Depuis des milliers d’années, l’humanité a utilisé diverses plantes trouvées dans son environnement, afin de traiter et de soigner toute sorte de maladies. Ces plantes représentent un réservoir immense de composés qui ont l’avantage d’être d’une grande diversité de structures chimiques et ils possèdent un très large éventail d’activités biologiques. Cependant, l’évaluation de ces activités demeure une tâche très intéressante qui peut faire l’intérêt de nombreuses études. De nombreuses substances naturelles différentes ont été identifiées et beaucoup d’entre elles sont utilisées dans la médecine traditionnelle pour la prophylaxie et le traitement des maladies (Lee, 2004).
Actuellement, l’organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ 81% de l’humanité a recours aux préparations traditionnelles à base de plantes en tant que soins de santé primaire (World health organisation, 2000). Les médicaments à base de plantes sont encore largement utilisés et ont une importance considérable dans le commerce international. Plus de 120 composés provenant de plantes sont aujourd’hui utilisés en médecine moderne et près de 75% d’entre eux sont utilisés selon leur usage traditionnel (Cordell, 2005). Parmi les 25 composés pharmaceutiques les plus vendus au monde, 12 sont issus de produits naturels (Gordon, 1997 ; Rollinger, 2004). Cela signifie que le nombre de médicaments issus de produits naturels est supérieur à celui des produits issus de la chimie combinatoire où plus de 10 000 molécules doivent être synthétisées puis testées afin de mener au développement d’un seul médicament (Verpoorte, 1998 ; Adams, 2004). Par conséquent, les quelques 250 à 300 000 espèces inventoriées de plantes que l’on trouve sur terre, dont seulement 5 à 15% ont fait l’objet de recherches de molécules bioactives, représentent un réservoir immense de nouveaux composés médicinaux potentiels (Fabricant, 2001 ; Cutler, 2000).
Les propriétés antimicrobiennes des plantes médicinales sont connues depuis l’antiquité. Toutefois, il aura fallu attendre le début du 20ème siècle pour que les scientifiques commencent à s’y intéresser (Yano, 2006). L’étude de la chimie des plantes est toujours d’une brûlante actualité malgré son ancienneté. Cela tient principalement au fait que le règne végétal représente une source importante d’une immense variété de molécules bioactives (Ferrari, 2002). Cette matière végétale contient un grand nombre de molécules qui ont des intérêts multiples mis à profit dans l’industrie, en alimentation, en cosmétologie et en dermopharmacie. Parmi ces composés on retrouve, les coumarines, les alcaloïdes, les acides phénoliques, les tanins, les terpènes et les flavonoïdes (Bahorun, 1997 ; Marfak, 2003).
BOSCIA SENEGALENSIS
Boscia senegalensis est un membre de la famille des Capparidacées. La plante est originaire d’Afrique de l’Ouest. Le fruit peu connu a le potentiel d’améliorer la nutrition, de renforcer la sécurité alimentaire, de favoriser le développement rural et le soutien durable de protection des terres. Cette plante est considérée comme une dicotylédone. Originaire de la région du Sahel en Afrique, cet arbuste à feuilles persistantes peut pousser n’importe où dans des conditions favorables (http://www.worldagroforestry.org).
AUTRES NOMS (http://www.worldagroforestry.org)
Wolof : Ndiandame
Afrique de l’Ouest : Azien
Arabe: Mukheit
Hausa: Anza
Bambara: Bere
Peulhs : Ngigili
Berbère : Mandiarha .
Description botanique
Boscia senegalensis est une plante ligneuse, pérenne du genre Boscia. C’est un arbuste ou arbrisseau de 1 à 5 m de haut, toujours vert, à cime arrondie et dense. Son écorce est lisse plus ou moins granuleuse, gris noirâtre, à tranche jaunâtre avec rhytidome vert. Les rameaux sont gris bruns, plus ou moins pubescents. Les feuilles sont alternes coriaces et rigides avec un dessus vert foncé glabre et dessous clair plus ou moins pubescent, de taille très variable (figure 1). Elles sont simples, entières, glabres ou très finement pubescentes avec 5 à 6 paires de nervures latérales leur grandeur est très variable. Elles sont en moyenne 6 sur 4 cm. Les nervures sont saillantes et réticulées, translucides à l’état frais. Le limbe est ovale ou elliptique, avec un sommet obtus et mucroné et une base arrondie ou en coin, sentant mauvais au froissement. Les pétioles ont une longueur de 0,5 à 1,3 cm. Le Boscia est souvent branchu dès la base, formant généralement des buissons serrés. Les fruits sont sphériques de 1,5 cm de diamètre à surface grumeleuse, finement pubescente, verdâtre puis jaunâtres à maturité (figure 2). Le fruit est sphérique, de 1 à 1,5 cm de diamètre sous forme de baie, avec une surface grumeleuse et finement pubescente, jaune brun à maturité contenant une pulpe visqueuse dans laquelle sont noyées 1 à 2 graines (Kerharo, 1974). La fleur blanche verdâtre à jaunâtre, apétale, à 4 sépales pubescents, de 8-9 mm de diamètre.
Répartition géographique
C’est une espèce qui vit en zone sahélienne à soudanienne, sur les stations sèches, les sols rocheux, latéritiques, sableux (dunes) et sur les sols compacts argilo sableux mais aussi sur les termitières (Rabiou, 2014). On la rencontre de la Mauritanie au Sénégal jusqu’en Ethiopie. Elle est assez commune, et localement abondante et grégaire. Parmi les espèces végétales utiles recensées au Niger, Boscia senegalensis présente une très large distribution géographique en zone sahélienne, et en particulier au Niger, grâce à sa résistance à la sécheresse et aux hautes températures et sa grande capacité de survie sur sols pauvres ou très dégradés (Rabiou, 2014).
Composition chimique (Kerharo, 1974)
❖ Rameaux feuillés
Des études sur les tiges révèlent la présence :
• de bases azotées (stachydrines, choline) ;
• de stérols (béta-stérol, campestérol, stigmastérol) (figure 4 et5) ;
• d’alcools aliphatiques (C30, C34, C38)
• d’hydrocarbures et
• de quatre hétérosides soufrés non identifiés.
❖ Graines
On donne pour les graines crues de la région Dakaroise la composition suivante pour 100 g (Kerharo, 1974).
❖ Racines
Les résultats du screening chimique d’Aliyu, (2008), ont montré la présence dans les racines de Boscia senegalensis d’alcaloïdes, de flavonoïdes, de saponines, de tanins, et de glycosides cardiotoniques.
Propriétés de Boscia senegalensis
Activité antihyperglycémiante
Boscia senegalensis est une plante utilisée dans la médecine et la pharmacopée traditionnelles au Tchad pour traiter le diabète. Les extraits hydroalcooliques des graines de Boscia senegalensis ont été évalués sur les lapins albinos dont l’hyperglycémie a été provoquée par administration du D(+)- glucose par voie orale.
L’extrait de Boscia senegalensis, caractérisé par des alcaloïdes, des saponosides, des tanins et des mucilages, présente une activité optimale à la dose de 250 mg/kg. Ces constituants essentiels étant les alcaloïdes, les tanins, les terpenoïdes et les mucilages (Sakine, 2012).
Activité anti-inflammatoire
Nongonierma, (2006) a montré que les feuilles de cette plante renferment des principes actifs anti-inflammatoires intervenant dans le traitement de l’inflammation aiguë provoquée. Ils justifient l’utilisation par les tradipraticiens des feuilles de Boscia senegalensis, sous la forme de décocté aqueux à utiliser par la voie orale pour le traitement de diverses maladies inflammatoires. L’activité anti-inflammatoire du lyophilisat de décocté aqueux et d’un décocté alcoolique des feuilles de cette plante a été évaluée chez les rats wistar de poids compris entre 150 et 200 g.
Des doses de 400 mg/kg de chacun des deux extraits ont été testés par rapport à l’indométacine (10 mg/kg) et à la dexaméthasone (5 mg/kg) utilisées comme produits de référence. Les différents traitements ont été administrés par gavage 1 heure avant l’induction d’une inflammation aiguë par la carraghénine injectée dans une des pattes arrière du rat. Les mesures de l’inhibition ont été effectuées 1, 3 et 6 heures après l’injection. A la 1ère heure les extraits aqueux et alcoolique à la dose de 400 mg/kg montrent respectivement un pourcentage d’inhibition de 62,6 ± 7,3 et de 57,7 ± 9,3 similaire aussi bien à celui de l’indométacine (66,5 ± 6,3) qu’à celui de la dexaméthasone (61,1 ± 9,3). A la 3ème heure, l’extrait aqueux a un effet un peu inférieur (% INH 43,1 ± 10,0) à celui alcoolique (% INH 46,3 ± 9,7) et ceux de tous les deux sont nettement inférieurs à ceux des produits de référence : indométacine (% INH 81,3 ± 4,2) et dexaméthasone (% INH 78,4 ± 6,2). A la 6ème heure, les extraits aqueux et alcoolique ainsi que l’indométacine ont une intensité d’activité identique (% INH aqueux 62,1 ± 13,5 ; % INH alcoolique 63,4 ± 12,6 ; % INH indométacine 62,2 ± 4,7), celle de la dexaméthasone est supérieure (% INH 70,9 ± 8,9). Le screening photochimique a révélé la présence d’alcaloïdes, de saponosides, de flavonoïdes et de tanins dans les 2 extraits. A la dose de 20 g/kg la solution aqueuse des feuilles administrée par voie orale, n’a entraîné aucun décès chez les souris Swiss. En intrapéritonéale, la solution aqueuse à la dose d’un g/kg s’est révélée très toxique. La DL50 (dose létale 50 %) est égale 0,44 g/kg. Les différents résultats montrent que les feuilles de cette plante renferment des principes actifs anti-inflammatoires intervenant dans le traitement de l’inflammation aiguë provoquée. Ils justifient l’utilisation par les tradipraticiens des feuilles de Boscia senegalensis, sous la forme de décocté aqueux à utiliser par la voie orale pour le traitement de diverses maladies inflammatoires.
|
Table des matières
INTRODUCTION
I. BOSCIA SENEGALENSIS
I.1. Autres noms
I.2. Classification
I.3. Description botanique
I.4. Répartition géographique
I.5. Composition chimique
I.6. Propriétés de Boscia senegalensis
II : BACTERIES
II.1. Définition
II.2. Classification
II.3. Structure d’une cellule bactérienne
II.3.1. Enveloppe bactérienne
II.3.2 Structures internes
II.3.3. Appendices externes
II.4. Particularité
II.4.1. Toxines
II.4.2. Spores
II.4.3. Bactéries intracellulaires
II.5. Physiologie et croissance bactériennes
II.5.1. Nutrition
II.5.2. Conditions physico-chimiques de croissance
II.5.3. Croissances des bactéries
III. Antibiotiques
III.1 Modes d’action des antibiotiques
III .2. Classification des antibiotiques
III .2.1. Inhibiteurs de la synthèse du peptidoglycane
III.2.2. Antibiotiques inhibant la synthèse protéique
III.2.3. Antibiotiques agissant sur les acides nucléiques
III.2.4. Inhibiteurs de la synthèse des folates
III.2.5 Résistance bactérienne aux antibiotiques
IV. Méthodes d’étude de l’activité antibactérienne
IV.1. Définition
IV.2. But
IV.3. Intérêt
IV.4. Principe
IV.5. Techniques
V. CARACTERISTIQUES DES SOUCHES ETUDIEES
V.1. Souches bactériennes
V.1.1 Staphylococcus aureus
V.1.2Enterococcus faecalis
V.1.3 Escherichia coli
V.2 Souches fongiques utilisées
V.2.1 Candida albicans
CONCLUSION