LA MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
En 1900, deux chercheurs (JUBAINVILLE et LONGNON) menèrent des études sur la toponymie. Ces précurseurs firent une importante étude qui a permis plus tard l’éclosion de cette matière de l’onomastique. Depuis cette date, la toponymie a suscité des études importantes qui ont permis son éclosion. C’est grâce à ces études que nous aussi tentons d’apporter notre touche à l’étude toponymique afin de valoriser nos toponymes. C’est ainsi nous nous sommes proposés de faire l’étude linguistique des toponymes de Matam Ville dans le but de mieux connaître l’historique de ce nom de lieu. Tout travail mérite une méthodologie et selon D. Maingueneau (1991 :48) une méthode « suppose qu’un corpus est soumis à des contraintes qui ne ressortissent pas au système linguistique, mais aux positionnements de ses énonciateurs, des contraintes qui ne sont pas accessibles à la conscience et n’appartiennent qu’à travers une lecture capable de désactiver la surface discursive. Caractériser un positionnement par l’élaboration de réseaux quantifiés de relations significatives entre ses unités, telle est l’ambition de la lexicométrie ». Dans un souci de bien cerner notre sujet, notre travail s’est focalisé sur la lecture d’ouvrages et d’articles en rapport avec notre sujet aussi bien à la bibliothèque du département de Linguistique que celle Universitaire (BU). Nous avons pris aussi le soin de consulter certains documents trouvés au niveau de la primature de la Ville de Matam. Durant notre travail de recherche, nous avons jugé nécessaire de rencontrer les chefs de quartiers de Matam, des griots : détenteurs de la tradition et les notables. Nous avons aussi consulté certains documents, des rapports, des thèses sur la toponymie et sur la ville de Matam. La thèse d’Ahmadou KANE intitulée Matam et sa région (1977) nous a servi de support pour la rédaction de mémoire. Dans cette thèse, l’auteur ne fait que l’étude des trois quartiers que sont Soubalo, Tantadji, Gourel Serigne. Ainsi dans notre travail, nous tenterons élargir cette étude en y ajoutant d’autres noms de lieux qui composent la ville mais surtout aussi d’étudier le sens et la forme des toponymes de la ville ainsi que leurs origines. Ces travaux de recherche cités dessus nous ont valu des mois de labeur durant lesquels nous avons consenti des efforts considérables pour la collecte d’informations en rapport avec notre sujet. Notre travail a commencé par la recherche d’informations crédibles sur les toponymes de Matam. Ce qui nous a valu à faire des séjours dans la ville de Matam pour consulter les dignitaires de la ville sur l’origine de la ville ainsi les quartiers qui la composent. Ceci nous mena dans une quête passionnante pour trouver l’origine des toponymes. Ayant interrogé beaucoup de personnes sur l’origine des quartiers, nous avons remarqué que la plupart des toponymes de la ville sont issus de la langue peulh qu’est le Poular mais aussi que la race des Soubalbés demeure majoritaire dans la ville. Du coup, il était nécessaire pour nous de dresser un questionnaire pour bien organiser de notre travail. Nous avons aussi lu des ouvrages, des articles en rapport avec notre sujet au niveau de la bibliothèque universitaire et celle du département de linguistique ainsi que des mémoires et thèses que nous avons lus au niveau de ces deux lieux cités dessus. Ensuite, nous avons aussi lu beaucoup de mémoires et thèses qui nous sont d’une grande utilité. Ces travaux de recherche nous ont amené à l’IFAN et au CLAD où nous avons lu des ouvrages. Ainsi, après la collecte d’informations sur les différents toponymes qui composent la ville, nous nous sommes attelés à la rédaction de notre mémoire.
Les différents types de toponymes
Après les travaux menés par JUBAINVILLE et LONGNON, la toponymie connut une avancée considérable dont les successeurs de ces derniers qui de par leurs travaux permirent l’éclosion de cette matière nouvellement née. Selon le projet Prolex (Piton, Grass et Manuel 2002) cité par Thierry Grass dans La traduction comme appropriation : le cas des toponymes étrangers (2006 :3-4) il y’a 10 types de toponymes que nous allons brièvement citer :
1. Les noms de pays (Frankreich = la France, die Schweiz = la Suisse).
2. Les noms de régions où région doit être compris comme une subdivision d’un pays (Steiermark = la Styrie, die Westindischen Inseln = les Antilles).
3. Les noms de groupes de pays, des ensembles englobant différents pays (der Balkan = les Balkans). Les groupes de pays ne doivent pas être confondus avec des régions qui sont des méronymes de pays alors que les pays peuvent être des méronymes de groupes de pays.
4. Les noms de villes, comme Tours, Paris ou Munich. Ce dernier est un exonyme, c’est-à-dire une forme locale du nom de la ville (München).
5. Les noms de quartiers, de voies ou de places (Kreuzberg, Goethestrasse, Savignyplatz).
6. Les noms d’édifices incluent non seulement les bâtiments, les monuments, les ponts, mais aussi les parcs et jardins, les musées, les théâtres et opéras, etc. (der Stift in Frankfurt, der Englische Garten in München, die Wiener Staatsoper). Ils sont souvent traduits car ils sont, pour la plupart, descriptifs (der Stift = le « crayon », der Englische Garten = le Jardin anglais, die Wiener Staatsoper = Opéra national de Vienne).
7. Les hydronymes comprennent les noms de rivières, de canaux ainsi que les différentes étendues d’eau comme les lacs, les mers, etc. (der Rhein = le Rhin, der Bodensee = le lac de Constance, das Mittelmeer = la Mer Méditerrannée).
8. Les géonymes sont des sites géographiques naturels qui incluent les déserts, les montagnes, les forêts, les cavernes, les glaciers, les canyons, les plaines, les plateaux, les courants marins, etc. (die Wüste Gobi = le désert de Gobi, der Schwarzwald = la Forêt-Noire).
9. Les objets célestes représentent – du moins dans la langue – des lieux dans l’espace. Les objets célestes comprennent les planètes, les galaxies, les étoiles, les comètes, etc. (der Saturn = Saturne, Andromeda = Andromède, der Hundstern = Sirius).
10. Les noms de lieux mythiques ou fictifs, bien que conceptuellement imaginaires, ont une syntaxe qui les rattache à une classe d’objets particulière : pays, île, rivière (Utopia = Utopie, Atlantis = l’Atlantide, der Styx = le Styx).
Les sciences indispensables dans une étude toponymique
Cependant, il est important voire obligatoire de préciser que pour faire l’étude d’un toponyme, le chercheur doit s’appuyer sur diverses capables de lui prêter un concours indispensable: la linguistique, l’histoire, l’archéologie, la géographie et BOUHADJAR (2016 :41) dans sa thèse de préciser : « Elle est depuis son origine le point de rencontre entre la linguistique, la géographie et l’histoire parce que les noms de lieu décrivent des espaces tels qu’ils sont ou tels qu’ils étaient, parce qu’ils témoignent de différentes activités humaines présentes ou passées, parce qu’ils inscrivent, dans la nomination, les différentes langues et donc les différents peuplements. Elle est par ailleurs instrumentalisée par la cartographie. » Ces sciences capables de prêter un concours indispensable à la toponymie sont définies dans le dictionnaire linguistique Larousse comme suit :
La géographie : est une science qui a pour but la description totale ou partielle du globe, les accidents et des phénomènes physiques qu’offre sa surface terrestre ou marine et est aussi l’étude de la dépendance de l’homme à l’égard de ces phénomènes de la distribution des populations humaines et des conditions humaines et des conditions d’existence des êtres vivants sur la terre. Elle décrit les différents changements ou mutations enregistrés sur la Terre. La géographie nous aide à mieux connaître le passé de nos ancêtres et les étapes successifs de sa civilisation.
La linguistique : est une science qui étudie le langage humain, l’organisation des différentes langues, la grammaire générale appliquée aux diverses langues. Elle est une science qui décrit les différentes manifestations langagières notées chez l’homme. Elle nous permet de connaître le langage humain et les différentes composantes de ce dernier. La linguistique nous permet aussi de savoir comment est produit le système langagier humain et quelles sont les différentes étapes de la production de la parole.
L’histoire : est une science qui étudie le passé de l’humanité, son évolution. Connaissances des faits que rapportent les historiens. Elle décrit les différentes étapes du passé humain et les étapes successifs de sa civilisation. L’histoire nous retrace le passé par le biais des témoignages ou récits. Elle est d’une importance capitale car elle nous renseigne sur notre passé patrimoniale ou matrimoniale.
L’archéologie : est une étude des civilisations réalisée à partir des vestiges matériels d’une activité exercée par les hommes, ou à partir des éléments de leur contexte. Elle est une matière qui se fonde sur la fouille de vestiges anciens. L’archéologie nous renseigne sur le passé de l’homme grâce aux vestiges anciens.
Tiayedé
Tiayedé est d’après les versions recueillies auprès de Demba Gatta THIOUB le premier quartier du quartier de Soubalo à être occupé. Selon la première version que Demba Gatta Thioub nous a donnée, Tiayedé s’est établi sur une zone anciennement peuplée de « Tiaski » ou « Acacia albida » (Mimosacées) dont le pluriel est Tiayedé. Selon la seconde version, il existait près du quartier une mare dans laquelle s’abattaient de grands oiseaux appelés en Poular « Tiayedé ». Le quartier a la forme d’un trapèze. On y trouve d’anciens bâtiments construits à base d’argile. Selon la version la plus plausible, le mot Tiayedé est un emprunt au nom d’arbre puular Tiayedé dont le singulier est Tiaski. Actuellement, le nom scientifique « acacia albida » a été remplacé par le nom scientifique « Faidherbia Albida » en hommage à Faidherbe.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : LA PROBLÉMATIQUE
CHAPITRE II : LA MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
CHAPITRE III : LA REVUE DE LA LITTÉRATURE
CHAPITRE IV : LE CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL
CHAPITRE V : L’APPORT DE LA LINGUISTIQUE DANS UNE ÉTUDE TOPONYMIQUE
CHAPITRE VI : RAPPORT ENTRE UN TOPONYME ET LA LANGUE DU PEUPLE QUI L’HABITE
CHAPITRE VII : ETUDE MORPHOLOGIQUE DES TOPONYMES DE MATAM VILLE
CHAPITRE VIII : ÉTUDE SÉMANTIQUE DES TOPONYMES DE MATAM VILLE
CONCLUSION
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