Suite à l’adoption de l’Initiative de Bamako, la population sénégalaise assure le financement de leurs soins de santé. Cette initiative devient une occasion propice pour l’Etat du Sénégal à lancer une véritable politique de recouvrement des coûts de soins de santé. « La santé n’a pas de prix mais, elle a un coût ». Les malades et leurs familles doivent supporter ce coût quels que soient les moyens financiers dont ils disposent. La mise en œuvre de cette initiative de Bamako s’est traduite par des mesures importantes dont la définition d’une politique de médicaments essentiels. Les comités de santé rationalisent la production de soins et fixent les conditions de participation communautaire. Malgré les efforts consentis par l’Etat pour lutter contre une quelconque inégalité dans le secteur de la santé et permettre une accessibilité financière équitable aux soins médicaux, les disparités persistent. En général, lorsqu’un patient se rend dans une structure de santé pour se faire soigner, il n’a que rarement une idée précise des dépenses qu’il peut engager. Le recouvrement des coûts des soins varient d’un poste de santé à un autre. Le district sanitaire de Mbour qui fait l’objet de cette étude, n’échappe pas à ce phénomène.
PROBLEMATIQUE
Objet de la recherche
La géographie des soins répond au souci de favoriser une meilleure connaissance de l’offre de soins globale, d’une connaissance éminente des déterminants des recours aux soins et d’une analyse croisée des différents composants d’un système de soins entre autres. En effet, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le système de soins se définit comme l’ensemble des activités officielles ou non, qui portent sur les services de santé mis à la disposition de la population et l’utilisation de ces services par la population.
L’analyse des inégalités socio-spatiales d’accès financières des populations aux soins de santé est l’objet de ce travail. En fait, la Constitution du Sénégal admet que le droit à la santé est un droit fondamental. C’est la raison pour laquelle l’Etat sénégalais accorde une attention particulière à la santé. Cependant, les difficultés économiques apparues au cours des années 1970 et les différentes sécheresses ont amoindri les ressources avec pour conséquence une baisse des subventions allouées au secteur de la santé. La réduction de ces subventions est accentuée avec la mise en place des Programmes d’Ajustement Structurels (PAS). L’un des buts de ces PAS était la réduction des frais dans les secteurs comme la santé. Ces PAS ont eu un impact négatif sur le système de santé du Sénégal et les conséquences s’avèrent catastrophiques : dégradation des infrastructures de santé, ruptures des stocks de médicaments, baisse de la qualité des prestations, baisse de l’offre d’où un transfert de la demande vers le secteur privé ou vers l’automédication traditionnelle. On assiste aussi à une diminution de l’offre qui enregistre une augmentation toujours croissante de la demande.
Face à ce constat, le Sénégal, aidé par la communauté internationale, l’OMS et l’Unicef envisage des réformes dans le secteur de la santé. Ainsi, débutent les premières tentatives en santé communautaire. Dès lors, la logique de la rationalisation devient la voie de survie des systèmes de santé face à une demande croissante. De nouvelles politiques de santé vont être amorcées. C’est ainsi que, le 12 septembre 1978 à Alma Ata, sous l’égide de l’OMS, les soins de santé primaires ont été adoptés comme étant la stratégie qui permettra d’atteindre l’objectif commun de « santé pour tous en l’an 2000 ». Dans la même lancée, en 1987, un sommet des ministres africains de la santé tenu à Bamako a défini une stratégie de réformes des systèmes de santé basée sur l’extension des soins de santé primaire et la décentralisation de la gestion des services de santé. Puis, progressivement avec les bailleurs de fonds et les partenaires au développement, le Sénégal va opérer de profondes innovations dans le secteur de la santé.
LE CONTEXTE DE L’ELABORATION DU SYSTEME DE SOINS
La politique de santé trouve son fondement dans la Constitution Sénégalaise qui garantit le droit à la santé en son article 8. Elle indique en son article 17 que «…l’État et les Collectivités publiques ont le devoir de veiller à la santé physique et morale de la famille et, en particulier, des personnes handicapées et des personnes âgées. L’État garantit aux familles en général, et à celles vivant en milieu rural en particulier l’accès aux services de santé et au bien être… ». La politique de santé est basée sur les soins de santé primaires et prend en compte les engagements internationaux du Sénégal vis-à-vis des organisations sous régionales, régionales et mondiales. Parmi eux figurent, ceux d’Alma Ata, celles de l’Initiative de Bamako (IB) et récemment les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Le PNDS 2009-2018 repose sur la vision d’un Sénégal, où toutes les populations bénéficient d’un accès universel à des services de santé répondants à leurs besoins. En plus, ces structures sanitaires doivent être économiquement et socialement accessibles et productives. Cette politique de santé s’engage à accomplir un certain nombre de points fondamentaux dont l’accès aux soins de santé, une décentralisation et une gouvernance sanitaire locale approfondie, la promotion de la couverture de l’assurance du risque maladie, la culture de la gestion axée sur les résultats (…).
ORGANISATION SANITAIRE
Le processus de décentralisation entrepris depuis 1972 a été approfondi en 1996 avec une réforme des textes qui donne des pouvoirs accrus aux Collectivités dans différents domaines de développement y compris le domaine de la santé. En effet depuis 1991, le Sénégal est divisé en 45 zones opérationnelles en matière de planification des services de santé. Les soins de santé primaires constituent les fondements de cette organisation. Le système de santé du Sénégal est organisé selon une structure pyramidale qui appréhende trois niveaux : un niveau stratégique central, un niveau intermédiaire tactile qui correspondant à la région médicale enfin un niveau plus périphérique district sanitaire.
Le Niveau Central
Il comprend le cabinet du Ministre et les services s’y rattachant, les directions techniques et les services rattachés, les Établissements publics de santé ainsi que la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA). Cette dernière, a aussi PNA un statut d’EPS. La PNA est chargée de l’approvisionnement des médicaments essentiels ainsi que leur distribution jusqu’au niveau des régions médicales d’où les districts s’approvisionnent. Le fonctionnement des services, au plan institutionnel, reste perturber par le nombre important des services rattachés, par le conflit de compétences entre services centraux partageant les mêmes missions, et enfin par le manque de précision dans les missions du fait de d’application.
La Région Médicale
Actuellement, le Sénégal compte 14 régions médicales. En effet, l’aire d’intervention de la région médicale correspond à celle de la région administrative. Elle assure la coordination, la supervision, l’inspection et le contrôle des structures sanitaires publiques et privées de la région. Elle organise la collaboration technique entre toutes les structures régionales de santé et les assiste dans leur tâche d’administration, de gestion et de planification. Le principal animateur d’une région médicale est le Médecin Chef de Région (MCR) et en est le coordonnateur de plusieurs activités.
Le District Sanitaire
Le Sénégal compte 69 districts sanitaires qui constituent des subdivisions sanitaires proches des populations. Le district est considéré comme l’aire géographique opérationnelle la plus périphérique dans le scénario de développement sanitaire et social au Sénégal. Il est dirigé par un Médecin Chef de District (MCD). C’est à ce niveau que s’applique la médecine dans son aspect quadridimensionnel : curatif, préventif, social et éducatif. Le district est composé d’un ou de plusieurs centres de santé et englobe un réseau de postes de santé eux-mêmes supervisant les cases de santé et les maternités rurales. A ce troisième niveau, le Sénégal a opté pour un système sanitaire à deux échelons. Le premier échelon est un réseau de cases et de postes de santé qui ont pour mission d’offrir à la population un paquet minimum d’activités de prestation de Soins de Santé Primaires avec la participation communautaire.
Le deuxième échelon est le centre de santé de référence et l’hôpital qui offrent un paquet complémentaire d’activités de soins de santé de référence. Ces deux échelons précités sont reliés entre eux par un système de référence et de contre référence. À ce niveau, l’offre de soins épouse l’agencement de la pyramide sanitaire. Au sommet, l’hôpital constitue la référence, suivi du centre de santé au niveau intermédiaire et des postes de santé au niveau périphérique. Le secteur privé joue un rôle considérable dans l’offre de soins. Il n’est néanmoins pas en mesure de répondre à l’essentiel des besoins et reste parfois hors de portée financière pour la majeure partie de la population. Il est pourtant important de s’assurer de sa pleine implication dans tous les efforts d’amélioration du secteur. A cela s’ajoute la part non négligeable de la médecine et de la pharmacopée traditionnelle.
|
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
ANALYSE DES CONCEPTS
OBJECTIFS DE RECHERCHE
HYPOTHESES DE RECHERCHE
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
PREMIERE PARTIE : LES INEGALITES DE LA CONSOMMATION MEDICALE APPARENTE DANS LE DISTRICT SANITAIRE DE MBOUR
CHAPITRE I : LA GEOGRAPHIE DE L’OFFRE DE SOINS DANS LE DISTRICT SANITAIRE DE MBOUR
CHAPITRE II : RECOURS AUX SOINS MEDICAUX DANS LE DISTRICT DE MBOUR
CHAPITRE III : CONTRIBUTION FINANCIERE DES PATIENTS AUX SOINS DE SANTE
DEUXIEME PARTIE : FACTEURS DES DISPARITES DE LA CONTRIBUTION FINANCIERE DES PATIENTS DES POSTES DE SANTE
CHAPITRE I : LA GESTION DU MEDICAMENT DANS LES POSTES DE SANTE
CHAPITRE II : GESTION DE LA SANTE PAR LA COMMUNAUTE
CHAPITRE III : EFFETS DES DISPARITES DANS L’UTILISATION DES SERVICES DE SANTE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
GLOSSAIRE
ANNEXES