Etude phytosociologique des prairies hygrophiles et des milieux humides annexes en zone natura

J’ai réalisé mon stage de fin d’études validant ma formation dans la filière IUP IMACOF au sein du service environnement du Parc Naturel Régional de la Brenne (PNRB). Situé aux confins du Berry, de la Touraine et du Poitou, le PNRB est inclus en totalité dans la région Centre et le département de l’Indre. Créé en 1989 sous la forme d’un syndicat mixte, il s’étend sur 166 000 hectares et regroupe 47 communes, majoritairement rurales. La principale originalité du PNRB est son insertion au cœur d’une région naturelle présentant une mosaïque de milieux extrêmement variés allant des prairies d’élevage, bois, landes, fourrés, buttons*, friches, cultures aux marais et étangs. Ces derniers, particulièrement nombreux, ont valu à cette région l’appellation de « Pays des mille étangs ». Conscient de cette indéniable richesse biologique, la protection et la mise en valeur du patrimoine naturel constituent une des cinq missions inscrites dans la charte du Parc. De plus, le PNRB anime trois sites Natura 2000 sur son territoire dont le site « Grande Brenne» qui couvre 58000 hectares d’un seul tenant dont 24360 hectares étaient identifiés en prairies en 1995. Sur ce qui constitue aujourd’hui le site « Grande Brenne », le PNRB propose depuis 1990 des diagnostics écologiques aux exploitants agricoles candidats à diverses opérations contractuelles (OGAF environnement, Opération Locale Prairie, Contrat Territorial d’Exploitation et Contrat d’Agriculture Durable). Il s’agit de diagnostics écologiques en majorité liés à la botanique (habitats, flore remarquable). Ils sont réalisés gratuitement par le Parc. Aujourd’hui, avec la conditionnalité des aides agricoles de la Politique Agricole Commune (PAC), les agriculteurs vont avoir besoin de connaître le patrimoine naturel de leur exploitation de manière beaucoup plus précise. En effet, le versement des aides financières de la PAC aux exploitants sera conditionné par le respect d’un certain nombre de directives européennes dont la Directive « Habitats-Faune-Flore». Ce dernier implique la mise en œuvre de mesures de gestion pour assurer un état de conservation favorable aux habitats naturels et aux espèces de faune et de flore sauvages d’intérêt communautaire. Dans ce contexte, le Parc propose cette année aux agriculteurs de la « Grande Brenne » de réaliser une analyse des habitats prairiaux et milieux annexes de la zone précitée. Par la suite, cette analyse pourrait servir de base pour l’établissement de la future mesure opérationnelle qui succèdera aux Contrats d’Agriculture Durable sur les exploitations agricoles du site « Grande Brenne ». Mon travail au PNRB a consisté à réaliser un diagnostic botanique des milieux prairiaux en « Grande Brenne », de façon à informer les exploitants de la présence d’habitats naturels d’intérêt communautaire sur leurs parcelles, et ainsi leur permettre de répondre aux exigences européennes en terme de respect des habitats naturels. Par la suite, à partir des données floristiques récoltées lors des inventaires floristiques, j’ai effectué une étude phytosociologique des prairies hygrophiles et de quelques milieux humides annexes. Ces prairies, particulièrement liées aux étangs et aux prairies mésophiles, sont des écosystèmes complexes à appréhender, peu étudiés jusqu’à présent. De plus, elles possèdent des valeurs écologiques et paysagères particulières. Je me suis donc appliqué à les caractériser d’un point de vue phytosociologique au moyen de techniques numériques de traitement des relevés, en rattachant les différents groupements végétaux identifiés à la littérature disponible. Ensuite, je me suis intéressé à observer comment elles s’organisaient les unes par rapport aux autres.

Présentation du site Natura 2000 « Grande Brenne »

Caractéristiques physiques

Situation géographique
Le site Natura 2000 « Grande Brenne » est localisé au sud de la région Centre et presque exclusivement dans le département de l’Indre : seules quelques dizaines d’hectares sont situées en Indre-et-Loire à la pointe Ouest du site (Figure 1). Les 160 km du périmètre du site délimitent une surface d’environ 58000 ha, formant une sorte de pentagone entre les communes de Buzançais, Neuillay-les-bois, Chitray, Ruffec et Martizay. Ce périmètre définit une indéniable unité paysagère, écologique et économique basée sur la présence en son sein du complexe « étang-prairie ». Il isole ainsi un territoire à forte concentration de surface en eau et en herbe par rapport à une périphérie de grande plaine où les surfaces cultivées sont nettement plus importantes. Les contours du site reprennent des tracés facilement identifiables: la route du Blanc à Châtillon sur Indre et la Nationale 20 marquent respectivement les limites ouest et est, la vallée de la Claise et de son affluent l’Yoson marquent la limite nord et la vallée de la Creuse la limite sud. 23 communes sont incluses pour tout ou partie dans le périmètre et 19 d’entre elles adhèrent au PNRB.

Topographie
Le site se situe sur un plateau peu accidenté de 100 m d’altitude en moyenne. Il est coupé en deux selon un axe est-ouest par un anticlinal de grès dur atteignant 115 à 125 m d’altitude. En dehors de cette ligne de crête, les rares reliefs sont constitués par de petits monticules de grès appelés buttons* (buttes-témoins) qui dominent le plateau de 10 à 30 mètres. Le Château du Bouchet, construit sur le plus haut d’entre eux, domine l’ensemble de la Brenne avec une altitude de 133 m.

Géologie
L’aire de la Brenne s’individualise au Tertiaire il y a 40 millions d’années. A cette époque, un lent effondrement du substratum crée une vaste cuvette capable de piéger les eaux boueuses des torrents qui descendent alors du Massif Central. Des argiles et des sables argileux s’accumulent dans cette cuvette pendant l’Eocène (Figure 2). Ces sédiments, appelés « formations de Brenne », riches en concrétions ferrugineuses, atteignent par endroit 30 m d’épaisseur. A ces épandages succède une phase de pédogenèse* au cours de laquelle se forme un grès dur de couleur rouge brique (oxyde de fer). Suite à des processus d’érosion, seuls les buttons, protégés par une cuirasse grésifiée où le fer est encore plus présent, subsistent de la surface initiale. Au quaternaire, la période des glaciations s’accompagne du creusement des vallées (Creuse notamment) et de la formation des terrasses alluviales. Le paysage est en place et ne subira plus que de légères modifications : adoucissement du relief en climat périglaciaire, dépôt de sables éoliens, éolisation* des roches.

Caractéristiques socio-économiques

Historique

L’étymologie du mot Brenne est incertaine. RASPLUS (1982), indique que « l’étymologie du mot Brenne (LITTRE p. 1241), issu du celtique bren qui signifie ordure, excrément, évoque la nature détritique des dépôts et le caractère ingrat des sols qui en dérivent. » Selon COULON (in DAUDON, 1992), « il se peut que ce terme ait été forgé au Moyen-Age, à partir du latin populaire brennus (fange, boue, excrément), suggérant déjà la présence de marécages, malgré un paysage à dominante boisée. ».

A l’origine, la Brenne devait majoritairement être boisée. Dès le XIème siècle, les moines des abbayes de St-Cyran et de Méobecq, profitant de l’imperméabilité des sols, construisent les premiers étangs pour la pisciculture et pour constituer des réserves d’eau. Cette création d’étangs s’est accompagnée par le défrichement des bois et elle s’est considérablement accélérée entre le XIIIème et le XVIème siècle. La prolifération des étangs est vite sujette à controverses et dès le XVIIIème siècle, la Brenne est considérée comme insalubre et fait l’objet de sombres descriptions où les étangs sont cause de tous les maux. Ainsi, le Préfet DALPHONSE, dans  sonMémoire statistique (DALPHONSE, 1804), fait de la Brenne un tableau lamentable : « Aucune plantation d’arbres, aucune eau courante, le sol couvert d’étangs dégage des miasmes empoisonnés, les hommes sont malades (paludisme) et les enfants sont frappés dès le sein de leur mère. Les animaux eux-mêmes sont rabougris et l’herbe qui pousse sur ce sol maudit est une herbe aigre […] (in RALLET, 1935). Sous le Second Empire, de grands travaux d’assainissement sont menés (curage, assèchement d’étangs, creusement de puits), apportant une solution à la situation d’insalubrité. Malgré toutes ces transformations, la Brenne est toujours restée à l’écart des grands courants d’échanges d’idées et de techniques et demeure ainsi une région défavorisée.

Situation actuelle

Aujourd’hui, la faible potentialité agronomique des sols, la faible démographie et l’isolement de cette région ont peu évolué et constituent des obstacles à son développement économique. De plus, l’exode rural amorcé au début du XXème siècle se poursuit encore en Brenne. Ainsi, la variation de population est globalement négative : – 0,47% de 1975 à 1990. De plus, la population est vieillissante et la part des « plus de 60 ans » représente le double de la moyenne nationale (in Charte constitutive du Parc, 1989). La densité moyenne de population est de 16,6 hab./km² mais les communes sont très hétérogènes et certaines présentent moins de 10 hab./km². Concernant les activités humaines, 5 secteurs économiques dominent en « Grande Brenne » :
– L’agriculture : elle est caractérisé par la présence de surfaces importantes en prairie, principalement vouées à l’élevage bovin, lesquelles sont en constante régression sous l’effet de la déprise agricole. Le prix élevé des terres à vocation cynégétique est un frein à l’extension des exploitations et à fortiori à l’installation de jeunes agriculteurs.
– La pisciculture : la Brenne est la 3ème région d’étangs de France en superficie (11000 ha d’eau, ITAVI, 1997) et la filière piscicole concerne plus de 200 pisciculteurs pour une production d’environ 2000 tonnes de poisson par an, avec une dominance de l’élevage de Carpes.
– La sylviculture : la propriété forestière, uniquement privée en « Grande Brenne », occupe une surface de 14000 ha avec une nette dominance des taillis simples et des taillis sousfutaie.
– La chasse : elle constitue une source de revenu non négligeable localement et conditionne désormais la valeur foncière du territoire. Trois grands types de chasses se distinguent en Brenne : chasse en grande propriété où le propriétaire est chasseur, chasse louée en grande et moyenne propriété et chasse dans le cadre de sociétés communales pour les petites propriétés.
– Le tourisme : jusqu’alors marginal, le tourisme en Brenne se développe actuellement en se tournant vers la découverte et l’observation de la nature .

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Table des matières

INTRODUCTION
I. CADRE DE L’ÉTUDE
I.1. Présentation du site Natura 2000 « Grande Brenne »
I.2. Contexte et objectifs de l’étude
II. MATÉRIELS ET MÉTHODES
II.1. Définitions et milieux concernés par l’étude
II.2. Bibliographie
II.3. Approche phytosociologique
II.4. Techniques numériques de classification des relevés phytosociologiques
II.5. Construction des tableaux phytosociologiques élaborés
II.6. Interprétation des tableaux phytosociologiques élaborés
II.7. Limites
III. RÉSULTATS
III.1. Analyse bibliographique
III.2. Résultats des techniques numériques de traitement des relevés
III.3. Présentation des groupements végétaux identifiés
IV. SYNTHÈSE
IV.1. Essai de synsystème des prairies hygrophiles et des milieux humides annexes de la « Grande Brenne »
IV.2. Comparaisons avec la littérature
IV.3. Syndynamique des prairies à Juncus acutiflorus de la « Grande Brenne »
V. VALEUR PATRIMONIALE DES PRAIRIES HYGROPHILES ET DES MILIEUX HUMIDES ANNEXES
V.1. Flore
V.2. Groupements végétaux
V.3. Faune
V.4. Paysage
VI. ÉLÉMENTS DE GESTION DES PRAIRIES A JONC ACUTIFLORE
VI.1. Préalables à une gestion
VI.2. Acteurs concernés par la gestion
VI.3. Rappel des caractères sensibles de l’habitat
VI.4. Définition des objectifs de gestion
VI.5. Interventions possibles
VI.6. Suivi scientifique et financements potentiels
VII. DISCUSSION
VII.1. Observations sur les groupements végétaux identifiés
VII.2. Limites de l’étude
VII.3. Perspectives
CONCLUSION
GLOSSAIRE
BIBLIOGRAPHIE

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