Situé en plein cœur du Sahel, le Niger est un pays d’élevage par excellence. Sa vocation d’exportateur de viande, tous circuits confondus est très bien connue sur le plan régional, voire international. Si l’ancien circuit s’est arrêté dans les années 90 avec la liquidation de la Société nationale d’exploitation des ressources animales du Niger (SONERAN), le circuit vif est resté très actif, représentant la deuxième source de devises pour le pays, après les industries extractives. L’élevage emploie près de 87 % de la population active du Niger, toutes activités confondues, principale et secondaire. Deuxième pourvoyeur de l’Etat en recettes d’exportation après l’uranium, le secteur de l’élevage représente 13 % du PIB national, 35 % du PIB agricole et intervient à hauteur d’au moins 25% dans le budget des collectivités territoriales. (NIGER. Ministère de l’élevage, 2010).
Il représente un capital bétail de près de 2000 milliards de FCFA. La vente des produits animaux rapporte près de 288 milliards par an. Cela représente une valeur ajoutée de 240 milliards faisant du Niger un grand pays d’élevage (NIGER. Ministère de l’élevage, 2010).
Les recettes des produits d’élevage représentent 62% des recettes d’exportation des produits du secteur rural et 21% de l’ensemble des produits d’exportation. En effet, sur le marché domestique, la viande produite au Niger très bien appréciée des consommateurs nationaux, ne souffre guère de la concurrence extérieure, même si ces dernières années, la baisse de leur pouvoir d’achat amène certains consommateurs urbains à se rabattre sur les produits de substitution, notamment le poisson de mer et les sous-produits de la découpe de volaille importés. Le Niger traditionnellement producteur et exportateur de viande vers les pays côtiers a progressivement perdu des parts de marché importants par la présence d’autres offres concurrentes.
La viande rouge, principale source de protéines d’origine animale de la population, est produite pour sa majeure partie au niveau des abattoirs frigorifiques et les aires d’abattage. La viande produite au niveau de l’abattoir frigorifique de Niamey est destinée essentiellement à la consommation locale. La consommation de viande à Niamey est passée de 28kg/hbt en 1993 à 11,4kg/hbt en 2004 (FAO, 2004). L’accessibilité à la viande est donc limitée pour la population de la Communauté Urbaine de Niamey réputée être la plus grande consommatrice de viande du pays (BAHARI, 2011). L’Etat du Niger, dans le but de protéger la santé publique, a instauré l’inspection sanitaire des denrées alimentaires d’origine animale à différents niveaux (frontières terrestres, aériennes, abattoirs, etc.). L’inspection sanitaire à ces différents niveaux permet généralement de mettre en évidence les nombreuses contraintes d’ordre sanitaire d’une filière animale. C’est dans ce cadre que nous avons entrepris ce travail en nous intéressant particulièrement à la viande bovine qui est très consommée par les populations et qui constitue l’une des principales sources de protéines animales au Niger avec comme objectif principal de faire l’état des lieux des motifs des saisies dans les abattoirs frigorifiques du Niger. De façon spécifique, il s’agira de faire une analyse rétrospective des motifs de saisies partielles et totales dans les différents abattoirs et d’estimer les pertes économiques liées à ces saisies.
GENERALITES SUR L’ELEVAGE AU NIGER
Présentation du Niger
Situation géographique et démographique
Le Niger est un pays continental d’une superficie de 1 267 000 km2 , situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest, entre 11° 37′ et 23° 23′ de latitude nord et entre le méridien de Greenwich et 16° de longitude est. (NIGER. Institut National de la Statistique, 2014) Il est à 700 km au nord du Golfe de Guinée, à 1 900 km à l’est de la côte Atlantique et à 1 200 km au sud de la Méditerranée. Pays soudano sahélien, le Niger est complètement enclavé, à mi-chemin entre la Méditerranée et le golfe de Guinée. Il est limité au nord par l’Algérie et la Libye, à l’est par le Tchad, au sud par le Nigeria et le Bénin, à l’ouest par le Burkina Faso et le Mali .
La population du Niger est estimée à 7 256 626 habitants en 1988, elle passe à 11 060 291 en 2001, puis à 17 129 076 millions selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat réalisé en 2012. La densité moyenne est estimée à 13,5 habitants au kilomètre carré. Cette population est inégalement répartie entre les 8 régions administratives du pays. La région la plus étendue, celle d’Agadez, occupe 53 % de la superficie du territoire national et abrite seulement 3 % de la population totale. La région la moins étendue, Niamey, abrite 39 % de la population urbaine (Unicef Niger, 2012).
Le relief et les cours d’eau
Le relief est plutôt plat, avec cependant quelques formations rocheuses dans l’Est du pays et les massifs de l’Aïr dans le Nord. Au plan hydrographique, le pays ne possède qu’un seul cours d’eau permanent, le fleuve Niger, qui traverse le pays sur une longueur d’environ 500 km dans sa partie ouest. On trouve aussi quelques lacs permanents dont le principal est le lac Tchad situé dans la partie sud-est du pays. Il est arrosé aussi par une série de dallols (Dallol Bosso, Dallol Maouri, Dallol Fogah), par le Goulbi de Maradi et les Koramas de Zinder. Selon les estimations, les ressources en eau du Niger sont assez importantes et le potentiel d’irrigation est estimé à 270 000 hectares en termes d’eaux de surface et d’eaux souterraines (près de 36 milliards de m3 de nappes fossiles assez profondes). (Unicef Niger, 2012) .
Le climat et la végétation
Du point de vue climatique, le Niger est caractérisé par un climat tropical de type soudanien qui alterne une longue saison sèche d’octobre à mai et une courte saison de pluies de mai à septembre. Il est situé dans l’une des régions les plus chaudes du globe. Les températures moyennes les plus élevées sont enregistrées entre mars et avril où elles dépassent les 40°C ; les plus basses sont relevées de décembre à février où elles peuvent descendre en dessous de 10°C. Le territoire est partagé en trois zones climatiques :
● Au nord, une immense zone saharienne, couvrant les trois cinquièmes du pays, peuplée essentiellement de nomades et qui recèle les principaux minerais exploités ;
● Au centre, une zone sahélienne, qui reçoit des précipitations moyennes de 200 à 300 mm d’eau par an ;
● Au sud, une zone soudanienne, la partie la plus arrosée du pays, avec une pluviométrie moyenne de 300 à 650 mm par an. Zone à vocation agricole, elle est caractérisée par une végétation de savane et est consacrée à des cultures de mil, de sorgho, de maïs et d’arachide.
Au niveau administratif, dans le cadre du processus de décentralisation, pour une meilleure gouvernance locale, les anciens départements ont été érigés en régions et les anciens arrondissements en départements, et des communes ont été créées. Ainsi, le pays est actuellement subdivisé en 8 régions administratives subdivisées en 36 départements. On dénombre 265 communes dont 52 urbaines et 213 Rurales (Unicef Niger, 2012).
Rôle et place de l’élevage au Niger
Le cheptel
L’élevage occupe une place prépondérante dans l’économie du Niger. Le cheptel national estimé à près de 41 millions de têtes toutes espèces confondues en 2015 et représente un capital de 2000 milliards de F CFA. Deuxième pourvoyeur de l’Etat en recettes d’exportation après l’uranium, le secteur de l’élevage représente 13 % du PIB national et 35 % du PIB agricole (NIGER. Ministère de l’Elevage, 2015). Il emploie près de 87 % de la population active du Niger, toutes activités confondues, principale et secondaire.
L’exploitation du potentiel productif du secteur de l’élevage se fait à travers plusieurs filières dont les principales sont le bétail sur pied, la viande, les cuirs et peaux, le lait et dérivés. Selon TIEMOGO (2006), trois systèmes d’élevage cohabitent au Niger : le système extensif, le système semi-intensif, le système intensif.
Le système extensif
C’est un élevage qui est basé sur l’utilisation des ressources naturelles par le biais de la transhumance. Pendant la saison des pluies, les animaux (bovins, ovins et caprins) quittent la zone de culture pour pâturer sur les collines et les plateaux impropres à l’agriculture. Après la saison des pluies ils reviennent dans les champs afin de bénéficier des résidus de cultures. Il faut noter que la présence du fleuve constitue une zone de refuge pour les grands troupeaux pendant une partie de l’année, grâce aux riches bourgoutières.
Le système semi-intensif
Le système semi-intensif est pratiqué en majorité par les peulh, qui représentent 77% de cette population. La majorité de ces éleveurs pratiquent parallèlement à cette activité, d’autres activités socioprofessionnelles. Les animaux sont confiés aux bergers qui les conduisent au pâturage le matin et les ramènent dans l’après-midi contre une rémunération mensuelle de 1000FCFA par tête de bovin et 500FCFA par petit ruminant. L’alimentation est composée de pailles, fanes de niébé, son de riz, de mil ou de maïs.
Le système intensif
Le système intensif se pratique en zone périurbaine. Il concerne les coopératives laitières sur les périmètres irrigués et les systèmes améliorés que l’on rencontre au niveau des fermes privées. L’élevage intensif est la pratique de certains éleveurs du secteur tertiaire (commerçants, fonctionnaires). Dans ce système, les animaux sont en stabulation libre dans des enclos ou des étables (cas de la station de Kirkissoye) et bénéficient d’un apport en bourgou (Echinocloa stagnina), en graines de coton et en drêche de brasserie etc.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I: GENERALITES SUR L’ELEVAGE AU NIGER
I.1. Présentation du Niger
I.1.1. Situation géographique et démographique
I.1.2. Le relief et les cours d’eau
I.1.3. Le climat et la végétation
I.2. Rôle et place de l’élevage au Niger
I.2.1. Le cheptel
I.2.2. Contribution de l’élevage dans l’économie du Niger
I.2.3. Contribution de l’élevage dans la production agricole
I.2.4. Contribution de l’élevage dans l’offre locale de produits animaux (viande, lait, œufs…)
I.2.5. Contribution monétaire de l’élevage pour les ménages
I.3. Présentation des abattoirs frigorifiques du Niger
I.3.1. Abattoir frigorifique de Niamey
I.3.2. Abattoirs frigorifiques de Maradi, Tahoua et Zinder
I.3.3. Problèmes et perspectives dans ces trois (3) abattoirs
CHAPITRE II: INSPECTION DES VIANDES AU NIGER
II.1. Les bases règlementaires de l’inspection au Niger
II.1.1. l’inspection sanitaire des animaux sur pied ou anté-mortem
II.1.2. L’inspection d’hygiène des viandes de boucherie ou inspection postmortem
II.2. Inspection sanitaire et de salubrité des viandes
II.2.1. Introduction
II.2.2. But
II.2.3. Conditions générales de l’inspection
II.2.4. Sanctions de l’inspection
II.3. Techniques de l’inspection sanitaire et de salubrité des viandes
II.3.1. Inspection ante mortem
II.3.2. Surveillance des conditions de transport et de débarquement des animaux de boucherie
II.3.3. Inspection post mortem
II.3.4. Surveillance des conditions hygiéniques de préparation et de stockage des viandes fraiches
DEUXIEME PARTIE: ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I: MATERIEL ET METHODES
I.1. Période et Zones d’étude
I.1.1. Période d’étude
I.1.2. Zones d’étude
I.2. Matériel
I.2.1. Matériel animal
I.2.2. Revue documentaire
I.3. Méthodes
I.3.1. Les activités de terrain
CHAPITRE II : RESULTATS
II.1. Données sur les abattages
II.1.1. Les abattages à l’abattoir frigorifique de Niamey
II.1.2. Les abattages à l’abattoir frigorifique de Maradi
II.1.3. Les abattages à l’abattoir frigorifique de Tahoua
II.1.4. Les abattages à l’abattoir frigorifique de Zinder
II.1.5. Statistiques des abattages
II.2. Analyse quantitative des motifs de saisies chez l’espèce bovine de 2010 à 2015
II.2.1. Les motifs de saisies à l’abattoir frigorifique du Niamey
II.2.2. Les motifs de saisies à l’abattoir frigorifique du Maradi
II.2.3. Les motifs de saisies à l’abattoir frigorifique du Tahoua
II.2.4. Les motifs de saisies à l’abattoir frigorifique du Zinder
II.3. Estimation des pertes et les problèmes socio-économiques liés aux saisies
II.3.1. Estimation des pertes liées aux saisies
II.3.2. Les problèmes sociaux liés au retrait des organes
CHAPITRE III : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
III.1. DISCUSSION
III.1.1. Choix du cadre de l’étude
III.1.2. Limite de l’étude
III.1.2.2. Conditions de préparation et d’inspection des viandes
III.1.3. Motifs de saisies rencontrés dans les abattoirs frigorifique du Niger de 2010-2015
III.1.5. Estimation des pertes liées aux saisies
III.2. RECOMMANDATIONS
III.2.1. A l’Etat et ses partenaires
III.2.2. Aux abattoirs et les services d’élevage
III.2.3. Coopération avec les laboratoires et les services d’élevage
III.2.4. Coopération avec les services médicaux locaux
CONCLUSION GENERALE