INTRODUCTION
La mise en œuvre d’une stratégie efficace pour la conservation des primates nécessite la connaissance des paramètres écologiques et les comportements de chaque espèce (Caro, 1998). La rareté des informations disponibles relatives aux comportements des lémuriens dans leurs habitats très diversifiés rend les connaissances actuelles sur leur écologie comportementale incomplète (Gould, 2006). Les données sur leur rythme d’activités peuvent aider à orienter la politique de conservation de ces primates (Caro, 1998). De nombreuses recherches ont été menées depuis des années sur le comportement et l’écologie des lémuriens à Madagascar. En dépit des études et recherches effectuées auparavant sur les primates, il reste à mener des études sur le comportement alimentaire proprement dit de certaines espèces. La forêt classée de Tampolo, le site d’étude est l’un des sites de formation et de recherche, gérés par le Département des Eaux et Forêts de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques est l’un des derniers vestiges de la forêt littorale orientale de Madagascar. (Ratsirarson et Goodman, 2005).Ainsi; la conservation de la biodiversité de Tampolo signifie une conservation d’un paysage hautement représentatif de la forêt littorale de Madagascar, y compris sa flore, sa faune et ses écosystèmes. La forêt de Tampolo est riche en espèces endémiques rares, y compris les lémuriens .Le principal sujet de cette étude est l’espèce Hapalemur griseus griseus qui est le plus petit des lémuriens mangeurs de bambou, et est classé Vulnérable par la liste rouge de l’UICN (2014). C’est un lémurien diurne endémique de Madagascar devenu menacé dont le comportement surtout alimentairement et l’écologie de base demeurent faiblement connus. Cette étude se focalisera sur le comportement alimentaire de cette espèce. La connaissance du comportement alimentaire de Hapalemur griseus griseus aidera à définir un plan de protection et ou conservation de cette espèce
Régimes alimentaires
Les Hapalemur griseus griseus sont folivores, leurs régimes alimentaires sont dominées principalement par les différentes parties de bambous (Grassi, 2006). D’autres feuillages et de fruits sont consommés périodiquement (Tan, 2000). Ils choisissent la base des jeunes feuilles, la partie immature des feuilles porteuses de rameaux et les pousses des branches (Glander et al. 1989) Les parties de la plante de bambou consommées sont principalement les jeunes pousses de feuilles et les parois internes des pousses de chaume (Stafford et al. 1993). Au parc national de Ranomafana de juin à août, en 1987 Wright et al ont découvert que le régime alimentaire de cette espèce était principalement constitué de bambou (98%).Dans la réserve spéciale d’Analamazoatra le bambou du genre Bambusa constitue 90% de son régime alimentaire (Wright, 1986).Dans les régions montagneuses du nord de Marojejy et Tsaratanana, les espèces de bambou Ochlandracapitata ,Phyllostachysaure et Dendrocalamus giganteus constituent une part importante du régime alimentaire des lémuriens gris (Pollock, 1986). Les Hapalemur griseus griseus ont une préférence particulière pour les plantes peu fibreuses et riches en eau (Ralainasolo, 2004). Les plantes consommées par Hapalemur griseus griseus, par ordre de préférence, sont Cyperus madagascariensis (partie molle de l’extrémité basale des tiges, bourgeons, épis), Phragmites communis (tiges et feuilles) , Leersia hexandra (tiges) , Echinochloa (tiges et feuilles), Cyclosorus gongylodes (parties terminales des feuilles), Polygonum galbrum (parties terminales des feuilles), Argyreia vahibora (jeunes pousses , parties terminales des feuilles), Cuscuta sinensis (tiges), Ethulia conyzoides (tiges), Nymphea lotus (tiges et feuilles), Eichhornia crassipes (tiges et fleurs) (Ralainasolo, 2004) .
Inventaires floristiques
L’inventaire floristique est une méthode efficace pour la détermination des plantes consommées. A chaque fois qu’une plante est consommée par Hapalemur griseus griseus, le genre et l’espèce de celle ci, ainsi que la partie consommée (fruit, feuilles, tiges, bourgeons) a été enregistrés sur un fiche d’inventaire floristique pré-établie. Puis, des échantillons de fleurs, fruits et feuilles ont été collectés pour servir d’herbier en vue d’une identification exacte par des botanistes. Pour connaitre la disponibilité des ressources; l’inventaire des espèces aux environs de l’habitat du groupe a été effectué ceci afin de connaitre le temps que les Hapalemur consacrent à l’alimentation selon la disponibilité des ressources et aussi pour savoir si leurs nourritures sont proches de l’habitat ou ils parcourent une distance éloignée pour la recherche de leurs nourritures .Lors de l’inventaire; l’utilisation des placettes d’inventaires de dimension 100m² soit 10m x 10m (Bangali,1995) a été nécessaire. Les paramètres suivantes ont été relevées: noms vernaculaires; hauteur d’houppier; ouvertures de la canopée; …
Temps consacré à l’alimentation
En 2017;la biologiste Fabienne Aujard et ses équipes ont prouvé que la restriction calorique prolonge la longévité chez les primates. Avec une restriction calorique de 30 % durant leur vie d’adulte, des lémuriens allongent leur durée de vie de 50 % et vivent en meilleure santé que des animaux témoins rassasiés. Ainsi; manger moins pour vivre longtemps est vrai chez les lémuriens. Mis au régime durant toute leur vie d’adultes, des lémuriens vivent nettement plus longtemps et en meilleure santé que leurs congénères rassasiés selon cette étude publié dans la revue Communications Biology: «les lémuriens s’alimentant à leur guise ont vécu, en moyenne, 6,4 ans contre 9,6 ans pour ceux soumis à un régime hypocalorique» A Tampolo; les Hapalemur griseus griseus consacrent moins de temps à l’alimentation avec une dominance de l’activité repos. Cette importance de la fréquence du repos semble est liée à l’aspect folivore de l’animal, qui consomme beaucoup de feuilles riches en fibres cellulosiques. La digestion de ces aliments fibreux nécessite beaucoup plus de temps et que l’animal est contraint par ce fait de chercher un endroit calme dans son territoire pour se reposer. Le mécanisme de la digestion s’effectue de manière à ce que la digestion se ralentisse voir s’arrête quand un animal fait un mouvement (rasamimanana et al. 2006). Pour le cas des Hapalemur griseus griseus qui se trouvent dans la forêt tropicale humide de Maromizaha (Andasibe); selon Andrianandrasana en 2011;leurs principales activités sont généralement le repos. A Maromizaha, la période de pluie favorise l’apparition de jeunes pousses de bambou et de jeunes feuilles des autres plantes. Là-bas; les bambous sont les plantes sources de nourritures des Hapalemur griseus griseus. Les activités « déplacement et alimentation », dépendent de la distribution des plantes sources de nourritures et des caractéristiques de l’habitat (Ramanakoto, 2006).Ainsi; la faiblesse de la valeur du temps alloué à la recherche de nourriture indique un accès direct à la nourriture dans les végétaux ressources. D’après l’étude effectuée par Raharison en 2002, les activités des Hapalemur griseus griseus varient en fonction de la température. Vers midi, période où la température est voisine de 20°C, ils passent beaucoup plus de temps à se reposer (environ une heure trente minutes). Mais si la température descend à 16°C, il se repose seulement pendant quinze minutes environ. En effet, pour minimiser la dépense énergétique, l’animal est obligé de se reposer pendant un moment donné (Dunbar, 1988) voilà pourquoi; lors de la suivie du groupe des Hapalemur griseus griseus, à partir de dix heures, il fait chaud, l’animal cherche des endroits calmes de son territoire pour se reposer dû au réchauffement du climat qui provoque le stress et la paresse. En tant que prosimiens à basse température corporelle les Hapalemur griseus griseus passent la majorité de leurs temps à se reposer pour conserver leur énergie pour la recherche de nourriture et à s’alimenter (Rasamimanana et al. 2006). Bien que vivant en groupes, ils n’allouent que 3 % de leur temps pour les activités sociales et la majorité aux activités individuelles dont les plus importants sont le repos et l’alimentation. Pour qu’un animal puisse couvrir la demande de son organisme, il peut soit réduire toute forme d’activités dépensant beaucoup d’énergie telle la consommation d’aliments, soit augmenter la durée de l’alimentation (Rambeloarivony, 2004). Durant cette étude, cette espèce adopte une stratégie consistant à diminuer le temps alloué aux activités en faveur du repos. Cette dominance du repos chez l’Hapalemur griseus griseus peut être expliquée par la nécessité de la compensation des dépenses énergétiques effectuées par l’animal durant le déplacement. Selon le processus des activités musculaires, les bonds effectués par les lémuriens lors de leur déplacement demandent une dépense énergétique importante pour qu’ils aboutissent à la contraction des différents muscles au niveau du corps intervenants au déplacement. De ce fait, il y a nécessité fréquente de conserver la dissipation d’énergie. Celle ci s’effectue principalement durant le repos (Rasamimanana et al. 2006).
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Table des matières
INTRODUCTION
1- OBJECTIFS ET PROBLEMATIQUE
2- ETAT DE L’ART
3- MATERIELS ET METHODES
a).Techniques de suivi et de détermination des groupes
b).Observation comportementale
c).Période d’études et heures d’observations
d).Collecte de données
e).Inventaires floristiques
f).Méthodes statistiques
4- RESULTATS
4.1 Régime alimentaire des Hapalemur griseus griseus
4.1.1. Plantes consommées par les Hapalemur griseus griseus
4.1.2. Fréquence des plantes consommées
4.1.3. Parties végétatives consommées
4.2. Répartition des activités des Hapalemur griseus griseus
4.2.1. Activités journalières des Hapalemur griseus griseus
4.2.2. Fréquence d’alimentation des Hapalemur griseus griseus
4.2.3. Temps consacré à l’alimentation
a) Par rapport à la distance parcourue à la recherche des nourritures
b) Par rapport à la disponibilité des ressources
c) Par rapport aux temps alloués à toutes les activités journalières
5- DISCUSSIONS
5.1 Vérification des hypothèses
5.2 Discussions sur les résultats
5.2.1. Régime alimentaire
5.2.2. Activité en général
5.2.3. Temps consacré à l’alimentation
6- RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIE
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