Le kyste de l’ovaire est une pathologie souvent bénigne. Dans les pays en développement où les infrastructures sanitaires ne sont pas toujours accessibles et où les femmes manquent d’informations sur la maladie, le diagnostic n’est pratiquement effectué qu’à un stade avancé, voire au stade des complications. Les consultations spécialisées ne sont disponibles que dans les grandes villes, comme le traitement est essentiellement chirurgical, les malades qui se trouvent en zone rurale ont devant le kyste de l’ovaire un double problème : un problème d’accessibilité au diagnostic d’une part, et un problème d’accessibilité thérapeutique d’autre part .
Les diverses complications mécaniques, infectieuses et dégénératives font la gravité du kyste de l’ovaire. Son association avec la grossesse ou d’autres tumeurs augmente cette gravité et met en jeu la vie du fœtus (2). « Etude épidémio-clinique des kystes de l’ovaire au CHRP d’Antsiranana » est un sujet de thèse qui a pour objectif d’analyser la prévalence, la répartition et les manifestations cliniques du kyste de l’ovaire, afin de suggérer des stratégies de prise en charge plus adaptées à la situation sanitaire à Madagascar.
RAPPELS SUR LES KYSTES DE L’OVAIRE
RAPPEL ANATOMOPATHOLOGIQUE
On distingue deux variétés de vrais kystes de l’ovaire :
– les cystadénomes d’une part,
– les kystes dermoïdes d’autre part.
Les cystadénomes
Les cystadénomes comportent également deux variétés :
– les cystadénomes pseudo-mucineux ou kystes mucoïdes,
– les cystadénomes séreux ou kystes papillaires.
Cystadénome pseudo-mucineux
Les cystadénomes pseudo-mucineux sont les plus fréquents des kystes néoplasiques de l’ovaire. Ils sont en général bosselés avec des cavités multiples qui secrètent une substance gélatineuse. Leur consistance est variable : certaines cavités sont tendues et fermes, les autres à demi affaissées. Au fur et à mesure de leur évolution, les cavités voisines se fusionnent pour former une grande cavité de taille variable, pouvant atteindre celle d’une orange, d’une citrouille ou parfois plus monstrueuse.
Les kystes peuvent avoir des couleurs variables : blanc grisâtre quand la paroi est épaisse ; translucide en certains endroits avec des reflets jaunâtres ou blancs ; bleu noir ou rougeâtre s’il y a du sang épanché ; grisâtre s’il y a du cholestérol. Le liquide mucoïde contient des ferments (amylase, lipase, maltase mais surtout de la pseudo mucine).
Les kystes peuvent dégénérer :
– soit sous forme d’adénocarcinome pseudo-mucineux,
– soit sous l’aspect particulier de la maladie gélatineuse du péritoine par implantation de l’épithélium pseudo-mucineux dans la grande cavité péritonéale.
Les kystes séreux ou cystadénomes séreux
Ils sont moins fréquents que les kystes mucoïdes (25% de tous les kystes de l’ovaire). Ils sont en général uniloculaires ou pauci loculaire : les cloisons qui séparent les grandes cavités se résorbent partiellement réalisant des cloisons falciformes, alors qu’extérieurement, ils ont une forme arrondie ou relativement bosselée. Les cavités contiennent un liquide séreux riche en protéine. La couleur des kystes peut être variable suivant le contenu et l’épaisseur de la paroi (jaune clair, brune ou violacée), mais la principale caractéristique est l’existence de végétations papillaires qui peuvent être exo ou intra kystiques ou les deux à la fois: elles se présentent sous formes, soit de fines papilles longues, soit de végétations sessiles et groupées en chou-fleur, soit de couches plates et squirrheuses, contenant des débris calcaire comme des grains de sable collés à la tumeur.
Les kystes dermoïdes
Les kystes dermoïdes sont plus rares que les autres kystes de l’ovaire. Ce sont des tumeurs embryonnaires ou tératomes ayant la même origine que les tumeurs solides de même nom. Ils sont en général uniloculaires, de forme arrondie ou ovalaire, à surface lisse ou à peine bosselée. Ils peuvent avoir des volumes variables pouvant atteindre celui d’une tête d’adulte. En général, le kyste dermoïde a un pédicule assez long, ce qui favorise sa torsion. Il existe toujours en un point du kyste un épaississement de forme variable, d’étendue plus ou moins grande qui constitue la papille ou aire embryonnaire, où l’on trouve en principe réunis les éléments organiques des feuillets de l’embryon, en particulier les éléments ectodermiques.
RAPPEL CLINIQUE
Cliniquement, les kystes de l’ovaire ont un début extrêmement lent et insidieux. L’absence de troubles cliniques fait que souvent, c’est une complication qui les révèle.
Circonstances de découverte
Il n’y a pas de signes clinques caractéristiques du kyste de l’ovaire. Les signes possibles sont :
• Des troubles des règles
– soit aménorrhée qui, jointe à l’augmentation de volume de l’abdomen, pose alors, parfois le diagnostic différentiel avec la grossesse ;
– soit hypoménorrhée avec spanioménorhée, c’est-à-dire, des règles peu abondantes et très espacées ;
– soit apparition intempestive de perte de sang ;
– soit une anomalie de la menstruation.
• Des douleurs
Les douleurs peuvent se manifester comme :
– une simple gène ;
– une pesanteur ou des tiraillements pelviens à irradiation descendant vers le rectum, l’anus ou les cuisses ;
– une douleur rythmée par les règles.
• Des troubles vésicaux et rectaux sous forme de :
– pollakiurie ou dysurie,
– constipation.
• Une augmentation de volume de l’abdomen .
C’est souvent le premier signe d’alarme, l’abdomen augmente progressivement de volume et peut atteindre celui d’un ballon de « basket » déformant le ventre. Des complications peuvent survenir à type de rétention d’urines, de crise de torsion ou d’infection du kyste. Mais les kystes peuvent être découverts aussi lors d’un examen systématique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS SUR LES KYSTES DE L’OVAIRE
1. RAPPEL ANATOMOPATHOLOGIQUE
1.1. Les cystadénomes
1.1.1. Cystadénome pseudo-mucineux
1.1.2. Les kystes séreux ou cystadénomes séreux
1.2. Les kystes dermoïdes
2. RAPPEL CLINIQUE
2.1. Circonstances de découverte
2.2. A l’examen gynécologique
2.2.1. Cas de kyste pelvien
2.2.2. Cas de kyste abdominal
2.2.3. Cas de kyste enclavé dans le Douglas
2.2.4. Cas de kyste inclus dans le ligament large
3. LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES
3.1. Une radiographie sans préparation (Face et Profil)
3.2. Une coelioscopie
3.3. Une hystérométrie
3.4. Une hystérosalpingographie
3.5. TGD (Transit Gastro-duodénal)
3.6. Une réaction biologique de grossesse et une échographie
4. EVOLUTION
4.1. Signes fonctionnels
4.2. Signes généraux
5. LES COMPLICATIONS
5.1. Les complications mécaniques
5.1.1. La torsion
5.1.2. L’hémorragie intrakystique
5.1.3. La rupture du kyste
5.1.4. Les compressions
5.2. Les complications infectieuses
5.2.1. Forme aiguë
5.2.2. Forme subaiguë
5.3. Les complications dégénératives
5.3.1. Dégénérescence manifeste
5.3.2. Kyste en apparence bénin
5.4. Les complications obstétricales
5.4.1. La grossesse peut favoriser les complications mécaniques du kyste de l’ovaire
5.4.2. Le kyste complique à son tour la grossesse et l’accouchement
6. DIAGNOSTIC
6.1. Devant un kyste non compliqué
6.1.1. Kyste à évolution abdominale
6.1.2. Kystes pelviens
6.1.3. Kystes abdominaux très volumineux
6.2. Kyste compliqué
6.2.1. Accidents mécaniques aigus
6.2.2. Accidents infectieux
6.2.3. Accidents dégénératifs
7. TRAITEMENT
7.1. Traitement chirurgical
7.2. Si l’extirpation est impossible (kystes inclus, adhérents)
7.3. Kyste compliqué
7.4. Kyste de l’ovaire et grossesse
7.4.1. Kyste ovarien compliqué au cours de la grossesse
7.4.2. En dehors de toute complication
8. ETUDE DE LA PREVALENCE
8.1. Prévalence d’une maladie
8.2. Incidence d’une maladie
8.3. Relation entre prévalence et incidence
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EPIDEMIO-CLINIQUE DES KYSTES DE L’OVAIRE
1. CADRE D’ETUDE
1.1. Le CHRP d’Antsiranana
1.1.1. Plan du Centre Hospitalier
1.1.2. Nombre de lits
1.1.3. Matériel et équipements
1.1.4. Le personnel
1.1.5. Budget
1.2. Le secteur sanitaire
1.2.1. Situation géographique
1.2.2. Démographie
2. METHODOLOGIE
2.1. Méthode d’étude
2.2. Paramètres d’étude
3. RESULTATS
3.1. Nombre de cas
3.2. Etude de répartition
TROISIEME PARTIE : DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
CONCLUSION