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Le Very High Temperature Reactor (VHTR)
Les réacteurs à caloporteur hélium ont déjà été étudiés par le passé, mais cette filière a été délaissée au profit des réacteurs REP [SIM91]. De nos jours, elle suscite un regain d’intérêt sur le plan mondial pour la mise en œuvre des VHTR. En effet, la technologie des réacteurs refroidis à l’hélium respecte les exigences du forum Generation IV. Avec des températures d’hélium en sortie de réacteur atteignant les 1000°C, il est possible d’atteindre des rendements énergétiques d’environ 48% contre 33% pour le REP actuel. Les avantages du VHTR proviennent de son combustible à base de céramique, sûr et efficace (particules enrobées de type TRISO4), du modérateur en graphite et du fluide caloporteur, l’hélium, qui a été choisi pour ses qualités d’échange thermique, sa neutralité chimique, sa transparence aux neutrons (pas d’activation) et la facilité de sa purification (par refroidissement).
La R&D du CEA sur le VHTR s’inscrit en support du projet ANTARES® lancé par AREVA NP® en 2003 [GAU04]. Ce programme concerne la construction d’un réacteur VHTR de puissance 600 MWt fonctionnant en cycle indirect (voir figure 2). Dans ce concept, l’hélium, à une pression de 50 bar, est porté à haute température (850°C-950°C) en traversant le cœur en graphite puis passe par un échangeur de chaleur (IHX) où il transfère son énergie thermique à un fluide secondaire (20% hélium – 80% azote dans le concept ANTARES®) qui sera par la suite utilisé pour la production d’hydrogène (cycle Iode-Soufre ou Electrolyse Haute Température), d’électricité ou en tant que chaleur industrielle (dessalement de l’eau, chauffage urbain, raffinage…). La durée de vie attendue pour ce type de réacteur est d’environ 60 ans [GAU04].
L’échangeur de chaleur IHX
La capacité à développer des réacteurs refroidis à l’hélium est intimement liée au développement des matériaux. D’abord consacré à la mise au point de revêtements denses pour les noyaux du combustible, la problématique matériaux s’oriente aujourd’hui vers la recherche d’alliages pour la réalisation du circuit primaire et vers des structures de cœur qui doivent résister dans l’environnement spécifique des VHTR. Un des principaux défis du projet ANTARES® est le choix d’un matériau adapté pour l’échangeur thermique IHX. Les alliages (aciers) employés pour la fabrication des réacteurs expérimentaux et prototypes refroidis à l’hélium du passé ont globalement présenté une bonne tenue pendant la durée d’exploitation des installations (au plus quelques années). Cependant, la transition des réacteurs électrogènes, avec une température de sortie de l’hélium inférieure à 750°C, aux VHTR qui développent des températures beaucoup plus élevées (850-950°C) s’accompagne de modifications conséquentes de l’environnement des matériaux de structure. Les alliages qualifiés par le passé ne sont plus adaptés aux conditions et aux durées de service des systèmes du futur.
Les nouveaux matériaux constituants l’IHX doivent à la fois :
o Avoir une microstructure stable et de bonnes propriétés mécaniques à haute température o Etre de mise en forme aisée
o Etre soudables
o Ne pas contenir, si possible, d’éléments activables (Co…)
Enfin, un dernier critère, crucial, est la bonne tenue du matériau à l’environnement gazeux à haute température. L’hélium est inerte. Pourtant malgré les systèmes de confinement et de purification mis en place, il est impossible d’éviter toute contamination dans le circuit primaire du réacteur [CAB01]. La figure 3 présente différentes origines de pollution dans l’hélium. Les principales sources dans un VHTR devraient être les entrées d’air et la désorption (structure et combustible). La composition des impuretés du caloporteur varie selon la conception et les paramètres de fonctionnement du réacteur. Les études réalisées par le passé sur des réacteurs expérimentaux indiquent que les impuretés majoritaires sont H2, CO, CO2, CH4, N2, H2O, et que le niveau global de contamination demeure particulièrement faible (de l’ordre de la centaine de µbar).
A cause de la vitesse très élevée de l’hélium impur dans le système (≅ 50 m/s), le temps de résidence des molécules gazeuses dans le cœur du réacteur est très court. Par ailleurs, les faibles pressions partielles des espèces gazeuses (≅ 1-500 µbar) rendent les probabilités de collision des molécules très faibles. Ces deux raisons font que l’équilibre thermodynamique dans le gaz à la sortie du cœur n’est pas atteint [KRO81] et il est donc difficile de prévoir sa composition à partir des teneurs d’entrée des différentes impuretés. Pour reproduire l’atmosphère « classique » d’un réacteur à haute température, il est donc nécessaire de s’appuyer sur la composition de l’hélium mesurée dans les différents réacteurs ayant fonctionné dans les années 60-80 (voir tableau 1).
Diagramme de stabilité modifié du chrome de Quadakkers
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Table des matières
Introduction
1. Contexte de l’étude et objectifs
1.1. Les réacteurs de 4ème génération : un enjeu énergétique
1.2. Le Very High Temperature Reactor (VHTR)
1.3. L’échangeur de chaleur IHX
1.4. Choix du matériau pour l’IHX
2. Objectifs et démarche entreprise pour la thèse
Chapitre I : Etat de l’art
1. Observations expérimentales : comportement en corrosion des alliages chrominoformeurs dans l’hélium impur à hautes températures
2. Les deux principaux modèles d’étude du comportement en corrosion dans l’hélium impur
2.1. Diagramme ternaire TEA de Brenner
2.2. Diagramme de stabilité modifié du chrome de Quadakkers
2.3. Confrontation des deux modèles
3. Comportement des alliages chrominoformeurs sous atmosphères faiblement oxydantes à hautes températures
3.1. Morphologie de la chromine sous H2O/H2 et CO2/CO
3.2. Réactivité de H2O et cinétique d’oxydation sous H2O/H2 à haute température
3.3. Réactivité de CO à haute température
3.4. Mécanismes de formation de canaux nanométriques dans la couche d’oxyde
3.4.1. Formation de nanocanaux par le mécanisme dissociatif de Gibbs et Hales
3.4.2. Formation de nanocanaux liée au champ de contrainte interne à la couche d’oxyde
4. Etude de la réaction de destruction de la couche d’oxyde à la surface des alliages chrominoformeurs
4.1. Nature de la réaction et mécanismes proposés
4.2. Thermodynamique de la réaction : résultats bibliographiques sur l’IN617
4.2.1. Travaux de Quadakkers
4.2.2. Travaux de Warren
4.2.3. Bilan sur les deux approches
Chapitre II : Matériaux et Techniques expérimentales
1. Introduction
2. Matériaux industriel et « modèles »
2.1. Tableau de composition des alliages
2.2. Le Haynes 230®
2.2.1. Caractérisation de la microstructure à l’état de réception
2.2.2. Caractérisation de la microstructure à l’état vieilli
2.3. Les alliages « modèles »
2.3.1. Synthèse des alliages
2.3.2. Caractérisation de la microstructure
3. Dispositif expérimental
3.1. CORALLINE
3.2. CORINTH
4. Essais de corrosion
4.1. Essai « type »
4.2. Tableaux des essais réalisés pour le chapitre III et IV
5. Techniques d’analyse
5.1. Diffraction des Rayons X (DRX)
5.2. Microscopie Electronique à Balayage (MEB)
5.3. Microscopie Electronique à Transmission (MET)
5.4. Spectrométrie à émission d’ions secondaires (SIMS)
5.5. Spectrométrie à Décharge Luminescente (SDL)
5.6. Spectrométrie de Masse à Décharge Luminescente (GDMS)
5.7. Photoélectrochimie
5.8. Méthode d’effusion dans des cellules de Knudsen couplée à un Spectromètre de Masse à Haute Température (SMHT)
Chapitre III : Etude du comportement en corrosion du Haynes 230® à 850 – 900°C sous hélium impur
1. Introduction
2. Essais et résultats expérimentaux
2.1. Essai d’oxydation He-ox-25a du Haynes 230® sous He impur à 900°C
2.1.1. Analyse en ligne par Chromatographie en Phase Gazeuse
2.1.2. Analyses ex-situ des échantillons : observations et pesée
2.1.3. Analyses microscopiques de la surface
2.1.4. Analyse par Diffraction des Rayons X
2.1.5. Analyse par Spectrométrie à Décharge Luminescente (SDL)
2.1.6. Analyse par Microscopie Electronique en Transmission
2.1.7. Epaisseur de la couche d’oxyde
2.2. Influence de la teneur en vapeur d’eau dans l’hélium impur sur la réactivité de CO
2.3. Influence des éléments mineurs du Haynes 230® sur la réactivité de CO
2.4. Essais d’oxydation du Haynes 230® et des alliages modèles sous He impur avec 13C18O
2.4.1. Essai d’oxydation du Haynes 230® sous He impur avec 13C18O
2.4.2. Essai d’oxydation séquencée des alliages modèles et du Haynes 230® sous He-H2O/H2 puis He-13C18O à 850°C
2.4.2.1. 1ère séquence : oxydation sous He-H2O/H2 à 850°C
2.4.2.1.1. Alliage Ni-22Cr-14W-0,1C
2.4.2.1.2. Alliage Ni-22Cr-14W-0.1C-0.5Mn
2.4.2.1.3. Haynes 230®
2.4.2.1.4. Epaisseurs des couches d’oxyde
2.4.2.2. 2ème séquence : exposition sous He-13C18O/H2 à 850°C
2.4.2.2.1. Alliage Ni-22Cr-14W-0,1C
2.4.2.2.2. Alliage Ni-22Cr-14W-0,1C-0,5Mn
2.4.2.2.3. Haynes 230®
2.4.3. Etude photoélectrochimique des couches d’oxydes formées sur les alliages Ni-22Cr-14W-0,1C, Ni-22Cr-14W-0,5Mn-0,1C et Haynes 230®
3. Discussion générale
3.1. Nature et structure de la couche d’oxyde formée sur le Haynes 230®
3.1.1. Partie externe de l’oxyde
3.1.2. Partie de l’oxyde proche de la surface initiale
3.1.3. Partie interne de l’oxyde et oxyde intergranulaire
3.1.4. Morphologie de l’interface Oxyde/Alliage
3.2. Formation de la couche d’oxyde sur le Haynes 230®
3.2.1. Réactivité de H2O
3.2.1.1. Formation préférentielle de la partie externe de l’oxyde
3.2.1.2. Formation de whiskers à la surface externe de l’oxyde
3.2.1.3. Défauts hydrogène dans la couche d’oxyde
3.2.1.4. Contribution de H2O à la formation de la partie interne de l’oxyde
3.2.2. Réactivité de CO : participation à la formation de la partie interne de l’oxyde
3.2.2.1. Influence de l’activité en chrome sur la réactivité de CO
3.2.2.2. Influence des éléments mineurs sur la réactivité de CO
3.2.2.3. Transport de CO dans la couche
3.2.2.4. Cinétique de consommation de CO
3.3. Schéma réactionnel de formation de couche d’oxyde sur le Haynes 230® dans l’hélium impur
4. Bilan
Chapitre IV : Etude de la réaction de destruction de la couche d’oxyde sous hélium impur à hautes températures
1. Introduction
2. Essais et résultats expérimentaux
2.1. Essai de destruction de la couche d’oxyde du Haynes 230® sous atmosphère d’hélium impur
2.1.1. Essai sous He impur avec 50 µbar de CO à 980°C avec temps de maintien de 20 h
2.1.1.1. Analyse en ligne par Chromatographie en Phase Gazeuse
2.1.1.2. Gain de masse des échantillons
2.1.1.3. Analyses microscopiques de la surface
2.1.1.4. Analyse par Spectrométrie à Décharge Luminescente (SDL)
2.1.2. Essai sous He impur avec 50 µbar de CO à 980°C avec un temps de maintien de 184 h
2.1.2.1. Analyses microscopiques et DRX de la surface
2.1.2.2. Analyse par Spectrométrie à Décharge Luminescente (SDL)
2.1.3. Essais sous He impur avec 20 µbar de CO à 980°C avec un temps de maintien de 20 h
2.1.3.1. Analyse en ligne par Chromatographie en Phase Gazeuse
2.1.3.2. Analyse microscopiques de la surface
2.2. Essais de compréhension de la réaction
2.2.1. Comparaison entre l’état de surface à haute température sous He impur d’un alliage avec carbone Ni-22Cr-14W-0,1C et sans carbone Ni-22Cr-14W
2.2.1.1. Analyse en ligne par Chromatographie en Phase Gazeuse
2.2.1.2. Analyses microscopiques de la surface et des tranches des échantillons de l’alliage Ni-22Cr-14W-0,1C
2.2.1.3. Analyses microscopiques de la surface de l’alliage Ni-22Cr-14W
2.2.1.4. Analyses par SDL des échantillons Ni-22Cr-14W-0,1C et Ni-22Cr-14W .151
2.2.2. Essais de montée rapide du Haynes 230® à 980°C sous hélium pur avec et sans étape d’oxydation à 900°C
2.2.2.1. Analyse en ligne par Chromatographie en Phase Gazeuse
2.2.2.2. Analyses microscopiques de la surface après l’essai He-ox-29-des-Hepur-20
2.3. Evolution de TA en fonction de PCO, du matériau et de l’étape de préoxydation
2.3.1. Influence de PCO
2.3.2. Influence de l’étape de préoxydation
2.3.3. Influence de la chimie du matériau
3. Discussion générale
3.1. Nature de la réaction de destruction de la couche d’oxyde
3.1.1. Evaporation de la couche d’oxyde
3.1.2. Une réaction de réduction de la couche d’oxyde par le carbone en solution dans l’alliage
3.2. Proposition d’un schéma réactionnel de la destruction de la couche d’oxyde
3.2.1. Détermination de la température de début de réaction TA : approche thermodynamique
3.2.1.1. Démarche entreprise pour déterminer aCi
3.2.1.2. Comparaison entre les prédictions de TA par le modèle et les valeurs expérimentales
3.2.2. Une réaction qui a lieu en fond de nanocanaux au point triple métal/oxyde/gaz
3.2.3. Morphologie de l’interface métal/oxyde
3.2.4. Une réaction solide/solide
3.2.5. Cinétique de destruction de la couche d’oxyde
4. Bilan
Conclusion générale
Références bibliographiques
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