RAPPEL (ou approche définitionnelle)
La morphosyntaxe peut être définie comme une composition de deux domaines grammaticaux : la morphologie et la syntaxe. La première est l’étude de la formation des mots dans une langue. Et la seconde s’occupe de l’ordre, de l’arrangement, et de l’organisation des unités phrastiques. La morphosyntaxe est alors l’étude des structures et des contrastes grammaticaux permettant d’exprimer les relations sémantiques entre personnes, objets, événements. Au XVIIᵉsiècle cette étude, la morphosyntaxe, apparut sous un autre état, contrairement aux siècles précédents. Cette nouveauté est à l’origine de la particularité de la langue classique par rapport à l’ancien et au moyen français. Si on part de plus près, rappelons qu’au début du XIVᵉsiècle est marqué par une simplification du système de l’ancien français. Les nombreuses diphtongues et triphtongues disparurent, se réduisant à des voyelles simples dans la langue parlée et écrit : A la fin XII la forme (ẹaύ) s’est réduite en ọ à la fin du XVIᵉsiècle dans la langue savante. Comme la prononciation, l’orthographe aussi a changé. En ancien français, le changement le plus radical est la disparition définitive de la déclinaison. Il n’y a plus de cas sujet ou de » cas régime. Cela permit de favoriser la stabilisation de l’ordre des mots dans la phrase (sujet, verbe, complément.) Mais une telle étude ne fut pas possible en ce moment. Parce que comme en latin, en ancien et même en moyen français il n’y avait pas une certaine rigueur des règles comme dans la langue moderne. Ce n’est que vers le XVIᵉsiècle que la place ainsi que la forme de l’adjectif commencèrent à se fixer petit à petit. Des traits les plus marquants, notons, l’utilisation de la consonne «S» comme marque du pluriel, le recourt à la voyelle (e) indiquant le féminin, dans la langue écrite. Il y’a opposition de genre et de nombre. L’orthographe commença à se fixer. Mais on note des restitutions d’anciennes formes (belle du latin bella, bellum remplace bele ; bon venant du latin bonna, bonnum était marqué par «s» au féminin pluriel, au cas sujet comme au cas régime : bons, belles. Signalons aussi qu’il y’avait effritement (désagrégation, diminution graduelle de la valeur) de certaines consonnes finales pendant cette période du XIVᵉsiècle (par exemple grand qui antérieurement est prononcé gran-ntt) et finalement (grand devint gran) dans la langue parlée.
Exemple : «Moussa est un grand homme.»
Malgré la forme (g + a + n + d), la prononciation nous laisse entendre (g + a + n + n + t). Cette nouvelle écriture sera celle des textes littéraires du XVIIᵉsiècle. La marque distinctive de nombre (es) notée au féminin pluriel, est fixée. Et sous ce modèle, les paradigmes masculins seront refaits. C’est ainsi que la variation en nombre est définie. Au XVIIᵉsiècle, certains usages anciens commencent à être évités. On n’acceptait plus la pluralité des formes de mot (galand «nom », galant «adjectif»), ni la libre syntaxe des mots (adjectifs). Pour enrichir la langue, des règles ont été établies.
Au plan :
Morphologique : l’adjectif a une forme unique. IL varie en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte.
Syntaxique : seront antéposés au substantif, (tous les adjectifs qui qualifient un nom propre, tous les adjectifs affectifs et qui permettent une appréciation, tous les adjectifs qui font partie d’un groupe nominal, tous les adjectifs courent et utilisés couramment, tous les déterminatifs.) Et seront placés après le nom, (tous les adjectifs qui permettent de faire une classification, une distinction, une description, que ce soit : (une nationalité, une couleur, un goût, l’apparence, le style), tous les adjectifs accompagnés d’un complément, tous les adjectifs de plus de trois syllabes, tous les adjectifs précisés par un adverbe de plusieurs syllabes, tous les participes employés comme adjectifs, tous les adjectifs donnant une notion de temps.)
La Morphosyntaxe s’occupe des structures construisant grammaticalement une phrase, et de l’agencement des marques syntaxiques au tour des noms (comme les déterminants), des verbes (comme les pronoms), des adverbes, et des adjectifs. Il s’agit alors d’une organisation langagière de mots dans une phrase. Néanmoins elle (la morphosyntaxe) se situe à différents niveaux :
•Lexical : (sur la racine des mots).
•Flexionnel : (sur la terminaison des mots.)
•Positionnel : (sur l’organisation des mots ou des groupes de mots apportant une certaine flexibilité : «aptitude à s’adapter facilement.».)
•Contextuel : (sur les marques syntaxiques de caractère obligatoire avec un emplacement déterminé.)
Même si elle est une étude restreinte de la grammaire, la morphosyntaxique représente selon Olivier Soutet l’ « idée d’une discipline globale traitant les règles combinatoires des unités significatives. » Autrement dit elle est une discipline grammaticale qui s’intéresse à la disposition et au fonctionnement des éléments de la phrase ; tout en les associant de manière indissociable. Ce qui fait qu’en français, l’ordre révèle les fonctions syntaxiques des mots qui se suivent. Donc l’étude de la forme s’associe généralement avec celle de la place. N’empêche que celle du sens n’est en aucun cas exclue. Morphologie et syntaxe forment un nœud grammatical, assurent le paradigme et le syntagme des unités phrastiques par le biais des articles, des substantifs, des verbes, des adjectifs etc. Ces derniers forment des éléments constitutifs de l’énoncé, des catégories de mots. Et sont nos cibles.
La notion d’adjectif
Le mot adjectif n’est pas aisé à être bien définie. L’adjectif est un emprunt au latin adiectivum, ‛nom qui s’ajoute’. Il est né du verbe adicere ‛ajouter’. Il varie en genre et nombre ; genre et nombre qu’il reçoit du nom auquel il se rapporte.L’incomplétude d’une telle définition se justifie par le fait que tout mot qui s’ajoute à un autre n’est pas obligatoirement un adjectif. De même l’inaptituded’être employé ne suffit pas pour affirmer que tel ou tel mot appartient à la catégorie des adjectifs. Cependant, nous pouvons considérer comme adjectif tout mot qui varie en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte, exprimant une manière d’être, une qualité, une précision de sens, une détermination au terme en relation mais aussi étant apte à assumer la fonction (qualificative, déterminative, relationnelle). Pour Maurice Grevisse et André Goosse dans le Bon Usage retiennent que : «L’adjectif est un mot qui varie en genre et en nombre, genre et nombre qu’il reçoit, par le phénomène de l’accord, du nom auquel il se rapporte. Il est apte à servir d’épithète et d’attribut. »7 Cette présentation permet de relever le caractère très lacunaire de l’adjectif et est la concentration des définitions éparses en de simples et de logiques termes. Mais cette définition ne serait complète si on se fondait à ce qu’il soit apte de servir d’épithète et d’attribut. A ce niveau, les déterminatifs ne figurent pas. Les traits tels que la forme, la place, la nature etc., la distribution dans la phrase, la fonction :(épithète, attribut, apposition), l’accord participent vivement à la caractérisation de l’adjectif. Et des adjectifs sont dits :
-qualificatifs : «La flatterie est un commerce honteux qui n’est utile qu’au flatteur. » (La Bruyère, Les Caractères, p23)
-relationnels : «Une ligne téléphonique s’est installée au niveau de Dakar.» pour : une ligne pour le téléphone.
-verbaux : participes présent ou passé
•participe présent : «Un oiseau en équilibre, les ailes battantes. » «L’arbre tombant, ils seront dévorés.» (La Fontaine,LesFables, p 7)
•participe passé : «Surpris, les enfants perdent la parole.»
-déterminatifs : ils sont au nombre de sept formes et que l’une semble être la forme intellectuelle ou continue de l’autre. Ce sont les démonstratifs, les indéfinis, les interrogatifs, les exclamatifs, les adjectifs numéraux (cardinaux, ordinaux), les possessifs.
•les démonstratifs : « Les vertus de ce rare animal méritaient cette distinction,… » (Charles Perrault, Contes de ma mère l’Oye, p5)
•les indéfinis : « …, comme je ne vous ai donné qu’une fille, … » (Charles Perrault, Contes de ma mère l’Oye, p6)
•les interrogatifs : « A quelle utilité ? Pour exercer l’esprit
De ceux qui de la sphère et du globe ont écrit ? » (La Fontaine, Les Fables, p12).
•les exclamatifs : ils ne se distinguent des adjectifs interrogatifs que par le point d’exclamation (!). «Quelle drôle d’idée !» «Quel partage ! Et cela ne prouve-t-il pas clairement un avenir ?» (La Bruyère, Les Caractères, p173)
•les adjectifs numéraux cardinaux : « …, le retient avec ses deux mains, … » (La Bruyère, Les CARACTЀRES, p27.)
•les adjectifs numéraux ordinaux : « … « Chrysippe, homme nouveau, et le premier noble de sa race, aspirait, il y’a trente années, … » (La Bruyère, Les CARACTЀRES, p173.)
•les possessifs : « Moi, votre ami ? Rayer cela de vos papiers. » (Molière, Le Misanthrope, Acte premier, SCЀNE PREMIЀRE, p25).
Même en ancien français ces formes d’adjectifs s’employaient paisiblement dans la langue. Et c’est en moyen français qu’on assiste à la disparition définitive des démonstratifs cil, cest, cestuy, … Ceux-ci (ces démonstratifs) ont été remplacés par ce, cet «-tte», ces). Cependant, les possessifs se résolvaient aux formes ma, ta, sa, mon, ton, sontandis que les autres formes telles quemien, tien, sien commençaient à être évitées. Cette période correspond à l’abandon des systèmes de la déclinaison latine. Et alors on assista au processus de libération du français de la domination des langues originelles. Ce qui permit aux grammairiens d’assurer les premiers grands pas vers une bienséance permettant le fonctionnement du français commelangue nationale et intellectuelle. Néanmoins une adaptation à la complexité del’orthographe fut une tâche.
Adjectifs à forme complexe
Dans le Littré, le mot complexe est définit comme ce : «Qui embrasse ou contient plusieurs idées. » Une si simple définition présente des manquements. Parce que néglige l’ambiguïté souvent rencontrée à la discordance entre mot complexe et mot composé. Sachant qu’un mot est dit composé si est seulement s’il se présente sous la possibilité d’être réduit à deux éléments pouvant, chacun fonctionner indépendamment. Et sur la logique de ce partage,Pierre Larousse, dans Discos Encarta, avance l’assertion suivante : un mot complexe est un mot«composé de nombreux éléments qui forment un ensemble difficile à appréhender. Synonyme : compliqué. »Comment deux termes à éviter tiennent le contrôle du mot : la difficulté et la complication. A ce niveau pour repérer les limites de chacun des deux termes, faisons recours à une étude comparative d’où le mot composé apparait, en linguistique, comme une juxtaposition de deux ou de plusieurs lexèmes (unité de sens du lexique) autonomes offrant toute possibilité d’en former un autre avec un sens écarté. Ainsi deux procédés permettent la formation des adjectifs complexes :
•la dérivation : qui est une formation par adjonction d’un ou de plusieurs suffixes placés à la fin d’un radical formant avec ce dernier un sens. Il s’agit d’un ou de plusieurs préfixes placés au début d’un radical donnant avec lui un sens bien définit. Malgré la clarté connue à cet enseignement, nous sous entendons par là une certaine affixation.
•La composition : au sens premier du terme est un rapprochement de deux ou de plusieurs éléments autonomes dont chacun pouvant fonctionner de façon libre dans la langue. Cependant signalons que si les suffixes ne possèdent point d’existence autonome, des préfixes séparables du radical comme (à, bien, sur, entre, avant, contre) employés dans la composition restent autonomes. En conclusion, nous pouvons analyser la préfixation et la suffixation comme des procédés de la composition. Autrement dit la composition est un procédé qui permet de recourir à un préfixe ou un suffixe ou même aux deux à fois pour la création de nouveau terme (mot).
Epithète habituellement postposée
La postposition de l’adjectif est un emploi moins fréquent que celle de l’antéposition. N’empêche qu’un nombre déterminant d’épithètes sont postposés. Cette place de l’épithète est dictée par un certain nombre de faits : s’il ya production d’une caractérisation de nature subjective ou objective. Les participes (présent ou passé) employés comme adjectif, les composés (adjectifs), des qualificatifs de couleurs, les qualificatifs qui présentent une certaine nature relationnelle, indiscutable (apparaissant comme complément du nom) sont toujours postposés. Un ensemble de phénomène bien défini par R. L. Wagner et J. Wagner soutenant : «Quand aucune raison spéciale ne conduit à antéposer l’adjectif épithète, celuici se place normalement après le substantif. C’est le cas, en particulier, lorsque l’adjectif apporte une information de caractère objective :»
Exemple : «Il semble que la rusticité n’est autre chose qu’une ignorance grossière des bienséances.» (La Bruyère, LES CARACTÈRES, p 26)
Exemple : «…, on y songeait seulement à prendre des plaisirs tranquilles, qui ne coûtaient ni soin, ni inquiétude.» (Marie Catherine, comtesse d’Aulnoy, Contes de fées, p 4)
Néanmoins même si l’adjectif est par nature habituellement antéposé, et qu’il est employé pour exprimer un degré d’intensité ou une comparaison, dans ce cas il doit être postposé.
Exemple : «Il était une fois un roi sigrand, si aimé de ses peuples, …» (Charles Perrault, Contes de ma mère l’Oye, Peau d’âne, p 4)
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Table des matières
INTRODUCTION
SUJET : LA MORPHOSYNTAXE DE L’ADJECTIFS AU DIX-SEPTIЀME (XVIIᵉ) SIЀCLE
•RAPPEL
PREMIERE PARTIE : LA MORPHOLOGIE
I/ DEFINITION DE LA MORPHOLOGIE
Α/ La notion de l’adjectif
Β/ Historique de l’adjectif
C/ Caractéristiques de l’adjectif
C-1/ Les adjectifs originels de mots préexistants
→Latins
→Celtes
→Grecs
C-2/ Les emprunts
→Anglais
→Arabe
→Allemand
→Espagnol
C-3/ Les adjectifs à base française
D/ Formes des adjectifs
D-1/ adjectifs à forme simple ou complexe
→adjectifs à forme simple
→adjectifs à forme complexe
•La dérivation
•La composition
→adjectifs composés
D-2/ adjectifs par conversion
•La conversion de l’adjectif à partir d’un nom
•La conversion de l’adjectif par un verbe
•La conversion de l’adjectif par un adverbe
E / La variation des adjectifs
→ En genre
◊la formation du féminin des adjectifs
◌par adjonction d’un (e)
◌par redoublement de la consonne finale
◌par modification de la syllabe finale
•Adjectifs en –eur
•Adjectifs en –teur
→ En nombre
◊la formation du pluriel par
◌la marque du (-s)
◌la marque du (-x)
→ Adjectifs neutres ou épicènes
DEUXIEME PARTIE : LA SYNTAXE
I/ LA NOTION SYNTAXE
A/ L’ÉVOLUTION DE L’ADJECTIF(épithète)
A-1/ L’ADJECTIF QUALIFICATIF
•Les adjectifs qualificatifs
A-2/ L’ADJECTIF RELATIONNEL
A-3/ L’ADJECTIF DETERMINATIF
•Les adjectifs déterminatifs
◊Les adjectifs possessif
◊Les adjectifs démonstratifs
◊Les adjectifs indéfinis
◊Les adjectifs interrogatifs
◊Les adjectifs numéraux
◊Les adjectifs numéraux cardinaux
◊Les adjectifs numéraux ordinaux
A-4/ L’ADJECTIF VERBAL
B/ LA FONCTION DE L’ADJECTIF
B-1/ ATTRIBUT
→ Attribut du sujet
→ Attribut du complément d’objet
◊Direct
◊Indirect
B-2/ EPITHETE
• Epithète liée
→ Epithète habituellement antéposée
→Epithète habituellement postposée
B-3/ MIS EN APPOSITION
C/Degrés de signification de l’adjectif
C-1/ Degrés d’intensité
→L’intensité faible
→L’intensité moyenne
→L’intensité élevée
C-2/ Degrés de comparaison
C-2-1/ Le comparatif
→Le comparatif d’égalité
→Le comparatif d’infériorité
→Le comparatif de supériorité
C-2-2/ Le superlatif
→L e superlatif relatif
→L e superlatif absolu
TROISIEME PARTIE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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