ETUDE D’UN TERROIR VILLAGEOIS

Depuis la première république jusqu’à nos jours

                A la fin de la colonisation, les immigrés sont restés définitivement dans la région et ont invité leurs familles à venir. D’après les sources orales, ces derniers ont reçu l’autorisation de s’installer dans le village de Tandroka Anjà mais à condition qu’ils doivent se conformer aux contraintes locales édictées par la population autochtone ou leur représentant. La première, c’est qu’ils doivent collaborer avec les autochtones tant sur le plan social qu’économique, comme par exemple participer aux activités cérémonielles en offrant une partie de leur récolte ou de bovidés en signe de cohésion sociale et de reconnaissance. Pour la deuxième règle, les immigrés doivent se présenter auprès des autorités villageoises afin que ces dernières leur donnent une autorisation d’exploiter des terres encore en friche et/ou libres. De nos jours, ce phénomène de migration persiste et s’intensifie mais sa forme a changé parce que les immigrés qui étaient autrefois tous des salariés agricoles, des gardiens et des marchands de zébus, aujourd’hui des agriculteurs car ils cultivent des produits rentables comme le manioc et le maïs. Vu la différence des mœurs, la plupart des migrants, composés principalement d’Antandroy et de Mahafale, ont dû quitter leur village d’accueil afin de se construire leur propre habitation. Malgré cela, d’autres restent dans le village mais essaient d’avoir leur propre organisation en clôturant de cactus les alentours de leurs habitations sous prétexte de les protéger contre toute sorte de malfaiteurs.

L’organisation foncière actuelle

              Actuellement, faute de croissance en nombre de la population, il n’y a plus d’espace qui n’appartient pas à personne, même s’il paraît inexploité. Cette organisation foncière qui a été fondée sur le filongoa a laissé sa place à une organisation basée sur l’argent. Si la terre ne faisait pas l’objet de vente à cause de ses valeurs inestimables du point de vue culturel et que les Bara affirment que : « Faly la hoihoy ñy mamarotry ñy seraña amin’olo », littéralement, « Il est strictement tabou de vendre le territoire à quelqu’un. » A présent, l’achat des terres est le seul moyen d’avoir le plein droit d’appropriation d’une parcelle. A part la pression démographique, la nécessité de l’argent dans les problèmes de la vie quotidienne favorise la situation. Au prorata de ce tableau, le prix de vente de la parcelle varie suivant ses caractères physiques et son emplacement géographique. Alors, le prix des parcelles sur le terroir de bas fond est un peu plus supérieur à celui du terroir de plateau. Ceci est dû au fait que, le terroir de bas fond est plus proche du village et un peu plus rétrécis par rapport à celui de plateau qui est encore large. Malgré cela, le terroir de plateau est le plus recherché par les migrants. Ce changement cause beaucoup des problèmes actuellement car les terres appartenant aux paysans ne sont pas en majorité inscrites dans le registre de cadastre de la commune même si la possession est légitime. Cette situation a premièrement pour cause la cherté de l’immatriculation de la terre. Ensuite, l’habitude héritée de l’ancien temps est renforcée par la non-confiance à l’administration pour certains et le fort taux d’analphabétisation dans la région. Ce problème concerne en général la grande île. Car au niveau national, il est mentionné que depuis un siècle passé, il n’y a que 330 000 titres de cadastre enregistré, et en 2006, il n’y a que 10% des terres à Madagascar qui sont titrées et bornées légalement De ce fait, on trouve dans notre zone d’intervention des conflits liés à la terre. Il y a des problèmes créés par la mutation du système d’organisation traditionnelle à celui actuel. Il s’agit des conflits causés par le transfert de pouvoir partiel aux alliés, au moment où ces derniers ont envie de quitter les parcelles qu’ils ont mises en valeur pendant une longue période. Souvent, ces alliés ne respectent pas la convention en vendant clandestinement la terre qui leur a été cédée par quelqu’un d’autre sans avertir le propriétaire au lieu de la leur rendre. En plus, l’autre problème est causé par l’égoïsme. Ce cas existe entre les descendants après la mort de leurs parents concernant l’héritage du terroir agricole. Face à cela, le gouvernement actuel essaie de résoudre ce problème à travers le Millenium Challenge Account (MCA), un projet financé par les Américains dont l’objectif est la sécurisation foncière afin que les paysans puissent améliorer leurs productions tout en respectant l’environnement avec un esprit de tranquillité. Ce projet ne touche pas encore la région du Sud-Ouest.

Les cultures vivrières

                  C’est une pratique courante dans la zone, car chaque famille y a en moyenne 2 à 5 lopins de terre à mettre en valeur. La culture vivrière constitue une partie intégrante de la vie quotidienne de la population. C’est à travers ces cultures que les paysans assurent leur autonomie et s’adaptent à leurs milieux. Les principaux outils utilisés comprennent en majorité des matériaux simples comme la hache, la bêche, le coupe-coupe, la charrue, et la herse. Pour les cultures vivrières, les techniques de culture restent encore traditionnelles même si on aperçoit quelques changements dans le temps comme l’existence des cultures associées12 et le katray.13 Cette première technique est conçue par les paysans pour diverses raisons. Premièrement, c’est pour économiser le temps de travail (labour, sarclage, …), parce qu’au lieu de faire deux labours sur deux parcelles constituées de deux cultures différentes, on fait seulement un labour sur une parcelle occupée par ces deux cultures. Ensuite, c’est pour faciliter le contrôle des cultures. Sur la même parcelle, nous pouvons trouver deux à quatre types de cultures. Les principales cultures associatives sont le manioc, le maïs, le niébé et la lentille. D’après notre point de vue, les paysans connaissent les côtés négatifs de cette méthode mais ils restent indifférents sur ces inconvénients ; en fait, cette technique réduit en premier lieu le rendement de la production et en second lieu épuise vite le sol. Dans la zone, la culture sur brûlis proprement dite n’est pas fréquente ; on y trouve plutôt l’utilisation des feux pour l’assainissement des parcelles anciennement exploitées.

Facteur d’aménagement du terroir

              L’agriculture dépend directement et/ou indirectement de l’élevage bovin. Ces deux activités sont interdépendantes. Les bœufs sont utilisés pour les travaux des champs, tels que le labour et le piétinage de la rizière. Pour faire face aux dépenses liées à l’agriculture (étendre l’espace cultivé, pour assurer le sarclage…), les paysans n’hésitent pas à vendre leurs bêtes pour en acheter lors de la prochaine récolte. Face à la recrudescence des vols de bœufs pendant cette dernière décennie, le nombre de bovidés n’a cessé de diminuer et cela a des impacts sur l’agriculture, voire sur l’économie villageoise. La réduction en nombre de bêtes par famille, entraîne par exemple la montée du coût du labour par hectare à quatre fois plus élevées que celui de l’année 1999 (15 000 Ariary)

Le mode de conduite de l’élevage

                   Les techniques apportées à l’élevage dépendent du nombre des animaux. Il y a une technique d’élevage en liberté plus ou moins surveillée, l’élevage en semi-liberté et le rohy aomby. Elevage en liberté plus ou moins surveillée est une technique utilisée par quelques rares éleveurs, plus particulièrement le mpañarivo. Ce riche, soucieux de sauvegarder ses biens, est obligé de contrôler son troupeau par l’intermédiaire de ses bouviers professionnels; il apparaît de temps à autre pendant toute l’année pour compter ses bêtes et leur montrer qu’elles ont un maître. Dans ce mode d’élevage, l’animal ne subit de soins sanitaires (vaccination, déparasitage…). Le propriétaire possède un grand espace strictement réservé comme terrain de parcours de son troupeau, appelé toets’aomby. Nous savons que lorsqu’il est trop longtemps abandonné à lui-même, l’animal devient ombrageux et se déshabitue à la présence de l’homme, si bien qu’à la simple vue de ce dernier, même de loin, il prend la fuite pour se cacher dans un coin perdu. Malgré cela, les animaux connaissent quand même leur propriétaire. Cette attitude de sauvagerie lui permet de protéger ses biens en les mettant à l’abri des malaso « voleurs » Le rassemblement est périodique, alors que le contrôle est effectué par le bouvier professionnel tous les matins de bonne heure et tous les soirs. Ces bœufs libres sont appelés aomby ly. Pour vendre l’un de tels animaux, l’on doit organiser une véritable chasse. Ce type d’élevage date depuis longtemps ; pendant l’époque du royaume, il était utilisé pour éviter le vol car à cette époque, les rois organisaient des razzias juste pour voler des bœufs, d’autres richesses et de réduire les hommes en esclaves ; Cela continuait davantage pendant l’époque coloniale car cette technique était appliquée essentiellement pour échapper à la taxe exigée par les colons. Actuellement, cette technique persiste encore, surtout pour les mpañarivo. Par conséquent, il est difficile de connaître le nombre exact de bovidés d’un certain riche. Cette pratique montre le prestige des mpañarivo, leur autorité et leur pouvoir. D’après l’analyse des faits existants, on arrive à en déduire que c’est cette pratique même qui aggrave le vol de bœufs. Ceci est dû au fait que les malaso vendent les bœufs volés auprès des mpañarivo car il est difficile pour les responsables de la sécurité de faire les contrôles dans de vastes brousses (leurs contrôles se limitent aux villages et à l’analyse des cahiers de registre de cheptel bovin). Il est à signaler que notre prise de position ne condamne que ceux qui ont l’esprit empreint de malhonnêteté. L’élevage en semi-liberté est caractérisé par l’existence de parc dans le village. Dans la zone, la majorité des éleveurs s’y adonnent. Ici l’intervention du propriétaire consiste en contrôle de son troupeau la nuit et de bon matin afin de connaître s’il y en a qui se sont égarés et/ou qui sont malades. Le contrôle se fait souvent par le truchement des robes des animaux. Le bouvier professionnel a pour rôle de libérer le troupeau le plus tard possible le matin et le faire rentrer le plutôt possible le soir pour avoir la tranquillité ; il a aussi pour fonction de garder et d’amener les animaux pour se procurer des fourrages dans le terroir villageois. Pendant la saison des pluies, asara, le bouvier professionnel fait ce qu’on appelle dabokandro ou mampoly atoandro, littéralement « faire rentrer son troupeau dès que la chaleur commence à se faire sentir ». Pendant cette période, les bœufs sont gardés de près dans les meilleurs pâturages. Rohy aomby, littéralement attacher les zébus avec une corde est utilisée par les paysans qui n’ont que des bœufs de trait aomby sarety. Dans ce cas, l’élevage constitue un travail secondaire après l’agriculture. Chaque jour, les propriétaires amènent avec eux leurs bœufs de trait avec ou sans la charrette pour les attacher sur le terrain de culture pendant qu’ils travaillent sur le champ.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS GENERALES SUR LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE.I : LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES ET AGRONOMIQUES
I.1 Le climat
I.1.1 La pluviométrie
I.1.2 Le micro-climat
I.1.3 La température
I.1.4 L’évapotranspiration
I.1.5 Le bilan hydraulique
I.2 La lecture des paysages
I.2.1 La morphologie du terroir
I.2.2 La morphopédologie
I.2.3 Les différentes facettes du terroir
I.2.4 Les caractéristiques de la végétation
CHAPITR II : APPROCHE HISTORIQUE DU PEUPLEMENT
II.1 La naissance du royaume de l’Ibara Imamono
II.1.1 La dislocation du royaume bara
II.1.2 La formation du royaume de l’Ibara Imamono
II.2 L’afflux des migrants
II.2.1 Pendant l’époque des royaumes
II.2.2 Pendant l’époque coloniale
II.2.3 Depuis la première république jusqu’à nos jours
CHAPITRE III : LE VILLAGE ET SES HABITANTS 
III.1 L’habitat villageois
III.1.1 La raison de cet étalement
III.1.2 Forme et Construction de l’habitation
III.2 La statistique de la population
III.2.1 Les caractéristiques générales de la population
III.2.2 La population de Tandroka Anjà
III.3 Les Comportements sociaux
III.3.1 Les habitudes alimentaires
III.3.2 Les relations sociales
III.3.3 Les us et coutumes
DEUXIEME PARTIE : LA DYNAMIQUE AGRAIRE VILLAGEOISE
CHAPITRE IV : LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE 
IV.1 Les différents types d’organisation villageoise
IV.1.1 L’organisation foncière traditionnelle
IV.1.2 L’organisation foncière actuelle
IV.1.3 Organisation sociale
IV.2 Système d’exploitation de la terre
IV.3 Les principales cultures et les techniques appliquées
IV.3.1 Les cultures vivrières
IV.3.2 La culture de rente
CHAPITRE V : LE ZEBU DANS LE SYSTEME AGRAIRE
V.1 Le zébu sur un piédestal
V.1.1 Source de richesse et de pouvoir
V.1.2 Médiateur entre l’homme et les ancêtres
V.1.3 Médiateur entre l’homme et le paysage
V.1.4 Facteur d’aménagement du terroir
V.1.5 Elément de stabilité du système agraire
V.2 Les techniques d’élevage
V.2.1 Le mode de conduite de l’élevage
V.2.2 La gestion de l’espace pastoral
CHAPITRE VI : LES REALITES ET L’EVOLUTION ACTUELLE DU PAYSAGE
VI.1 Le terroir de plus en plus restreint
VI.1.1 La pression endogène
VI.1.2 Le terroir face aux influences exogènes
VI.2 Le terroir et les dynamiques qui l’animent
VI.3 Les freins du développement des activités paysannes
VI.3.1 La Pauvreté
VI.3.2 L’analphabétisation
VI.3.3 Une zone enclavée
VI.3.4 L’insécurité rurale
VI.4 Quelques suggestions et perspectives d’avenir
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES CARTES
LISTE DES FIGURES
LISTE DES PHOTOS

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