Etude ethnobotanique de l’Herbier de l’IFAN Ch. A. Diop
Le logiciel RIHA
La conception de cette base de données RIHA (Réseau Informatique des Herbiers Africains) a été possible grâce à la coopération internationale, plus particulièrement à la Francophonie et spécialement au Fond Francophone des Inforoutes (FFI), qui a bien voulu soutenir le projet d’ « Informatisation des Herbiers d’Afrique de l’Ouest et du Centre » sous la houlette de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et des différents herbiers partenaires (Herbier MNHN, Herbier National du Cameroun et celui de l’IFAN). Le logiciel RIHA permet d’une part, la gestion quotidienne d’une collection d’Herbier et d’autre part l’exploitation et la valorisation d’un ensemble d’informations liées aux récoltes (Chevillotte et al., 2004). Le modèle conceptuel de données disponible fonctionne sous Access/Windows avec un système de base de données Postgress. Les tables du modèle se répartissent dans deux sous-modèles dont l’un est rattaché au spécimen et l’autre aux référentiels. Les données directement liées au spécimen sont réparties dans plusieurs entités .
Sortie des parts d’herbiers et la saisie des données dans la base
Nous avons au niveau de notre salle de collection, 88 armoires de rangement comportant chacune entre 14 et 21 paniers (1 841 au total) communiquant entre eux. Les échantillons d’herbiers sont rangés dans les dits paniers. Le classement est d’abord fait selon l’ordre alphabétique des familles, au sein de chaque famille suivent ensuite les genres, les espèces et les variétés toujours suivant l’ordre alphabétique. La première étape a été de localiser les parts d’herbiers portant des informations ethnobotaniques. Ainsi, tous les 1 841 paniers ont été visités et les récoltes qui y sont consultées. Toutes les récoltes renfermant une ou des informations ethnobotaniques sont extraites des paniers, saisies dans la base de données RIHA .
Les descriptions des usages sont parfois détaillées et nécessitent de concevoir une structuration et un découpage de ces descriptions dans des tables adaptées aux contenus des savoirs décrits (Cook 1995). Pour éviter le risque des distorsions induites par le passage du contenu textuel des étiquettes à leur transcription dans la base de données (Thomas, 2003), le texte décrivant l’usage est conservé intégralement au sein d’une rubrique texte . Les données ethnobotaniques ont été structurées avec un champ particulier pour la description de l’usage tel qu’il est écrit sur l’étiquette. Les données ont été structurées selon les tables suivantes :
– catégorie d’usage ;
– partie utilisée de la plante ;
– description de l’usage ;
– ethnie liée à l’usage ;
– nom de la plante par ethnie.
Ces tables ethnobotaniques sont liées à l’ensemble des autres tables : n° de collecte, date de récolte, collecteur, nom scientifique, lieu de récolte…
Ce travail d’enregistrement est complété par une vérification taxonomique des spécimens : actualisation des synonymies et corrections de certaines identifications erronées, portées sur les spécimens, en se servant de la base de données en ligne du conservatoire et Jardin botaniques de la ville des Genève (http://www.villege.ch/musinfo/bd/cjb/africa/recherche.php) régulièrement mis à jour.
L’extraction des données ethnobotaniques et leur traitement
Une fois la saisie informatique terminée, nous avons procédé à l’exploitation des informations en utilisant quelques-unes des procédures de requêtes disponibles dans le logiciel RIHA . Le filtrage des récoltes par usages et par collecteur a permis d’afficher sous forme de tableau, toute la liste des spécimens saisis renfermant des informations sur les usages de l’espèce (Fig. 5). Cette liste a été enregistrée dans le tableur Excel ensuite, nous avons procédé à une hiérarchisation des usages et à l’exploitation des données.
Enquêtes ethnobotaniques
Usages des plantes
Diversité des espèces exploitées
Au niveau de la communauté rurale de Tomboronkoto, 193 espèces végétales autochtones diversement exploitées ont été inventoriées . Elles sont réparties en 145 genres et en 61 familles botaniques. Les plus importantes sont les Caesalpiniaceae et les Fabaceae qui présentent chacune 13 espèces. Viennent les Tiliaceae, les Rubiaceae, les Poaceae, les Combretaceae et les Mimosaceae avec au moins 8 espèces chacune . Elles sont suivies par les Euphorbiaceae (7 espèces), les Apocynaceae, les Anacardiaceae et les Moraceae (6 espèces chacune), puis viennent les Amaranthaceae, les Asclepiadaceae, les Amaryllidaceae, les Dioscoriaceae, les Malavaceae et les Sterculiaceae (4 espèces chacune), enfin les Araceae, les Bombacaceae, les Commelinaceae, les Labiatae, les Meliaceae et les Solanaceae (3 espèces chacune). Toutes les autres familles soit 38 ne sont représentées que par deux espèces (14 familles) ou une seule (24 familles) . La plupart des genres n’ont qu’une ou deux espèces mais, il y en a un certain nombre qui est assez diversifiés :
❖ Ficus avec 6 espèces ;
❖ Corchorus, Combretum et Grewia avec 5 espèces chacun ;
❖ Amaranthus, Dioscorea 4 espèces chacun ;
❖ enfin Acacia, Commelina et Lannea avec 3 espèces seulement chacun.
Au niveau des genres, les familles les plus diversifiées sont toujours les Caesalpiniaceae, les Fabaceae (11 genres chacune), les Rubiaceae (9), les Poaceae et les Apocynaceae (7 chacune), les Euphorbiaceae et les Mimosaceae (6 chacune), les Combretaceae et les Anacardiaceae (4 chacune), les Amaryllidaceae, les Asclepiadaceae, les Bombacaceae, les Malvaceae, les Meliaceae, les Sterculiaceae, les Solanaceae et les Tiliaceae (3 chacune). Les autres familles (44) n’ont que deux ou un seul genre. Pour la valeur d’usage les sept premières familles (Caesalpiniaceae, Fabaceae, Tiliaceae, Rubiaceae, Poaceae, Combretaceae et Mimosaceae) ayant les plus grandes diversité spécifiques ont aussi les valeurs d’usage les plus importantes comprises entre 4 et 1,2 . Toutefois, on ne peut conclure d’une proportionnalité entre la diversité spécifique et la valeur d’usage. En effet, certaines familles avec une diversité spécifique plus faible Anacardiaceae et Moraceae (6 espèces chacune), Bombacaceae (3 espèces), Sapotacecae (2 espèces) et Olacaceae (1 espèce) ont des valeurs d’usage parfois supérieur celles des premières familles ou presque égaux (2 à 1) .
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Table des matières
I- INTRODUCTION
II – MATERIEL ET METHODE
II-1- La zone d’étude
II-2- Matériel
II-3- Méthodes
II-3-1- Les Enquêtes ethnobotaniques
II-3-1-1 La collecte des données
II-3-1-2- L’identification des espèces et transcription de leurs noms locaux
II-3-1-3- Le traitement des données
II-3-2- Etude ethnobotanique de l’Herbier de l’IFAN Ch. A. Diop
II-3-2-1- Le logiciel RIHA
II-3-2-2- Sortie des parts d’herbiers et la saisie des données dans la base
II-3-2-3- L’extraction des données ethnobotaniques et leur traitement
III- RESULTATS
III-1- Les enquêtes ethnobotaniques
III-1-1- Les Usages des plantes
III-1-1-1- Diversité des espèces exploitées
III-1-1-2- Les différentes catégories d’usages
III-1-1-2-1- Diversité des espèces par catégorie d’usages et FCI
III-1-1-2-2- Les organes exploités
III-1-1-2-3- Les espèces à usages unique dans les catégories d’usages
III-1-1-2-4- Les plantes alimentaires
III-1-1-2-4-1- Les fruits
III-1-1-2-4-2- Les Légumes feuille
III-1-1-2-4-3- Les tubercules
III-1-1-2-4-4- Les aliments de soudure ou de famine
III-1-1-2-5- Les plantes médicinales
III-1-1-2-5-1- Diversité des plantes médicinales
III-1-1-2-5-2- Diversité et importance des pathologies traitées
III-1-1-2-5-3- Diversité des espèces par groupe pathologique
III-1-1-2-4-5-4- Les organes exploités
III-1-1-2-5-5- Les modes de préparation des organes
III-1-1-2-5-5-1- Les différents modes de préparation
III-1-1-2-5-5-2- Les différents modes de préparation de chaque organe
III-1-1-2-5-6- L’usage des organes suivant les groupes pathologiques
III-1-1-2-5-7- Les Cinq principaux groupes pathologiques
III-1-1-2-5-7-1- Les maladies gastroentérologiques
III-1-1-2-5-7-1-1- Mode de préparation des organes médicinaux
III-1-1-2-5-7-1-2- Diversité des maladies gastroentérologiques
III-1-1-2-5-7-1-3- Les plantes utilisées contre la constipation
III-1-1-2-5-7-2- Les Maladies infectieuses
III-1-1-2-5-7-2-1- Mode de préparation des organes médicinaux
III-1-1-2-5-7-2-2- Diversité des maladies infectieuses
III-1-1-2-5-7-2-3- Les plantes utilisées contre la « fièvre jaune »
III-1-1-2-5-7-3- Les plantes utilisées en gynécologie
III-1-1-2-5-7-3-1- Diversité des espèces
III-1-1-2-5-7-3-2- Modes de préparation des organes
III-1-1-2-5-7-3-3- Classification des espèces selon l’usage
III-1-1-2-5-7-3-4- Classification des espèces selon le niveau de connaissance
III-1-1-2-5-7-4- Les plantes utilisées contre les Serpents et leurs morsures
III-1-1-2-5-7-4-1- Diversité des espèces
III-1-1-2-5-7-4-2- Modes de préparation des organes
III-1-1-2-5-7-5- Les plantes Aphrodisiaques
III-1-1-2-5-7-5-1- Diversité des espèces
III-1-1-2-5-7-5-2- Modes de préparation des organes
III-1-1-2-5-8- Les plantes médicinales les plus connues
III-1-1-2-5-8-1- Diversité
III-1-1-2-5-8-2- Les types biologiques
III-1-1-2-5-8-3- Classification des plantes médicinales les plus connues
III-1-1-2-5-8-4- Les organes exploités chez les plantes médicinales les plus connues
III-1-1-2-5-8-5- Les pathologies traitées par les plantes médicinales les plus connues
III-1-1-2-6- Les plantes à Usages culturels
III-1-1-2-6-1- Les masques de la fête des récoltes
III-1-1-2-6-2- Le masque « Kankuraŋ »
III-1-2- Ethnotaxonomie des plantes inventoriées
III-2- Etude ethnobotanique de l’Herbier de l’IFAN Ch. A. Diop
III-2-1- Diversité des espèces exploitées et valeur d’usage
III-2-1-1 Diversité des espèces exploitées
III-2-1-2 Valeur d’Usage (VU) des familles botaniques
III-2-2- Origine géographique des usages
III-2-3- Période de collecte des usages
III-2-4- Diversité des collecteurs
III-2-5- Diversité et importance des ethnies liés aux usages
III-2-6- Les Catégories d’Usages
III-2-6-1- Diversité des catégories d’usages
III-2-6-2- Distribution des catégories d’usages dans les ethnies
III-2-6-3- La catégorie d’usages Médicinale
III-2-6-4- La catégorie d’usages Alimentaire
III-2-6-5- La catégorie d’usages Technologique
III-2-6-6- Quelques anciens usages
III-2-7- Les usages rapportés par le Colonel LAFFITTE
III-2-7-1- Les années de récolte et les Pays prospectés
III-2-7-2- Diversités des espèces avec usage
III-2-7-3- Les Catégories d’usages
III-2-7-4- Diversité des ethnies rencontrées
III-2-7-5- Diversité des organes exploités
III-2-7-6- Distribution des catégories d’usages dans les ethnies
III-2-7-7- Distribution des catégories d’usages dans les organes exploités
III-2-7-8- Les usages médicinaux
III-2-7-8-1- Diversité des pathologies
III-2-7-8-2- Diversité des organes exploités
III-2-7-8-3- Les différents modes de préparation des organes exploités
III-2-7-9- Quelques usages remarquables
IV- DISCUSSION
V- CONCLUSION