Pendant longtemps, les plantes médicinales ont été une source inépuisable de médicaments pours les tradipraticiens pour guérir certaines pathologies souvent mortelles sans savoir à quoi étaient dues leurs actions bénéfiques. Actuellement, l’ethnopharmacologie s’emploient à recenser, partout dans le monde, des plantes réputées actives et dont il appartient à la recherche moderne de préciser les propriétés et valider les usages. La recherche de nouvelles molécules doit être entreprise au sein de la biodiversité végétale en se servant de données ethnopharmacologiques. Cette approche permet de sélectionner des plantes potentiellement actives et d’augmenter significativement le nombre de découvertes de nouveaux actifs (Pelt, 2001). Jusqu’à présent, sur les 300000 espèces végétales recensées, on estime que seules 15% d’entre elles ont été étudiées sur le plan phytochimique, dont 6% pour leurs activités biologiques (Verpoorte, 2002), ce qui fait des plantes un réservoir de molécules bioactives encore peu exploré.
Les substances naturelles et les plantes en particulier représentent une immense source de chimiodiversité, avec souvent des structures très originales dont une synthèse totale et rentable (complexité structurale, stéréospécificité…) est souvent difficile à réaliser. Ces dernières années, nous assistons à un regain d’intérêt des consommateurs pour les produits naturels. C’est pour cela que les industriels développent de plus en plus des, procédés mettant en œuvre des extraits et des principes actifs d’origine végétale. Parmi ces nouveaux composés potentiellement intéressants, les antioxydants, tels que les flavonoïdes, ont été particulièrement étudiés en raison de leur utilisation dans les domaines pharmaceutiques, cosmétiques et alimentaires pour leurs effets bénéfiques pour la santé. De nos jours, plus de 3000 flavonoïdes sont identifiés et se trouvent localiser particulièrement dans les pigments floraux ou dans les feuilles (Marfak, 2003). Les flavonoïdes sont reconnus essentiellement pour leur action antioxydante, modulatrice de l’activité de certaines enzymes, vasculoprotectrice (Vitor et al., 2004), anti-inflammatoire (Chen et al.,2008) et antidiabétique (Marfak, 2003). L’intérêt accru des antioxydants d’origine naturelle dans le but d’augmenter la conservation des aliments s’explique par le fait que certains antioxydants synthétiques présentent des risques de cancérogénicité.
L’Algérie, pays connu par ces ressources naturelles, dispose d’une flore singulièrement riche et variée. On compte environ 3000 espèces de plantes dont 15% endémique et appartenant à plusieurs familles botaniques (Gaussen, 1982). Néanmoins, il faut noter que, d’une part, le nombre d’espèces végétales diminue et que d’autre part, le savoir des médecines traditionnelles tend lui aussi à disparaître progressivement. Il en résulte une urgence à connaître et protéger ces espèces et les savoirs qui leur sont associés. La recherche de molécules bioactives d’origine naturelle constitue d’ailleurs un des axes prioritaires de l’industrie pharmaceutique algérienne mais également des médecins et des chimistes cherchent à mieux connaître le patrimoine des espèces spontanées utilisées en médecine traditionnelle.
Aperçu bibliographique sur la plante étudiée : Marrubium vulgare
Famille des Lamiacées
La famille des Lamiacées est composée de près de 258 genres et 6970 espèces d’herbes, d’arbustes et d’arbres, à tige quadrangulaire et à inflorescences verticillées. Les feuilles sont généralement opposées ou verticillées, simples ou très rarement pennatiséquées ; il n’y a pas de stipule. Les fleurs sont bisexuées et zygomorphes, les inflorescences sont en cymes bipares puis unipares (Par manque de place). Le calice est synsépale, typiquement 5-mère, parfois bilabié et porte 5 à 15 nervures protubérantes. La corolle est sympétale et typiquement bilabiée, avec deux lobes formant une lèvre supérieure et trois lobes formant la lèvre inférieure. L’androcée peut consister soit en quatre étamines didynames, soit en seulement deux étamines soudées au tube de la corolle ou à la zone périgyne et alternant avec les lobes. (Guignard, 2001, Quezel et Santa, 1963).
Distribution
Selon Judd et al., (2002), la distribution géographique des lamiacées est cosmopolite. Les Lamiacées sont rencontrées sous tous les climats, à toutes les altitudes. Certains des 200 genres que compte la famille sont quasiment cosmopolites, d’autres ont une distribution plus restreinte. Rare dans le milieu forestier tropical, les Lamiacées se concentrent dans la région méditerranéenne (Bruneton, 2001). Les Lamiacées comprennent environ 2 500 espèces dont l’aire de disposition est extrêmement étendue, elles sont particulièrement abondantes dans la région méditerranéenne (Crété, 1965). Les Lamiacées sont surtout des plantes méditerranéennes qui, au Sahara ne se rencontrent guère que dans la région présaharienne et dans l’étage supérieur du Hoggar, sauf les trois espèces Marrubium deserti, Salvia aegyptica et Teucrium polium qui sont plus largement répandues et en particulier, les deux 1éres espéces (Ozenda, 2004).
Intérêt économique
La famille renferme de nombreuses espèces économiquement importantes soit par leurs huiles essentielles, soit pour leur usage condimentaire, elles appartiennent aux genres Mentha (la Menthe), Lavandula (la Lavande), Marrubium (le Marrube) , Nepeta (L’Herbe aux chats), Ocimum (le Basilic), Origanum (l’Origan), Rosmarinus (le Romarin), Salvia (la Sauge), Satureja (la Sarriette) et Thymus (le Thym). Les tubercules de quelques espèces de Stachys sont comestibles. Tectona (le Tek) fournit un bois d’œuvre important. De nombreux genres contiennent des espèces ornementales : on peut citer parmi eux Ajuga, Callicarpa, Clerodendrum, Monarda, Salvia, Scutellaire et Vitex (Judd et al., 2002). Un très grand nombre de genres de la famille des Lamiaceae sont des sources riches en terpènoides, flavonoïdes et iridiodes glycosylés. Le genre Phlomis comprant prés de 100 espèces est particulièrement riche en flavonoides, phénylethanoides, phenylpropanoides et en iridoides glycosilés. Le genre Salvia, comprenant près de 900 espèces majoritairement riche en diterpènoides et le genre Marrubium avec environ 30 espèces réparties dans un grand nombre de pays du globe (Bonnier, 1909).
Genre Marrubium
Aspect botanique
Le genre Marrubium comporte quelque 40 espèces, répandues principalement le long de la méditerranée, les zones tempérées du continent eurasien et quelques pays d’Amérique Latine (Rigano, 2006, Meyre, 2005). Le genre Marrubium est muni d’un calice à 10 dents, dont les 5 commissurales plus courtes, toutes terminées en pointe épineuse. C’est un Arbuste à tiges et face inférieure des feuilles blanches tomenteuses. Les inflorescences sont en glomérules verticillés. Les bractées sont linéaires aigues. Les fleurs sont blanches. En Algérie, on retrouve 6 espèces différentes au sein de ce même genre : Marrubium vulgare, Marrubium supinum, Marrubium peregrinum, Marrubium alysson, Marrubium alyssoide Pomel et Marrubium deserti de Noé : (Quezel et Santa, 1963).
Aspect phytochimique
Les études phytochimiques effectuées sur le genre Marrubium (Ashkenazy et al., 1983) au regard des données bibliographiques ont permis d’isoler un grand nombre de métabolites secondaires tels que les flavonoides, les sesquiterpènes, les diterpènes, les triterpènes et les tanins.
Sesquiterpènes
Ce sont des hydrocarbures de formule C15H24, soit une fois et demie (sesqui) la molécule des terpènes vrais (en C10H16). Ils peuvent être acycliques, monocycliques, bicycliques ou tricycliques.
– Composés acycliques : On peut citer le farnésène et le farnésol (alcool correspondant du farnésène, essence de Tilleul, (baumes du Pérou et de Tolu). Le nérolidol, isomère du farnésol (essence de Néroli, baume du Pérou).
– Composés monocycliques : Le zingibérène (du Gingembre), L’humulène (du Houblon).
– Composés bicycliques : Le cadinène (du goudron de Cade).
– Composés tricycliques : Les santalènes (du Santa), Les santalols, alcools correspondants des santalènes.
On peut rattacher aux sesquiterpènes, en raison de leur structure, des lactones comme la santonine, l’hélénine, substances non volatiles mais sublimables. Ces composés, non saturés, sont constitués par deux cycles penta- et heptacarbonés ; on trouve dans ce groupe le guaïazulène (du Gaïac), les vétivazulènes, le chamazulène (des essences de Chamomille et de Matricaire) (Bruneton, 1987).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : ETUDE PHYTOCHIMIQUE DE LA PLANTE
1. INTRODUCTION
2. Aperçu bibliographique sur la plante étudiée : Marrubium vulgare
2.1. Famille des lamiacées
2.2. Genre Marrubium
2.2.1. Aspects botanique
2.2.2. Aspects phytochimique
2.3. Espèce Marrubium vulgare
2.3.1. Localisation et répartition
2.3.2. Composition chimique
2.3.3. Utilisation
2.3.4. Formes d’utilisations et posologies
2.3.5. Contre-indications et effets indésirables
3. MATERIEL ET METHODES
3.1. Matériel utilisé
3.1.1. Matériel végétal
3.2. Méthode suivies
3.2.1. Tests biochimiques préliminaires
3.2.2. Préparation de l’extrait brut méthanolique
3.2.3. Dosage des composés phénoliques totaux
3.2.4. Extraction des flavonoides
3.2.5. Extraction des tanins
3.2.6. Séparation des flavonoides par Chromatographie sur Couche Mince CCM
3.2.7. Séparation des tanins par Chromatographie sur Couche Mince CCM
3.2.8. Analyse des extraits par chromatographie liquide à haute performance HPLC
4. RESULTATS
4.1. Tests biochimiques préliminaires
4.2. Rendement de l’extrait brut méthanolique
4.3. Teneur des composés phénoliques totaux dans l’extrait brut méthanolique
4.4. Teneur en flavonoides
4.5. Teneur en tanins
4.6. Chromatographie sur couche mince des flavonoides
4.7. Chromatographie sur couche mince des tanins
4.8. Résultats des analyses par HPLC des différents extraits : extrait brut méthanolique, extrait flavonoidique, extrait tanique
5. DISCUSSION
6. CONCLUSION
CHAPITRE II ACTIVITE ANTIMICROBIENNE
1. INTRODUCTION
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Matériel Utilise
2.1.1. Extraits de Marrubium vulgare
2.1.2. Souches bactériennes
2.1.3. Souches fongiques
2.1.4. Les molécules de références : antibiotique et antifongiques
2.2. Méthode suivies
2.2.1 Etude de l’activité antibactérienne et antifongique
3. RESULTATS
3.1. Activité antibactérienne de l’extrait flavonoidique
3.2. Activité antifongique de l’extrait flavonoidique
3.3. Activité antibactérienne de l’extrait tannique
3.4. Activité antifongique de l’extrait tannique
4. DISCUSSION
5. CONCLUSION
CHAPITRE III ACTIVITE ANTIOXYDANTE
1. INTRODUCTION
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Evaluation de l’effet antioxydant des extraits
2.1.1. Réduction du fer : FRAP (Ferric Reducing Antioxidant Power)
2.1.2. Piégeage du radical libre DPPH (2,2-diphényle-1-picrylhydrazyl)
2.1.2.1. Evaluation du potentiel anti-radicalaire par le calcul de l’ IC50
3. RESULTATS
3.1. Réduction du fer (FRAP)
3.2. Piégeage du radical libre DPPH (2.2-diphényl-1-picrylhydrazyl)
3.2.1. Evaluation de l’IC50
4. DISCUSSION
5. CONCLUSION
CHAPITRE IV ACTIVITE ANTIHEPATOTOXIQUE
1. INTRODUCTION
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Matériel utilise
2.1.1. Matériel animal
2.1.2. Tétrachlorure de carbone CCl4
2.1.3. Insecticide (Decis expert)
2.2. Méthode suivies
2.2.1. Préparation des solutions de CCl4 et l’insecticide (Decis expert)
2.2.2. Préparation des solutions à base d’extrait brut méthanolique
2.2.3. Détermination de la DL50 de l’extrait brut méthanolique de la plante
2.2.4. Détermination de la DL50 de l’insecticide (Decis expert)
2.2.5. Détermination de la DL50 Tétrachlorure de carbone (CCl4)
2.2.6. Evaluation de l’activité antihépatotoxique
2.2.6.1. Protocole expérimental
2.2.6.2. Prélèvement de sang
2.2.6.3. Dosage des paramètres biochimiques sériques
2.2.6.4. Prélèvement du foie
2.2.6.5. Dosage des enzymes antioxydants du foie
2.2.6.5. L’étude histopathologique
2.2.7. Etude statistique
3. RESULTATS
3.1. Détermination de la DL50 de l’extrait brut méthanolique de la plante
3.2. Détermination de la DL50 de l’insecticide
3.3. Evaluation de l’activité antihépatotoxique
3.3.1. Effet sur le poids
3.3.2. Effet sur les teneurs en enzymes sériques
3.3.3. Effet sur les autres paramètres biochimiques sériques
3.3.4. Effet sur les teneurs en enzymes antioxydants du foie
3.3.5. Etude histopathologique
3.4. Analyses statistique
4. DISCUSSION
5. CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE