La dégradation de l’environnement est un sujet d’actualité que plusieurs pays dans le monde n’y échappent. Elle se distingue sous différentes formes dont la majorité concerne la dégradation des ressources forestières surtout dans les milieux tropicaux à haute valeur biologique. Madagascar se trouve menacé par cette spirale de dégradation alors que le pays se distingue universellement par son trait biologique d’endémisme élevé. En effet, plusieurs de ses écosystèmes de forêts naturelles, qui constituent de véritables « hot-spot » de biodiversité, subissent de fortes pressions surtout d’ordre anthropique. Le corridor forestier de la partie orientale, en bordure des hautes terres de la grande Ile, en est un exemple concrêt. L’atténuation des pressions passe forcément par l’application de modèles d’instruments juridiques mise en place par l’Etat avec l’appui de divers organismes environnementaux.
Ces intruments juridiques ont connu un parcours historique. Autrefois repressifs et contraignants pour les communautés locales dépendantes des forêts, ils sont désormais plus souples et plus prometteurs d’une conservation durable. Avec l’adoption de la nouvelle politique forestière de 1997, la loi 96-025 dite GELOSE et l’adoption du décret de 2001 relatif à la mise en œuvre de la Gestion Contractualisée des Forêts (GCF), la conservation des ressources prend une autre tournure. Un nouveau concept se fonde par la participation des Communautés de Base à la gestion des ressources forestières comprises dans leur terroir. Il s’agit d’un transfert de gestion doté d’un cadre juridique et institutionnel et qui se veut de pallier aux lacunes des politiques environnementales antérieures (BERTRAND et al. 2006).
CONTEXTE ET PRESENTATION DU MILIEU
Contexte
Le transfert de gestion est un concept ambitieux destiné à assurer la conservation durable des ressources forestières à Madagascar. Récemment officialisé dans la localité d’Ivohibe (en 2005), son parcours dans le contexte national a connu une certaine évolution pour aboutir à une réelle application au niveau des communautées locales de la région. La conservation de la bande linéaire de forêt localisée sur la partie Est Malgache a d’abord débuté par le concept de « corridor forestier » proposé en Avril 1995 pendant l’Atelier Scientifique sur la Définition des Priorités de Conservation de la Diversité Biologique à Madagascar. Puis l’approche écorégionale a été adoptée pour mettre l’accent sur la définition et le devenir du corridor. La conservation de ce corridor est un sujet d’actualité en perpétuelle évolution. Plusieurs stratégies ont déjà été renouvellées depuis la fin du Programme Environnemental Phase 1 (PEI) en 1996 avec l’adoption de l’approche écorégionale pour la conservation du corridor forestier de l’ex-province de Fianarantsoa dont le corridor d’Ivohibe fait partie. Cette approche représente des interventions dynamiques dans la mise en œuvre de la conservation éco-régionale et du paradigme de développement (RAZAFITSOTRA J. et al, 2008). Cette étude fait suite à ce parcours historique de la conservation du corridor car le transfert de gestion n’aurait pu être opérationnel que grâce au fruit de cette idée astucieuse qu’est l’approche écorégionale. Oeuvrant dans cette région depuis trois ans, WWF veut poursuivre ses activités dont l’essentiel repose sur la solidité de la base du transfert. Cette dernière pourra être un moyen de finaliser larequalification du corridor d’Ivohibe en tant que Nouvelle Aire Protégée. D’où le thème de cette étude en collaboration avec WWF et qui s’intègre dans son projet MG 0943.01 (« sustaining Life : Empowering Civil Society for Improved Livelihoods and Effective Natural Ressources Management in Madagascar – Fandriana – Vondrozo »). Elle veut montrer l’efficacité du transfert mis en place dans la localité d’Ivohibe, et ceci à travers « l’étude d’impacts des transferts de gestion des forêts dans la gestion durable des ressources et l’amélioration des conditions de vie des populations locales ».
L’étude se focalise alors sur l’analyse et l’évaluation des impacts potentiels du transfert de gestion mis en place dans la localité d’Ivohibe. L’impact en question sera identifié comme étant un changement dans un paramètre environnemental qui résulte des activités mises en place par le projet de TG, donc il s’agit d’une appréciation de tous les effets (écologiques, sociaux et économiques) du transfert mis en place depuis 2005. Le changement sera apprécié par la différence entre l’état de ce paramètre avant le projet et de son état après la réalisation du projet (VERHEEM R. et TONK J., 2000). Toutefois, le transfert de gestion étant un projet renouvelable sur le long terme, cette étude constitue en conséquence une évaluation à mi-parcours des impacts prévus par le projet.
En gros, l’analyse a été développée dans un contexte socio-économique de base fortement dépendant du concept de conservation et gestion durable du corridor d’Ivohibe. En ce sens, c’est pour inverser la tendance de dégradation des ressouces forestières dont dépendent les communautés rurales que l’étude tentera d’aboutir. Il s’agit donc de démontrer l’efficacité du TG pour une meilleure continuation des activités de WWF.
Localisation de la zone d’étude
La zone d’étude se trouve dans le District d’Ivohibe dont les ressources forestières à prendre en compte s’intègre sur une partie du COFAV (Corridor Forestier Ambositra – Vondrozo) se trouvant à cheval entre le domaine de l’Est et celui du Centre.
Ce District est situé dans la partie Sud-Est de l’ex-province de Fianarantsoa, dans la Région d’Ihorombe. Il est composé de quatre communes rurales et urbaines sur une superficie de 4119 km² .
• Antambohobe, dans sa partie Nord-Ouest avec 9 000 habitants
• Ivohibe, chef lieu du District au centre avec 11 000 habitants
• Ivongo, dans sa partie Est avec 5000 habitants
• Maropaika, dans sa partie Sud avec 9 000 habitants .
Dans l’espace géoréférencié, le District d’Ivohibe se trouve à 22° 11’ S et 46° 28’ E. Pour y accéder, il faut prendre la RN 7 puis la RN 45 et enfin la RN 25.
Impact du transfert sur le plan écologique
L’impact écologique du transfert s’apprécie par la perception des ménages de l’évolution de leurs prélèvements de bois en forêt. Il s’agit d’une évaluation du rythme de prélèvement suite au transfert. La considération des classes de diamètre prélevées a été insistée pour avoir une idée de l’état et de la fréquence des trouées dans la forêt. D’autre part, leur faculté à mieux gérer les feux a aussi été prise en compte, vu que les cahiers de charge en stipulaient des règles précises.
Diminution du rythme de prélèvements de bois et de la fréquence des trouées
Les communautés rurales d’Ivohibe sont réputées pour l’exploitation intensive du bois destiné à la fabrication de planches et de madriers. Les paysans attribuent cette activité comme étant une faculté acquise depuis le passé. Après le transfert de gestion, cette tendance a régressé de façon significative pour laisser place à une exploitation plus rationnelle. Cette dernière fait allusion à l’exploitation des arbres atteignant le DME (d=50cm) requis.
En effet, 20% des ménages ont affirmé avoir exploité plusieurs arbres de diamètres inférieurs au DME entre l’année 2000 et 2005, précisément avant le transfert. Ils interprètent ces pratiques anciennes comme étant dues au manque de technicité et à la difficulté de transformer les arbres de gros diamètre. Précisons que cette faible proportion des ménages correspond uniquement aux membres de l’association de bûcherons dans la COBA Lovasoa de Maromaity. Les 80% restants ne pratiquent cette activité que dans des besoins urgents en bois de construction des maisons. Ceci se justifie sans doute à l’éloignement de la forêt et aux contraintes topographiques de leur localisation. La différence est perceptible sur les habitations en question. Celles de la COBA Lovasoa utilisent une certaine quantité de planches et madriers tandis que les autres COBA les utilisent à peine.
Malgré cette faible proportion des membres de l’association de bûcherons, son influence mérite une considération particulière car leurs prélèvements d’autrefois ont évolué à un rythme très accéléré. Les renseignements au niveau du cantonnement forestier ont révélées que cette COBA a déjà changé deux fois de suite son périmètre de droit d’usage.
Les tendances des prélèvements pour l’ensemble des ménages se résument en termes d’approximation de quantité d’arbres allant de 0 à [60-100] suivant la perception de chaque ménage.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : CONTEXTE ET PRESENTATION DU MILIEU
1.1 Contexte
1.2 Localisation de la zone d’étude
1.3 Milieu humain
1.3.1 Caractéristiques des ménages enquêtés
1.3.2 Caractéristiques de chaque COBA
1.4 Considérations écologiques du milieu
CHAPITRE 2 : METHODOLOGIE
2.1 Phase préparatoire
2.1.1 Analyse de la problématique
2.1.2 Choix des hypothèses
2.1.3 Définition du champ de l’étude
2.1.4 Préparation de la descente sur terrain
a. Elaboration du cadre opératoire
b. Dispositif d’échantillonnage
2.2 Phase de collecte des données sur terrain
2.2.1 Enquête par questionnaire
2.2.2 Entretien individuel
2.2.3 Focus group
2.3 Phase de traitement des données
2.4 Limite de l’étude
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
3.1 Impact du transfert sur le plan écologique
3.1.1 Diminution du rythme de prélèvements de bois et de la fréquence des trouées
3.1.2 Meilleure gestion des feux par les paysans
3.1.3 Progrès spectaculaire dans les activités de reboisement et de restauration
3.1.4 Impact des apports des différents partenaires
3.2 Impact du transfert sur le plan économique
3.2.1 Amélioration dans la dynamique de production des paysans
3.2.2 Amélioration des sources de revenus des paysans
a. Influence positive du transfert sur les revenus substantiels
b. Influence positive des AGR sur les revenus futurs
3.3 Impact du projet sur le plan social
3.3.1 Dynamisme social à l’intérieur de la COBA
3.3.2 Intégration des femmes dans les activités de développement
CHAPITRE 4 : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
CONCLUSION GENERALE
Références bibliographiques