle doit adopter une stratégie défensive qui consiste à vendre ses connaissances et savoir-faire (brevet, marques) ou implanter sa production à l’étranger où les coûts du facteur travail sont moins chers. Dans la dernière phase, la fabrication du produit est standardisée donc plus de différentiation dans les exportations des sociétés. Les pays moins avancés vont fournir alors des avantages compétitifs surtout en termes de coût de travail pour inciter les firmes multinationales à se délocaliser.

Le paradigme OLI de Dunning

L’existence des avantages spécifiques des FMN constitue une condition nécessaire, mais pas forcément suffisante pour expliquer le déterminant des IDE. Ainsi, John H. Dunning propose une approche globale des facteurs explicatifs des IDE et accorde une analyse particulière sur les questions de localisation13. Selon sa théorie, les IDE des firmes résultent de la combinaison de trois grandes catégories d’avantages :
 Les avantages spécifiques de l’entreprise (Ownership advantages) : il s’agit des avantages en matière de technologie, le brevet, le savoir-faire ou connaissance spécifique. Ces avantages de possession propre à la firme lui permettent de surmonter les coûts d’installation et de localisation. En effet, c’est l’exploitation de ces actifs qui confère aux FMN un certain pouvoir sur le marché de localisation. Ces avantages spécifiques varient selon les caractéristiques des entreprises, les produits qu’elles fabriquent et les marchés dans lesquels elles opèrent.
 Les avantages liés aux caractéristiques du pays hôte (Localization advantage): ceux-ci déterminent le choix et la motivation d’une firme de s’implanter dans une économie bien définie. Il s’agit en général de l’environnement politique (stabilité, régime politique, etc.) du niveau de développement économique et social (infrastructure, niveau de vie, taille du marché, qualité de la main-d’oeuvre, etc.) et les richesses en ressources naturelles du pays d’accueil.
 Les avantages liés à l’internalisation des coûts de transaction (Internalization advantage) : c’est-à-dire l’intérêt que peut avoir une firme à produire elle-même les consommations intermédiaires nécessaires pour élaborer le produit final. Donc les transactions vont alors se faire entre les filiales de la même entreprise, ce qui réduit certains coûts comme: les coûts de négociation pour s’accorder sur le prix, coûts liés au non-respect des délais de livraison, au risque d’imitation de technologie, et coût lié au défaut de qualité du produit, etc. En effet, la réduction des coûts de transaction est un comportement typique des entreprises. Quand les coûts de transaction sur les marchés sont plus élevés que les coûts de l’organisation de la firme, les marchés vont être internalisés14.
Ces théories expliquent ainsi l’intérêt d’une firme à s’investir à l’étranger pour des raisons de recherche de marché, d’accès aux ressources, d’efficacité et de position stratégique.

Les nouvelles théories du commerce international (NTCI)

Cette approche est surtout marquée par les travaux de Brainard (1993) et Markunsen (1995) qui enrichissent l’analyse de la firme et l’étude de ses comportements. Par rapport à la théorie traditionnelle, les NTIC intègrent d’autres éléments importants comme la concurrence imparfaite, la différenciation des produits et les économies d’échelle pour expliquer les choix stratégiques des firmes multinationales. Selon cette théorie, les entreprises doivent faire l’arbitrage entre « concentration » et « proximité »15.
Lorsque les avantages de s’implanter à proximité des consommateurs sont relativement plus élevés que ceux de la concentration des activités, la firme a intérêt à servir sur les marchés locaux d’implantation en créant des filiales ou des sites de production. En effet, la firme préfère choisir cette stratégie si les coûts d’implantation sont relativement faibles et la demande sur le marché est suffisamment forte. Elle peut toujours réaliser des économies d’échelle grâce à la présence d’actif intangible16 même si les coûts de transport sont élevés. On parle dans ce cas des « IDE horizontaux », car les opérations s’effectuent uniquement entre les pays de même niveau économique ou précisément entre pays développés.
Par contre, lorsque les firmes s’intègrent dans une perspective de division internationale de processus de production, cas de l’internalisation des coûts de transaction, la stratégie des FMN consiste à délocaliser leurs activités en fonction des différents avantages comparatifs. Les IDE s’effectuent alors entre pays différents en termes de taille et de dotation factorielle. La firme a intérêt, par exemple, à implanter les unités de production intensives en travail dans les pays où les coûts de la main-d’oeuvre et les coûts de transports sont faibles. La production est destinée à l’exportation, mais non pas au marché d’implantation. On parle dans ce cas des « IDE verticaux » ou de « délocalisation ». C’est le type d’investissement direct effectué par les pays du Nord (pays développés) vers les pays du Sud (ou les PED) comme l’Afrique.
Toutefois, la distinction entre les IDE verticaux et les IDE horizontaux présente quelques confusions dans la réalité, car certaines firmes peuvent s’engager dans des stratégies d’intégration complexe. Cette désorganisation se présente lorsque la stratégie de la firme englobe à la fois des formes d’intégration verticale dans certains pays et horizontale dans d’autres pays.
Ces différentes théories constituent les bases essentielles du déterminant des IDE. Mais à cause de l’inconstance des paramètres auxquels ils obéissent, d’autres théories plus récentes ont été proposées. Des auteurs comme Singh et Jun (1995), et Hess (2000) ont, par exemple, insisté sur un facteur primordial qui est le risque politique. À cela s’ajoute la stabilité du gouvernement, les conditions socioéconomiques, les conflits internes et externes, etc. Par ailleurs, la tendance actuelle de l’économie mondiale explique autrement l’essor des IDE par la montée de l’économie des pays émergents ou en développement. C’est le cas, par exemple, de l’engagement de plus en plus important de la Chine en Afrique pour s’investir dans le secteur des services et des matières premières17.

La théorie d’attractivité des IDE

Les déterminants des IDE expliquent en grande partie les facteurs de déplacement des firmes multinationales vers l’étranger. Ce choix correspond par une stratégie bien précise selon la motivation qui pousse les FMN à se délocaliser. Ainsi, conscient de l’impact positif des IDE sur l’économie, le gouvernement des pays hôtes est mené systématiquement à élaborer des politiques incitatives et de gestion pour se lancer dans une guerre de concurrence pour attirer plus d’investisseurs étrangers. D’où la notion d’attractivité ; un cadre théorique élargissant l’étude de ce phénomène.

Les facteurs d’attractivité des IDE

Les facteurs d’attractivité sont des stratégies politiques et économiques mises en place par l’État pour créer un environnement favorable et attractif aux investissements directs étrangers. En effet, la décision et le choix de localisation dépendent en premier lieu des impératifs stratégiques des firmes, mais les mesures d’incitation proviennent de l’effort des pays d’accueil pour attirer les investisseurs.
Les déterminants de l’IDE peuvent être servis de base pour les pays hôtes afin de comprendre les causes qui poussent une firme à se délocaliser, mais aussi l’intérêt pour ces pays de concevoir une politique d’attractivité compatible. Selon une étude concernant l’impact des IDE sur le développement économique d’un pays, on peut tirer deux niveaux de facteur d’attractivité intermédiaire qui sont les facteurs impératifs et les facteurs incitatifs ou facilitants18 :
 Le premier groupe de facteurs constitue des conditions nécessaires sur lesquelles le pays hôte peut intervenir pour attirer les IDE. Il s’agit en outre : la stabilité politique et économique (inflation, monnaie, taux de change, etc.), le cadre légal (État de droit, application des lois, etc.), la gouvernance économique (régime économique ou manière de gérer et de diriger l’aspect économique du pays : libéralisation économique, etc.) l’organisation du marché domestique (taille du marché, niveau de concurrence, etc.), la croissance du PIB.
 Le deuxième groupe de facteurs forme des conditions suffisantes qui font l’objet d’une concurrence entre les pays souhaitant recevoir le plus d’IDE. Par exemple : les coûts salariaux, le niveau d’éducation, les infrastructures et le niveau technologique, l’environnement attractif pour les expatriés, les incitations fiscales, les subventions, etc.
Une étude récente sur l’influence des pays hôte au déterminant des IDE peut être servie comme cadre théorique des facteurs d’attractivité des IDE selon les motifs des firmes19 (cf. annexe 1). En effet, lorsque la politique des mesures incitatives est bien définie on peut envisager le type d’IDE adapté aux pays d’accueils. Par exemple, un niveau de revenu par tête élevé stimule probablement les IDE horizontaux, par contre, il peut constituer un effet ambigu pour les IDE du type vertical qui cherchent plutôt des avantages de coûts. Ainsi, cette théorie d’attractivité se présente également en deux niveaux :
 D’abord la mise en place d’un cadre général d’accueil des IDE, il s’agit de la stabilité économique, politique et sociale, des règles concernant l’entrée et l’activité, des normes applicables au traitement des filiales étrangères, du régime de fonctionnement et structure des marchés (en particulier régimes de la concurrence et des fusions et acquisitions), des accords internationaux sur l’IDE, de la politique des privatisations, du régime de commerce (barrières tarifaires et non tarifaires) et du régime fiscal.
 En second lieu, intervient le cadre de déterminant économique : il s’agit du climat des affaires telles que l’incitation et les aides à l’investissement, les coûts d’activité (liés à la corruption et à l’inefficience administrative), les équipements collectifs (par exemple : écoles bilingues, qualité de la vie) et les services après-investissement, etc.
Ce dernier niveau constitue un élément de concurrence pour les pays récepteurs d’IDE. D’après les travaux effectués par McMilan (1995), sur la comparaison de l’évolution des IDE au Ghana et en Côte d’Ivoire, il a conclu que les facteurs économiques et le développement du pays forment des paramètres essentiels à l’attractivité des IDE20.
Ces différents concepts et théories permettent en outre de comprendre le comportement des acteurs économiques qui entrent en jeux dans ce mécanisme complexe de l’IDE. Toutefois, il est difficile d’appréhender par une théorie générale les résultats des recherches effectuées pour étudier l’ensemble du phénomène. Aussi, les facteurs explicatifs du choix de localisation des FMN ou l’intérêt de la politique d’attractivité sont des notions dépendantes et complémentaires. En conséquence, les facteurs d’attractivité influencent indéniablement tous les types d’IDE, mais leur efficacité varie selon qu’il s’agit d’une stratégie « IDE vertical » ou « IDE horizontal ».

Relation entre IDE et croissance économique

La plupart des manuels de théorie économique font remonter l’origine de la croissance à la première révolution industrielle. Le thème de croissance commençait à prendre place au 19e siècle dans les travaux de Malthus, Ricardo et Marx, mais c’est surtout à partir du 20èm siècle que les modèles théoriques connaissent un véritable succès. On assiste alors à deux grandes idées marquant l’évolution de la relation entre IDE et croissance économique.
À ce propos, les IDE sont considérés comme susceptibles de stimuler la croissance du pays d’accueil. On a parlé brièvement plus haut que parmi les avantages, et non le moindre, des IDE sont la possibilité de réaliser de transfert technologique, d’exporter de savoir-faire et donc d’accroître le potentiel scientifique et technique du pays hôte. De plus, puisque l’IDE repose sur le concept « d’intérêt durable », deux séries de modèles permettent d’expliquer mieux la relation de causalité entre IDE et croissance à long terme, il s’agit en particulier du « modèle de croissance exogène » et du « modèle de croissance endogène ».

Le modèle de croissance exogène de Solow

L’histoire de la théorie de croissance économique remonte bien avant l’apparition de l’investissement direct étranger. Cependant, l’IDE est un investissement comme tout autre, caractérisé par un apport en capital, mais qui se distingue par ses stratégies et structures particulières. En suivant l’évolution de la pensée économique, la notion de capital est toujours au centre du débat.
Déjà, Adam Smith (1775) a introduit dans son ouvrage « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », l’idée que c’est le capital qui est la cause de la richesse, mais pas l’abondance monétaire, ou bien Karl Marx en 1867 dans son ouvrage « le capital » qui évoque la théorie de l’accumulation du capital et la croissance limitée de production capitaliste. Mais le but de notre analyse n’est pas de remonter à l’origine de l’histoire de la croissance, mais plutôt de rallier la relation qui existe entre celle-ci et l’IDE.

Idées de base du modèle

Le modèle de croissance exogène a été initié par Robert Solow dans son article fondateur « A Contribution to the Theory of Economic Growth » paru en 195621. C’est un modèle issu du raisonnement néo-classique, et qui repose essentiellement sur l’hypothèse de productivité marginale décroissante des facteurs (en particulier, le capital lorsque le travail est supposé fixe) et de rendement d’échelle constant de la fonction de production. En effet, dans son analyse, il a utilisé au départ une fonction classique de la forme ou Y représente la production nette des biens, K et L sont respectivement les facteurs « capital » et « travail » et F une fonction homogène de degré 122. Le modèle attribue l’origine de la croissance par tête au montant du capital investi. Le rendement décroissant du capital stipule alors que lorsqu’on augmente le capital par tête (capital/travail) la production croit, pas de façon proportionnelle, mais moins vite que cela coûte jusqu’à ce que la croissance par tête va cesser. Ainsi, lorsque le taux de variation de capital par tête23 devient nul, l’économie atteint un certain stade appelé « État stationnaire ». Dans ce cas, l’économie peut croître à court terme, mais pas à long terme. Même si un pays s’écarte à un moment donné de l’état stationnaire, il suivra un sentier de transition et finira par atteindre un nouvel état stationnaire. Par contre, la vision optimiste de Solow explique le phénomène de rattrapage des pays moins avancés. En effet, les pays pauvres utilisent moins de capital que les pays plus avancés et donc connaissent des rendements décroissants moins faibles, c’est-à-dire que toute l’investissement par tête et la dépréciation du capital. augmentation de capital y engendre une augmentation de la production proportionnellement plus forte que dans les pays riches.
Cependant, l’existence des rendements décroissants du capital implique que l’accumulation du capital ne peut rendre compte d’une croissance soutenue à long terme. Pour compléter son analyse, Solow introduit un nouvel élément, le progrès technique, mais qu’il qualifie de « résidu » et « exogène » au modèle. Il a affirmé que la croissance à long terme dépend de l’évolution démographique et du changement technique, mais n’a pas insisté sur l’origine de ce dernier. De ce fait, le modèle de croissance exogène n’a pas conclu une explication détaillée de la croissance à long terme, mais avance simplement l’idée que la tendance à la stagnation du produit par tête pouvait être évitée suite à un progrès technique « miraculeux ».

Relation entre IDE et la théorie de croissance exogène

On peut tirer de la théorie précédente quelques conclusions importantes sur la relation entre IDE et croissance exogène. Dans ce modèle, le capital est un facteur essentiel de la croissance économique. Ainsi l’IDE constitue une source d’investissement qui pourrait combler l’insuffisance en stock de capital pour l’économie d’accueil, dans la mesure où il y a libre circulation de capitaux. L’IDE peut contribuer alors au phénomène de rattrapage pour les pays pauvres qui utilisent moins de capital, car il peut influer sur le niveau de la croissance par tête et non sur le taux de croissance en raison de la présence d’un état stationnaire.
Le rôle de l’IDE sur la croissance est limité dans ce modèle, car il n’a pas su expliquer l’intérêt que l’investissement peut porter sur le transfert de technologie et de l’amélioration du savoir-faire. Alors que ce mécanisme d’apport de progrès technique, que Solow a supposé exogène, peut dépasser la limite de l’état stationnaire en améliorant continuellement la productivité des facteurs.
Ainsi, dans la théorie de croissance exogène, caractérisée par un rendement décroissant du capital, les IDE ne seront efficaces qu’à court terme (accroissement de stock de capital et accroissement de revenu par tête à court terme). Mais à long terme, cette théorie n’attribue pas un raisonnement assez large de la relation « IDE-croissance », car à ce stade la croissance est influencée par des facteurs exogènes qui sont les progrès techniques et/ou la croissance de la population.
Le travail de Solow n’a pas abouti à une conclusion pertinente quant à l’analyse de la croissance continue, ce qui ne permet pas au modèle d’approfondir le rôle de l’IDE et ses effets d’externalité sur la croissance économique. Par ailleurs, cette insuffisance d’explication incite d’autres théoriciens à élargir et à concevoir un nouveau modèle de croissance dit « endogène ».

Le modèle de croissance endogène

Le modèle de croissance endogène est apparu en réponse au modèle néoclassique. Il a été initié par Paul Romer dans son article intitulé « Increasing Returns and long Run Growth » paru en 198624. Perçu comme étant « la nouvelle théorie de la croissance », ce modèle met l’accent sur l’importance de l’accumulation et de la diffusion de la technologie sur la croissance économique.

Idées de base du modèle

En effet, ce modèle rend compte d’un troisième facteur important qui vient compléter les facteurs traditionnels de production (K et L). Ainsi, la fonction de production est de la forme avec « A » représente le progrès technique.
À la différence du premier modèle, A est ici un facteur endogène de la fonction de production donc une variable économique. Romer considère que c’est un produit, qui est rémunéré par des droits de propriété et des rentes monopolistiques. Lorsque A est considéré comme un facteur, la fonction de production est à rendement croissant.
En effet, le progrès technique résulte de la recherche de nouvelles idées qui est caractérisée par un rendement croissant, car il est d’autant plus intense que le nombre de chercheurs est élevé et le stock de connaissances important. Ainsi, le rythme de croissance dépend du nombre, de la proportion et de la productivité des chercheurs, c’est-à-dire de la capacité des rendements croissants de la recherche à compenser les rendements décroissants de l’investissement matériel. La diffusion de la connaissance et ses effets externes évitent alors la tendance à la baisse du rendement de l’investissement (décroissance des rendements du capital), et la croissance peut se poursuivre indéfiniment selon le niveau du progrès technique réalisé. Ce qui revient à dire que l’innovation technologique et ses externalités positives rendent possible une croissance soutenue. Cette hypothèse a résolu le problème du rendement décroissant du capital qui se limite par l’état stationnaire dans le modèle de Solow.

Relation entre IDE et la théorie de croissance endogène

Le modèle de croissance endogène reflète bien le rôle et l’importance des IDE sur la croissance économique des pays d’accueil dans la mesure où seule l’évolution continuelle du progrès technique permet d’envisager la croissance à long terme. En effet, les IDE constituent un moyen de transfert technologique (équipements modernes, nouveau procédé de production, etc.) et de savoir-faire (management d’entreprise, formation des travailleurs par le procédé de « Learning by Doing », etc.) qui peuvent se diffuser aux firmes locales et contribuent significativement à l’accroissement du stock de connaissances du pays hôte. Ce mécanisme de transmission se présente sous différentes formes : investissement des FMN en capital humain par la formation et l’apprentissage des ouvriers ; extension des nouvelles techniques de production aux firmes locales pour faciliter l’approvisionnement en amont et en aval des FMN ; phénomène d’imitation, etc. Ainsi, l’IDE peut donc affecter positivement la croissance économique à court et à long terme. Autrement dit, les facteurs (capital physique, humain, technique et public) qui stimulent la croissance peuvent être véhiculés par les IDE. Ces facteurs dynamiques sont en général complémentaires, et le bénéfice porté par l’IDE à l’un d’eux peut en retour susceptible d’influencer positivement les autres et formant ainsi une sorte de synergie (Bendel et al.2000).
Parallèlement à cette idée, on peut affirmer que les IDE sont plus favorables et efficaces dans les pays qui connaissent au moins une accumulation suffisante de capital public et humain à fin de faciliter le transfert de technologie et d’assurer sa viabilité . Ainsi, dans ces conditions, les FMN peuvent donc réduire les écarts technologiques entre les pays développés et les pays en développement, et constituent un important facteur de croissance et de convergence économiques.

Avantages et inconvénients des IDE sur la croissance économique du pays hôte

La section suivante s’intéresse aux effets économiques des IDE, en particulier sur la croissance économique des pays hôtes. En se référant aux différentes littératures, l’analyse du phénomène est souvent fondée sur des études économétriques dont les hypothèses de bases sont issues des concepts théoriques. Quant aux résultats obtenus, ils sont souvent mitigés et varient incontestablement selon le cas étudié (cf. annexe 2). L’IDE peut donc influencer positivement l’économie si certaines conditions préalables sont respectées, mais dans le cas contraire, il peut également engendrer des effets négatifs.

Les effets positifs de l’IDE

L’impact positif attendu des IDE sur l’économie provient des avantages spécifiques qu’il diffuse aux pays récepteurs, ce qui constitue un moteur de développement économique dans la mesure où cela permet l’apport de capitaux, de technologies, de compétences en matière de gestion et de savoir-faire ; l’ouverture à de nouveaux marchés et la création d’emplois.

Impacts des IDE sur la croissance économique à long terme

L’analyse de la relation entre l’IDE et la croissance économique a pris référence sur la théorie de « croissance endogène » qui permet d’expliquer éventuellement l’importance et le rôle des IDE sur l’économie notamment dans les pays en développement. En effet, il stimule la croissance économique du pays hôte grâce aux effets de diffusion sur le plan technologique et la transmission de méthode moderne de gestion. Des travaux menés par Boreinsztein, De Gregori et Lee (1998) ont relevé sur le fait que le progrès technique a un effet positif sur la croissance, car il agit sur l’accroissement et l’évolution du niveau de production finale et donc le taux de croissance du PIB au travers de plusieurs canaux de transmission28.
Le transfert de technologie et l’application de nouvelle technique de production apportée par l’IDE vont affecter la productivité et l’investissement domestique qui, à leur tour, stimuleront la croissance économique à long terme29. Toutefois, il est souvent difficile d’évaluer l’origine de l’amélioration de la productivité, car cela peut provenir du simple fait que les FMN investissent dans les secteurs à forte productivité ou des avantages spécifiques qu’elles possèdent dans son intégration internationale (technique de production plus innovante, approvisionnement plus étendu, débouché dans leur pays d’origine ou dans des pays tiers, etc.) (Dunning, 1981).
Mais ces avantages dont bénéficient les FMN, en matière de productivité, peuvent se répercuter sur les entreprises locales grâce aux externalités positives ou « spillovers » (Blomström et al, 2001). En effet, la présence des FMN pourrait inciter les entreprises locales à améliorer leur productivité de différente manière. Il peut être le résultat d’un effet de démonstration ou d’imitation lorsque les firmes locales adoptent les pratiques de production ou de management des entreprises étrangères (Blomstrôm, Globerman, Kokko al. 2000). Mais ces pratiques peuvent aussi se transmettre par la rotation du personnel qualifié (c’est-à-dire des employés formés par les firmes étrangères qui seront peut-être recrutés par les entreprises locales ultérieurement ou même lorsqu’ils créeront sa propre entreprise) ou lorsque les filiales des sociétés étrangères collaborent avec des fournisseurs locaux et participent ainsi à la diffusion de la technologie30. Tous ces mécanismes de transmission vont alors contribuer à l’amélioration du taux de croissance de la productivité globale des facteurs et donc stimulent la croissance du pays hôte.

Les autres impacts positifs de l’IDE sur l’économie

À part ces effets indirects des IDE sur le renforcement de la croissance économique à long terme, il constitue également un moyen de financement qui permet de réaliser des niveaux d’investissement supérieurs au niveau de l’épargne domestique des PED. L’IDE contribue alors à la formation de capital, au développement du secteur d’activité, à la création d’emplois et à la génération d’exportation.
– IDE et capital humain : comme tout autre investissement, l’IDE contribue à la formation de capital physique et financier. Mais il joue également un rôle important à l’accumulation du capital humain à travers les activités de formation et d’apprentissage de la population du pays hôte. En effet, l’utilisation de la technologie moderne et l’application de nouvelle technique de gestion nécessitent une formation des employés locaux à tous les niveaux d’emplois depuis les simples manoeuvres jusqu’aux techniciens et gestionnaires supérieurs en passant par les contremaîtres. De même, la demande de travail qualifié exigée par les firmes étrangères peut aussi inciter le gouvernement à favoriser l’éducation ou l’enseignement supérieur (Blömstrom, Kokko, 1996, 2003). Ainsi, une étude économétrique menée par Ramos (2001) sur un panel de 138 pays qui s’étend de 1965 à 1995 a conclu qu’une augmentation de 1% de l’IDE (parmi les variables explicatives) implique une augmentation de 0.12% du taux de croissance du capital humain (variable dépendante)33.
– IDE et entreprise locale : dans le cadre de la participation des IDE au développement économique du pays d’accueil, les entreprises étrangères ont la possibilité de dynamiser sensiblement l’extension des entreprises locale. En effet, la relation entre les filiales et la FMN qui assure l’investissement, crée une sorte de synergie favorisant l’effort pour améliorer l’efficience et le développement d’activité nouvelle (OCDE, 2002). D’autre part, l’IDE peut aussi stimuler l’investissement domestique grâce aux effets d’entraînement ou « crowding in » qui contribuent à l’accroissement de la concurrence et de l’efficacité, à la transmission des techniques de contrôle et de qualité à leurs fournisseurs et à l’introduction d’un nouveau savoir-faire (CNUCED 2001). Par exemple, l’effet d’entraînement dû à la concurrence se traduit par une pression concurrentielle qui oblige les firmes locales à devenir plus efficaces et plus compétitives en rationalisant leur processus de production et modernisant leurs technologies (Sjöholm 1999). D’après une étude empirique à partir d’un échantillon de 42 pays d’Afrique Subsaharien sur la période du 1990 au 1995, une augmentation de 1 point des IDE implique une augmentation simultanée des investissements domestiques entre 0.1 à 0.13 point34.
– IDE et création d’emplois : l’IDE exerce un effet direct sur la création d’emplois du pays hôte. En général, une augmentation de l’IDE s’accompagne souvent par un accroissement du nombre d’emplois dans les filiales étrangères des multinationales. Selon une statistique récente, le nombre de travailleurs employés dans les filiales étrangères de multinationales en 2006 a été estimé à 73 millions presque trois fois plus qu’en 1990, et dont une grande partie se trouve dans les économies en développement35. Cette disparité peut s’expliquer par la forte intensité de main d’oeuvre des filiales étrangères dans les PED. Cependant, certains cas démontrent que la création d’emplois directs par les FMN n’est pas très significative du fait de son caractère souvent très capitalistique, même quand il s’agit d’investir dans des pays où la main d’oeuvre est bon marché (Bénédict de Saint-Laurent, 2010).
– IDE et la promotion des exportations : Selon l’OCDE, le principal intérêt tiré de l’IDE pour les pays en développement en matière d’échanges tient à sa contribution à long terme sur l’intégration de l’économie d’accueil dans l’économie mondiale suivant un processus faisant vraisemblablement intervenir une augmentation des importations ainsi que des exportations36. Mais l’effet positif sur le commerce extérieur concerne la contribution des IDE à la promotion des exportations. Ainsi les FMN peuvent affecter directement le commerce extérieur du pays hôte lorsque la production locale de la filiale est consacrée soit à la réexportation vers le pays d’origine de la firme, soit à l’exploitation de marchés tiers à partir du pays hôte ou lorsque les filiales établissent des liens en amont avec les entreprises locales qui deviennent à leurs tours des « exportateurs indirects » (CNUCED, 2002). Selon une étude menée par Mainguy et Rugruff (2003) sur les pays en transition, dès 1993 les firmes à capitaux étrangers assurent plus de la moitié des exportations de la Hongrie, mais la seconde moitié des années 90 est encore plus décisive. On estime qu’en 1998, elles étaient à l’origine de 85,9 % des exportations du pays37.

IDE et effet d’éviction

D’après une étude effectuée par Bouklia et al (2001) « à côté d’éventuels effets de seuil ou d’une insuffisance de capacité d’absorption technologique des entreprises locales, c’est, tout autant, l’absence de complémentarité entre le capital étranger et local qui expliquerait le faible impact de l’IDE sur la croissance des Économies Sud et Est Méditerranéennes. »38. La relation entre investissement direct étranger et investissement domestique constitue un élément déterminant des avantages ou des inconvénients de l’implantation des entreprises étrangères dans une économie. Compte tenu des effets théoriques potentiels des IDE, l’effet d’éviction ou « crowding out » sur les firmes locales est souvent le plus constaté dans les pays en développement (Caves 1996).
En effet, les IDE peuvent entrer en compétition avec les investissements domestiques. Mais cette relation de concurrence n’est pas souvent évidente, car les FMN possèdent déjà certains privilèges et peuvent affecter négativement les firmes locales à cause de leur pouvoir de marché en terme d’avantages technologiques, des produits de marques, ainsi que des techniques agressives de marketing (Kumar, et Pradhan, 2002). Les études empiriques tendent à montrer que les firmes étrangères plus performantes qui se lancent dans les stratégies de marché risquent d’évincer les firmes locales. Elles peuvent entraîner ces dernières à se réorienter vers des activités périphériques moins profitables à économies d’échelle réduite (GEMDEV, 2012).
L’effet d’éviction peut se présenter alors sous différentes formes. La rencontre entre « offres domestiques » et « la nouvelle offre étrangère » est susceptible de créer des effets d’éviction à travers le mécanisme de concurrence. Par exemple, l’augmentation des exportations des FMN, notamment dans l’industrie extractive, implique une hausse du taux de change effectif réel et réduit la compétitivité des autres secteurs de biens échangeables (Bourdet et Falck, 2006). D’autre part, la supériorité des garanties et de la rentabilité des FMN leur permet aussi de bénéficier d’un accès plus facile aux banques cela au détriment des entreprises locales qui rend, pour ces dernières, l’accès au crédit difficile39.
De telles situations sont susceptibles de décourager les investisseurs locaux et peuvent entraîner soit une chute de la production de firmes domestiques (Lin et Saggi, 2005) soit une baisse du nombre de ces firmes (Markusen et Venables, 1999). S’il y a alors effet d’éviction, le taux de croissance de l’investissement domestique aura tendance à diminuer par rapport à celui de l’IDE.

Les autres effets négatifs des IDE

D’autres effets négatifs potentiels de l’IDE sont susceptibles de créer des « coûts » économiques ou non économiques au pays d’accueil, mais ils ne sont pas toujours bien exposés. Ainsi, parmi ces effets figurent la dégradation de la balance de payement, l’accroissement des inégalités, la dépendance étrangère, la perte de souveraineté et la destruction de l’environnement.
Ainsi, lorsque les besoins en biens et services des investisseurs étrangers ne sont pas satisfaits par les entreprises locales, ils vont forcément recourir à l’importation qui risquerait d’influer négativement la balance de paiement dans la mesure où l’exportation ne permet pas de compenser le déficit 40. Les IDE peuvent être alors l’origine d’un creusement de déficit commercial, tel était le cas observé au Viet Nam en 1995, lorsque la poussée des IDE a fortement augmenté les importations des biens d’équipement alors que le développement de leurs exportations n’a été constaté qu’à partir de 1997 (Pottier, 2001).
Par ailleurs, la relation entre IDE et inégalité est souvent difficile à évaluer, selon une étude économétrique effectuée par Noomen Lahimer sur la relation entre « IDE » et le triangle « croissance-inégalité-pauvreté », à quelques nuances près, les résultats montrent que l’IDE favorise la croissance, mais augmente l’inégalité41. En effet, dans la plupart des cas, les FMN offrent des salaires plus élevés que les firmes locales, mais aussi elles emploient des mains-d’oeuvre plus qualifiées. De ce fait, les classes pauvres (ne disposant pas de niveau de compétence et de connaissance requises) ne bénéficieront pas de cette augmentation de salaire (Almeida, 2003). Le mécanisme est pareil sur la progression des inégalités géographiques lorsque les IDE se concentrent dans certaines régions seulement.
Concernant l’effet des IDE sur l’environnement, deux hypothèses peuvent se présenter. Le premier est le fait qu’ils peuvent améliorer la protection de l’environnement, car ils utilisent des technologies plus modernes et plus propres (OCDE, 2003). Mais dans un contexte de forte concurrence en termes d’attractivité, les pays en développement seraient moins exigeants sur le plan environnemental. Les entreprises multinationales vont alors profiter de cette opportunité pour exporter leurs installations jugées inadéquates à l’environnement vers leurs filiales implantées dans les PED. Tel est le cas observé par Méral et Petit (2002), pour certains pays qui ne veulent pas s’engager dans un processus de mise en place de norme écologique restrictive par peur de faire fuir les investisseurs et les firmes étrangères42.

De l’étatisation à la libéralisation économique

Entre 1971 et 1982, l’économie malgache a été marquée par une forte intervention de l’État qui se caractérisait par la nationalisation des grandes entreprises et industries, le contrôle excessif de certains produits, la fixation des prix sur le marché national, la restriction à l’ouverture extérieure et l’adoption de l’investissement à outrance. Soit plus de 60% de l’économie était dans les mains de l’État43.
Cependant, la politique mise en place à cette époque n’a pas réellement contribué au développement, car le bilan général s’est soldé par une stagnation et un ralentissement des activités économiques provoquant la dégradation du niveau de vie de la population. La croissance économique était instable et même médiocre, selon la statistique, le taux de croissance annuel moyen du PIB par tête durant cette période était négatif, soit une valeur d’environ -1.6 %44 .
D’autre part, la politique d’investissement à outrance pour la promotion des activités industrielles a eu peu d’effet à l’économie malgré un taux d’investissement qui progressait de 8,3% en 1970 à 15,3% en 197945. Cela est dû à cause de la mauvaise évaluation des besoins, du mauvais entretient des matériels, de l’approvisionnement en matière première difficile, de l’étroitesse du marché et du système de prix administré aux fortes rigidités. De plus, la nationalisation des entreprises stratégiques et la sortie de la « zone franc » en 1973 ont conduit à la disparition peu à peu des investissements étrangers46.
Selon une étude comparative effectuée par l’INSTAT (1995), le taux d’investissement de Madagascar est relativement faible par rapport aux autres pays en développement, comme l’île Maurice et l’Indonésie, qui se sont tournées progressivement vers l’extérieur dès la fin des années 60 et se sont lancées dans une politique de promotion des investissements privés et étrangers47 (cf. annexe 4).
Depuis le milieu des années 80, suite à l’échec du régime interventionniste et de l’inefficacité de l’investissement à outrance, l’État malgache s’est lancé dans une nouvelle structure de politique économique avec l’appui des bailleurs de fonds étranger. Ce changement a été surtout marqué par le retour au libéralisme économique et l’ouverture à l’extérieur. Différentes stratégies de réforme ont été adoptées par les dirigeants successifs :
 la libéralisation des circuits de commercialisation et des prix.
 la suppression des taxes à l’exportation.
 la diminution des droits et taxes à l’importation.
 le désengagement de l’État et l’assainissement des finances publiques.
 l’instauration d’un régime spécifique d’entreprises franches exportatrices en 1990.
 la mise en place de taux de change flottant en 1994.
 etc.
Cette nouvelle stratégie a été inscrite dans le cadre d’une politique d’ajustement, négociée avec le FMI en juin 1980 pour pousser le pays dans l’ère du libéralisme. Cependant, l’entrée de Madagascar au nouveau système s’effectuait d’une façon lente et même incertaine. Pendant la phase d’ajustement, le taux de croissance moyenne du PIB entre 1982 et 1987 était seulement de 1.4%. Ensuite, une légère reprise de la croissance a été constatée, soit une croissance moyenne du PIB de 3.5 % entre 1987 et 1990 (INSTAT, 1995 : 3). Par ailleurs, les reformes apportées à la politique industrielle étaient ambitieuses et elles concernent notamment :
 la mise en place d’une industrie autocentrée (répartition optimale des moyens de production, une meilleure interrogation des activités des différentes unités industrielles).
 la diversification des produits d’exportation.
 et l’indépendance énergétique.
Ainsi, ces réformes ont favorisé l’investissement privé faisant augmenter de 3.7% du PIB en 1989 à 7% en 1990, mais les résultats étaient loin d’être satisfaisant par rapport à certains pays comme la Malaisie ou l’Indonésie qui ont atteint des valeurs successives de 24% et 15% en 1991 (INSTAT, 1995 : 14). Malgré ces modestes performances, le niveau industriel du pays demeurait faible, car son poids dans l’économie d’une année à l’autre ne varie guère et le secteur secondaire reste toujours à la traîne par rapport au secteur primaire et tertiaire.
Selon une analyse de Roubaud François, c’est à partir de 1997 que le pays a commencé à reprendre son rythme de croissance48. En effet, une amélioration du contexte politico-économique et un renforcement de la confiance des bailleurs des fonds ont été remarqués. Quelques secteurs clés de l’économie, notamment le secteur secondaire et tertiaire, ont enregistré une nette performance en termes de taux de croissance sauf le secteur primaire qui restait sans progrès. Ainsi, le passage de politique de nationalisation vers la politique de libéralisation a marqué l’évolution de l’économie malgache, mais cela n’a pas vraiment changé le niveau de vie de la population. Toutefois, la question de stabilité politico-économique reste un sujet perplexe et sans garantie dans le pays, car les efforts de redressement de l’économie ont été souvent ponctués par des crises majeures notamment ceux de 1991, de 2002 et de 2009.

Situation et évolution des IDE à Madagascar

Le choix de la restriction de l’ouverture à l’extérieur dans les années 70 a fait fuir les IDE à Madagascar. C’était au début des années 90, suite à la mise en place d’une politique d’incitation aux investissements privés que l’IDE commençait à réapparaître. On remarque cependant que l’État ne s’est pas encore investi réellement à l’étude de promotion des IDE dans les années 90. C’est à partir de l’année 2000, avec l’aide du département d’étude statistique « INSTAT », que les autorités malgaches se sont intéressées de plus en plus au phénomène en effectuant chaque année des enquêtes concernant l’évolution de la situation des IDE dans le pays.

Évolution et tendance des IDE à Madagascar

D’après les statistiques publiées par la CNUCED, entre 1980 à 1998, le flux d’IDE entrant à Madagascar était en moyenne 9 millions de dollars par an seulement alors que certains pays voisins comme l’Ile Maurice recevaient déjà presque le double de cette valeur, soit environ 17 millions de dollars pour les mêmes périodes. Il n’a été alors significatif qu’à partir de 1999, soit une valeur moyenne de 476 millions de dollars jusqu’en 201352. Par ailleurs, une étude effectuée par l’INSTAT a montré que c’est à partir de l’année 2000 que le nombre d’entreprises d’IDE créées à Madagascar a connu une nette augmentation avec un accroissement moyen annuel de 32% environ entre 2000 et 200753.

Évolution de flux d’IDE à Madagascar entre 2000 à 2010

À la différence de stock d’IDE, qui est le niveau constaté d’IDE à une date donnée, le flux représente des mesures d’IDE au cours d’une période (en général l’année). Selon les statistiques, il s’agit des transactions effectuées durant une période définie. L’intérêt de l’analyse de flux est de pouvoir cerner le dynamisme des IDE dans une économie.
Depuis quelques années, la situation d’IDE à Madagascar a connu une évolution prometteuse en termes de volume. On a constaté une nette augmentation de flux en 2003 suite à la crise de 2002. Soit une valeur de 118.2 milliards d’Ar en 2003 contre 83.5 milliards d’Ar par rapport à 2002. Cette valeur a continué d’augmenter jusqu’en 2009 même si une légère diminution de l’ordre de 3% a été enregistrée en 2005. En 2009, le flux d’IDE a atteint une valeur record de 2532,51 milliards d’Ar contre 2015.5 milliards en 2008 et 1689.51 milliards d’Ar en 2010 (cf. annexe 5)

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Table des matières

PARTIE I : CADRE CONCEPTUEL ET APPROCHE THÉORIQUE DE L’ÉTUDE
CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉ SUR LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS
Section 1 : Définition et caractéristiques des IDE
1) Définition et notion d’IDE
1.1) Définition stratégique et opérationnelle
1.2) Concept d’intérêt durable
2) Les différentes formes d’IDE
2.1) La création ex-nihilo et les filiales
2.2) La fusion-acquisition
2.3) L’investissement sous forme de participation
Section 2 : Les différentes Théories d’IDE
1) Les déterminants de l’IDE
1.1) Les approches initiales du déterminant des IDE des années
1.2) Le paradigme OLI de Dunning
1.3) Les nouvelles théories du commerce international (NTCI)
2) La théorie d’attractivité des IDE
2.1) Les facteurs d’attractivité des IDE
CHAPITRE II : EFFETS DES IDE SUR LA CROISSANCE DE L’ÉCONOMIE HÔTE: ANALYSE THÉORIQUE
Section 1 : Relation entre IDE et croissance économique
1) Le modèle de croissance exogène de Solow
1.1) Idées de base du modèle
1.2) Relation entre IDE et la théorie de croissance exogène
2) Le modèle de croissance endogène
2.1) Idées de base du modèle
2.2) Relation entre IDE et la théorie de croissance endogène
Section 2 : Avantages et inconvénients des IDE sur la croissance économique du pays hôte
1) Les effets positifs de l’IDE
1.1) Impacts des IDE sur la croissance économique à long terme
1.2) Les autres impacts positifs de l’IDE sur l’économie
2) Effets négatifs des IDE
2.1) IDE et effet d’éviction
2.2) Les autres effets négatifs des IDE
Conclusion de la première partie :
PARTI 2 : LES IMPACTS MACROÉCONOMIQUES DES IDE À MADAGASCAR
CHAPITRE I : CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET ÉVOLUTION DE L’IDE À MADAGASCAR
Section 1 : Aperçu du contexte économique de Madagascar
1) Bref historique et caractéristique de l’économie de Madagascar
1.1) De l’étatisation à la libéralisation économique
1.2) Classification économique de Madagascar
2) Évolution de la croissance et des diiférents secteurs économiques
2.1) Analyse de l’évolution du PIB de Madagascar
2.2) Évolution et performance des différents secteurs économiques
Section 2 : Situation et évolution des IDE à Madagascar
1) Évolution et tendance des IDE à Madagascar
1.1) Évolution de flux d’IDE à Madagascar entre 2000 à 2010
1.2) Évolution du taux de croissance des IDE à Madagascar
2) Répartition et tendance des IDE selon les branches d’activité
2.1) Répartition des IDE dans les différentes branches d’activité
2.2) IDE et l’essor des activités extractives
CHAPITRE II : ÉTUDE STATISTIQUE SUR LES IMPACTS MACROÉCONOMIQUES DES IDE
Section 1 : Impacts des IDE sur la croissance économique de Madagascar
1) Etude de corrélation entre IDE et quelques variables macroéconomiques
1.1) Liaison entre PIB réel et stock d’IDE
1.2) Liaison entre valeur ajoutée de l’industrie et stock d’IDE
1.3) Liaison entre valeur ajoutée de la branche d’activité « service » et stock d’IDE
1.4) Liaison entre exportation et stock d’IDE
2) Analyse et interprétation des résultats
2.1) Les impacts positifs de l’IDE sur la production et la valeur ajoutée
2.2) Les autres impacts positifs de l’IDE sur l’économie
2.3) Limites des impacts positifs de l’IDE sur l’économie
2.4) IDE et le secteur d’activité extractive : quel avenir pour Madagascar ?
Section 2 : Recommandations et conclusion
6) Atouts et faiblesses de Madagascar en termes d’attractivité
6.1) Les atouts de Madagascar en termes d’attractivité
6.2) Les handicaps de Madagascar en termes d’attractivité
7) Recommandation
7.1) Mise en place d’un cadre économique garantissant la viabilité et l’efficacité des IDE
7.2) Mise en place d’un environnement économique favorable à l’incitation des IDE
Conclusion de la deuxième partie :
CONCLUSION GÉNÉRALE 

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