Connue par sa richesse en biodiversité et son niveau de dégradation élevé, Madagascar constitue l’une des priorités mondiales pour la protection de la nature. Un déclin de 40% de la couverture forestière a été observé entre 1950 et 2000 (Harper et al., 2007). La forêt naturelle malgache et ses espèces autochtones sont incontestablement menacées par les pressions humaines.
Depuis de nombreuses années, la concentration des efforts de protection ont été constater sur les forêts denses humides (Ganzhorn et al., 2001) en raison de sa dégradation intensive (Harper et al., 2007), la forêt sèche malgache dont les fourrés xérophiles (formation à Didiereaceae) ou le bush épineux (formation épineuse de faible hauteur) du Sud-Ouest étaient plutôt négligées alors que leur dégradation et leur fragmentation s’aggravaient avec une couverture forestière qui s’est réduit de 12,5% à 2,8% entre 1950 et 1990 (Smith, 1997). En étant victime de feux réguliers, la forêt sèche est considérée comme le biome le plus menacé dans le monde (Janzen, 1988 ; Lerdeau et al., 1991). Cependant, les fourrés xérophiles du Sud Ouest de Madagascar hébergent de nombreuses formes et diversités floristiques. Ils abritent une richesse exceptionnelle en relation avec une importante hétérogénéité de l’écosystème (Du Puy et Moat, 1998).
D’après les données fournies par ONE (1994), les régions du Sud et du Sud-Ouest se trouvent au premier rang en ce qui concerne la surface couverte par la forêt. Pourtant, c’est dans ces régions que s’observe également la plus forte dégradation qui est due essentiellement aux effets combinés de divers facteurs : climatique, anthropique et biologique. Tel est le cas de la forêt du Plateau Calcaire Mahafaly inclus dans le Parc National (PN) de Tsimanampesotse. La mise en place des transferts de gestion autour de ce Parc National figure parmi les stratégies clés pour la valorisation et la conservation de la Biodiversité.
Situation géographique
La zone d’étude se trouve dans la partie Sud Ouest de Madagascar, plus précisément dans la Province de Tuléar, Région Atsimo-Andrefana, District d’Ampanihy et Commune d’Itampolo. Elle est limitée au Nord par la Commune rurale de Beheloka et au Sud par la Commune rurale d’Androka. Le PN de Tsimanampesotse est localisé entre 24° 03′ – 24° 12′ de latitude Sud et 43° 46′ – 43° 50′ de longitude Est sur le plateau calcaire Mahafaly et couvre une superficie de 43 200 ha. La nouvelle extension du Parc se situe au Sud de l’ancienne limite avec environ 30km de large et 60km de long .
Milieu physique
Géologie
Le plateau Mahafaly est formé par des couches calcaires et marno-calcaires d’âge tertiaire (Besairie, 1973). En plus, la zone est formée par une plaine côtière avec des formations gréso-sableuses récentes, dominée par un plateau façonné dans les calcaires. Cette plaine côtière est en majeure partie constituée par des matériaux dunaires, essentiellement gréso-sableux, qui se sont accumulés durant la transgression .
Pédologie
La région est formée par un plateau calcaire aux sols minéraux bruts appartenant aux complexes des sols calcimorphes. Ce plateau se présente sous forme de grandes dalles calcaires, parfois recouvertes de sables résultant de la décalcification de la roche mère (Nicoll et Langrand, 1989) .
Topographie et hydrographie
Le Parc National Tsimanampesotse, avec son extension, se trouve sur le plateau calcaire Mahafaly avec une variation altitudinale de 10 à 140m. La végétation s’installe sur des vallons encadrés par diverses collines. La densité des dalles rocheuses augmente au fur et à mesure que l’on monte en altitude. En revanche, elle diminue en allant vers le plateau calcaire (partie Est du Parc National de Tsimanampesotse). La zone ne présente pratiquement pas de cours d’eau permanent. Par sa nouvelle extension (au Sud de l’ancienne limite du PN Tsimanampesotse), la rivière de Linta traverse la partie sud avant de se déverser dans le canal de Mozambique. Le Parc possède un grand lac (Lac Tsimanampesotse) peu profond (2 m à 4 m selon les saisons) de 20 km de long et 3 km de large, soit une superficie de 6000 ha environ. L’eau du lac est saturée de sulfate de chaux, le seul cas existant à Madagascar. Il appartient aux zones humides continentales du site Ramsar.
Le climat
Le Plateau Calcaire de Mahafaly fait partie de la région la plus sèche de Madagascar. Le climat est de type tropical semi-aride avec 9 mois de saison sèche. Il est caractérisé par deux saisons bien distinctes (Figure 1) :
– Une saison sèche qui s’étend du mois de Mars à Novembre. Elle est subdivisée en 2 périodes : une période chaude (Août-Novembre) et une période froide (Mars à Juillet) ;
– Une saison humide, de Décembre à Février.
Température
La température moyenne annuelle est de 23°C (Zicoma, 1999). Cette température reste toujours élevée pendant la période chaude (Août-Novembre) et la saison humide (DécembreFévrier). Elle est assez basse pendant la période froide (Mars à Juillet).
Pluviométrie
La précipitation moyenne annuelle est de 350 à 500 mm. La plaine côtière Mahafaly et en général la Région du Sud-ouest sont les moins arrosées de Madagascar. La pluviosité augmente au fur et à mesure que l’on pénètre à l’intérieur des terres. La pénétration du courant marin froid est à l’origine de la sécheresse, générateur de brise de mer, brise de terre et source d’importantes rosées qui compensent les pertes par évapotranspiration (Elaha, 2000).
Vent
La Mousson du Nord-Ouest qui souffle en permanence avec une vitesse de 25 km par heure provoque une saison pluvieuse avec une précipitation allant de 350 à 500 mm.
Milieu biotique
Flore et végétation
La zone d’étude fait partie du domaine du Sud (Humbert, 1927) et de la zone écofloristique méridionale de basse altitude de 0-800m (Faramalala et Rajeriarison, 1999). La végétation climacique est caractérisée par des fourrés ou bush épineux (Koechlin et al, 1974) (Carte 4). Ce type de végétation est dense, à dominance des caractères biologiques spécialisés comme la pachycaulie, le géophytisme, la microphyllie, l’aphyllie, la crassulescence, la reviviscence, la spinescence et la croissance en zig-zag. Cependant la frange forestière comprise entre le lac et la falaise (plateau Mahafaly) est composée d’arbres d’une hauteur de 12m comme Cedrelopsis grevei (RUTACEAE), Cassia meridionalis, Cassia viguierella (CESALPINIACEAE), Ficus marmorata (MORACEAE) (Reniala, 2010). Les bords du lac sont couverts d’une végétation halophile constituée par Scirpus juncoides (CYPERACEAE), Sporobolus virginicus (POACEAE), Salicornia pachystachia et Salsolla littoralis (CHENOPODIACEAE) et Pluchea grevei (ASTERACEAE). Dans l’ensemble du domaine du Sud, la diversité spécifique est faible, mais l’endémisme est très marqué. On y rencontre des groupements à Pachypodium geayi (APOCYNACEAE) et Adansonia rubrostipa (MALVACEAE) qui font l’originalité de cette végétation. Il est à noter également la présence localisée d’Alluaudia montagnacii. Une forêt « galerie » avec quelques grands arbres (Breonadia microcephala, Ficus sakalavarum) borde la rive Sud -est du Lac (Reniala, 2010).
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Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre I: MILIEU D’ETUDE
I.1. Situation géographique
I.2. Milieu physique
I.2.1. Géologie
I.2.2. Pédologie
I.2.3. Topographie et hydrographie
I.2.4. Le climat
I.2.4.1. Température
I.2.4.2. Pluviométrie
I.2.4.3. Vent
II.1. Milieu biotique
I.4.1. Flore et végétation
I.4.2. Faune
I.4.3. Homme et ses activités
Chapitre II : MATERIELS ET METHODES
II.1. Matériels biologiques
II.1.1. Cedrelopsis grevei Baillon
II.1.2. Alluaudia montagnacii Rauh
II.1.3. Tamarindus indica L. Watson
II.2. Méthodes d’étude
II.2.1. Recherches bibliographiques
II.2.2. Choix et localisation des sites d’étude
II.2.3. Enquêtes ethnobotaniques
II.2.4. Méthodes d’étude écologique
II.2.4.1. La méthode de relevé écologique par placeau
– Matérialisation du dispositif de relevé
– Paramètres observés
– Collectes botaniques
– Identification des spécimens
II.2.4.2. Structure de la végétation
– Structure verticale
– Structure horizontale
II.2.4.3. Etude comparative de la flore
II.2.4.4. Etude de la régénération naturelle
– Pollinisation
– Dispersion des graines
– Analyse de la régénération naturelle
II.2.4.5. Analyses statistiques
CHAPITRE III: RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Résultats des enquêtes ethnobotaniques
III.1.1. Utilisation des espèces cibles
III.1.1.1. Modalité de prélèvement
III.1.1.2. Quantité prélevée
– Pour les bois utilisés en construction
– Pour la fabrication de charrette
– Pour le charbon
III.1.2. Pressions et menaces
III.2. Choix des sites d’étude
III.3. Caractéristiques floristiques et biologiques globales
III.3.1. Richesse floristique globale
III.3.2. Diversité floristique globale
III.4. Caractérisation écologique des différents sites d’étude
III.4.1. Caractéristiques floristiques et structurales de la formation dans la zone à aire protégée
III.4.1.1. Richesse floristique
III.4.1.2. Analyse de la structure
– Structure verticale
– Structure horizontale
III.4.2. Caractéristiques floristiques et structurales de la formation dans la zone à transfert de gestion
III.4.2.1. Richesse floristique
III.4.2.2. Analyse de la structure
– Structure verticale
– Structure horizontale
III.4.3. Caractéristiques floristiques et structurales de la formation dans la zone à droit d’usage
III.4.3.1. Richesse floristique
III.4.3.2. Analyse de la structure
– Structure verticale
– Structure horizontale
III.5. Etude comparative des caractéristiques floristique et biométrique des trois zones d’étude
III.5.1. Similitude floristique
III.5.2. Analyse de la richesse floristique
III.5.3. Analyse de quelques paramètres biométriques (Diamètre, Biovolume et Surface terrière) des trois espèces cibles suivant les différents modes de gestion
III.5.3.1. Potentialité en bois
III.5.3.2. Diamètre exploitable
III.6. Evaluation écologique des espèces cibles dans chaque site d’étude
III.6.1. Abondance des individus des espèces cibles selon le type de gestion
III.6.2. Régénération naturelle des espèces cibles
III.6.2.1. Taux de régénération
III.6.2.2. Structure demographique de la population de chaque espèce cible
III.6.3. Flore associée aux espèces cibles
III.6.3.1. Dans la zone à transfert de gestion
III.6.3.2. Dans la zone aire protégée
III.6.3.3. Dans la zone à droit d’usage
CHAPITRE IV : DISCUSSION
IV.1. Sur la flore et végétation
IV.1.1. Richesse floristique
IV.1.2. Structure de la végétation
IV.2.3. Régénération naturelle
IV.2.2. Abondance des espèces cibles dans les différents sites
CONCLUSION
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