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CENTRALITE, CLIENT ET AUTORITE DE LA FONCTION CONTROLE DE GESTION
L’objectif de ce paragraphe est de proposer une analyse systématique de la littérature portant sur la fonction contrôle de gestion, au travers de la centralité, du client et de l’autorité.
Centralité de la fonction contrôle de gestion
Le thème de la centralité entre en écho avec deux uestionsq récurrentes relatives à la fonction contrôle : d’une part, son rattachement à la foncti on financière ou à la direction générale, et d’autre part, la position du contrôleur de gestion vis-à-vis du processus de contrôle.
Le rattachement de la fonction contrôle de gestion
La question du rattachement de la fonction contrôle soulève deux réflexions : celles de l’image -financière ou non- du contrôle au sein de l’organisation et celle de la dimension stratégique de la fonction.
Dans cette optique, Ardoin et Jordan (1979, p. 140) suggèrent que seul un rattachement à la direction générale est pertinent. Bouquin (2001, p.129) entérine cette position. Selon lui, un rattachement à la direction générale paraît plus opportun dans le contexte français. En effet, un rattachement à la direction financière génèreune vision financière du contrôle cohérente avec l’approche américaine de la fonction, mais a priori trop restrictive par rapport à l’approche française. En outre, historiquement, il semble que le poste de contrôleur de gestion ait représenté, à ses débuts, un tremplin pour la irectiond générale. L’analyse des origines des anciens élèves de l’I.C.G. montre une forte proportion d’étudiants venant de formations d’élite. Ceci laisse penser que la fonction contrôle de gestion est conçue comme une antichambre de la direction générale.
La double clientèle du contrôleur décentralisé
L’organisation divisionnelle pose naturellement la question de la place, et par là même du rôle du contrôleur de gestion décentralisé. Le caractèremarginal-sécant de sa position peut suivant les choix de rattachement effectués, tendre vers un rôle régalien, au service de la direction générale, ou un rôle d’assistance des équipes locales.
Plus précisément, au sein des divisions le contrôleur de gestion connaît un double rattachement : hiérarchique et fonctionnel. Ce dernier principe n’est pas remis en cause dans la littérature. Il existe deux combinaisons principales de ces rattachements. Bouquin (2001) décrit les deux types de rattachement hiérarchiquepossibles du contrôleur de gestion. Le type de rattachement hiérarchique permettra de déduireal nature du rattachement fonctionnel.
Deux rattachements [hiérarchiques du contrôleur local] sont observables : soit à la direction ou au service central du contrôle de gest ion (relation fonctionnelle du contrôleur local avec le dirigeant de l’unité dans laquelle il est envoyé), soit au chef de l’unité opérationnelle (avec relation fonctionnelledu contrôleur et de son homologue de l’échelon supérieur) (Bouquin, 2001, p. 129).
Autorité de la fonction contrôle : son influence dans la prise de décision
L’autorité de la fonction contrôle de gestion ne peut être envisagée qu’en tenant compte du statut ambigu du contrôleur de gestion dans le processus information – décision. Suivant les analyses, le contrôleur influence plus ou moins la prise de décision des opérationnels et de la direction générale.
Au plus faible degré d’intervention, le contrôleur ne fait que transmettre l’information sans agir sur son contenu. Sa mission est de garantir la fiabilité des informations pour optimiser la prise de décision dans l’organisation. Par exemple, Anthony (1988) décrit le contrôleur de gestion local comme un relais entre les opérationnels et la direction générale.
Sa responsabilité est semblable à celle d’une entreprise de télécommunicationqui garantit que les messages circulent à travers le sy stème de façon claire, exacte et rapide, sans être responsable de leur contenu ou d’agir en fonction des informations qu’ils contiennent.
Le directeur général peut déléguer certaines responsabilités au contrôleur, par exemple, approuver certains changements dans le budget, mais les responsables opérationnels ont, ou devraient avoir le droit de faire appel des décisions du contrôleur (Anthony, 1988, p. 81).
En attribuant au contrôleur un rôle de conseil, d’a utres auteurs suggèrent son intervention directe sur l’information transmise (Sathe, 1982).
Ainsi, Simon et al. (1955) identifiaient déjà, à partir d’entretiens, t rois principales utilisations de l’information comptable par les managers décentralisés.
Les informations permettant d’évaluer la performance réalisée– score-card questions-.
Les informations d’organisation de la vigilance – attention directing data- qui sont fournies grâce à des rapports périodiques quotidien s, hebdomadaires et mensuels.
Dans une perspective de résolution de problèmes – problem-solving data-, les informations doivent être façonnées pour répondrepécifiquements au problème (Simon et al., 1955, p. 79).
Les catégories proposées par Schäfferet al. (2002), bien que soulignant une participation plus active du contrôleur de gestion à la prise de décis ion, restent cependant proches de celles identifiées par Simon près de cinquante ans auparavant :
Les contrôleurs de gestion aident le management en leur fournissant un service spécifique, qui crée un pré-requis au management rationnel: ils déchargent les opérationnels en mettant en place et en orientant les actions des managers, et ce faisant, favorisent un management rationnel.
Les contrôleurs de gestion aident le management en jouant le rôle d’avocat du diable, révisant et apportant un regard critique, défiant les actions et les anticipations des opérationnels, et jouant également un rôle proactif en tant que consultant. En faisant cela, ils sollicitent de façon sélective l’attention des managers, participant ainsi activement à l’atteinte d’un management rationnel ( Schäffer et al., 2002, p. 3).
Le contrôleur apporte une valeur ajoutée à l’inform ation en la transformant en outil d’aide à la décision. Bouquin (2001) évoque cet aspect et émettoutefois des doutes quant à l’utilisation des conseils prodigués. Contribuent-ils réellementà la prise de décision des opérationnels ? A fortiori en cas de conflit d’opinion entre ces derniers et le contrôleur…
Une première source d’ambiguïté tient à la difficulté de mesurer l’influence réelle qu’ils exercent : ils aident à gérer, et certaines entreprises utilisent d’ailleurs la dénomination de “ conseiller de gestion ”. Mais quel est le poid s réel de leurs conseils ? Que se passe-t-il lorsqu’un conflit surgit entre un contrôleur e t un opérationnel sur la nature des décisions qu’appelle une situation ou sur la nature du diagnostic à porter ? (Bouquin, 2001, p. 124)
Un niveau supérieur d’intervention peut être décelé.Le contrôleur a un statut privilégié dans le processus information-décision du fait de son accès unique à l’information. Il est en effet à la fois proche de la direction générale et en contact permanent avec les opérationnels. Ceci lui confère une influence importante sur la prise de décision et une légitimité. Les opérationnels, comme la direction générale, perçoivent ce statut privilégié. L’habileté du contrôleur consiste dès lors à orienter la décision sans que les managers se sentent dépossédés de leur pouvoir.
Ainsi, Mouritsen (1996), dans l’étude qu’il a menéeauprès de 370 responsables du contrôle de gestion danois, identifie cinq aspects du travail des fonctions contrôle de gestion-comptabilité : la tenue de livres, le conseil, la trésorerie, le contrôle de gestion, et l’administration. La dimension conseil regroupe des processus de contrôle de gestion dans lesquels les départements de contrôle sont impliqués dans la coordination des activités liées à la prise de décision relative au marché (fixation esd prix, politique de crédit, analyse de profit) et à la production (productivité, utilisation des capacités, nouveaux investissements et assurance qualité). Bien que les départements de contrôle ne soient pas dotés d’une autorité hiérarchique leur permettant d’appliquer les décisions, leur influence en tant que centre d’information leur permet de démultiplier leur pouvoir sur les activités organisationnelles. A l’opposé, au travers de la dimension « contrôle », la fonction contrôle de gestion se focalise sur un processus de contrôle de gestion au travers duquel elle est impliquée dans la responsabilisation des opérationnels vis-à-vis de leurs budgets.
Bühler (1979) s’est particulièrement intéressé à l’influence du contrôleur de gestion 38. Il note ainsi que :
L’influence globale du contrôleur semble être plus forte dans le cadre d’organisations indépendantes, dont la structure est plutôt aiguë e t opérant dans un environnement légèrement contraignant, mais dont la dimension concurrentielle pose peu de problèmes.
L’effet de la dépendance, surtout sensible au niveau des décisions stratégiques et financières confirme l’idée que ce type de décision est rarement « délégué » aux filiales ou divisions. L’influence du contrôleur se trouve d onc réduite probablement au même titre que celle des autres responsables.
Par contre une certaine complexité interne, due à une configuration aiguë a tendance à augmenter l’influence du contrôleur, confirmant ain si l’idée que celui-ci joue un rôle important dans la gestion de la masse d’information engendrée par une structure verticalement complexe (Bülher, 1979, p. 375).
La diversité des responsabilités et des tâches du contrôleur de gestion
La diversité des responsabilités du contrôleur de gestion est appréhendée, dans la littérature, sous trois angles : l’étendue des responsabilités du directeur du contrôle de gestion (a), les tâches du contrôleur de gestion (b) et les différen ts rôles qui lui sont assignés (c). Il apparaît que ces « rôles » peuvent être interprétés en termes d’autorité et de client (d).
Les responsabilités du directeur du contrôle de gestion : modèle financier et modèle managérial Les considérations relatives à la formation, au contexte socio-économique de l’émergence de la fonction contrôle de gestion, et au modèle culturel de gestion des entreprises ne sont pas sans conséquence sur la conception française de la fonction. Aux Etats-Unis, la fonction contrôle de gestion correspond à une définition str ictement financière. On parle d’ailleurs beaucoup plus naturellement de « Financial Control » que de « Management Control ». L’influence du modèle de General Motors n’est pas étrangère à ce phénomène (Johnson et Kaplan, 1987).
Ahrens et Chapman (2000) soulignent la valorisation institutionnelle de cette dimension financière :
Des preuves anecdotiques montrent que, dans certaines organisations, le titre de contrôleur de gestion » est rebaptisé en « manager des dépenses globales » . A un niveau institutionnel, la revue « Management Accounting » de la branche américaine de l’IMA (Institute of Management Accountants), a étérécemment rebaptisée« Strategic Finance ». De la même façon, l’association britannique CIMA (Chartered Institute of Management Accountants) a rebaptisé sa revue « Management Accounting », Financial Management.
En France, l’étendue des services rattachés peut être variable, parfois très étendue, allant jusqu’à faire du contrôle un véritable doublon de l a direction générale.
Ainsi, Bouquin (2001) souligne cette différence de conception de la fonction entre les Etats-Unis et la France. Il met pour cela en regard deux définitions : celle du Financial Executive Institute (F.E.I.)40 aux Etats-Unis, et celle de l’A.N.C.G. 41 en 1969, devenue par la suite la D.F.C.G. (Association nationale des Directeurs Financiers et de Contrôle de Gestion).
Aux Etats-Unis, le contrôleur de gestion (controller ou comptroller) a la responsabilité de la comptabilité et de l’audit interne, de la politique et des procédures comptables, des politiques et des procédures fiscales, des assurances prises par l’entreprise. Une telle conception fait du contrôleur de gestion un membre de la direction financière, chargé d’une fonction de vigilance financière, dont l’évolution éventuelle du rôle n’est alors conçue que comme impliquant une évolution de la fonction financière en général.En France, le directeur du contrôle de gestion a en charge, dans une grande entreprise : les services d’organisation administrative, l’informati que, les services budgétaires, les services comptables, l’audit interne, les études économiques et les statistiques, et le service du plan à long terme (Bouquin, 2001, p. 125).
Outre le côté « impérialiste » de la conception française de la fonction un des risques réside dans la difficulté à comprendre la place réelle qu’occupe le contrôle de gestion dans l’organisation, au sens premier comme au sens figuré. Est-ce un doublon de la direction générale ?
Bouquin (2001) insiste sur l’ambiguïté que génèrentdes périmètres de responsabilité variables. La fonction contrôle de gestion peut n’a voir aucun service sous sa responsabilité, ou en diriger de nombreux.
L’activité du contrôleur de gestion et son contexte
Une […] source d’ambiguïté tient à la diversité des définitions de fonction des contrôleurs et à celle des services qui leur sont r attachés. Leur autorité hiérarchique peut, selon les cas, s’étendre sur les services comptables, sur les services fiscaux, informatiques, voire parfois sur le service du personnel, s’il n’est pas une direction autonome, ou sur le département juridique. Elle peut aussi ne s’exercer sur aucune de ces unités (Bouquin, 2001, p. 125).
Des enquêtes menées en France permettent de confirmer en partie cette conception relativement large de la fonction contrôle de gesti on. Une difficulté réside toutefois dans la confusion entre les responsabilités individuelles «du » contrôleur de gestion et l’étendue des services rattachés à la fonction contrôle de gestio n. L’amalgame porte donc sur le libellé contrôleur de gestion », la plupart des analyses ne précisant pas qu’elles se réfèrent au directeur du contrôle de gestion. Il est donc nécessaire de nuancer cette mise en regard : les responsabilités d’un contrôleur de gestion parmi d’ autres peuvent relever d’une vision stricte du contrôle de gestion, alors que la fonction contr ôle de gestion, incarnée par son directeur, peut chapeauter un grand nombre de services. En France, Jordan (1998) identifie trois services pouvant être sous la responsabilité du contrôleur de gestion : le service informatique (sy stème de gestion), la comptabilité générale, et l’audit interne. Jordan prend en compte deux critères influençant l’attribution des responsabilités au contrôleur : la taille de l’entreprise (plus ou moins 500 personnes) et le rattachement de la fonction contrôle de gestion (à la direction générale ou à la direction financière).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE – SERVICES FONCTIONNELS, ACTIVITE DES CONTROLEURS ET PLACE DE LA FONCTION CONTROLE DE GESTION
CHAPITRE 1 – FONCTION CONTROLE DE GESTION ET SERVICES FONCTIONNELS
Section 1 Histoire de l’émergence de la fonction contrôle de gestion
Section 2 La place des services fonctionnels et de la fonction contrôle dans l’organisation
CHAPITRE 2 – L’ACTIVITE DU CONTROLEUR DE GESTION ET SON CONTEXTE
Section 1 L’activité du contrôleur de gestion
Section 2 Contexte de la fonction contrôle de gestion
CHAPITRE 3 – ETUDE EXPLORATOIRE ET PROPOSITION D’UN CADRE D’ANALYSE DE LA FONCTION
CONTROLE DE GESTION
Section 1 Démarche et méthodes de la recherche
Section 2 Apports de l’étude exploratoire
Section 3 Evolution du cadre conceptuel et de la méthodologie
SECONDE PARTIE – LA FONCTION CONTROLE DE GESTION : TYPOLOGIE ET ETUDE DES ROLES
CHAPITRE 4 – DES FONCTIONS CONTROLE DE GESTION AU SERVICE DU MANAGEMENT LOCAL
Section 1 La fonction contrôle de gestion partenaire
Section 2 La fonction contrôle de gestion discrète
CHAPITRE 5 – DES FONCTIONS CONTROLE DE GESTION AU SERVICE DE LA DIRECTION GENERALE
Section 1 La fonction contrôle de gestion garde-fou
Section 2 La fonction contrôle de gestion omnipotente
CHAPITRE 6 – PROPOSITION D’UNE TYPOLOGIE ET ETUDE DES DETERMINANTS
Section 1 Les quatre idéaux-types de fonction contrôle de gestion
Section 2 Le contexte de la fonction contrôle de gestion
Section 3 La fonction contrôle de gestion vecteur de changement
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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