Le Parlement européen a adopté, le 23 octobre 2000, la directive 2000/60/CEE, dite Directive Cadre sur l’Eau (DCE). Elle établit un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau. Son texte est très ambitieux, il engage chaque État-membre à parvenir au terme de quinze ans (pour 2015) à un «bon état écologique des masses d’eaux». En 2016, une grande part de son objectif n’a pas été atteint. L’objectif de « bon état » a été reporté à 2021 pour certaines masses d’eau et à 2027 pour d’autres en fonction de leur état de dégradation. Le territoire du Syndicat Mixte des bassins versants du Jaudy-Guindy-Bizien et des ruisseaux côtiers (SMJGB) se situe au Nord-Ouest des Côtes-d’Armor (22) en Bretagne. Le paramètre « hydromorphologie » est le facteur principal déclassant pour l’atteinte du bon état écologique de ses cours d’eau. L’hydromorphologie fluviale s’intéresse aux « processus physiques régissant le fonctionnement des cours d’eau » et aux «formes qu’il en résulte. » (Malavoi et Bravard, 2010). En effet, analyser la morphologie d’un cours d’eau permet de déterminer la capacité d’accueil et de support de la biodiversité aquatique. Ce rapport traite du Dourdu, un ruisseau côtier du Nord Ouest du territoire du SMJGB. Son état écologique est qualifié de moyen par le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) du bassin Loire-Bretagne qui vise son bon état pour 2021. L’étude est portée sur ce cours d’eau car il fait partie des zones prioritaires du prochain contrat territorial 2019-2023 du territoire du SMJGB. Afin d’améliorer l’état hydromorphologique, et donc écologique, du Dourdu, un inventaire exhaustif du réseau hydrographique est nécessaire, ce qui amène à se poser la question suivante : Quel est l’état de connaissance du réseau hydrographique du Dourdu ? Un diagnostic hydromorphologique basé sur la méthode REH (Réseau d’Évaluation des Habitats) permettra d’évaluer l’état hydromorphologique du Dourdu. Celui-ci permet de planifier des travaux avec pour objectif d’améliorer l’état du cours d’eau. Cette étude permettra de répondre à la problématique qui est : Comment peut-on améliorer l’état écologique du Dourdu ?
Présentation du site
Présentation de la structure porteuse du projet
Le SMJGB se situe à Trélévern au Nord-Ouest des Côtes d’Armor (22) en Bretagne (Annexe 1). Cette collectivité territoriale œuvre en faveur de la reconquête de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques, sur un large territoire (520 km²) concernant 58 communes et 52 000 habitants (jusqu’à 100 000 en période estivale). Afin d’atteindre son objectif, la structure porte et mène différentes actions sur le bocage, les cours d’eau, les zones humides, le monde agricole, les particuliers, les collectivités et tout autre acteur ayant un impact sur la qualité de l’eau et des milieux aquatiques. Comme pour une grande partie des territoires bretons, ce territoire s’alimente majoritairement en eau potable via les eaux superficielles (70 % de la part d’alimentation en eau potable). De plus, de nombreuses activités nécessitant une bonne qualité des eaux et des milieux aquatiques sont présentes sur le territoire. On y trouve des activités professionnelles telles que l’aquaculture (élevages de truites et de turbots de mer) ou la conchyliculture pratiquée dans l’estuaire (huîtres, coques, palourdes), et des activités de loisirs telles que la pêche, la baignade ou les activités nautiques.
Présentation du terrain d’étude
Le bassin versant du Dourdu
Le Dourdu (« Eau Noire » en breton) est un ruisseau côtier, situé au nord-ouest du territoire du SMJGB, se jetant dans La Manche. Le cours principal a un linéaire de 7,3 km et le réseau hydrographique total est de 19,5 km. Son bassin versant a une superficie de 1197 ha, qui s’étend sur 6 communes (Figure 1) , et principalement sur trois d’entre-elles : Kermaria-Sulard, Louannec et Trélévern. Les trois autres communes ne sont présentes que sur une petite partie du bassin versant, ce sont les communes de Camlez, Rospez et Trézény. Le bassin versant se situe sur le territoire de Lannion-Trégor Communauté (Kermaria-Sulard, Louannec, Rospez, Trélévern) et la communauté de communes du Haut-Trégor (Camlez, Trézény). Le Dourdu est un cours d’eau classé en 1ère catégorie piscicole, c’est-à-dire qu’il peut accueillir les espèces de salmonidés.
Occupation du sol et usages du bassin versant du Dourdu
Le bassin versant du Dourdu est un secteur majoritairement rural. Les pôles urbains du territoire sont le bourg de Kermaria-Sulard au Sud du bassin, une partie du bourg de Trélévern au Nord-Est et une légère concentration de bâti à Louannec, à l’Ouest du bassin versant. D’après la base de données (BD) TOPO 2014, le bâti indifférencié représente 14 ha soit 1,2 % des 1179 ha du bassin versant. Les espaces boisés représentent 20,3 % du territoire avec 243 ha. On les retrouve essentiellement à proximité des cours d’eau et des zones humides (d’après la BD TOPO 2014). Les zones humides, quant à elles, représentent 9,1 % du bassin versant avec 109 ha (D’après les données relevés par le SMJGB). Les cultures représentent 56,3 % du territoire occupé (675 ha). Les cultures sont diverses et sont enregistrées selon 9 classes pour ce bassin versant (Figure 3). Les principales cultures sont les prairies permanentes (30 %), le maïs grain et ensilage (28 %), les légumes-fleurs (17 % ; essentiellement des cultures d’artichauts, de choux-fleurs et de pommes de terres) et le blé tendre (14%). Le Dourdu est une zone légumière comme l’ensemble de la zone côtière du territoire du SMJGB, cependant l’élevage est présent ce qui le différencie des autres secteurs côtiers.
Les plans d’eau représentent seulement 0,3 % du territoire, soit 3,6 ha. Parmi ces plans d’eau se trouvent les trois bassins d’épuration de la station d’épuration des eaux usées (STEP) de Kermaria Sulard qui ont une surface totale de 1,3 ha. (relevés réalisés par le SMJGB). D’après la Figure 2, on trouve un manque d’information conséquent de 13 %. Ce pourcentage non renseigné représente les zones urbaines hors bâti (routes, parking, etc) et les terres non recensées agricoles (jardins, prairies abandonnées, etc).
La réglementation sur le bassin versant du Dourdu
Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE)
Adopté par le comité de bassin le 04 novembre 2015, le SDAGE Loire-Bretagne fixe pour chaque bassin hydrographique les orientations fondamentales d’une gestion équilibrée de la ressource en eau. Il intègre les obligations définies par la DCE ainsi que les orientations du Grenelle de l’environnement pour un bon état des eaux reporté de 2015 à 2021. Le SDAGE s’articule autour de 4 questions importantes : La qualité de l’eau, la qualité des milieux aquatiques, la quantité de la ressource eau et la gouvernance de cette ressource.
Les principales orientations du SDAGE Loire-Bretagne pour le Dourdu sont :
– Repenser les aménagements de cours d’eau
– Réduire la pollution organique et bactériologique
– Préserver la biodiversité aquatique
– Préserver les têtes de bassin versant .
Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE)
Déclinaison du SDAGE à une échelle plus locale, le SAGE vise à concilier la satisfaction et le développement des différents usages (eau potable, industrie, agriculture, …) et la protection des milieux aquatiques, en tenant compte des spécificités d’un territoire. L’évaluation environnementale du SAGE Argoat-Trégor Goëlo présente l’état écologique des différents cours d’eau sur son territoire. D’après le Tableau 1, l’état écologique du Dourdu est moyen, cette notation traduit un état écologique dégradé (d’après les données qualité 2011-2012-2013). Sur ce cours d’eau, ce sont l’indice biologique diatomées (IBD) et l’indice poisson rivière (IPR) qui ont pu qualifier cet état. Cette détérioration du cours d’eau est due à un apport excessif de nutriments (essentiellement le phosphore et les nitrates provenant directement des cultures ou des rejets). On retrouve aussi un taux de saturation en oxygène dissous trop faible dans ce cours d’eau. Cet apport excessif en nutriments s’explique par le fait que le Dourdu fait partie de la frange littorale du territoire où les surfaces maraîchères sont en hausse. Le nombre d’exploitations a augmenté d’environ 13 % en 10 ans traduisant ainsi le dynamisme de la filière (augmentation des surfaces à cause du maraîchage). La pollution agricole atteint les cours d’eau par le lessivage des sols, par dispersion aérienne et par les abreuvements directs qui entraînent une dégradation des berges et un apport de germes pathogènes au milieu. De plus, les rejets domestiques, d’eaux pluviales (transportant les matières polluantes en milieu urbain) et urbains (notamment de la STEP de Kermaria-Sulard) entraînent un fort apport en nutriments.
Zone d’Action Prioritaire pour l’anguille (ZAP anguille)
D’après la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), le Dourdu se situe dans la Zone d’Action Prioritaire pour l’Anguille. La ZAP anguille est une zone prioritaire pour les actions sur ouvrages au sein de chaque bassin visant à rétablir une continuité écologique facilitant la libre circulation de l’anguille (d’après l’Observatoire des poissons migrateurs Bretagne). Deux autres grands migrateurs peuvent être trouvés dans le Dourdu : la truite de mer et le saumon Atlantique.
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Table des matières
Introduction
I) Présentation du site
I.1) Présentation de la structure porteuse du projet
I.2) Présentation du terrain d’étude
I.2.1) Le bassin versant du Dourdu
I.2.2) Occupation du sol et usages du bassin versant du Dourdu (Figure 2)
I.2.3) La réglementation sur le bassin versant du Dourdu
I.2.3.1) Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE)
I.2.3.2) Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE)
I.2.3.3) Zone d’Action Prioritaire pour l’anguille (ZAP anguille)
II) Matériels et méthodes
II.1) Inventaire des cours d’eau du Dourdu
II.2) Le diagnostic REH sur le Dourdu
II.2.1) Présentation de la méthode REH
II.2.2) Application de la méthode REH
III) Résultats
IV) Discussion
IV.1) Inventaire du réseau hydrographique du Dourdu
IV.2) Les plans d’eau PEDD005 et PEDD006 (Annexe 5)
IV.3) Les compartiments hydromorphologiques
IV.3.1) Le lit mineur
IV.3.2) La continuité écologique
IV.3.3) Les berges
IV.3.4) Ligne d’eau
V) Programmes d’actions
V.1) Le programme d’actions pour les milieux aquatiques (Tableau 2)
V.2) Le programme Breizh Bocage 2015-2020 (Tableau 3)
Conclusion
Références bibliographiques
Liste des figures et des tableaux
Liste des figures
Liste des tableaux
Annexes
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