Dans les pays tropicaux et subtropicaux, les mangroves figurent parmi les formes de végétation les plus répandues dans les zones intercotidales qui s’étendent le long des côtes protégées et en bordure des cours d’eau. Ce sont non seulement des écosystèmes hautement productifs mais aussi une ressource naturelle renouvelable. Elles fournissent des biens et services indispensables et jouent un rôle très important dans la vie des communautés côtières. Elles contribuent à la protection des côtes, zones de frayère de très nombreuses espèces de poissons, crustacés et bien d’autres animaux.
Longtemps considérées comme des milieux inhospitaliers, les mangroves commencent aujourd’hui à être reconnues « d’utilité public ». En effet, elles représentent un intérêt tant sur le plan économique (HAMILTON et SNEDAKER, 1984 ; KOVACS, 1999) qu’écologique.
A Madagascar, les forêts de palétuviers couvrent une aire de 450 000 ha (LEBIGRE, 1990), et sont composées essentiellement de huit espèces. La mangrove malgache fait partie des mangroves du type oriental ou du Domaine Indo-pacifique rencontré sur la partie Est du globe, le long des côtes qui bordent l’Océan Indien, la partie Ouest de l’Asie, l’Australie et la partie occidentale du pacifique (TOMLINSON, 1986). A Madagascar, la mangrove, avec ses potentialités remarquables, est surtout concentrée sur les estuaires des grands fleuves (Betsiboka, Bombetoka, Mangoky….) de la côte occidentale. De nos jours, les mangroves sont détruites par l’exploitation des palétuviers, l’assèchement de la zone intercotidale au profit de l’agriculture et de l’aquaculture. Attirés par l’aspect lucratif du commerce d’exportation des crevettes, une multitude de petits et gros exploitants occupent d’importantes sections de la zone de balancement des marées pour y organiser l’élevage de crevettes. Les mangroves qui subsistent sont exploitées pour produire du bois de feu et du charbon de bois.
Pour la commune de Mariarano, située dans la province de Mahajanga, la mangrove qui s’étend sur une longueur de 9 km, une largeur de 11 km et environ sur une superficie de 2000 ha subit actuellement une plus intense pression humaine. La population locale caractérisée par la présence d’un grand nombre d’ethnies immigrantes continue d’exploiter les bois de palétuviers dans le but d’exporter les bois de palétuviers vers Mahajanga. Depuis des années, l’origine de cette exploitation est basée sur le fait que la mangrove relève du domaine de l’état et sa gestion incombe aux agents du fokontany : aucune politique d’utilisation ou de protection de la mangrove n’a été définie. Actuellement, les responsables de la GTZ collaborent avec la commune et la population de Mariarano pour activer le transfert de gestion de la mangrove. Dans cette région, le rythme de destruction de la mangrove est en train de prendre une ampleur telle qu’elle portera gravement atteinte à la qualité de vie des générations futures. Toutes les recherches effectuées actuellement, qu’elles soient du domaine social, économique ou culturelle, devraient aboutir à la définition d’activités touchant des domaines différents et des ressources autres que la mangrove, car l’exploitation des palétuviers constitue la principale source de revenue des populations de Mariarano.
Fokontany de Mariarano
Localisation géographique et limites administratives
Cette étude a été réalisée dans la partie Nord-Ouest de Madagascar dans la province autonome de Mahajanga. Le fokontany de Mariarano, dans lequel se trouve une vaste étendue de mangrove (environ 2000 ha), constitue la zone d’étude. Il se trouve à environ 83 km au Nord de la ville de Mahajanga et est situé entre 15°28’56’’ de latitude Sud et 46°41’35’’ de longitude Est. Il est limité au Sud par les communes rurales de Betsako et d’Ambalakida, à l’Est par la commune rurale d’Andranoboaka, au Nord par la baie de Mahajamba, à l’Ouest par le Canal de Mozambique. Pour aller de Mahajanga à Mariarano, on suit:
− la RN4 jusqu’à Marohogo (21 km) goudronnée et praticable toute l’année,
− puis, la route communale non bitumée, praticable mais très difficile pendant la saison des pluies, traversant la Commune d’Ambalakida jusqu’à Mariarano (62 km).
Milieu physique
Géologie et pédologie
La zone d’étude appartient au bassin sédimentaire de Mahajanga constitué par une succession de formations monoclinales s’étendant du Karoo à l’actuel. Les mangroves sont les éléments les plus marquants du paysage. Le substrat géologique est principalement formé par du grès pliocène continental. (BESAIRIE, 1974). En matière de pédologie, les sols y sont composés principalement par deux grands types, d’origine ferrugineux tropicaux :
➤ les sols des tanety latéritiques rouges parmi lesquels les sols ferallitiques qui dominent les forêts sèches.
➤ les sols hydromorphes des bas fonds occupent en général les parties amont des embouchures des fleuves où commencent les mangroves. On y distingue les sols salés des mangroves. Selon LAFOND, L.R., 1967 ; HERVIEU, J., 1968 et de DURAND, J.,H., 1964, 1967. ces sols sont matérialisés par de la vase noirâtre plus ou moins fixés sur la mangrove et par une boue rougeâtre très fluide, non fixée sur le front de mer. Les couleurs des horizons varient généralement de brun à jaune, de jaune ou gris claire à blanc et de gris à gris foncé. La texture du sol est argileuse ou sableuse avec une consistance du beurre ou fluide. Ils sont très riches en débris de végétaux ou animaux.
Les pH sont souvent proches de la neutralité mais le caractère dominant de ces sols est la salinité, qui dans l’ensemble, est très élevée. La salinité de la plupart des horizons est voisine de celle de l’eau de mer (46 millisiemens / cm) mais pour certains, la salinité est de 3 à 4 fois supérieure à celle de l’eau de mer.
Hydrologie fluviale
La commune de Mariarano est largement drainée par un réseau hydrographique particulièrement très dense. Cinq (5) rivièMilieu biotique s sillonnent la commune et se déversent dans la mer : Mariarano (25 km), Antsena (20 km), Ambondro (23 km), Mahamavo (12 km) et Vavankomany (25 km). Le lit de ces fleuves varie selon la quantité de pluie tombée pendant la saison (cas de Mariarano). La plupart des autres lacs se tarissent en saison sèche. De plus, plusieurs lacs permanents, dont le plus important se trouve à Maliolio (avec une surface de 5 ha), se sont éparpillés dans les forêts (ACKERMAN, 2004).
Milieu biotique
Végétation
La zone d’étude appartient au Domaine de l’Ouest selon HUMBERT (1955) dans la zone écofloristique occidentale de basse altitude (FARAMALALA et RAJERIARISON, 1999). La végétation climacique est une forêt dense sèche caducifoliée appartenant à la série à Dalbergia, Commiphora et Hildegardia (KOECHLIN, 1974). La forêt est pluristratifiée avec un sous bois arbustif et les lianes sont variées et abondantes. Différents types de formation se rencontrent dans la zone d’étude :
➤ Les forêts primaires denses semi-décidues à Dalbergia boinensis (FABACEAE), Canarium madagascariensis (BURSERACEAE), Hernandia voyironi (HERNANDIACEAE).
➤ Les forêts dégradées, issues de l’exploitation anarchique des forêts primaires, des feux de brousse et des défrichements.
➤ Le forêt galerie composée essentiellement des essences telles que : Eugenia jambolana (MYRTACEAE), Adina microcephala (RUBIACEAE), Mangifera indica (ANACARDIACEAE).
➤ Les Mangroves, qui sont des formations forestières littorales propres aux rivages vaseux avec des espèces semi-aquatiques ligneuses exploitées surtout pour les bois de construction et les bois de chauffe.
➤ La Savane arborée constituée surtout par Bismarkia nobilis, Hyphaenae shatan.
➤ La savane herbacée est constituée d’un tapis graminéen plus ou moins fourni avec des espèces comme Hyparrhenia ruffa (vero), Heterepogon contortus (Danga). Cette savane constitue la base des pâturages.
|
Table des matières
INTRODUCTION
Première partie : Présentation des milieux d’étude
A. FOKONTANY DE MARIARANO
I. Localisation géographique et limites administratives
II. Milieu physique
II.1. Géologie et pédologie
II.2. Hydrologie fluviale
III. Milieu biotique
III.1. Végétation
III.2. Faune
III.2.1. Faune de la forêt dense semi-décidué
III.2.2. Faune de la mangrove
III.3. L’Homme et ses activités
III.3.1. Démographie
III.3.2. Agriculture
III.3.3. Elevage
III.3.4. Pêche
III.3.5. Chasse
III.3.6. Exploitation forestière
III.3.7. Industries et artisanats
B. COMMUNE RURALE DE BOANAMARY
I. Localisation géographique et limites administratives
II. Milieu physique
II.1. Géologie et pédologie
II.2. Hydrographie fluviale
III. Milieu biotique
III.1. Végétation
III.2. Faune
III.3. L’Homme et ses activités
III.3.1. Démographie
III.3.2. Agriculture
III.3.3. Elevage
III.3.4. Pêche
III.3.5. Exploitation forestière
III.3.6. Industries et artisanats
C. CARACTERISTIQUES COMMUNES AUX DEUX MILIEUX D’ETUDES
I. Hydrologie marine
I.1. Marée
I.2. Houle
II. Climat
II.1. Température
II.2. Humidité relative
II.3. Pluviométrie
II.4. Vents
II.5. Insolation
II.6. Cyclones
DEUXIEME PARTIE : Méthodologie
I. Etudes préliminaires
I.1. Recherches bibliographiques
I.2. Choix et localisation des sites d’études
II. Enquêtes ethnobotanique et socio-économique
III. Méthode d’étude de la végétation
III.1. Collecte des données : le relevé écologique
III.1.1. Prospections et choix de l’emplacement des placeaux
III.1.2. Surface de relevé
III.1.3. Matérialisation du placeau
III.1.4. Paramètres étudiés
III.2. Analyses des données
III.2.1. Etude structurale
III.2.2. Analyse dendrométrique
IV. Etude de la régénération
IV.1. Répartition par classe de diamètre
IV.2. Potentiel de régénération naturelle
V. Etude de l’évolution spatio-temporelle
V.1. Base de l’étude
V.2. Données cartographiques
V.3. Estimation de la surface
TROISIEME PARTIE : Résultats et interprétations
A. LA MANGROVE ESTUARIENNE DE MARIARANO
I. Caractéristiques générales du milieu d’étude
I.1. Définition et localisation
I.2. Richesse floristique
I.2.1. Mangrove
I.2.2. Forêt dense sèche
I.2.3. Savane arbustive
II. Caractéristiques des différents peuplements au niveau des mangroves
II.1.Peuplement à Heritiera littoralis, Xylocarpus granatum et Lumnitzera racemosa
II.1.1. Caractéristiques stationnelles
II.1.2. Caractéristiques physionomiques
II.2. Peuplement à Ceriops tagal
II.2.1. Caractéristiques stationnelles
II.2.2. Caractéristiques physionomiques
II.3. Peuplement à Rhizophora mucronata
II.3.1. Peuplement à Rhizophora mucronata et Ceriops tagal
II.3.2. Peuplement à Rhizophora mucronata et Bruguiera gymnorhiza
II.4. Peuplement à Sonnreratia alba
II.4.1. Caractéristiques stationnelles
II.4.2. Caractéristiques physionomiques
II.5. Peuplement à Avicennia marina
II.5.1. Caractéristiques stationnelles
II.5.2. Caractéristiques physionomiques
III. Zonation de la mangrove
IV. Etude de la régénération naturelle
IV.1. Mode de dissémination
IV.1.1. La viviparité
IV.1.2. La cryptoviviparité
IV.2. Distribution par classe de diamètre
IV.3. Potentiel de régénération
V. Etude de l’évolution spatio-temporelle
V.1. Présentation des cartes
V.2. Surface des différentes formations végétales
B. LA MANGROVE LITTORALE DE BOANAMARY
I. Caractéristiques générales du milieu d’étude
I.1. Définition et localisation
I.2. Richesse floristique
I.2.1. Mangrove
II. Caractérisation des différents types de peuplements
II.1. Peuplement à Ceriops tagal
II.1.1. Caractéristiques stationnelles
II.1.2. Caractéristiques physionomiques
II.2. Peuplement à Rhizophora mucronata et Ceriops tagal
II.2.1. Caractéristiques stationnelles
II.2.2. Caractéristiques physionomiques
II.3. Peuplement à Avicennia marina
II.3.1. Caractéristiques stationnelles
II.3.2. Caractéristiques physionomiques
III. Zonation de la mangrove
IV. Etude de la régénération naturelle
IV.1. Répartition par classe de diamètre
IV.2. Potentiel de régénération
V. Etude de l’évolution spatio-temporelle
V.1. Présentation des cartes
V.2. Surface des différentes formations végétales
C. UTILISATION DES MANGROVES DES ZONES D’ETUDE
1. Bois de service
2. Bois de chauffe
3. Plantes médicinales
QUATRIEME PARTIE QUATRIEME PARTIE ME PARTIE: DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES