Etude epidemio-clinique de la schizophrenie

La schizophrénie est une maladie appartenant au registre des psychoses. Elle se caractérise par une perturbation de l’expérience de la réalité et l’altération du sentiment d’identité.

La schizophrénie est considérée comme un problème de santé publique au niveau international. (2) Sa prévalence est estimée de 0,4% à 1% dans le monde. Elle fait partie des maladies qui entraînent le plus d’invalidité et elle est classée parmi les dix pathologies les plus préoccupantes pour le XXIème siècle, notamment chez les jeunes. La schizophrénie est un facteur majeur de souffrance, de désocialisation et de précarité tant pour le patient que pour sa famille et l’équipe soignante.

La combinaison d’un handicap significatif, le début précoce dans la vie, la fréquence, la gravité et la chronicité fait de la schizophrénie le « cancer de la psychiatrie ».

Par ailleurs, la schizophrénie résulte de l’interaction variable d’un ensemble d’éléments. L’étude des facteurs contribuant à l’apparition de la schizophrénie constitue, encore de nos jours, un domaine d’une grande complexité.

CONSIDERATIONS GENERALES 

DEFINITION

Étymologiquement, la schizophrénie vient du grec « schizein », qui signifie fractionnement, et « phrèn » ou esprit. Dans un sens général, elle signifie ainsi une « scission de l’esprit ».

BLEULER parle d’un groupe de maladies réunies par une hypothèse explicative commune : une atteinte de la pensée décrite comme un «relâchement des associations», une «coupure de la pensée», qui s’exprime par des indices cliniques qui sont l’incohérence du discours, l’atteinte de la volonté et de l’affectivité.

INTERÊTS

La schizophrénie est une pathologie fréquente, d’évolution chronique, au pronostic lourd et source de désinsertion socio-professionnelle et d’isolement affectif. (2) Les conséquences de la maladie sont personnelles, familiales et sociales. La schizophrénie occupe la 8ème place des maladies handicapantes les plus courantes dans la classe d’âges de 15 à 44 ans dans le monde entier. (5) L’économie de la santé parle d’une année de santé perdue. Par ailleurs, les patients souffrant de schizophrénie représentent un groupe particulièrement exposé au risque de suicide, 20 fois supérieurs à celui de la population générale.

EPIDEMIOLOGIE

Prévalence et incidence

La schizophrénie est une maladie dont la répartition est universelle.
La prévalence ponctuelle s’établit autour d’une moyenne de 2 à 2,5 pour 1000.
La prévalence sur la vie entière est évaluée entre 1 et 1,5 pour 100. (6)
Le taux annuel moyen d’incidence est estimé entre 0,2 à 0,6 pour 1000. Alors que 1% de la population est atteinte de schizophrénie, 10 à 15% sont porteuses de marqueurs de la vulnérabilité caractéristique de la schizophrénie. (6) L’incidence au sein de la population schizophrène est à peu près égale pour les deux genres: environ 55% d’homme et 45% de femme.

Âge de début des troubles 

La description de KRAEPLIN (1987) entend déjà préciser qu’il s’agit d’une pathologie du sujet jeune. (8) La schizophrénie commence chez l’adulte jeune, entre 18 et 35 ans, plus précocement chez l’homme que la femme. Cependant, le début dans l’enfance, au début de l’adolescence ou à un âge avancé n’est pas rare.

Genre

Le risque de schizophrénie est le même pour les hommes et les femmes. Toutefois, les femmes semblent moins touchées. (6) La schizophrénie survient de manière plus précoce chez l’homme et est généralement plus sévère. Le sexe ratio varie en fonction de l’âge avec une prédominance masculine avant 25 ans et une prédominance féminine après 45 ans.

Situation matrimoniale
La plupart des schizophrènes sont célibataires ou n’ont pas de vie affective.

Statut socio-économique
La prévalence du trouble est plus importante dans les groupes socioéconomiques défavorisés. Ce fait apparaît plus comme une conséquence de la maladie que comme une cause, dans la littérature.

PSYCHOGENESE

Premières théories

KRAEPLIN, en parlant de « démence précoce »,évoque une étiologie endogène. Il parle ainsi d’une «atteinte ou disparition des cellules cérébrales qui peuvent se réparer mais le plus souvent laissent derrière elles un handicap spécifique et chronique dans la vie mentale du sujet». (13) BLEULER (1911) considère la schizophrénie comme résultant d’un processus primaire et d’un processus secondaire. Il appelle Zerspaltung le processus primaire qui fait partie de l’«état morbide permanent». Les voies associatives ont perdu leur solidité. Les associations qui sont habituellement faites de façon régulière, n’ont pas lieu ; à leur place est associé un matériel qui, normalement, «n’est pas en rapport avec l’idée de départ». Le processus secondaire est la Spaltung ou la dissociation. Celle-ci constitue les symptômes de la schizophrénie. La dissociation affecte le domaine de la pensée, de l’affectivité et du comportement.

Théories psychanalytiques et phénoménologique 

Pour la psychanalyse freudienne, la psychose est un synonyme d’échec de l’accès à une organisation œdipienne, soit un défaut de différenciation entre le Moi et le monde extérieur, altérant son rapport avec la réalité. (6, 13) FREUD poursuit en décrivant la schizophrénie qu’il fait correspondre à une grave «régression narcissique», «il y a une régression, une disparition de la fonction du réelle avec le caractère onirique de la pensée qui s’égare dans l’irrationnel et le subjectif». La schizophrénie est ainsi une «perte de l’élan vital», «une perte de la volonté» à l’origine d’un refoulement de la réalité, la dissociation du réel.

WINNICOTT considère que des faillites de l’environnement primaire sont en jeu dans la schizophrénie. Un anéantissement de l’individu, dont la continuité est interrompue, survient. Dans ce concept, la schizophrénie renvoie à la première enfance, à ses débuts dans la vie et au stade de dépendance presque absolue. Chez le patient schizophrène, il survient une impulsion à revenir au processus de la période néonatale qui a entravé le mouvement progressif dès ce stade précoce.

Dans l’approche phénoménologique, le processus générateur de la schizophrénie, selon MINKOWSKI, est ce qu’il appelle «perte du contact vital avec la réalité» et une altération de sa structure existentielle, en particulier sur le plan temporal, le temps devenant pour lui complètement «figé». Le monde devient sans intérêt, comme lointain. Ce détachement s’accompagne d’un appauvrissement de tous les liens objectaux. «Le repli sur la vie intérieure qui s’y associe, s’apparente ainsi à l’autisme tel que BLEULER l’a défini».

Approche neurocognitive

Les travaux menés sur la schizophrénie ont mis en évidence des anomalies touchant le langage, les fonctions exécutives, l’attention et la mémoire.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS GENERALES
1. DEFINITION
2. INTERÊTS
3. EPIDEMIOLOGIE
3.1. Prévalence et incidence
3.2. Âge de début des troubles
3.3. Genre
3.4. Situation matrimoniale
3.5. Statut socio –économique
3.6. Rang et nombre dans la fratrie
3.5. Religion
4. PSYCHOGENESE
4.1. Premières théories
4.2.Théories psychanalytiques et phénoménologique
4.3.Approche neurocognitive
5. ETIOPATHOGENIE
5.1. Vulnérabilité à la schizophrénie
5.1.1. Hypothèse génétique
5.1.2. Hypothèse neurochimique
5.1.3. Hypothèse neurodéveloppementale
5.1.4. Hypothèse psychophysiologique et comportementale
5.2. Facteurs de risque environnementaux
5.2.1. Facteurs sociaux
5.2.2. Facteurs toxiques
5.2.3. Evènement de vie stressant
6. CLINIQUE
6.1. Mode de début des troubles
6.2. Signes
6.3. Formes cliniques
6.4. Diagnostic
7. EVOLUTION
8. QUELQUES MOTS SUR LE TRAITEMENT
DEUXIEME PARTIE : ETUDE PROPREMENT DITE
1. METHODOLOGIE
1.1. Recrutement
1.2. Critères d’inclusion
1.3. Paramètres étudiés
1.4. Traitement des données
2. RESULTATS
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION ET SUGGESTIONS
1. EPIDEMIOLOGIE
1.1. Prévalence et incidence
1.2. Paramètres démographiques
1.3. Le niveau scolaire
1.4. Le nombre et le rang dans la fratrie
1.5. La religion
1.6. Le lieu de vie
1.7. La prise de toxique
2. CLINIQUE
2.1. L’histoire de vie du patient
2.2. Les antécédents familiaux
2.3. L’état prémorbide
2.4. Le mode de début des troubles
2.5. Les formes cliniques
3. BIAIS ET LIMITES DE L’ETUDE
4. SUGGESTIONS
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE

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