L’Afrique de l’Ouest s’illustre comme une région d’élevage par excellence avec plus de 400 millions de volailles. Toutefois, ce potentiel en production animale demeure peu valorisé et la région continue d’importer d’importantes quantités de produits animaux pour satisfaire les besoins de sa population (MULUMBA et al., 2008). L’aviculture moderne est généralement pratiquée en lien étroit avec des firmes occidentales qui apportent la formulation de l’aliment, le prémix, les poussins ou les reproducteurs et les conseils. C’est une industrie qui prend de l’ampleur dans les pays côtiers dont fait partie le Togo.
Le Togo est un pays à vocation essentiellement agricole où les productions animales contribuent de façon substantielle (14%) au PIB. Toutefois, il dépend encore largement de l’étranger pour couvrir sa demande en viande et produits carnés qui est couverte à plus de 40% par les importations. L’aviculture moderne joue un rôle central dans la satisfaction de la demande en ces denrées du fait du cycle de production court du poulet, de la qualité des produits avicoles et de la relative facilité d’investissement dans le secteur. Elle constitue l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie togolaise avec en 2002 une contribution respective de 4,6% et de 2,7% des filières chair et œuf de consommation aux chiffres d’affaires agricoles; elle positionne ainsi le Togo au 3ième rang derrière le Burkina Faso et le Sénégal des pays à vocation avicole de l’UEMOA. Toutefois, les filières avicoles togolaises sont extraverties, en ce sens qu’elles dépendent des pays étrangers pour leur approvisionnement en intrants zootechniques (AKODA, 2002). Il s’en suit un problème de compétitivité qui justifie la baisse constante des niveaux de production dans la filière chair dont les effectifs sont passés de 34 175 têtes en 2001 à 25 747 en 2005 (BADJE).
Selon AKODA (2002), le Togo disposerait d’importantes ressources agroindustrielles capables d’alimenter une filière avicole compétitive. L’analyse du marché de ces intrants devra permettre de mieux situer la problématique de l’approvisionnement du marché avicole togolais en intrants zootechniques et de formuler des recommandations en vue de faire de la filière avicole un véritable outil de renforcement de la sécurité alimentaire au Togo.
DESCRIPTION DES RESSOURCES GENETIQUES AVICOLES DU TOGO
Races exotiques
Il existe de nombreuses espèces aviaires importées pour le compte des exploitations avicoles commerciales.
Il s’agit:
❖ Poulets:
• Isabrown, Lohman, Derko, Leghorn pour les races ponte
• Hubbard, Lohman, Starbro, Redbro, Vedette pour les races chair
❖ Autruches;
❖ Canards;
❖ Dindons;
❖ Cailles.
Races locales
Les ressources génétiques aviaires locales sont principalement représentées par la poule (Gallus gallus), la pintade (Numida meleagris) (ADOMEFA et BONFO, 2003) et le canard. Les races de poules sont issues de croisements incontrôlés entre les races locales. Des gènes de « coqs améliorateurs » ont aussi été introduits grâce aux initiatives des projets avicoles ou des paysans eux-mêmes. Il est donc très difficile de décrire avec précision les races locales. On peut néanmoins remarquer l’existence des races particulières telles que la poule au cou nu et la poule au plumage frisé.
Les paramètres zootechniques de la poule locale indiquent que celle-ci peut avoir quatre couvées/poule/an avec une moyenne de 10 à 12 œufs par couvée. La pintade domestiquée est la pintade commune reconnaissable à ses barbillons rouges. Pour la pintade, la production d’œufs est comprise entre 80 et 100 unités par an, principalement, en saison de pluies (mars/octobre). Le canard le plus rencontré est Anas platyrhyncos (AKLOBESSI, 2003). Néanmoins, il existe au Togo, quelques élevages de canards de barbarie (Cairina moschata). Enfin, les espèces de dinde (Meleagris gallopovo), de pigeon (plusieurs races) dont le pigeon domestique (Columba livia domestica) à plumage blanc sont également présentes au Togo.
DESCRIPTION DES SYSTEMES DE PRODUCTION
Il est difficile d’appliquer directement la typologie des élevages avicoles selon la nomenclature de la FAO au Togo. Mais d’une manière globale, la filière avicole du Togo peut être scindée en deux types: l’aviculture traditionnelle qui est un élevage fermier et l’aviculture moderne qui est un élevage semi-intensif.
AVICULTURE TRADITIONNELLE
L’aviculture villageoise Togolaise a connu un remarquable développement depuis une vingtaine d’années grâce aux nombreux programmes d’assistance dont les paysans ont été bénéficiaires. Même si la majorité des paysans togolais pratiquent cet élevage de façon traditionnelle, les résultats de ces programmes permettent de voir aujourd’hui l’émergence réelle d’une catégorie d’éleveurs irréversiblement adeptes de pratiques traditionnelles améliorées (vaccination, logement, alimentation améliorée…) (BADJE, 2008) .
Caractéristiques du secteur traditionnel
L’aviculture traditionnelle regroupe l’ensemble des exploitations familiales. Elle produit de la volaille à petite échelle et est pratiquée par les ménages.
L’aviculture traditionnelle utilise de la main d’œuvre familiale et pratique l’élevage extensif, caractérisé par trois systèmes :
⎯ Le système extensif en liberté où les volailles sont élevées en divagation sans aucun suivi sanitaire et vont à la recherche de nourriture sur de larges étendues. Des abris peuvent être ou non aménagés.
⎯ Le système extensif en basse-cour où les oiseaux sont logés la nuit et libres le jour. Le matin et le soir un complément alimentaire constitué seulement de grain de maïs ou de sorgho leur est donné.
⎯ Le système en liberté améliorée où les volailles sont gardées dans un espace clôturé avec accès à un abri et au suivi sanitaire (figure 1). Ce système a été développé par le projet PTA (Poulailler Traditionnel Amélioré) et le projet PAEF (Projet d’Amélioration de l’Elevage Familiale), réalisés, respectivement, par l’Etat et AVSF (BEBAY, 2006).
Production du secteur traditionnel
L’aviculture traditionnelle togolaise a produit en 2005 environ 12 206,51 tonnes de viande, ce qui représente 30% de la production nationale. L’effectif total en cette même année était estimé à 13 414 000 têtes. La production des œufs de consommation en 2005 est estimée à 2 459,3 tonnes. Cette production en 2009 est passée à 21 292 tonnes et l’effectif à 18 250 000 têtes de volailles (ANPAT, 2009). On comprend donc que le secteur traditionnel connait une croissance non négligeable puis qu’elle a vu augmenter son effectif de 1,36 % en quatre ans.
Circuit de distribution et prix de vente de la volaille traditionnelle
Circuit de distribution
La commercialisation des volailles locales (poules, coqs, pintades, canards…) est surtout le domaine des femmes. Mais certains hommes se sont lancés dans cette activité. Ils sont surtout dans le commerce des pintades venant du nord du pays. L’aviculture traditionnelle ne fait pas l’objet d’un commerce import-export au Togo. Au niveau transfrontalier, on peut observer quelques fois la circulation de volailles locales entre marchés des villages frontaliers (Togo-Bénin, TogoBurkina Faso, Togo Ghana).
Prix de vente de la volaille traditionnelle
Le prix de la volaille locale est fortement variable en fonction du marché sur lequel elle est vendue; ce prix tient non seulement compte du gabarit des oiseaux, mais aussi de leur plumage. La pintade et le coq sont les principaux produits de l’aviculture traditionnelle destinés à la vente.
En 2005, le coq coûtait entre 1 482 FCFA et 1 544 FCFA, la pintade entre 1 641 FCFA et 1 934 FCFA sur le marché local. Ces prix se sont envolés en 2009: le coq a pratiquement doublé de prix, la pintade quant à elle a vu son prix augmenter de plus de 550 FCFA en seulement cinq années. Il faut noter que ces prix connaissent des hausses plus importantes en périodes de fête surtout les fêtes de fin d’année (ANPAT, 2009).
Contraintes de l’élevage traditionnel
De nombreuses contraintes limitent fortement l’expansion de cet élevage. Il s’agit essentiellement des contraintes pathologiques (maladie de Newcastle, variole aviaire, parasitoses diverses…). L’élevage traditionnel connait en plus des contraintes pathologiques, de forts taux de mortalité liée aux facteurs intrinsèques de la divagation qui sont, entre autres, la prédation, les intempéries, les intoxications, les insuffisances qualitatives alimentaires et l’absence d’abris. Les paysans n’ont pas souvent accès aux services de santé vétérinaire. A cela s’ajoute les difficultés dans la valorisation de la production avicole traditionnelle.
AVICULTURE MODERNE
Depuis les premières implantations des exploitations modernes au courant des années 1960 – 1970, l’aviculture commerciale togolaise a été détenue dans sa quasi-totalité par les opérateurs privés. Elle s’est toujours reposée sur l’importation des poussins d’un jour de races améliorées à partir des multiplicateurs de souches sélectionnées des pays européens ou de la sous région (AKLOBESSI et SOUZA., 2007). La reproduction n’a pas été une préoccupation des aviculteurs togolais exception faite de la ferme avicole de Pya (région de la Kara), qui, à un certain moment s’était lancée dans la production des souches parentales. Aujourd’hui, cette activité est mise en veilleuse.
|
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : SYSTEMES DE PRODUCTION ET ANALYSE ECONOMIQUE DE L’AVICULTURE AU TOGO
I.1. DESCRIPTION DES RESSOURCES GENETIQUES AVICOLES DU TOGO
I.1.1. Races exotiques
I.1.2. Races locales
I.2. DESCRIPTION DES SYSTEMES DE PRODUCTION
I.2.1. AVICULTURE TRADITIONNELLE
I.2.1.2. Production du secteur traditionnel
I.2.1.3. Circuit de distribution et prix de vente de la volaille traditionnelle
I.2.1.3.1. Circuit de distribution
I.2.1.3.2. Prix de vente de la volaille traditionnelle
I.2.1.4. Contraintes de l’élevage traditionnel
I.2.2. AVICULTURE MODERNE
I.2.2.1. Zone de production
I.2.2.1.1. Particularité démographique
I.2.2.1.2. Particularité économique
I.2.2.2. Production nationale
I.2.2.2.1. Production de viande de volaille
I.2.2.2.1.1.Productions annuelles de poulets de chair de 2001 à 2005
I.2.2.2.1.2. Coût estimatif de production unitaire de viande de volaille et variations
I.2.2.2.1.3. Circuits de distribution
I.2.2.2.1.3.1. Circuit direct
I.2.2.2.1.3.2. Circuit intégré
a. Circuit court ou semi-intégré
b. Circuit long
I.2.2.2.1.4. Description de la demande et de son évolution
I.2.2.2.1.5. Prix moyen de vente unitaire
I.2.2.2.2. Production des œufs de consommation au Togo
I.2.2.2.2.1. Production annuelle des œufs de consommation de 2001 à 2005
I.2.2.2.2.2. Coûts estimatifs de production unitaire d’œuf de consommation
I.2.2.2.2.3. Description des systèmes de commercialisation
I.2.2.2.2.4. Description de la demande et de son évolution
I.2.2.2.2.5. Prix moyen de vente unitaire
I.2.3. Importations
I.2.3.1. Importations de viande de volaille
I.2.3.2. Importations des œufs de consommation
I.2.3.3. Importations des œufs à couver
I.2.4. Impacts des importations sur l’économie
Conclusion
CHAPITRE 2 : FILIERES AMONT ET AVAL DE L’AVICULTURE TOGOLAISE ET SES CONTRAINTES
II .1. NOTION DE FILIÈRE
II.1.1. Définition des filières agricoles
II.1.1.1. Définition générale
II.1.1.2. Définition en économie agro-alimentaire
II.2. DIFFÉRENTES PARTIES D’UNE FILIÈRE
II.2.1. FILIERE AMONT
II.2.1.1. Approvisionnement en intrants et ses caractéristiques
II.2.1.1.1. Approvisionnement en aliment
II.2.1.1.1.1. Matières premières utilisées
II.2.1.1.1.1.1. Céréales
II.2.1.1.1.1.1.1 Maïs
II.2.1.1.1.1.1.2. Sorgho
II.2.1.1.1.1.1.3. Mil
II.2.1.1.1.1.2. Sous-produits agro-industriels
II.2.1.1.1.1.2.1. Tourteau d’arachide et de soja
II.2.1.1.1.1.2.2. Issues de riz
II.2.1.1.1.1.2.3. Issues de blé
II.2.1.1.1.1.2.4. Farine de poisson
II.2.1.1.1.1.3. Minéraux
II.2.1.1.1.1.4. Compléments Minéraux Vitaminés et les additifs
II.2.1.1.1.1.4.1. Compléments Minéraux Vitaminés(CMV)
II.2.1.1.1.1.4.2. Additifs
II.2.1.2. Producteurs d’aliment
II.2.1.2.1. Eleveurs fabricants
II.2.1.2.2. Fabricants industriels et les provendiers
II.2.1.3. Opération de production d’aliment
II.2.1.4. Contrôle de qualité
II.2.1.5. Approvisionnement en poussins
II.2.1.5.1. Intervenants
II.2.5.1.1. Sélectionneur
II.2.1.5.1.2. Producteurs et importateurs distributeurs de poussins d’un jour
II.2.1.5.1.2.1. Producteurs
II.2.1.5.1.2.2. Importateurs
II.2.1.6. Approvisionnement en matériel avicole
II.2.1.6.1. Equipements d’élevage utilisés
II.2.1.6.2. Origine des équipements avicoles
II.2.1.7. Approvisionnement en médicaments vétérinaires
II.2.1.7.1. Fournisseurs
II.2.1.7.2. Itinéraires des produits vétérinaires
II.2.1.7.2.1. Voie aérienne
II.2.1.7.2.2. Voie maritime
Conclusion
II.2.2. FILIERE AVALE
II.2.2.1. Producteurs
II.2.2.1. 1. Caractéristiques de l’élevage
II.2.2.1.2. Formation des aviculteurs et encadrement technique
II.2.2.1.2.1. Représentants des firmes d’intrants
II.2.2.1.2.2 Associations d’éleveurs
II.2.2.2. Transformateurs
II.2.2.3. Distributeurs
II.2.2.3.1. Distributeurs grossistes
II.2.2.3.2. Détaillants
II.2.2.3.3. Circuits de distribution des produits avicoles au Togo
II.2.2.3.4. Circuits inter-régionaux
II.2.2.3.5. Circuits de la Région Maritime
CONCLUSION