Soutenance mémoire
Depuis quelques années, le Sahel est touché par de fortes vagues de chaleur. Et si on s’en tient aux prévisions du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC, 2007), des vagues de chaleur plus fortes et plus fréquentes sont inévitables ces 30 prochaines années. De plus au cours du XXIème siècle, le réchauffement climatique en Afrique serait plus important qu’au niveau mondial. Alors, il faut s’attendre à une augmentation des épisodes de vagues de chaleur, en particulier dans les régions arides et semi-arides du Sénégal.
Si les vagues de chaleur affectant les milieux tempérés ont fait l’objet de beaucoup d’études surtout depuis les épisodes entrainant une surmortalité à Chicago en juillet 1995 ou en Europe de l’Ouest en août 2003, elles sont moins bien connues en domaine sahélien, zone pourtant où les thermomètres affichent des records. En effet, au Sénégal, aucune étude sur les vagues de chaleur n’a été entreprise, aucun programme de prévention aux risques sanitaires n’a été mis sur pied. Si ce phénomène demeure inconnu, cependant ses impacts sur les populations commencent à se faire sentir. En effet, au cours de ces périodes, des données médicales telles que les consultations, les hospitalisations, les plaintes de maladies et même la mortalité connaissent une hausse visible.
Dans le contexte climatique qui règne dans le monde, la connaissance et l’appréhension du phénomène de vagues de chaleur doivent être un véritable impératif et un défi pour les autorités étatiques, sanitaires et pour les scientifiques. Ainsi, la mise en place d’un SGVC constitue une part très importante dans le développement durable car elle se base sur l’interprétation et l’analyse des données météorologiques et médicales passées et présentes pour prévenir des impacts futures sur les populations.
Des périodes de très fortes températures sont régulièrement observées dans la région de Matam, mais celle de Mai 2013 a été particulière. En effet, l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie du Sénégal (ANACIM) avait prévenu des fortes températures dans le nord-Est et le centre du pays au cours de cette période avec des pics de températures pouvant aller jusqu’à 45°C à l’ombre.
PROBLAMATIQUE ET PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
PROBLEMATIQUE
De plus le Sénégal, à l’instar des pays du Sahel est frappé chaque année par des vagues de chaleur de plus en plus rigoureuses. Les gouvernements bien que de plus en plus conscients des menaces que constituent certains phénomènes liés aux changements climatiques, tentent d’apporter des mesures à travers des politiques sectorielles destinées dans tel ou tel domaine environnemental. Toutefois, les vagues de chaleur restent l’un des phénomènes les moins bien étudiés mais demeurent de loin le plus redoutable pour les pays du Sahel.
CONTEXTE
Le principal défi du 21e siècle est le changement climatique, la conquête de l’information et la mise au point de moyens pour sa diffusion (la communication). Les phénomènes climatiques observés de nos jours deviennent de plus en plus intenses et menaçants pour les populations. C’est la raison pour laquelle, les gouvernements, les organismes et les scientifiques tentent tant bien que mal à mettre en place des systèmes et des stratégies pour contrer ou réduire les impacts du climat sur l’environnement humain et sur la santé. Dans cette conjoncture, au Sénégal, le gouvernement a mis en place un vaste programme d’adaptation aux changements climatiques à travers le Plan d’Action Nationale d’Adaptation (PANA). Ce plan intervient dans différents secteurs environnementaux tels que :
➤ l’agriculture dans le bassin arachidier,
➤ l’avancée de la mer dans les zones côtières
➤ les ressources en eau,
➤ le tourisme et
➤ la pêche.
Toutefois ce plan ne prend pas en compte les vagues de chaleur dans les zones sahéliennes. Aucune étude et aucun projet ou programme sur les vagues de chaleur n’existerait au niveau des ministères chargés de la prévention des risques tels que les ministères de la santé et de l’intérieur. Dans le contexte actuel, l’heure est à la mobilisation des connaissances et à la prévention aux risques liés aux changements climatiques. De plus, en Afrique de l’Ouest, les températures ont évolué plus rapidement que la tendance mondiale, avec des augmentations allant de 0,2°C à 0,8°C par décennie depuis la fin des années 1970 dans les zones sahélosahariennes, sahéliennes et soudaniennes (CEDEAO-CSAO/OCDE/ CILSS, 2008). La hausse observée est toutefois plus importante sur les Tn (la nuit) (jusqu’à plus de +1°C) que sur les Tx (le jour) (jusqu’à + 0,5°C). Cette configuration des températures journalières n’est pas un hasard. En effet, des études ont démontré que les vagues de chaleur étaient principalement dues aux Tn et du point de vue de la santé, le risque de ces fortes températures durant les nuits est qu’elles ne permettaient pas un repos nocturne de l’organisme.
Les surmortalités des vagues de chaleur survenues en Europe ont poussé les autorités à s’investir dans les recherches et à mettre en place des systèmes d’alerte, de vigilance et d’adaptation aux vagues de chaleur. Des seuils de température ont ainsi été déterminés et des niveaux d’alertes mis en œuvre pour anticiper sur les événements futurs.
JUSTIFICATION
La région de Matam se situe dans la limite nord du Sénégal au cœur de la zone sahélienne. Elle est caractérisée par la prédominance de fortes températures surtout pendant l’été. Cette forte chaleur est à l’origine des multiples vagues de chaleur enregistrées au cours de l’année. Ce phénomène est une des principales inquiétudes et préoccupations des populations et autorités sanitaires durant l’été. En effet, c’est au cours de cette période que le plus grand nombre de consultations, de plaintes de maladies et même de décès est observé. Et pourtant, les changements climatiques ont suscité beaucoup d’initiatives et orienté beaucoup de politiques gouvernementales dans le secteur de l’environnement clé du développement durable. En effet, il s’agit de s’informer sur les phénomènes liés ou aggravés par les changements climatiques ainsi que sur ses risques sur les populations. Les plans nationaux d’adaptation aux changements climatiques (PANA) entrepris par le Sénégal en sont une parfaite illustration. Toutefois les vagues de chaleur restent inexistantes dans les politiques de lutte et d’adaptation aux changements climatiques alors que c’est un phénomène qui est d’une ampleur et d’une fréquence plus grande que certains phénomènes climatiques. La prise en compte des vagues de chaleur dans les stratégies visant à s’adapter aux changements climatiques permettrait de réduire considérablement le nombre des cas d’hospitalisations, de consultations et de maladies et de décès durant ces fortes chaleurs à court ou à long terme. Les régions les plus touchées par les vagues de chaleur pendant les périodes estivales doivent ainsi bénéficier des politiques appropriées dans le domaine de la santé et de la prévention médicales. Toutefois au Sénégal, il semblerait qu’aucune réflexion dans le domaine des interactions entre santé et météo et principalement santé et chaleur n’ait été entamée à ce jour en raison d’une connaissance limitée sur les vagues de chaleur et sur leurs impacts à grande échelle. Si officiellement chaque année quelques dizaines de décès sont attribués à la chaleur, ils sont très difficilement vérifiables. De plus, si l’ampleur des impacts sur la mortalité n’est pas encore comparable avec celle observée en Europe ou un peu partout dans le monde, ce n’est pas pour autant qu’il faut négliger ce phénomène. L’absence de politiques d’action dans la lutte contre les changements climatiques mais de réaction, l’absence de structures chargées exclusivement de l’étude et de la surveillance de ces phénomènes rendent les efforts de connaissance et de gestion vains.
|
Table des matières
INTRODUCTION
Première Partie : PROBLAMATIQUE ET PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
Chapitre I : PROBLEMATIQUE
I. Contexte
II. Justification
III. Discussions et analyse conceptuelle autour de la « vague de chaleur »
IV. Objectifs
V. Methodologie
A. Documentation
B. Acquisition de données
C. Traitement des données
Chapitre II : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I. La geographie de la ville
II. Le relief et la vegetation
III. L’aspect socio-economique
IV. Le climat
Deuxième Partie : EVOLUTION ET VARIABILITE DES TEMPERATURES A MATAM : 1981-2012
Chapitre I : QUELQUES ASPECTS GENERAUX DES CONDITIONS CLIMATIQUES AU SENEGAL
I. Régime et changement pluviometriques
II. Aperçu et tendance de la température
Chapitre II : EVOLUTION ET VARIABILITE DES TEMPERATURES 1981-2012 A MATAM
I. Analyse des températures moyennes annuelles 1981-2012
II. Analyse des tn et tx annuels
III. Variabilité récente : 2000-2012
Chapitre III : ANALYSE DES TEMPERATURES JOURNALIERES DE MAI 2000-2012
I. Une chaleur à son niveau maximal en Mai à Matam
II. Exposé des résultats
Troisième Partie : ETUDE ET DETERMINATION DE LA VAGUE DE CHALEUR DE MAI 2013 A MATAM
Chapitre I : ETUDE DE LA VAGUE DE CHALEUR PAR ANALYSE DE LA DYNAMIQUE DES TEMPERATURES ET PAR INTERPRETATION GRAPHIQUE DES TENDANCES JOURNALIERES
I. Observations et contextualisation des températures de mai 2013
II. Les températures journaliéres de mai 2013
III. La particularité de mai 2013 et définition de la vague de chaleur de Mai 2013 par techniques d’interprétation graphique
A. Les dynamiques des Températures Mai 2013 par rapport à la moyenne journalière Mai 2000-2012
B. Les dynamiques des Δm de Mai 2013 par rapport aux Δm moyennes 2000-2012
C. Détermination de la vague de chaleur par analyse et interprétation graphique des températures
IV. Exposé des résultats
Chapitre II : ETUDE ET DETERMINATION DE LA VAGUE DE CHALEUR DE MAI 2013 PAR ANALYSE DES INDICATEURS BIOMEDICAUX
I. Etudes d’impacts de la vague de chaleur de Mai 2013
II. Facteurs explicatifs d’impacts et perspective de mise en place d’un système de gestion des vagues de chaleur
A. Les facteurs biologiques et humains
B. Vulnérabilité et mal adaptation des populations
C. Vers la mise en place d’un SGVC dans le Sahel
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
