Etude du rôle physiopathologique de la SUMOylation dans le cancer du côlon 

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SUMOylation SIM-dépendante

La SUMOylation en dehors des Lysines consensus est rendue possible par la présence d’un SIM (SUMO Interacting Motif), permettant une interaction non-covalente avec le SUMO chargé sur UBC9. Le SIM est un motif constitué d’un corps hydrophobe flanqué par des résidus sérines potentiellement phosphorylés et/ou des résidus acides. L’augmentation des charges négatives autour du corps hydrophobe augmente la force d’interaction entre SUMO et le SIM (Flotho and Melchior, 2013; Lin et al., 2006). Les cibles de SUMOylation qui sont dépendantes d’un SIM peuvent être SUMOylées sur n’importe quelle Lysine, et la mutation d’une des Lysines n’affecte pas le potentiel de SUMOylation de la protéine cible. A titre d’exemple de tels substrats, citons les protéines Daxx (Death domain associated protein), BLM (Bloom syndrome RecQ helicase-like protein) ou USP25 (Ubiquitin-Specific Protease 25) (Chang et al., 2011a; Meulmeester et al., 2008; Zhu et al., 2008) (figure 8).

SUMOylation dépendante d’une E3-ligase

In vitro, la SUMOylation est possible en absence d’une Eγ ligase grâce à la capacité d’UBC9~SUMO d’interagir avec de nombreux substrats. Dans certains cas cependant, les Lysines cibles restent inaccessibles à l’Eβ, et une E3 est strictement nécessaire, in vitro et in vivo. C’est le cas par exemple de la protéine de levure PCNA (Proliferating Cell Nuclear Antigen) (Pfander et al., 2005) (figure 8). séquence consensus du substrat (A), un SIM présent dans le substrat (B), ou reposer majoritairement sur l’interaction avec une Eγ ligase (C).

Régulation de la SUMOylation

La SUMOylation est un processus dynamique et beaucoup d’efforts ont été apportés pour déterminer les mécanismes régulant la SUMOylation/déSUMOylation d’un substrat donné, ou de nombreux substrats. Ainsi, il a été montré que certains substrats précis peuvent être SUMOylés/déSUMOylés de façon ponctuelle suite à un stimulus, mais aussi que la SUMOylation peut s’appliquer à un groupe de protéines, et que l’impact fonctionnel de SUMO sur ce groupe est conservé quel que soit la protéine SUMOylée au sein du complexe. Enfin, certains stress peuvent un induire une SUMOylation ou une déSUMOylation globale sans spécificité de substrats. Ceci indique une grande ouverture dans le nombre de mécanismes dans lesquels SUMO est impliqué, et révèle une complexité encore accrue par rapport à celle préexistante et liée au nombre de substrats.

Régulation de la SUMOylation par d’autres modifications post-traductionnelles

Phosphorylation

Comme nous l’avons vu précédemment avec le motif PDSM, la phosphorylation d’un substrat peut réguler la SUMOylation de manière positive en renforçant l’interaction entre UBC9 et le substrat. Une étude récente par Picard et al. a introduit une variation du motif PDSM. Dans ce nouveau motif découvert sur le récepteur aux œstrogènes (ER), le consensus est imparfait puisque le résidu acide qui termine le motif, généralement glutamate ou aspartate, est remplacé par une sérine, ce qui empêche l’interaction avec UBC9.
Cependant, cette sérine peut être phosphorylée par la kinase GSK3Glycogen Synthase Kinase 3, créant une charge négative en position 4 du motif, et permettant ainsi l’interaction avec UBC9 et la SUMOylation de la Lysine (Picard et al., 2012).Ce motif a été nommé pSuM (phosphorylated Sumoylation Motif), ou motif de SUMOylation phosphorylé. Un autre mécanisme de SUMOylation phosphorylation-dépendante a été décrit pour la protéine FEN1 (flap endonucléase 1). Dans ce cas précis, la phosphorylation a lieu à une relativement grande distance du site de SUMOylation (19 acides aminés), mais favorise néanmoins la modification par SUMO. Il reste à déterminer si cette phosphorylation augmente directement l’interaction avec UBC9 ou si le mécanisme requiert l’intervention d’une Eγ ou d’une protéine chaperonne par exemple (Guo et al., 2012). Un dernier mécanisme dans lequel la SUMOylation découle d’une phosphorylation préalable a été décrit pour la protéine Daxx. Daxx interagit avec UBC9 chargé par le biais d’un SIM, et cela permet la modification par SUMO au niveau de plusieurs lysines acceptrices. Ce SIM contient une sérine qui peut être phosphorylée, et ceci favorise l’interaction avec UBC9 chargé, et augmente la SUMOylation de Daxx (Chang et al., 2011a).
Il est important de noter que la phosphorylation n’entraîne pas systématiquement une augmentation de la SUMOylation. En effet, ces deux modifications peuvent également entrer en compétition. Deux mécanismes ont été décrits pour expliquer cette compétition. Le premier concerne la protéine SATB1 (Special AT rich sequence Binding protein 1). La phosphorylation de SATB1 empêche l’interaction et le recrutement de la SUMO Eγ ligase PIAS1, et inhibe ainsi sa propre SUMOylation (Tan et al., 2010). Le second concerne GCM1 (Glial Cell Missing 1). Dans ce cas, la phosphorylation augmente le recrutement d’une déSUMOylase, SENP1, et diminue ainsi la fraction SUMOylée (Chang et al., 2011b).
Il existe donc une multitude de mécanismes par lesquels la phosphorylation influence la SUMOylation (figure 9) modifiant des séquences consensus, des résidus distants du motif consensus ou encore un SIM, soit en la diminuant (à droite), en modifiant les interactions avec des E3 ligase ou une déSUMOylase.

Acétylation

L’acétylation d’une protéine intervenant via ses résidus lysines, comme la SUMOylation, ces deux modifications peuvent entrer en compétition, comme cela a été montré pour la protéine suppresseur de tumeur HIC1 (Hypermethylated In Cancer 1) (Stankovic-Valentin et al., 2007). Fonctionnellement, ceci contrôle la fonction de HIC1 et la fait passer d’un état permissif pour la transcription (acétylé) à non-permissif (SUMOylé) (Dehennaut et al., 2013).
De plus, il a été montré par Wu et al. que la SUMOylation de p53 sur la lysine 386 diminue son acétylation sur des lysines adjacentes Kγ7γ et Kγ8β. En revanche, l’inverse n’est pas vrai, et p53 acétylé peut tout aussi bien être SUMOylé que p53 libre (Wu and Chiang, 2009).
Enfin, l’acétylation de SUMO lui-même empêche son interaction avec un SIM. Un tel mécanisme a été montré pour la régulation de la liaison de SUMO avec les SIMs de Daxx, PML et différentes PIAS. L’acétylation de la lysine 37 de SUMO1 ou 33 de SUMO2/3 est retrouvée de manière physiologique, comme l’ont montré les travaux du laboratoire de S. Müller (Cheema et al., 2010; Ullmann et al., 2012).

Ubiquitination

L’ubiquitination étant une modification post-traductionnelle ciblant les lysines, une compétition est observée avec la SUMOylation pour la modification d’une même lysine. Ainsi, il a été montré que la SUMOylation d’IB (Inhibitor of kappa-b alpha) empêche son ubiquitination. L’ubiquitination d’IB conduit à sa dégradation par le protéasome, permettant l’activation de la voie en libérant le facteur de transcription NFB (Nuclear Factor kappa B). Ainsi la compétition exercée par SUMO sur cette lysine permet la stabilisation d’IB et tempère l’activation de la voie (Desterro et al., 1998).
De même pour PCNA (Proliferating Cell Nuclear Antigen), une compétition entre l’ubiquitination et la SUMOylation de la lysine 164 permet une fine régulation de la réparation de l’ADN liée à la réplication. PCNA est une protéine appartenant à la famille des clamps glissants. C’est un homotrimère qui encercle l’ADN durant la réplication, en phase S, et sert de plateforme pour guider les ADN polymérases et les différents facteurs liés à la réplication. Si une cassure intervient durant la réplication de l’ADN, celle-ci est mise en pause, et cela conduit à l’ubiquitination de PCNA. Si PCNA est monoubiquitiné sur la lysine 164, la réplication continue malgré la cassure, ce qui peut causer des erreurs. Ce phénomène est appelé TLS pour « translesion synthesis ». Si la TLS échoue, PCNA devient polyubiquitiné (avec des branchements en K63), et un mécanisme de réplication sans erreur, par recombinaison homologue, intervient. La SUMOylation de PCNA intervient également au cours de la réplication, et chasse la recombinase Rad51 de l’ADN, ce qui empêche toute recombinaison non souhaitée (Bergink and Jentsch, 2009).
Enfin, une récente étude protéomique par Tammsalu et al. a permis d’observer que 37,8% des sites de SUMOylation caractérisés étaient également potentiellement modifiables par l’ubiquitine, ce qui suggère qu’une compétition entre l’ubiquitine et SUMO est un mécanisme relativement répandu (Tammsalu et al., 2014).

Régulation par changement conformationnel

Certains récepteurs peuvent être SUMOylés, et leur SUMOylation est dépendant de l’interaction avec leur ligand. Le premier récepteur SUMOylé découvert fut le récepteur aux androgènes AHR, modifié par SUMO1 (Poukka et al., 2000). Les récepteurs PPAR et les LXR (Liver X Receptor) sont également SUMOylés suite à l’engagement par leur ligand (Ghisletti et al., 2007; Pascual et al., 2005).

Régulation globale par un stress

La SUMOylation peut également être régulée à l’échelle de la cellule entière. Ainsi, plusieurs stimuli associés à des stress peuvent diminuer la concentration globale de substrats SUMOylés ou l’augmenter. Cette régulation met principalement en jeu la polySUMOylation de substrats par SUMO2/3, les deux paralogues pour lesquels la concentration de SUMO libre et disponible est élevée (Saitoh and Hinchey, 2000).
Il est par exemple bien établi qu’un choc thermique entraîne une augmentation globale de la SUMOylation. Cette hyperSUMOylation est essentielle pour une réponse adéquate à ce stress physique, comme l’ont démontré Golebiowski et al. en induisant un choc thermique dans des cellules HeLa déficientes pour SUMO2. Les cellules déficientes pour SUMO2 présentent une mortalité accrue suite au choc thermique par rapport aux cellules contrôle. De plus, une étude protéomique des substrats hyperSUMOylés lors d’un choc thermique montre qu’une grande partie d’entre eux sont impliqués dans la réponse au stress (Golebiowski et al., 2009). Des études récentes semblent indiquer que cette hyperSUMOylation serait due en partie au fait que les SENP sont des protéines thermosensibles qui sont rapidement dégradées pendant le choc thermique. La balance dynamique de conjugaison/déconjugaison serait donc déséquilibrée et mènerait à une hyperSUMOylation globale (Pinto et al., 2012). Cette explication ne paraît néanmoins pas satisfaisante pour expliquer l’enrichissement des substrats hyperSUMOylés pour des protéines de réponse au stress. Si toutefois elle était avérée, cela signifierait que les protéines de réponse au stress sont celles pour lesquelles le cycle de SUMOylation/déSUMOylation est le plus dynamique. Une autre étude suggère que SUMO marquerait les protéines mal repliées produites au cours du choc (Castorálová et al., 2012).
Concernant le stress oxydant, deux phénotypes opposés sont observés. Le traitement de cellules avec de fortes concentrations de peroxyde d’hydrogène H2O2 (100mM) conduit à une hyperSUMOylation massive, probablement par inactivation des déSUMOylases. En revanche, à des concentrations d’H2O2 reflétant un stress oxydant physiologique (jusqu’à 1mM), une rapide déSUMOylation globale a été observée. Cette déSUMOylation est causée par la formation d’un pont disulfure réversible entre les cystéines catalytiques des enzymes E1 et E2 de SUMOylation, inhibant leur fonctionnement (Bossis and Melchior, 2006).

Régulation exogène de la SUMOylation

Régulation de la SUMOylation par des drogues

Etant donné le large spectre d’action de la SUMOylation, et son potentiel rôle dans de nombreuses pathologies, comme nous le verrons dans la suite de ce manuscrit, quelques tentatives d’inhibition chimique de la SUMOylation ont eu lieu. Cependant à ce jour, aucun inhibiteur ne s’est avéré suffisamment spécifique pour être utilisé comme outil ou comme traitement.
Les premières molécules chimiques décrites comme inhibitrices de la SUMOylation sont l’acide ginkgolique et l’acide anacardique. Elles ont été découvertes à l’occasion d’un crible de substances naturelles altérant la SUMOylation. Le mécanisme d’action de ces deux molécules consiste en l’inhibition de la formation du pont thioester entre l’enzyme E1 et le peptide SUMO (Fukuda et al., 2009a). La même année, un nouveau composé naturel extrait d’un champignon, la kerriamycine B, a été découverte (Fukuda et al., 2009b). Son mécanisme d’action est identique. Leur concentration inhibitrice médiane (IC50) est de l’ordre du micromolaire ou de la dizaine de micromolaire, ce qui en fait des molécules peu puissante et difficilement utilisables in vivo. De plus, aucune donnée sur leur spécificité n’étant disponible, l’utilisation de ces molécules pour étudier la SUMOylation est hasardeuse, tout comme leur potentiel thérapeutique. L’enzyme E1 de SUMOylation est également la cible de molécules synthétiques décrites par Lu et al. et par Kumar et al., bien que ces études se soient limitées à des expériences in vitro, sans vérifier leur efficacité sur cellules (Lu et al., 2010)(Kumar et al., 2013).
Deux inhibiteurs ciblant l’enzyme Eβ UBC9 ont également été découverts. Le premier est une molécule naturelle extraite d’un champignon, la spectomycine B1. Celle-ci empêche la formation du pont thioester entre UBC9 et SUMO1. Elle est efficace in vitro et in vivo sur cellules en culture (Hirohama et al., 2013). Le second inhibiteur est une molécule synthétique (βD08), qui agit en inhibant le transfert de SUMO d’UBC9 à son substrat (Kim et al., 2013).
Bien que peu exploitables en l’état, à cause de problèmes de spécificité et de puissance, ces molécules peuvent servir de base à l’élaboration de composés utilisables en laboratoire, voire en thérapie. Elles sont résumées dans la table 3.
Enfin, il est intéressant de noter que plusieurs études ont été menées dans le but de découvrir des inhibiteurs de la SUMO protéase SENP1. En effet, comme nous le détaillerons plus tard, SENP1 est impliquée dans le cancer de la prostate et pourrait représenter une cible thérapeutique intéressante (Chen et al., 2012; Qiao et al., 2011; Sommer et al., 2013; Uno et al., 2012).

Rôles fonctionnels de la SUMOylation

Rôles de SUMO révélés par génie génétique

La SUMOylation est un processus complexe, impliquant plusieurs enzymes, et évolutivement conservé chez les Eukaryotes. Ceci implique un ou plusieurs rôles fonctionnels important pour la modification post-traductionnelle de protéines par SUMO. La modification génétique de multiples organismes, en ciblant les enzymes essentielles à la SUMOylation, ont permis d’observer des phénotypes associés à une altération de la SUMOylation. Ces phénotypes sont répertoriés dans la table 4. Ainsi, l’on constate que les composants de la machinerie jouant un rôle unique, tels que SUMO, les sous-unités de l’enzyme E1, et l’enzyme Eβ, sont essentielles à la survie de l’organisme. Une déficience entraîne la plupart du temps deux phénotypes majeurs : un défaut de division cellulaire, et un défaut de réponse au stress, plus particulièrement aux dommages à l’ADN. En revanche, les déficiences en enzymes E3 montrent souvent des phénotypes plus modérés, indiquant une certaine redondance entre elles, au moins pour certaines fonctions essentielles, et permettant des analyses plus raffinées de leur fonction. Enfin, concernant les protéases, les données obtenues pour SENP1 soulignent l’importance de la maturation des précurseurs de SUMO, et l’importance également du caractère réversible de la SUMOylation, puisque cette enzyme semble être essentielle, au moins chez les organismes étudiés.

Contrôle de la voie NF-kB par la SUMOylation

La voie canonique déclenchée par l’engagement de la plupart des PRR est la voie NF-kB, évoquée précédemment. En présence de son ligand, un TLR recrute une molécule adaptatrice, MYD88 (« Myeloid differentiation primary-response protein 88 ») et parfois MAL (MYD88 Adaptor Like protein), grâce à son domaine TIR (Toll/IL-1 receptor) cytoplasmique. Les adaptateurs interagissent alors avec un complexe de kinases comprenant les protéines IRAK (IL-1 Receptor Associated Kinases) et TRAF6 (TNF Receptor Associated Factor 6), ce qui a pour effet de phosphoryler et ainsi activer les membres du complexe IKK. Celui-ci phosphoryle IkB, provoquant sa polyubiquitination et sa dégradation par le protéasome, libérant le facteur de transcription NFkB. Ce dernier transloque alors dans le noyau afin d’activer la transcription de gènes cibles, et notamment des gènes encodant pour des cytokines pro-inflammatoires. Le complexe IKK et la voie NFkB peuvent également être activés par les RLR RIG-I (Retinoic acid Inducible Gene I) et MDA-5 (Melanoma Differenciation Factor 5), à travers la protéine adaptatrice MAVS (Mitochondrial Antiviral Signaling) (Goubau et al., 2013). Les NLR activent cette voie via la kinase RIP2 (Receptor-interacting serine/threonine-protein kinase 2) (Hasegawa et al., 2008).
Plusieurs études ont démontré un impact de la SUMOylation sur cette voie, à commencer par l’effet de la SUMOylation d’IB. Dès 1998, soit dans les toutes premières années suivant la découverte de la SUMOylation, Desterro et al. ont montré que IB était SUMOylé par SUMO-1, inhibant la voie NFkB en stabilisant IBsuite à une stimulation par le TNF (Tumor Necrosis Factor), l’IL-1 (Interleukin-1), ou l’acide okadaïque, dans plusieurs lignées cellulaires humaines. Cette stabilisation serait le fruit de la compétition entre l’ubiquitination, entraînant la dégradation protéasome-dépendante d’IB, et la SUMOylation, sur la même lysine (Desterro et al., 1998). Ce mécanisme de stabilisation a par la suite été confirmé dans le cadre de cycle d’hypoxie et réoxygénation (Liu et al., 2009).
La modification de IkB par SUMO2/3 est en revanche plus controversée. En effet, celle-ci semble dans un cas stabiliser IkB dans le cadre de l’hypoxie. De manière surprenante, les auteurs observent que cette stabilisation est corrélée à l’augmentation de l’activité de la voie NFkB (Culver et al., 2010). Cette observation est partagée par un second groupe, dans le cadre de la stimulation de cellules humaines par le TNF. Cependant dans cette étude, les auteurs observent des chaînes mixtes entre l’ubiquitine et SUMOβ/γ sur IB, et l’augmentation de la dégradation d’IB, augmentant ainsi la transcription de gènes cibles de NFkB (Aillet et al., 2012). L’impact de la SUMOylation sur IkB est donc incertain et peut mener, selon les systèmes utilisés, soit à une augmentation, soit à une diminution de l’activité de la voie.
D’autre part, la SUMOylation de NEMO, membre du complexe IKK, a déjà été évoquée précédemment. Rappelons que les études concernant NEMO ont montré que sa modification par SUMO1 est nécessaire à l’activation de la voie dans la réponse à un stress génotoxique. Une étude récente a montré que NEMO peut également être SUMOylé par SUMO2/3. En stimulant des fibroblastes embryonnaires murins (MEF) avec du lipopolysaccharide (LPS), ligand de TLR4, les auteurs ont observé que la diminution de SENP6 par ARN interférence (siRNA – short hairpin RNA) induisait une augmentation de la signalisation NFkB, traduite par la transcription accrue des gènes cibles, et la déstabilisation d’IkB. D’un point de vue mécanistique, SENP6 déSUMOyle NEMO, diminuant l’activation du complexe IKK (Liu et al., 2013). Dans ce cas précis, la SUMOylation semble donc jouer un rôle activateur de la voie.
De plus, la sous-unité activatrice de NFkB, RelA (aussi appelée p65), peut être SUMOylée par PIAS3 dans des fibroblastes embryonnaires murins stimulés par le TNF.
Cette modification semble avoir principalement lieu sur les lysines 37 et 121/122, puisque des protéines recombinantes dans lesquelles ces lysines sont mutées en arginine ne peuvent plus être modifiées par SUMO. De manière intéressante, cette modification est dépendante de la stimulation des cellules par le TNF, et inhibe l’activation de la voie. Elle constituerait donc un nouveau mécanisme de régulation (Liu et al., 2012b).
Enfin, deux études du même groupe chez la Drosophile ont montré que le mutant de dUbc9 présente un phénotype d’hyperproliferation des hémocytes et d’hypersécrétion du peptide antifongique Drosomycin, phénotypes dépendants de Dorsal et Dif, les homologues de NFB (Chiu et al., 2005). Si Dorsal lui-même peut être SUMOylé, semblant potentialiser son activité transcriptionnelle (Bhaskar 2002), la stabilité de la protéine Cactus, homologue d’IB, est réduite chez les mutants de dUbc9 (Paddibhatla et al., 2010). On ignore encore cependant si la stabilisation de Cactus par dUbc9 est similaire à celle observée chez les Mammifères.

La voie des MAPK est contrôlée par la SUMOylation

Les MAPK (Mitogen-Activated Protein Kinase) forment une famille de protéines à activité kinase regroupées en trois cascades, aboutissant respectivement aux kinases JNK (Jun N-terminal Kinase), p38 et ERK (Extracellular signal-Regulated Kinase). Ces kinases peuvent elles-même phosphoryler, directement ou par l’activation de nouvelles kinases, des facteurs de transcription impliqués notamment dans la transcription de gènes pro-inflammatoires. Parmi ces facteurs de transcription, on trouve principalement le complexe AP1 (Activator Protein 1). Le complexe AP1 est un hétérodimère formé par l’association de deux facteurs de transcription parmi FOS, JUN, ou les facteurs de transcription de la famille ATF.
La voie des MAPK correspond à une cascade de phosphorylation. Ces cascades peuvent être activées par les PRR, et les exemples les plus étudiés concernent l’activation par les TLR. De manière similaire à la voie NFkB décrite précédemment, les MAPK peuvent être activées par le complexe des protéines IRAK et la protéine TRAF6. Cette signalisation aboutit d’une part à l’activation du complexe IKK, qui active la voie ERK, et d’autre part à l’activation d’un complexe comprenant notamment la kinase TAK1 (TGF Activated Kinase 1), capable d’activer les voies pγ8 et JNK ((Arthur and Ley, 2013) pour revue).
Une étude a montré que la kinase phosphorylant ERK, MEK1 (MAPK/ERK Kinase 1) est modifiée par SUMO dans le contexte de la transformation cellulaire par RAS. La SUMOylation de MEK diminue l’activation de la voie en empêchant l’interaction entre MEK et ERK (Kubota et al., 2011). De plus, les facteurs de transcription AP1, en aval des MAPK, sont régulés de manière négative par la SUMOylation. C’est par exemple le cas de FOS (FBJ OSteosarcoma oncogene), dont la SUMOylation diminue l’activité transcriptionnelle. En effet, une étude récente a montré, en utilisant un anticorps spécifique de FOS SUMOylé, que celui est constamment présent au niveau des promoteurs des gènes cibles, et sa concentration au promoteur augmente lors de l’induction de la voie. Cependant, la surexpression d’un mutant non-SUMOylable de FOS aboutit à une augmentation de la transcription par FOS. Les auteurs propose que la forme SUMOylée du facteur de transcription, supposée inactive, joue un rôle de tampon au niveau du promoteur des gènes cibles, tempérant le recrutement du facteur de transcription non-modifié et donc l’expression du gène cible (Tempé et al., 2014). Dans le cas de la signalisation MAPK, la SUMOylation joue donc un rôle répresseur, que ce soit au niveau de la transduction du signal, ou directement sur le facteur de transcription.

La famille des PIAS, SUMO E3 ligases et inhibitrices de l’immunité innée

La famille des protéines PIAS (Protein Inhibitor of Activated STAT) est une famille au rôle intriguant. Initialement décrite comme inhibiteurs des protéines STAT (Signal Transducer and Activator of Transcription), cruciale dans la signalisation induite par les cytokines (Chung et al., 1997; Liu et al., 1998), il est maintenant démontré qu’elles interagissent avec plusieurs dizaines de protéines, principalement des facteurs de transcription, et qu’elles jouent un rôle important dans la régulation de la SUMOylation, formant à l’heure actuelle la plus grande famille de SUMO Eγ ligases (Shuai and Liu, 2005). Leur activité inhibitrice de la transcription est mise en place par différents mécanismes. Les PIAS peuvent empêcher la liaison d’un facteur de transcription à l’ADN. Ainsi, des expériences de retard sur gel, ainsi que des co-immunoprécipitations ont montré que PIAS1 interagit avec STAT1, et PIAS3 avec STAT3, et empêchent leur liaison aux séquences cibles de ces facteurs de transcription aux promoteurs (Chung et al., 1997; Liu et al., 1998). Les PIAS peuvent également inhiber la transcription en recrutant des partenaires répresseurs telles que les histones déacétylases, comme c’est le cas pour PIASy et PIASx qui inhibent STAT1 et STAT4 (Arora et al., 2003; Liu et al., 2001). Elles peuvent induire la SUMOylation du facteur de transcription : ainsi pour une sous-catégorie définie de gènes induits par l’IFN (interféron gamma), l’inhibition de STAT1 par PIAS1 est dépendante de la SUMOylation (Ungureanu et al., 2005). Enfin, la surexpression de PIASy provoque l’apparition de structures subnucléaires ponctiformes, dans lesquelles le facteur de transcription LEF1 (Lymphoid Enhancer Factor 1) SUMOylés est recruté, inhibant totalement son activité transcriptionnelle (Sachdev et al., 2001). Ce dernier exemple constitue le quatrième mécanisme par lequel les protéines de la famille PIAS peuvent inhiber l’activité d’un facteur de transcription. Les mécanismes décrits pour l’inhibition de la transcription par les PIAS, incluant la SUMOylation des facteurs de transcription, sont illustrés dans la figure 16.
De manière intéressante, les souris déficientes en Pias1 (Pias1-/-) présentent une augmentation de l’expression des gènes de réponses aux interférons, après stimulation avec l’IFN (type II) ou IFN (type I). Les souris sont résistantes à une infection virale par le VSV et bactérienne par Listeria monocytogenes. En revanche, elles sont hypersensibles au choc endotoxique provoqué par l’injection de LPS dans le péritoine. Bien que les souris ne présentent pas de défaut global de la SUMOylation, l’étude n’évalue pas l’importance de l’activité Eγ ligase de PIAS1, et il aurait été intéressant de complémenter les cellules Pias1-/-avec un mutant de Pias1 E3-ligase-déficient (Liu et al., 2004). PIAS1 régule également l’expression d’une partie des gènes cibles de NFkB en empêchant son recrutement sur l’ADN (Liu et al., 2005), tout comme PIASy (Tahk et al., 2007). Il est intéressant de noter que PIAS1 et PIASy jouent un rôle important et partiellement redondant dans le contrôle de la réponse immunitaire innée, puisque, si le double mutant Pias1-/- ; Piasy-/- est létal au stade embryonnaire, la délétion d’un seul allèle de Pias1 (Pias1+/-) sur fond Piasy-/- est viable, et vice versa, mais présente une exacerbation du phénotype proinflammatoire de chaque mutant. Ainsi PIAS1 et PIASy collaborent dans le contrôle de la transcription dépendante des facteurs de transcription STAT et NFkB (Tahk et al., 2007).

SUMOylation et activité anti-inflammatoire des récepteurs nucléaires

Les récepteurs nucléaires sont des facteurs de transcription régulés directement par un ligand. Ils existent donc sous la forme holo-enzyme, libre, et apo-enzyme, liée par le ligand. Ils régulent l’expression de nombreux gènes cibles et peuvent être activateur ou répresseur selon la présence ou non du ligand. Cette fonction de contrôle de la transcription passe par le recrutement de corégulateurs. Plusieurs études ont montré l’importance de la SUMOylation dans ces mécanismes, et particulièrement dans le cadre de la réponse inflammatoire. Ainsi, en présence de ses ligands synthétiques, la rosiglitazone ou le GW0072, le récepteur nucléaire PPAR (Peroxisome proliferator actived receptor gamma) est modifié par SUMO1 de manière PIAS1-dépendante, puis recruté au niveau des gènes cibles, où le complexe corepresseur NCoR inhibie la transcription. Le recrutement de PPAR SUMOylé empêche la polyubiquitination du complexe corépresseur, et donc sa dégradation par le protéasome. Ceci stabilise le corepresseur sur le promoteur des gènes cibles et empêche la transcription.
De manière analogue, le récepteur aux oxystérols LXR et LXR (Liver-X-Receptor alpha et beta) sont modifiés par SUMO2/3 en présence de leur ligand. De manière identique à PPAR, cette SUMOylation empêche la libération des promoteurs cibles du complexe corepresseur, et inhibe ainsi la transcription (Ghisletti et al., 2007; Pascual et al., 2005).

Régulation transcriptionnelle par SUMO à la chromatine

Le génome est organisé sous forme de chromatine, association d’ADN et de protéines qui permettent sa compaction et sa régulation. Les protéines majeures constituant la chromatine sont appelées histones. Elles sont regroupées en octamères autour desquels s’enroule la double-hélice d’ADN, formant ainsi un nucléosome. Elles sont fortement soumises aux modifications post-traductionnelles comme l’acétylation, la méthylation, le phosphorylation, l’ubiquitination et la SUMOylation ((Kouzarides, 2007) pour revue). La SUMOylation des histones est conservée de la levure aux mammifères. Chez l’Homme, la SUMOylation de l’histone H4 est associée au recrutement d’histones déacétylases (HDAC) et de HP1 (Heterochromatin Protein 1 gamma), et réprime la transcription dans des expériences de SUMOylation forcée aux promoteurs (Shiio and Eisenman, 2003). Chez la levure, les quatres histones de cœur (HβA, HβB, Hγ et H4) peuvent être SUMOylées, et on les retrouve principalement dans les régions subtélomériques non transcrites et au niveau des gènes inductibles réprimés (Nathan et al., 2006).
Nous avons précédemment évoqués qu’une grande partie des substrats de la SUMOylation regroupe des facteurs de transcription. Dans la plupart des cas, la modification a un effet répresseur sur l’activité de ces facteurs, cependant quelques exemples démontrent que l’effet de SUMO est dépendant du contexte, incluant le substrat, le promoteur et les cofacteurs en présence. Des exemples, non-exhaustifs, illustrant le rôle contexte-dépendant de la SUMOylation de facteurs de transcription sont regroupés dans la table 5.

SUMO et dommages à l’ADN

Les cancers sont causés par des anomalies génétiques qui résultent le plus souvent de dommages à l’ADN mal réparés, causant des mutations. Le génome subit constamment des dommages dus à des agents mutagènes endogènes (par exemple les espèces réactives de l’oxygène produites lors d’un stress) ou exogènes, tels que la fumée du tabac, les rayons ultraviolets, ou des produits chimiques naturels (par exemple l’aflatoxine) ou synthétiques.
Cette exposition permanente à un risque de mutation implique pour la cellule de pouvoir reposer sur une réparation fidèle et efficace de son ADN (Stratton et al., 2009). La SUMOylation est impliquée dans plusieurs mécanismes de réparation des dommages à l’ADN (DDR « DNA Damage Repair »).
Le premier exemple est la SUMOylation de PCNA lors de la réparation couplée à la réplication, exemple que nous avons déjà évoqué ici, et pour lequel la SUMOylation de PCNA entre en compétition avec l’ubiquitination pour empêcher une recombinaison innoportune.
Un second exemple concerne le rôle de SUMO dans la réparation par excision de base (BER « Base Excision Repair »). Ce type de réparation intervient lorsqu’une des bases de l’ADN est endommagée ou mal appariée, et consiste en l’excision de cette base par une glycosylase, produisant un site dit « abasique », puis par son remplacement. L’enzyme Thymine-DNA-Glycosylase (TDG) excise les bases thymine ou uracil improprement appariées à des cytosines ou guanines, puis reste fortement liée au site abasique. La SUMOylation de TDG est nécessaire à la diminution de l’affinité de TDG pour ce site, induisant son relargage et permettant aux enzymes impliquées dans la suite du processus d’accéder à la base excisée (Baba et al., 2005; Steinacher and Schär, 2005).
De plus, de nombreuses études ont impliqué la SUMOylation dans la réparation des cassures double-brins. Ainsi, chez la levure, la SUMOylation de la protéine Rad52 la protège de la dégradation et la conserve hors des nucléoles. Ceci empêche la réparation des cassures double-brin par recombinaison homologue avec les séquences répétées localisées dans les nucléoles (Torres-Rosell et al., 2007).
Une étude systématique des substrats de SUMOylation impliqués dans la DDR a été réalisée chez la levure S. cerevisiae. Les auteurs ont ainsi identifié 67 substrats, répertoriés dans le tableau ci-dessous. De manière intéressante, les substrats identifiés appartiennent à six mécanismes différents de réparation, et différentes étapes de réplication. De plus, ils ont montré que des mutants déficients pour la SUMOylation, à travers l’invalidation d’Ubc9 ou des enzymes Eγ Siz1 et Mmsβ1, présentent une hypersensitivité à l’agent alkylant methylméthanesulfonate (MMS) ou à l’agent bloquant la réplication hydroxyurée (HU). Cette étude place la SUMOylation au cœur de la réponse aux dommages à l’ADN (Cremona et al., 2012).

La SUMOylation est importante dans l’angiogenèse

Les cellules tumorales prolifèrent rapidement, créant de grandes masses cellulaires pour lesquels l’apport de la circulation sanguine devient limité. Elles sont cependant capables d’induire la formation de nouveaux vaisseaux et accéder ainsi à l’oxygène du sang, notamment. Cette capacité d’angiogenèse est gouvernée en partie par un facteur de transcription, HIF1 (Hypoxia-Induced Factor 1), dont la sous-unité alpha (HIF1) est inductible par manque d’oxygène. La SUMOylation semble contrôler l’angiogenèse principalement par la régulation d’HIF1. Cependant, les conclusions quant à son rôle pro-angiogénique ou anti-angiogénique sont controversées. Initialement, Bae et al. ont démontré que la SUMOylation d’HIF1 par SUMO1 permet sa stabilisation et augmente son activité transcriptionnelle (Bae et al., 2004). Ce rôle a été confirmé par la suite par plusieurs groupes. La protéine RSUME permet d’augmenter la SUMOylation globale, et notamment la SUMOylation de HIF1, ce qui permet sa stabilisation et l’augmentation de son activité transcriptionnelle (Carbia-Nagashima et al., 2007). La surexpression de SUMO1 provoque l’augmentation de VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), un facteur clé dans l’angiogenèse, en augmentant l’activation de ERK1/2, MMP13 et la voie JAK2/STAT5 (Yang et al., 2013). Enfin, récemment, un groupe a démontré que la SUMO Eγ ligase CBX4 (Pcβ) augmente la SUMOylation d’HIF1 dans des cellules d’hépatocarcinome cellulaire, ce qui a pour conséquence d’augmenter la production de VEGF, de manière SUMO-dépendante. Cette étude présente également une corrélation entre le niveau d’expression de CBX4 dans des échantillons d’une large de cohorte de patients (n = 7β7) et l’expression de VEGF, ainsi que l’association d’une surexpression de CBX4 avec un mauvais pronostic de survie chez ces patients (Li et al., 2014). A l’inverse, plusieurs groupes ont attribué à la SUMOylation d’HIF1 un rôle inhibiteur de la voie. Ainsi, en remplaçant HIF1 endogène par la surexpression d’un mutant non-SUMOylable d’HIF1 dans des cellules HeLa, Berta et al. n’ont pas trouvé de déstabilisation dans le mutant, et ont observé une diminution de son activité transcriptionnelle (Berta et al., 2007). De même, un autre groupe a montré que des fibroblastes embryonnaires murins déficients pour la déSUMOylase SENP1 présentent un défaut de stabilisation de HIF1, ce qui suggère que la SUMOylation déstabilise HIF1. De plus, l’expression de SENP1 est induite par l’hypoxie. Enfin, la SUMO E3 ligase PIASy semble être impliquée dans la SUMOylation de HIF1, et les auteurs observent une corrélation inverse entre la surexpression de PIASy et l’angiogenèse dans des biopsies de cancers colorectaux (Cheng et al., 2007; Kang et al., 2010; Xu et al., 2010).
Bien que les conséquences soient incertaines selon le système choisit, la SUMOylation de HIF1 joue clairement un rôle dans l’angiogenèse.

Relations entre la SUMOylation et les oncogènes et suppresseurs de tumeurs

La SUMOylation peut modifier et affecter la fonction de plusieurs oncogènes et suppresseurs de tumeurs classiquement étudiés. C’est notamment le cas du complexe AP1, composé des proto-oncogènes c-Fos et c-Jun (Eferl and Wagner, 2003). Ainsi, c-Fos est SUMOylé sur la lysine 265, la SUMOylation de c-Jun a été décrite sur les lysines K257 et/ou K229 (Bossis et al., 2005; Muller et al., 2000). De manière invariable, la SUMOylation diminue l’activité transcriptionnelle du complexe AP1, comme en attestent les expériences de gènes rapporteurs en conditions de surexpression de mutants non-SUMOylables ou de fusions avec les groupements SUMO. Récemment, Tempé et al. ont étudié la SUMOylation de c-Fos en conditions d’expression endogène de la protéine, grâce à la conception d’un anticorps reconnaissant spécifiquement c-Fos SUMOylé. De manière intéressante, les auteurs observent un recrutement concomitant de la forme SUMOylée et non SUMOylée sur les promoteurs des gènes cibles, rapidement après la stimulation des cellules par le 12-O- tetradecanoylphorbol 13-acetate (TPA). En absence de SUMOylation, accomplie par diminution d’Ubc9 par ARN interférence, l’expression des gènes rapporteurs artificiels (luciferase) et endogène (Gadd15γ) est fortement augmentée. Ceci suggère que la SUMOylation de c-Fos aux promoteurs des gènes cibles joue un rôle de tampon pour réguler leur expression (Tempé et al., 2014).
Les conclusions sont plus controversées quant au rôle de la SUMOylation de PTEN (Phosphatase and TENsin homolog). La protéine PTEN exerce son rôle suppresseur de tumeur en inhibant la signalisation PI3K (PhosphoInositide 3 Kinase)/AKT, axe qui favorise la survie et la prolifération cellulaire. Plusieurs études rapportent la SUMOylation de PTEN sur des lysines variées (K254, K266, K289) et observent que la SUMOylation de PTEN augmente son activité, diminuant ainsi la signalisation PI3K/AKT, par augmentation de sa stabilité (Wang et al., 2014), et en favorisant son association avec la membrane plasmique, où elle peut inhiber l’action de PIγK (González-Santamaría et al., 2012; Huang et al., 2012). Cependant, Bassi et al. ont observé que la SUMOylation de PTEN sur la lysine Kβ54 n’avait aucun effet sur la signalisation PIγK/AKT, mais qu’elle servait un rôle méconnu de PTEN dans la réparation de dommage à l’ADN, non seulement en favorisant une localisation nucléaire de PTEN, mais aussi en participant activement aux fonctions de réparation (Bassi et al., 2013). Il est possible que la SUMOylation de différentes lysines donne lieu à des mécanismes différents.
Un autre exemple intéressant du rôle de la SUMOylation dans la régulation des programmes transcriptionnels potentiellement oncogénique vient de deux cribles par séquençages effectués chez des patients atteints de mélanomes et de cancer du rein. Une grande partie de ces cancers semble trouver son étiologie dans des causes environnementales telles que l’exposition aux ultraviolets pour le mélanome et le tabagisme ou l’obésité pour le cancer du rein. Cependant, une étude a montré l’existence d’une association de ces deux types de cancer au sein d’une population de patients, suggérant un mécanisme commun de prédisposition génétique. Les deux groupes identifient, par séquençage du génome entier ou par séquençage ciblé du gène Mitf, la mutation E318K, enrichie dans les patients présentant une des deux pathologies, ou les deux, par rapport à une population contrôle (Bertolotto et al., 2011; Yokoyama et al., 2011). De manière frappante, cette mutation se situe dans un site consensus de SUMOylation, et abolit la SUMOylation du facteur de transcription MITF. Les auteurs montrent que ce mutant possède une capacité de liaison et une activité transcriptionnelle accrue par rapport à la forme sauvage, sur une sous-catégorie de gènes cibles de MITF. De plus, une expérience de ChIP-seq (Immunoprécipitation de chromatine couplée à un séquençage haut débit) montre que le mutant possède un nombre de site de liaison sur le génome plus de deux fois supérieur à celui de l’allèle sauvage. L’analyse transcriptomique d’une lignée cellulaire de cancer du rein (RCC4) surexprimant le mutant de MITF a révélé la surexpression de gènes impliqués dans la croissance cellulaire, la prolifération et l’inflammation, et une diminution de l’expression de gènes suppresseurs de tumeurs. Les auteurs ont confirmé le potentiel oncogénique du mutant non-SUMOylable de MITF par des essais de transformation de lignées cellulaires, les cellules surexprimant le mutant présentant une croissance normale mais des capacités de migration, invasion et formation de colonies accrues. Ces résultats sont importants dans la mesure où ils décrivent une mutation affectant la SUMOylation d’un facteur de transcription chez l’Homme, avec des conséquences importantes sur la physiopathologie de deux cancers relativement répandus.
Enfin, la diminution globale de la SUMOylation peut affecter la survie de cellules transformées par l’oncogène Myc. Dans un crible ARN interférence recherchant des gènes de létalité synthétique avec l’oncogène Myc, Kessler et al. ont identifié l’enzyme E1 de SUMOylation, SAE1/2 (Kessler et al., 2012). Les auteurs observent que la diminution de l’expression de SAE1/β dans des cellules présentant une hyperactivation de Myc conduit à une catastrophe mitotique et la mort des cellules, un phénotype rappelant celui de l’invalidation génétique d’Ubc9 dans les embryons de souris (Nacerddine et al., 2005). Mécanistiquement, les auteurs identifient une sous-catégorie de gènes contrôlés par la SUMOylation et impliqués dans le fonctionnement du fuseau mitotique. De plus, une analyse de l’expression des transcrits de Sae1/2 dans une cohorte de patientes atteintes de cancer du sein et surexprimant Myc montre une augmentation du taux de survie sans métastase associée à une faible expression de Sae1/2.
La SUMOylation est donc associée à plusieurs oncogènes et suppresseurs de tumeurs, et sa modulation peut modifier les propriétés tumorales.

Etude du rôle physiopathologique de la SUMOylation dans le cancer du côlon

La dernière décennie a révélé un facteur important favorisant la tumorigenèse et la progression de pratiquement tous les cancers : l’infiltration de cellules immunitaires favorisant l’inflammation (Pagès et al., 2010). De très nombreuses études ont clairement impliqué l’inflammation dans la progression des néoplasies, en apportant aux cellules cancéreuses d’importants avantages. Les cellules immunitaires attirées par l’inflammation sécrètent des facteurs de croissances favorisant la croissance et la survie, tels que l’EGF par exemple. Elles fournissent également des signaux pro-angiogénique comme le VEGF, et provoquent une vasodilatation favorisant la migration. Les protéases sécrétées au cours de l’inflammation, telles que les métalloprotéases ou les cathepsines dégradent la matrices extracellulaires, favorisant l’invasion ((Colotta et al., 2009; DeNardo et al., 2010; Grivennikov et al., 2010; Qian and Pollard, 2010) pour revue). Etant donné le rôle joué par la
SUMOylation dans l’inflammation, explicité dans l’introduction de ce manuscrit et étudié dans la partie « Résultats », il est envisageable que la SUMOylation module l’oncogenèse et la progression tumorale par son intermédiaire.
De plus, les travaux précédents du laboratoire ont démontré l’importance majeure de la SUMOylation dans l’homéostasie de l’intestin. En effet, en conséquence de la létalité embryonnaire de l’invalidation homozygote d’Ubc9, des sites loxP ont été introduits entre les exons 1 et 2, et les exons 3 et 4 du gène Ubc9 chez la souris. Grâce à l’insertion d’un transgène CreERT2 sous contrôle du locus ubiquitaire ROSA26, la recombinaison des sites loxP par le Cre-recombinase peut être obtenue en présence de 4-hydroxytamoxifène (4OHT). L’allèle d’Ubc9 ainsi créé ne possède ni exon 2 ni exon 3 et est non-fonctionnel. L’injection répétée de 4-OHT aux souris de génotype Ubc9fl /- /ROSA26-CreERT2 cause leur mort en six jours. Une forte diminution des profils de SUMOylation est observée dans tous les organes, cependant l’analyse histologique ne révèle aucun phénotype, à l’exception de l’intestin. En effet, les villi intestinaux sont raccourcis, les cellules des cryptes entrent en apoptose, les cellules souches LGR5+ disparaissent, et l’organisation générale des villi est pertubée. Ceci indique que l’intestin est le principal organe affecté lors de la perte de la SUMOylation (Demarque et al., 2011).
Or, l’intestin, et particulièrement le côlon, est organe pour lequel l’inflammation joue un rôle important dans l’oncogenèse. La totalité des cancers colorectaux présentent un infiltrat de cellules immunitaires (Atreya and Neurath, 2008). Les cellules immunitaires inflammatoires produisent des espèces réactives de l’oxygène (ROS « Reactive Oxygen Species »), causant des dommages à l’ADN dans les cellules adjacentes, et des cytokines, qui peuvent atteindre une grande portion du tissu adjacent et provoquer la synthèse de ROS par  les cellules épithéliales, provoquant encore plus de dommage à l’ADN et favorisant les mutations (Meira et al., 2008; Westbrook et al., 2009). Les cytokines peuvent également favoriser la progression des tumeurs en augmentant l’angiogenèse et en tempérant l’immunité adaptative (Grivennikov et al., 2010). La voie NFkB, centrale dans l’inflammation, est activée de manière aberrante dans plus de 50% des cancers colorectaux humains (Kojima et al., 2004). De plus, dans un modèle murin de cancer colorectal chimio-induit, l’injection d’azoxyméthane (AOM) provoque des mutations et l’apparition d’un faible nombre d’adénomes, un stade précoce de cancer colorectal, en environ six mois. L’induction d’une colite chronique par ingestion de DSS (Dextran Sulfate de Sodium) après une simple injection d’AOM augmente de manière drastique le nombre et la taille des adénomes formés, et la période d’apparition des adénomes est réduite à 10 semaines (Neufert et al., 2007). Ceci met en évidence le rôle prépondérant de l’inflammation à la fois dans l’initiation (augmentation du nombre d’adénomes) et la progression (augmentation de la taille et de la vitesse d’apparition) du cancer colorectal.
L’importance capitale de la SUMOylation dans les processus inflammatoire et dans l’homéostasie de l’intestin nous a donc engagés à évaluer le rôle de la SUMOylation dans l’oncogenèse et la progression tumorale, avec pour modèle in vivo le cancer du côlon chimio- induit chez la souris.

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Table des matières

Introduction
I. Les modifications post-traductionnelles
A. Diversité biochimique des modifications post-traductionnelles
B. L’ubiquitination
C. Autres modifications post-traductionnelles
II. La SUMOylation
A. Introduction à la modification par SUMO
B. Les paralogues de SUMO
C. Mécanisme de modification par SUMO
a. Apport de SUMO libre
b. Activation par l’enzyme E1
c. Conjugaison par l’enzyme Eβ
d. Ligation de SUMO par les enzymes E3 ligases
e. Séquences régulatrices de la SUMOylation
D. Régulation de la SUMOylation
a) Régulation de la SUMOylation par d’autres modifications post-traductionnelles
b) Régulation par changement conformationnel
c) Régulation globale par un stress
d) Régulation exogène de la SUMOylation
E. Conséquences de la SUMOylation sur les protéines
III. Rôles fonctionnels de la SUMOylation
A. Rôles de SUMO révélés par génie génétique
B. SUMO et immunité innée
a) Généralités sur l’immunité innée
b) Macrophages et cellules dendritiques orchestrent la réponse aux pathogènes
c) Contrôle de la voie NF-kB par la SUMOylation
d) Contrôle de la voie IRF par la SUMOylation
e) La voie des MAPK est contrôlée par la SUMOylation
f) La famille des PIAS, SUMO Eγ ligases et inhibitrices de l’immunité innée
g) SUMOylation et activité anti-inflammatoire des récepteurs nucléaires
h) Régulation transcriptionnelle par SUMO à la chromatine
C. SUMO et cancer
a) Associations physiopathologiques
b) SUMO et dommages à l’ADN
c) La SUMOylation est importante dans l’angiogenèse
d) Relations entre la SUMOylation et les oncogènes et suppresseurs de tumeurs
e) Etude du rôle physiopathologique de la SUMOylation dans le cancer du côlon 
IV. Objectifs généraux de la thèse
Résultats
I. Caractérisation du rôle de la SUMOylation dans l’immunité innée
A. Préambule
B. Article
C. Perspectives
II. SUMOylation et cancer
A. Préambule
B. Résultats
a) La perte d’Ubc9 bloque la prolifération cellulaire
b) La perte d’Ubc9 affecte le processus de transformation par Ras oncogénique
c) La SUMOylation est essentielle pour les cellules transformées
d) La perte d’Ubc9 affecte le cycle cellulaire
e) Ubc9 et le modèle APC de cancer colorectal
f) L’hétérozygotie pour Ubc9 diminue la sensibilité des souris à la carcinogenèse colorectale
g) L’hétérozygotie pour Ubc9 diminue la sensibilité des souris à la carcinogenèse colorectale sur terrain inflammatoire
h) Ubc9 est induit dans les polypes intestinaux
i) La perte d’un allèle d’Ubc9 ne modifie pas la sensibilité au DSS
j) Sensibilité des cellules hétérozygotes pour Ubc9 aux dommages à l’ADN
k) La SUMOylation est induite dans les cancers colorectaux humains
l) Les profils transcriptionnels associés à la SUMOylation marquent les échantillons tumoraux
C. Discussion et perspectives
Conclusion
Matériel et méthodes
Bibliographie

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