Etude narratologique de quelques éléments d’un roman

Description de l’œuvre

   « Ce que le Jour doit à la Nuit » est un roman volumineux, le contenu est étalé sur 515 pages, édité par Sedia en 2008, à Alger. Sa couverture est particulièrement sobre, accompagné d’un bandeau, qui contient une photo de l’auteur, de face, centré uniquement sur son visage. A la dernière couverture, l’éditeur présente le roman par l’emploi d’un extrait de ce dernier. Un extrait a travers du quel nous pourrions souligner dès lors qu’il s’agit d’un récit tragique et douloureux où les évènements réels et historiques sont inserts : « Parfois, mon oncle recevait des gens dont certains venaient de très loin; Des Arabes et des Berbères, les uns vêtus à l’européenne, les autres arborant des costumes traditionnels. C’était des gens importants, très distingués. Ils parlaient tous d’un pays qui s’appelait l’Algérie; pas celui que l’on enseignait à l’école ni celui des quartiers huppés, mais d’un autre pays spolié, assujetti, muselé et qui ruminait ses colères comme un aliment avarié – l’Algérie de Jenane Jato, des fractures ouvertes et des terres brûlées, des souffre-douleur et des portefaix… un pays qu’il restait à redéfinir et où tous les paradoxes du monde semblaient avoir choisi de vivre en rentiers ». A cet égard, alors nous pourrions dire que l’auteur tente de rendre son texte plus sincère en retraçant à travers cette saga un pan de l’histoire d’une Algérie colonisée. Où se mêlent des histoires d’amours, d’amitiés, de haine et de rancunes. Structuré en quatre chapitres, qui sont :
 Chapitre I « Jenane Jato » : du paragraphe 1 au paragraphe 7, situé entre les pages 11 et 146.
 Chapitre II « Rio Salado »: du paragraphe 8 au paragraphe 11, situé les pages 151 et 247.
 Chapitre III « Emilie »: du paragraphe 12 au paragraphe 19, situé entre les pages 251 et 465.
 Le Chapitre IV intitulé« Aix-en-Provence (aujourd’hui)» ne mentionnant aucun numéro de paragraphe, est situé entre les pages 469 et 515.

La réception du roman

   Yasmina khadra avait le privilège de s’adresser à deux publics, en écrivant en français, comme le cas d’ailleurs de tous les auteurs qui écrivent en la langue de l’autre. Cependant, sa préférence est d’écrire pour l’élite française, d’une part, dans le but de se procurer une reconnaissance auprès d’elle pour ces écrits, et de l’autre part accordée une place importante à la littérature algérienne parmi les autres. Donc notre but est d’étudier les critiques accordées à ce roman Ce que le jour doit à la nuit, à savoir la critique algérienne et française. Comme nous l’avons remarqué, Yasmina Khadra ne cesse d’élargir les espaces de la diffusion de ses romans. C’est de cette manière que nous verrons que toutes les catégories de lecteurs sont invitées à le découvrir. Son écriture est élégante, poétique et marquée par une nostalgie persistante. Les critiques journalistiques et universitaires ne cessent de louanger ce roman. Il est notamment l’objet de plusieurs études, « Boudé par les grands littéraires « parisianistes », malgré une critique enthousiaste et un gros succès de librairie, le livre finit par s’imposer. […] (Ainsi il est qualifié de) meilleur livre jamais écrit sur l’Algérie coloniale » par le journaliste Claude Sérillon. De même, cette œuvre a suscité une « grande stupéfaction auprès de nombreux critiques constatant sa « disqualification systématique » par les Grands Prix d’automne, « traditionnellement hostiles aux chantres de la littérature algérienne, de Dib à Boudjedra » . Pareillement pour le journaliste et producteur français Francois Busnel qui considère ce roman comme étant « un grand roman d’amour». Yasmina Khadra dévoile à ce propos : « Le roman a été tout de suite épuisé et les critiques ont été excellentes. […] Je crois que mon amour a triomphé dans ce roman. La preuve, il a touché différentes communautés. C’est mon plus grand succès au Japon, au Canada, en Belgique, en Espagne, c’est-à-dire là où le facteur historique n’a pas cours… […] J’étais persuadé que mon roman allait rencontrer un large public, en particulier en France et en Algérie où il connaît encore et constamment des ruptures de stock. Des pieds-noirs m’avaient confié : « Jamais on n’a voulu ouvrir cette boîte de Pandore, jamais ! Quand on est partis, chaque valise était la tombe de nos souvenirs. On était partis pour de bon, pour ne plus nous retourner, et puis ce livre nous à réveillés, nous a éveillés à ce que nous avions de beau, à ce que nous avions de bon, à ce que nous avions d’humain. » Ce que le jour…est d’ailleurs mon deuxième grand succès en France après L’Attentat. En Algérie, il est le titre le plus demandé aussi bien par l’ancienne génération que par ses petits-enfants » Mais de l’autre côté, nous soulignons une seconde position, qui est celle d’un psychanalyste et écrivain algérien Karim Sarroub , qui l’accusait de plagiat. Une accusation qui noircit la carrière de l’auteur, en l’exposant, dans un article publié sur lemonde.fr et sur son blog, sa requête tout en présentant le roman plagié de Youcef Dris, intitulé « Les amants de Padovani » publié en 2004. En outre Ce que le jour doit à la nuit sera adopté pour le petit et le grand écran, trois ans seulement après sa publication, par le réalisateur et producteur français: Ce dernier s’est attaché épurement à cette histoire de Khadra, vu qu’il a vécu lui même la déchirure imposée aux pieds-noirs en 1962, lorsqu’ils devaient quitter dans la précipitation leur terre natale, pour débarquer en France et découvrir l’hostilité qu’elle leur réverse. Et dans une interview, il parle de sa découverte inoubliable : « C’est en vacances à l’étranger il y a déjà maintenant trois ans, que j’ai eu connaissance du roman de Yasmina Khadra Ce que le jour doit à la nuit en lisant une critique dans un journal […] Il s‘agissait de l’Algérie et du destin « incroyable » d’un petit garçon « Younes » devenu « Jonas », dans l’Algérie française des années 40 à 62. L’histoire d’une vie et d’un amour impossible […] J’étais totalement transporté. Je me sentais tellement en osmose avec cette histoire que j’avais l’impression – et je l’ai souvent dit à Yasmina depuis – que ce livre était arrivé comme le destin, et que si j’avais fait du cinéma, c’était pour porter à l’écran un tel sujet. Il me semblait que tout mon apprentissage, toute mon expérience de cinéaste étaient tendus dans l’attente inconsciente d’un roman comme celui-là ». Cependant, le message de cette production cinématographique est parfaitement dévoilé par le réalisateur lui-même, qui prononce : « […] C’est un film sur la fraternité, Yasmina Khadra a écrit ce roman dans l’apaisement, et avec un regard clairement défini, avec une forme de loyauté. La loyauté de l’histoire et sur les hommes et les femmes qui ont habité cette Algérie à ce moment précis. Sans oublier la souffrance, les déchirures et les exclusions que l’on retrouve dans le roman mais ce qui prédomine avant toute chose, reste effectivement, la fraternité »

Le titre : définition, fonctions et interprétation

   Le titre, dans le monde romanesque, est la première indication significative, qui interpelle le lecteur. C’est l’image première de l’histoire représentée dans un livre. D’une part, il suscite la curiosité et l’envie de lecture, dès le premier contact avec le livre. autrement dit, c’est l’élément « paratextuel » le plus vue, et cela fait de lui un intermédiaire important entre le lecteur et le livre. D’autre part, il fournit, dès lors une première réflexion sur le contenu du récit. Étymologiquement parlant, le mot « titre » vient du latin «titulus », qui signifie « rang, étiquette ou fonction ». Effectivement, un titre est d’abord « mention, au début d’un ouvrage, du sujet ou de la formule par laquelle l’auteur le désigne (…) Inscription mise au commencement d’un livre pour faire connaitre le sujet de l’ouvrage ». Ceci dit, il est constitué, d’un élément « qui indique, annonce quelque chose ». En littérature, ce concept est désigné comme un « texte à propos d’un texte ». Il a suscité plusieurs réflexions, et a incité de nombreuses études qui ont donné naissance à une nouvelle discipline de la critique littéraire, dont le premier souci serait l’analyse des titres ou la titrologie, telle qu’elle a été nommée par Claude Duchet. Ce dernier le définit comme : « (…) une information à laquelle s’ajoutent d’autres éléments sémiques et que le travail publicitaire tend à réduire aux normes d’une formule facilement mémorisable et douée d’une force d’impacte, soit, si l’on s’en rapporte aux spécialistes de ces techniques, un texte facile, dramatisé, économe de matériel verbal, et comportant surtout des mots pleins en petit nombre ». Ces définitions, nous mènent à préciser, en fait que le titre joue un rôle important dans la relation lecteur/ texte, effectivement, Claude Duchet explique que : « (…) Le titre et le roman sont en rapport de complémentarité et proclament leur interdépendance : l’un annonce, l’autre explique, développe un énoncé programmé, jusqu’à reproduire parfois en conclusion son titre comme mot de la fin, et clé de son texte » Selon Roland Barth, le titre augmente l’appétit des lecteurs pour le récit, il est à la fois une annonce qui promet une suite littéraire, et un moyen auquel cette suite est liée. Pour C.Achour et S.Rezzoug, dans Convergence critique, il est « une partie d’un ensemble et étiquette de cette ensemble » , ainsi rajoutent-ils, qu’il est considéré comme étant un « emballage », « mémoire ou écart » et « incipit romanesque » . C’est-à-dire, le titre présente un livre donné comme un produit à acheter, en anticipant le contenu du texte. Gérard Genette, de son coté, souligne quatre fonctions du titre : fonctions qui ne dépendent pas les unes des autres, et qui ne sont nécessairement pas présentes toutes à la fois :
a. La fonction de désignation.
b. La fonction descriptive.
c. La fonction connotative.
d. La fonction séductrice.
De même, il distingue les titres dits « thématiques, rhématiques et mixtes ». Quant à Leo Hoek, il décèle deux classes de titres ; subjectaux (c’est ceux qui annoncent le sujet du texte), et objectaux (c’est ceux qui désignent le texte en tant qu’objet). Ce que le jour doit à la nuit est un titre qui attire immédiatement l’attention du lecteur, on peut dire même qu’il le séduit, sans doute parce qu’il se présente en tant que résumé du récit. Ainsi « Ce que » est une interrogation indirecte. À travers laquelle (cette structure), l’auteur s’adresse aux lecteurs qui partent à la recherche d’une information, d’une réponse.

La naissance de l’école culturaliste

   C’est au milieu du XXème siècle, que l’anthropologie se lie à la psychanalyse grâce à l’école culturaliste américaine. Cette école nommée également « Culture et personnalité » véhicule l’idée que chaque individu est le produit du groupe social, dont il en fait parti. C’est-à-dire ce lieu social influence les comportements, les pensées et la personnalité de l’homme…Etc. « La culture est définie comme la somme globale des attitudes, des idées et des comportements partagés par les membres de la société, en même temps que les résultats matériels de ces comportements, les objets manufacturés. Au-delà des particularismes et de la diversité sociétale, il s’agit de mettre en évidence l’influence des institutions et des coutumes sur la personnalité. Pour dégager les traits spécifiques des différents modèles culturels, les culturalistes ont recueilli d’importants matériaux ethnographiques dans un grand nombre de sociétés archaïques d’Amérique et de l’Océanie» . Pour Ruth Benedict (1887-1948), anthropologue américain, et l’un des précurseurs de cette école culturalise, la culture est comme un patrimoine transmis de génération en génération. De sorte que nous parlerions en fait « d’hérédité culturelle ». Ralph Linton (1893-1953), quand à lui, il définit la culture comme:« la configuration des comportements appris et de leurs résultats, dont les éléments composants sont partagés et transmis par les membres d’une société donnée ». De son coté, Margaret Mead (1901-1978), en les années 30, étudie les rapports entre les sexes dans trois sociétés traditionnelles. Pour démontré par la suite que les personnalités dites masculines/féminines, sont différentes selon les ethnies. Une personnalité en dépend principalement des rôles qu’impose une société à chacun d’eux. Ceci confirme que des modèles culturels (pattern) qui forment petit à petit un individu, seront adaptés par ce dernier sans en être conscient. Pour en résumer, la culture dans ce sens ; est vue comme un ensemble homogène de comportements et d’idées qui constituent une identité commune pour les membres d’une communauté. L’individu est entièrement façonné par la culture, du groupe dont il est issu : par le biais de l’éducation, pour en arriver aux comportements, les croyances, les pratiques, sa personnalité et voire sa vision de percevoir le monde…etc.

Culture regardée /regardante

   En se référant à l’histoire, nous avons pu voir que ses contacts « culturels » sont nés à partir du XIe siècle, où les relations commerciales « relations externes » connaissent un essor important. Plusieurs facteurs ont contribué à faciliter les échanges commerciaux entre les différentes cultures. Au XIXe siècle, en considérant la culture occidentale supérieure sur tous les plans, à savoir technique, scientifique, juridique, moral, religieux, artistique…etc., elle acquière donc une position dominante dans le monde. D’ailleurs, Claude Lévi-Strauss constatait, dans «Race et histoire »: « Loin de rester enfermées en elles-mêmes, toutes les civilisations reconnaissent, l’une après l’autre, la supériorité de l’une d’entre elle qui est la civilisation occidentale». La multiplicité des populations rassemblées sous l’emprise et le mépris colonial, favorise ce processus de contact entre les identités. C’est en fait ses contacts qui remettent en cause l’identité et « les limites entre le moi et le non-moi » . Cependant cette époque coloniale verra le jour sous prétexte «la mission civilisatrice » de cette puissance. Qui a pris beaucoup de formes : conquêtes, affrontements, pillages,invasions et déportations, mais aussi des transformations des cultures jugées inférieures. Cette puissance occidentale donc se serve des notions de « culture » et de «civilisation » comme des armes de propagande. Ainsi elle colonisa la plus grosse partie du monde grâce à sa supériorité militaire. Particulièrement en Algérien où leur domination était extrêmement longue: «la colonisation fut donc dénoncée comme un phénomène de domination ayant mis en place un mécanisme de destruction des cultures des peuples colonisés. Menacés de disparition, ces peuples représentés par leurs élites entendaient réagir afin de  revaloriser ou de favoriser le renouvellement de leurs cultures » Donc nous parlions de culture regardante VS regardée, lorsque la cohésion de deux cultures différentes permet à l’une d’influencer l’autre et sur tous les plans. Dans le cas du colonisateur / colonisé, les cultures et les civilisations sont largement différentes. Cependant, il y a la question de la supériorité d’une culture vis-à-vis de l’autre. À cette période, la séparation entre elles, s’impose parce que l’une d’elle n’est pas civilisée, ainsi elle constitue un groupe socialement et culturellement dominé. Ce qui fait que celle-ci doit accepter de recevoir de la culture supérieure d’une autre civilisation qui n’est pas la sienne. Donc c’est toute une culture qui écrase une autre, car la première restera toujours la plus forte et la plus efficace du moment qu’elle domine jours après jours l’autre. C’est ainsi que l’individu vivant dans des sociétés dites modernes ou développées et appartenant aux classes plutôt favorisées peut se situer facilement dans les sociétés traditionnelles.

La religion

   Devant la religion de l’autre, il y avait très peu de place pour des éléments musulmans. La civilisation judéo-chrétienne, est enracinée dans la culture du Même. Tandis que la culture algérienne prend source de la civilisation berbéro-musulmane. Il est à remarquer que « Jones », exprime son malaise dès son contact avec le christianisme, mais avec le temps, il assiste avec Germine à la messe. Puis, il participe à des fêtes propres à cette religion. C’est de cette manière que Jones franchit plusieurs lignes interdites dans sa supposée religion. Bien qu’il soit musulman; c’est en fait un des signes d’assimilation que nous ressortions désormais. Puisqu’il accepte d’être tout près de cette religion et accepte cette différence. Donc la rencontre de la religion est un facteur destructeur de la culture regardante. Younes, et suite à tous ses vecteurs qu’on a pu souligner, renonce en quelque sorte à son statut personnel. Il renonce au mythe du peuple uni par la haine de l’Autre. Et représente l’Algérien qui cède à une assimilation française. Une assimilation qui joue « un rôle essentiel dans le processus de construction identitaire (de celui-ci)». Cet antihéros développe dans certaines mesures, avec son oncle la même vision que « Ferhat Abbas». Partisan de l’action française, qui favorise la politique de l’assimilation, mais avec le maintien du statut personnel. Younes alors réalise sa nouvelle identité en remplaçant d’abord les deux choses qu’il avait perdues : sa famille et son prénom. En accomplissant ces deux mutations, il apprendra la langue française et se l’est appropriée à un tel point qu’il a oublié sa langue maternelle. Puis Il fréquenta l’école française, qui fait de lui un individu très bien intégré, et apprécié par l’Autre. Donc il sera instruit et civilisé et fait la rencontre de trois autres jeunes pieds-noirs, qui deviennent ses amis pour la vie. Mais Lorsque la guerre de libération nationale déclenche, ces deux peuples étaient animés par le mépris, le repli sur soi et la souffrance d’une part, et de autre part ils étaient nourris de haine, de rancune et de vengeance (cas de Jelloul par exemple). Par contre, pour Younes/ Jonas, il était juste impossible de rejoindre le combat de ses compatriotes musulmans ou les rangs des pieds-noirs qui défendent l’Algérie française. Et même il est contre l’absurdité de la violence, en refusant de s’impliquer dans le combat. Il le dévoile dans ses propos: « Partagé entre la fidélité à mes amis et la solidarité avec les miens, je temporisais. […] Quand bien même je refuserais de me décider, » « » (p.238). En refusant d’y participer cependant, il renie sa vraie identité, pour se solidariser avec cette société d’accueil. L’impossibilité de choisir son camp et le comportement comme si le combat ne le concerne pas provoque son inertie. Comme il croit que le destin et le hasard sont la volonté de celui qui sait tout, de celui qui voit tout, de celui qui commande tout : c’était la volonté de Dieu (le mektoub). Du coup il sera emporté par l’Histoire, en se plongeant dans la solitude, dans ces circonstances, il perd sa seconde partie, sa bienaimée, et voit son existence, son histoire, sa mémoire s’effondrer et disparaitre. En provoquant une crise inévitable, une crise d’ordre politique, social et culturel. Il subira en quelque sorte un second déchirement. Ainsi il parlera de sa relation avec Emilie, et précise que c’est « une liaison impossible » (p.328), une citation qui nous paraît pas du tout naïve, parce qu’elle désigne dans certaines mesures les relations franco-algériennes qui étaient selon lui fortes et édifiantes, désormais ce n’est qu’au fil des évènements qui se succèdent et se précipitent, qu’il réalise que son existence était sans fondement: « C’était parti pour de bon » (p.366). Il l’a déclaré aussi dans ces termes: « Mon monde se dépeuplait » (p.337). Il rajoute : « Maintenant que Rio Salado ne me tenait plus le même langage me fallaitil adopter ? Je me rendis compte que je m’étais menti sur toute la ligne. Qui avais-je été, à Rio ? Jonas ou Younes ? Pourquoi, lorsque mes camarades rigolaient franchement, mon rire trainaillait-il derrière le leur ? Pourquoi avais-je constamment l’impression de me tailler une place parmi mes amis, d’être coupable de quelque chose lorsque le regard de Jelloul rattrapait le mien ? Avais-je été toléré, intégré, apprivoisé ? Qu’est-ce m’empêchait d’être pleinement moi, d’incarner le monde dans lequel j’évoluais, de m’identifier à lui tandis que je tournais le dos aux miens ? (p.355-356). Younes, confronté alors à cette « occidentalisation » ne réussit pas à devenir « l’Autre », parce que celui là le rejette ; et reste ainsi« le Même », et ces quelques expressions le démontrent : « Une ombre. J’étais une ombre, indécise et susceptible, à l’affût d’un reproche ou d’une insinuation que parfois j’inventais, semblable à un orphelin dans une famille d’accueil» (p.355-356) Il rajoute aussi : « […] couper les ponts qui ne me retenaient nulle part » (p.339) « Jones s’effaçait derrière Younes » (p.343) Ce personnage nous rappelle particulièrement le personnage de Mouloud Mammeri « Arezki », dans le Sommeil du Juste, qui est lui aussi « un jeune indigène qui incarne toute une génération d’opprimés dont une bonne partie aspire à des espaces plus libres, à une vie plus heureuse, une génération de jeunes indigènes formés à l’école française et dont la perception de la réalité est brouillée par le formateur – colonisateur qui a œuvré dès le départ de dépersonnaliser puis assimiler ces colonisés […] D’un seul coup, la guerre a tout dévoilé ; la formation que lui a dispensée son maître n’est qu’une vaste mystification, et les principes humanistes et éternels ne sont qu’un grand mensonge[…]Toutes les valeurs auxquelles Arezki croit se sont effondrées . Il découvre que cette formation humaniste développe un discours rendu mensonger par la réalité des événements auxquels il était confronté lors de sa mobilisation et qui l’ont profondément marqué».. Alors Younes comme Azerki, après qu’il s’est occidentalisé entièrement, tente un retour vers ses racines et finit par dénoncer cet étranger, en lui rappelant que la terre Algérienne n’est pas française, et n’appartient pas à cet étranger, mais plutôt elle est à ce berger, qui vivait sur ses terres. Les terres de ses ancêtres, où « il n’y avait pas de routes ni de rails, et les lentisques et les ronces ne le dérangeaient pas. Chaque rivière, morte ou vivante, chaque bout d’ombre, chaque caillou lui renvoyaient l’image de son humilité. Cet homme était confiant. Parce qu’il était libre. Il n’avait, sur lui, qu’une flûte pour rassurer ses chèvres et un gourdin pour dissuader les chacals. Quand il s’allongeait au pied de l’arbre que voici, il lui suffisait de fermer les yeux pour s’entendre vivre. Le bout de galette et la tranche d’oignon qu’il dégustait valaient mille festins. Il avait la chance de trouver l’aisance jusqu’à dans la frugalité » (p.384). En somme, ce personnage donc, dans ce moment décisif : il défend la terre algérienne et se situa au niveau de ce multiculturalisme. En gardant la personnalité de base, il n’a jamais rompu le cordon ambilocal qui le lié à cette Algérie française. C’est donc dire, qu’il est parfaitement bien intégré, mais tout à fait assimilé car, il tenait à son passé ancestral.

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Table des matières

Introduction générale
PARTIE 1: Analyse du corpus
Chapitre 1 : Etude du hors texte de l’œuvre
1. Le cadre socioculturel et historique de l’œuvre
2. Description de l’œuvre
3. La réception du roman
Chapitre 2 : Etude narratologique de quelques éléments du roman
1. Le titre : définition, fonctions et interprétation
2. Le narrateur : Instance et focalisation
3. Étude du personnage principal
3.1. Définition du concept «personnage»
3.2. Aperçu historique
3.3. Notions théoriques et critiques
3.4. Vers un antihéros
3.5. Sa relation avec les autres personnages
PARTIE 2 : La dualité culturelle
Chapitre 1 : La culture regardée/ regardante
1. La notion de Culture
1.1. Définition du concept
1.2. Un sens anthropologique (ou ethnologique)
1.3. La naissance de l’école culturaliste
1.4. L’analyse structuraliste de la culture
2. Les contacts culturels
3. Culture regardée /regardante
4. Le Même Vs l’Autre
Chapitre 2 : L’acculturation & le processus d’assimilation
1. L’historique de ce processus
2. Le processus d’assimilation
2.1. L’adoption
2.2. L’école
2.3. L’emploi de la langue française
2.4. Les relations d’amitiés
2.5. Les relations amoureuses
2.6. La religion
Conclusion générale
Bibliographie

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