Les cancers de la cavité buccale s’intègrent dans le cadre plus général des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS). La fréquence de ces cancers augmente dans le monde et il s’agit dans plus de 90 % des cas de carcinomes épidermoïdes [1]. Classés comme le sixième cancer le plus fréquent à l’échelle mondiale, les cancers de la cavité buccale concernaient uniquement les hommes d’âge mûr (50–60 ans) alcoolotabagiques [2]. Aujourd’hui il est noté de plus en plus une atteinte des femmes et des personnes plus jeunes (moins de 40) par ce type de tumeur [3]. Même si l’alcool et le tabac demeurent les 2 toxiques majeurs identifiés, il semble que d’autres facteurs puissent être liés à la survenue des cancers de la cavité buccale chez des patients non alcoolotabagiques [4]. C’est le cas des facteursviraux et des facteurs génétiques. L’une des anomalies génétiques les plus courantes retrouvées dans les CCB reste la mutation du gène suppresseur de tumeur p53 [5]. En effet ce gène p53 joue un rôle essentiel dans le blocage du processus tumoral par le biais de sa protéine p53 ou TP53 qui est activée lorsque les cellules sont exposées à des stress génotoxiques.
ANATOMIE DE LA CAVITE BUCCALE
La cavité buccale est composée, extérieurement, par les lèvres supérieure et inférieure et intérieurement, par le plancher de la bouche, les deux tiers antérieurs de la langue mobile, la face interne de la joue, les gencives supérieure et inférieure et le palais dur .
La bouche
La bouche, ou cavité buccale, porte d’entrée des aliments, est ouverte sur les lèvres en avant et sur le pharynx en arrière, limitée vers le bas par le plancher buccal, vers le haut par le palais et sur les côtés par les joues, contenant la langue et les dents. La bouche reçoit la salive sécrétée par les glandes salivaires .
Les lèvres
Les lèvres s’étendent de la limite inférieure du nez à la partie supérieure du menton.
➤Leur zone rouge, où s’applique le rouge à lèvres, n’est qu’une zone de transition entre les parties recouvertes de peau et la muqueuse de la face interne des joues. Cette couleur rouge est due à la présence de très nombreux capillaires sanguins sous la fine couche de kératine.
➤Les lèvres contiennent un ensemble de muscles, dont l’orbiculaire en forme d’anneau, qui permettent d’ouvrir plus ou moins ou de fermer la fente labiale.
➤L’espace compris entre les lèvres et les gencives s’appelle le vestibule de la bouche. La lèvre inférieure est unie à la gencive voisine par un repli muqueux, le frein des lèvres.
L’absence de glandes dans les lèvres oblige à les humecter régulièrement avec de la salive pour éviter leur dessèchement.
La gencive
La gencive supérieure est située entre la face interne de la lèvre supérieure et de la joue et le palais dur. La gencive inférieure se continue en dehors et en avant par la face interne de la lèvre inférieure et de la joue, en dedans par le plancher de la bouche et en arrière par le trigone rétro-molaire et la tubérosité maxillaire.
La langue
La langue est un organe musculomuqueux qui occupe la plus grande partie de la cavité buccale. Elle est implantée sur un squelette ostéofibreux et soutenue par une sangle musculaire, le plancher buccal. La partie charnue de la langue est un ensemble de muscles permettant tous les mouvements possibles pendant la mastication, participe à la phonation (parole, chant) et à quelques activités annexes comme l’humectage des lèvres ou certaines formes d’expression faciale [10]. Le frein de la langue, situé sous sa pointe, la relie au maxillaire et limite ses mouvements vers l’arrière : il est impossible d’avaler réellement sa langue [9]. La surface de la langue est hérissée de papilles gustatives, organes de la perception des quatre goûts fondamentaux : salé, sucré, acide, amer. Elles confèrent à la langue une rugosité utile à la mastication des aliments pâteux. On observe des papilles:
➤filiformes, les plus nombreuses, qui donnent une couleur blanche quand elles s’épaississent ;
➤fongiformes, éparpillées sur toute la surface et de coloration plus rouge ;
➤caliciformes : au nombre de 10 à 12, alignées sur une ligne en V près du pharynx.
Le plancher buccal
Le plancher de la bouche comprend toutes les parties molles qu’il est possible de pincer entre un doigt intra buccal et un doigt extra buccal. Il a la forme d’une pyramide quadrangulaire à sommet antérieur, à base postérieure.
Le pharynx
Le pharynx est également appelé carrefour aéro-digestif, car cette voie de passage des aliments vers l’œsophage y croise les voies aériennes qui conduisent l’air des fosses nasales vers le larynx . Le pharynx est délimité par :
➤une paroi postérieure plaquée contre les vertèbres cervicales ;
➤une ouverture sur les fosses nasales vers le haut ;
➤deux piliers encadrant les amygdales palatines de chaque côté ;
➤une languette mobile, l’épiglotte, vers le bas.
La paroi du pharynx contient divers muscles qui permettent la déglutition, réflexe ou volontaire, et propulsent les aliments vers l’œsophage.
Le palais
Le palais forme le plafond de la cavité buccale . IL comprend:
❖une partie antérieure, ou palais osseux, recouvert de muqueuse sur laquelle la langue peut bloquer les aliments pendant la mastication, marquée en son milieu par une saillie légèrement plissée, le raphé médian ;
❖une partie postérieure molle, mobile au cours de la déglutition, qui se prolonge en arrière par un appendice en forme de doigt, la luette, et sur les côtés par deux replis, les piliers, qui encadrent les amygdales.
CANCERS DE LA CAVITE BUCCALE
Généralités
Le cancer est une pathologie caractérisée par la présence d’une (ou de plusieurs) tumeur maligne formée à partir de la transformation par mutations ou instabilité génétique (anomalies cytogénétiques), d’une cellule initialement normale [12]. C’est donc une maladie qui prend naissance dans nos cellules. En effet notre organisme contient des millions de cellules, regroupées en tissus et en organes. Chaque cellule contient des gènes qui régissent son développement, son fonctionnement, sa reproduction et sa mort ou apoptose. La transformation cellulaire tumorale se traduit par une perte de ces aptitudes de la cellule par exemple une insensibilité à l’apoptose ou bien des anomalies de la réparation de l’ADN entre autres .
Les cellules à l’origine des tumeurs malignes ont la capacité d’envahir les tissus voisins et de se répandre ailleurs, c’est la métastase. Un cancer porte le nom de la partie du corps où il prend naissance. Par exemple, un cancer débutant dans la bouche et se propageant aux poumons est un cancer de la cavité buccale avec métastase aux poumons. Les cancers de la cavité buccale se forment dans les cellules de la bouche. Ce sont des tumeurs qui touchent les différents éléments de la bouche [14]. Beaucoup d’auteurs soutiennent que les cancers de la cavité buccale sont indissociables des cancers ORL. Ils s’intègrent dans le cadre plus général des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) [15, 16]. Leurs points communs sont surtout leur histologie (Carcinomes épidermoïdes à 90%) et leur étiologie (double intoxication Alcoolotabagique à 80%). Couramment appelées oral cancers (dans la littérature anglo-saxonne), ces tumeurs ont un mauvais pronostic quand elles sont détectées à des stades avancés. Le traitement peut laisser des séquelles sévères du point de vue fonctionnel et esthétique, et provoquer un impact très important sur la qualité de vie et la santé psychologique des patients .
Epidémiologie
Répartition à travers le monde
Selon l’OMS, dans les années 1985 les cancers de la cavité buccale représentaient 3% du total des cancers et 30% des cancers des voies aérodigestives supérieures. En 2012 l’incidence des cancers de la cavité buccale variait de 1 à 10 cas pour 100000 habitants dans la plupart des pays. Actuellement ils sont classés comme le sixième cancer le plus fréquent à l’échelle mondiale si on tient compte de leur appartenance dans les cancers des VADS [2, 18]. La prévalence des cancers de la cavité buccale est relativement plus élevée chez les hommes, les personnes âgées, et chez les personnes peu instruites et à faible revenu, bien que l’on puisse constater depuis quelques années un rajeunissement et une féminisation de la population atteinte [4]. Les taux d’incidence les plus élevés sont observés au Pakistan en Inde et en France [19]. L’incidence du cancer de la cavité buccale est donc élevée dans certains registres de l’Asie Centrale, d’Europe et d’Amérique Latine.
Prévalence au Sénégal
En ce qui concerne le Sénégal, contrairement à ce qui se passe ailleurs, le profil épidémiologique du cancer de la cavité buccale est celui d’une personne relativement jeune, de sexe féminin, ni tabagique, ni éthylique, à l’hygiène buccodentaire souvent médiocre .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I. ANATOMIE DE LA CAVITE BUCCALE
I.1. La bouche
I.2. Les lèvres
I.3. La gencive
I.4. La langue
I.5. Le plancher buccal
I.6. Le pharynx
I.7. Le palais
II.CANCER DE LA CAVITE BUCCALE
II.1. Généralités
II.2. Epidémiologie
II.2.1. Répartition à travers le monde
II.2.2. Prévalence au Sénégal
II.3. Etiologies du cancer de la cavité buccale
II.3.1. Consommation d’alcool et de tabac
II.3.2. Infection par le virus HPV
II.3.3. Facteurs génétiques
II.4. Diagnostic des cancers de la cavité buccale
II.4.1. Signes d’alerte
II.4.2. Examen clinique
II.4.3. Examen anatomopathologique
II.4.4. Formes macroscopiques
II.4.5. Formes histologiques
II.5. Classification TNM
II.6. Traitement des cancers de la cavité buccale
II.6.1. La chirurgie
II.6.2. La radiothérapie
II.6.3.La chimiothérapie
III. LE GENE SUPPRESSEUR DE TUMEUR p53
III.1. Structure du gène p53
III.2. Structure de la protéine p53
III.3. Fonctions biologiques de la protéine p53
III.4. conséquences de l’altération du gène
IV. PROBLEMATIQUE
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. CADRE D’ETUDE ET METHODES
I.1. Cadre d’étude
I.1.1. lieu d’étude
I.1.2. Population d’étude
I.1.2.1. Caractéristiques et recrutement
I.1.2.2. Paramètres étudiés
I.2. Méthodes
I.2.1 Extraction de l’ADN
I.2.1.1. Principe
I.2.1.2. Mode opératoire
I.2.2. Génotypage du polymorphisme du codon 72 du gène p53
I.2.2.1. Amplification PCR avec les amorces p53F et p53R
I.2.2.1.1. Principe
I.2.2.1.2. Protocole
I.2.2.2. Digestion enzymatique par La méthode de PCR-RFLP
I.2.2.2.1. Principe
I.2.2.2.2. Protocole
I.2.2.2.3. Lecture des résultats
I.2.3. Analyse statistique
II- RESULTATS
II.1. Aspects épidémiologiques
II.1.1. Répartition de la population selon l’âge
II.1.2. Répartition de la population selon le sexe
II.1.3. Répartition de la population selon l’ethnie
II.1.4. Répartition de la population selon les facteurs de risque
II.2. Aspects cliniques
II.2.1. Localisation de la tumeur
II.2.3. Répartition des patients selon l’histopathologie des cancers de la cavité buccale
II.3. Etude du facteur génétique : codon 72 du géne
II.3.1. Génotypage du codon 72 du géne
II.3.2. Fréquences génotypiques du codon 72 du gène
II.3.3. Fréquences alléliques du codon 72 du gène
II.3.4. Etude de l’association entre le codon 72 de p53 et le cancer de la cavité buccale
III. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXE