Etude des residus de medicaments veterinaires dans les produits aviaires

La croissance rapide du secteur de lโ€™รฉlevage sโ€™est accompagnรฉe de celle du secteur avicole au Sรฉnรฉgal. Cette augmentation va de paire avec une importante demande en mรฉdicaments aviaires. Les risques hygiรฉniques et sanitaires que peuvent gรฉnรฉrer ces mรฉdicaments en lโ€™absence dโ€™un contrรดle adรฉquat ร  tous les niveaux de la chaรฎne de production, de transformation et de commercialisation des denrรฉes animales et dโ€™origine animale sont gรฉnรฉralement connus.

Dans le but de prรฉserver la sรฉcuritรฉ chimique des denrรฉes animales et de protรฉger le consommateur, nous envisagerons de faire une รฉtude qualitative et quantitative dans le domaine des rรฉsidus de mรฉdicaments aviaires dans la zone des Niayes au Sรฉnรฉgal. Au plan spรฉcifique, il s’agit de faire une photographie instantanรฉe de la situation des rรฉsidus de mรฉdicaments vรฉtรฉrinaires dans les produits aviaires au Sรฉnรฉgal, en nous limitant ร  la recherche de rรฉsidus de quelques substances chimiques qui ร  premiรจre vue peuvent :
โ€ข compromettre la salubritรฉ des denrรฉes et la sรฉcuritรฉ du consommateur ;
โ€ข constituer de vรฉritables freins aux รฉchanges internationaux.

Lโ€™AVICULTURE AU SENEGAL

Aviculture traditionnelleย 

Lโ€™aviculture traditionnelle compte environ 18 millions de tรชtes. Cโ€™est un type dโ€™รฉlevage pratiquรฉ essentiellement en milieu rural sous un mode extensif oรน chaque famille possรจde un effectif relativement faible ( LY C, 2001). La race couramment utilisรฉe est la poule locale. La taille moyenne des unitรฉs de production est de 10 sujets (DIOP, 1982). Ici lโ€™apport dโ€™intrants tels que les aliments ou les mรฉdicaments vรฉtรฉrinaires est rรฉduit voire nul. L’aviculture traditionnelle est caractรฉrisรฉe par la reproduction naturelle des poules locales avec des coqs locaux, la rusticitรฉ des animaux, la modicitรฉ des techniques et du matรฉriel dโ€™รฉlevage, une alimentation sommaire, une vulnรฉrabilitรฉ aux รฉpizooties, une production trรจs auto consommรฉe (BOYE, 1990 ; DIOP, 1982 ; SAVANE, 1996).

Lโ€™aviculture moderneย 

Lโ€™aviculture moderne a connu des progrรจs considรฉrables depuis 1987 avec lโ€™augmentation des investissements privรฉs qui permet lโ€™exploitation dโ€™effectifs plus importants (1 million en 1980 et 5 millions en 1996). Les effectifs de la volaille du secteur industriel sont connus avec une certaine prรฉcision grรขce au contrรดle de la production des couvoirs et des importations de poussins d’un jour ( 70% des effectifs). L’aviculture moderne comprend deux aspects ร  savoir la spรฉculation chair et celle des ล“ufs de consommation.

La production de pouletsย 

Selon les donnรฉes statistiques de la DIREL/CNA (2001) sur la filiรจre avicole moderne, la production de poulets (chair et pondeuses rรฉformรฉes) au Sรฉnรฉgal sโ€™รฉlevait ร  environ 5,5 millions de tรชtes pour une consommation annuelle de 7 700 tonnes.

La production dโ€™ล“ufs de consommationย 

L’effectif des pondeuses au Sรฉnรฉgal est รฉvaluรฉ ร  1 052 451 tรชtes en 2001, pour une production nationale d’ล“ufs de consommation estimรฉe ร  254 millions dโ€™unitรฉs, soit un chiffre dโ€™affaire ร  la vente au dรฉtail de lโ€™ordre de 12,7 milliards de F CFA. Cette production a connu une hausse de 30 % par rapport ร  lโ€™annรฉe 2000. Ceci sโ€™explique dโ€™une part par le fait que beaucoup de producteurs de viande de poulets de chair se sont convertis en producteurs dโ€™ล“ufs de consommation et dโ€™autre part par une bonne vente de la production qui a entraรฎnรฉ un intรฉrรชt pour la filiรจre (extension des exploitations pour de nouvelles mises en place, arrivรฉe de nouveaux รฉleveurs) (DIREL/ CNA-, 2001).

Circuit de commercialisation des produits aviaires
Pour le secteur moderne , les circuits de commercialisation sont bien รฉtablis car les fermes vendent directement aux consommateurs. Cependant, certains intermรฉdiaires peuvent entrer dans ce circuit. Il sโ€™agit des restaurateurs, des libres services, des collectivitรฉs ou des commerรงants (Bana Bana) permanents. Ces derniers distribuent soit directement les poulets aux consommateurs soit indirectement par lโ€™intermรฉdiaire des Bana Bana informels qui approvisionnent les commerces de proximitรฉ .

Intrants avicoles
Dans la filiรจre avicole, les intrants regroupent :
– les poussins;
– les aliments volaille;
– les mรฉdicaments aviaires.

Au Sรฉnรฉgal , lโ€™approvisionnement des aviculteurs en ces diffรฉrents intrants est assurรฉ par diverses sociรฉtรฉs du pays .

Lโ€™alimentation

Au Sรฉnรฉgal, la production dโ€™aliment volaille est assurรฉe par des fabriques dโ€™aliment spรฉcialisรฉes ou non dans lโ€™alimentation de la volaille. Elles sont au nombre de (8) huit et sont toutes localisรฉes dans la ville de Dakar ou dans sa zone pรฉriurbaine. Ces (8) huit sociรฉtรฉs sont :
– Moulin SENTENAC
– SEDIMA
– CAMAF
– SETUNA/ Sonacos
– SODAVI
– PRODAS
– NMA Sanders .

Les matiรจres premiรจres sont produites localement sauf le maรฏs et le complexe minรฉral vitaminรฉ (CMV) qui sont importรฉs et reprรฉsentent environ 60% ร  65% des matiรจres premiรจres utilisรฉes. Cette importation influence le prix du kilogramme dโ€™aliment (DIREL/ CNA , 2000).

Matรฉriels avicoles
Le matรฉriel avicole utilisรฉ est soit de fabrication locale, cโ€™est-ร -dire artisanale ou importรฉ. Ces matรฉriels sont les abreuvoirs, les mangeoires, les radiants, les thermomรจtres et les alvรฉoles.

Prix des produits aviaires
Une รฉtude de la Direction de la Statistique pour le calcul de lโ€™indice des prix au niveau de cinq marchรฉs de Dakar (Tilรฉne, Sandaga, Pikine, Grand-Dakar et Gueule Tapรฉe) en 2001, a donnรฉ les rรฉsultats suivants:
– le prix moyen du poulet du pays (1850 FCFA ร  2000 FCFA le kg) est supรฉrieur de 34% ร  celui du poulet de chair (1430 FCFA ร  1500 FCFA le kg) en 2001. On note une baisse du prix du kg de poulet de chair et une augmentation du kg du prix du poulet du pays, lโ€™รฉcart entre les deux catรฉgories de volailles a ainsi augmentรฉ;
– le poulet de chair au Sรฉnรฉgal est depuis quelques annรฉes la viande la moins chรจre sur les marchรฉs. Ce constat signe lโ€™amรฉlioration des performances de la filiรจre avicole industrielle;
– On observe de brutales variations saisonniรจres des prix des poulets correspondant aux pรฉriodes de fรชtes. (Source : DIREL/ CNA, 2001) .

production viande volailleย 

En intรฉgrant ร  ces donnรฉes sur la production de poulets modernes celles de la production de lโ€™aviculture traditionnelle (estimรฉe ร  11700 tonnes), la consommation annuelle par habitant sโ€™รฉtablit ร  2,5 kg au Sรฉnรฉgal contre 12 kg au Kossovo, 22 kg dans l’Union Europรฉenne et 45 kg au Etats Unis ( F.A.F.A. 2003). On estime que la consommation de viande de poulet continuera dโ€™augmenter au Sรฉnรฉgal, ร  lโ€™image du marchรฉ mondial qui tend vers des niveaux de consommation plus รฉlevรฉs de viande de volaille. Ce taux de consommation encore faible peut s’expliquer par les nombreuses contraintes de l’aviculture sรฉnรฉgalaise.

Contraintes de l’aviculture au Sรฉnรฉgalย 

Personnel non qualifiรฉ
La plupart des employรฉs des fermes avicoles au Sรฉnรฉgal nโ€™ont subi aucune formation (BIAGUI, 2002), ce qui constitue un rรฉel frein pour le dรฉveloppement de la filiรจre. Cette situation favorise l’รฉmergence et le maintien des pathologies aviaires, tout en exposant le consommateur ร  des risques d’ordres sanitaires. Cela a suscitรฉ une prise de conscience des aviculteurs qui se regroupent dans des organisations professionnelles (UNIA, GAS, AVICAP โ€ฆ) pour mieux dรฉfendre leur intรฉrรชt et participer ร  des ateliers ou sรฉminaires de formation. Ces derniers sont souvent organisรฉs par la FAFA en partenariat avec l’Etat ou les ONG intervenant dans la filiรจre. Malgrรฉ cette organisation pour augmenter la production locale, des produits aviaires d’origine diverse inondent le marchรฉ sรฉnรฉgalais .

Importations galopantes de produits avicoles
Au Sรฉnรฉgal 70% des poulaillers de chair ont fermรฉ, pour 25% de poulaillers pondeuses. Favorisant ainsi une perte de 5000 emplois sur les 10 000 crรฉรฉs. La capacitรฉ de production de poussins de la filiรจre locale se chiffre ร  17 millions. Actuellement la production globale tourne autour de 5 millions ร  cause des importations de sous produits avicoles(NOUVEL HORIZON, 2002) . En effet, l’orientation de plus en plus marquรฉe de la consommation de viande de volaille dans les pays dรฉveloppรฉs au bรฉnรฉfice du blanc ou escalope crรฉe dans l’industrie agroalimentaire avicole une accumulation de sous produits et de dรฉchets sous formes de cuisses, ailes et croupions. La progression onรฉreuse de stocks de ces produits nรฉcessite leur รฉvacuation ร  tout prix. Ceci fait des pays en voie de dรฉveloppement et plus particuliรจrement le Sรฉnรฉgal un marchรฉ de dรฉversement et ร  vil prix de sous produits et dรฉchets avicoles. Les chiffres des statistiques sur les importations directes de produits de la douane sont trรจs parlants car rien que pour l’annรฉe 2000 les importations en sous produits aviaires s’รฉlรจvent ร  207 130 000 millions de F CFA ( DOUANE, 2000). Mais d’aprรจs les donnรฉes plus rรฉcentes, ces importations sont devenues plus importantes. Selon le service de l’รฉlevage, de janvier ร  octobre 2002, 5150 tonnes de cuisses de poulet et 400 tonnes d’ล“ufs sont rentrรฉes au Sรฉnรฉgal. Cette importation dรฉpasse de moitiรฉ la production nationale et de plus 3150 tonnes seulement ont utilisรฉ la voie normale (INFO 7, 2002). Ces produits proviennent pour la plupart de lโ€™Union Europรฉenne, du Brรฉsil, des Etats- unis, mais aussi de lโ€™Inde. Les produits importรฉs le sont de faรงon informelle par des privรฉs spรฉcialisรฉs dans les poulets et dรฉrivรฉs importรฉs. Outre les dommages รฉconomiques posรฉs par ces importations, le risque pour le consommateur n’est pas ร  nรฉgliger car l’รขge de ces produits n’est pas connu. De plus on ne dispose pas de documents ร  l’importation permettant la traรงabilitรฉ du produit. Par ailleurs aucun contrรดle n’est effectuรฉ sur ces produits. Plus grave encore les conditions de transport et de stockage ne sont guรจre respectรฉes et le produit subit d’importantes variations de tempรฉratures au cours de leur commercialisation. Ces mauvaises conditions sont propices au dรฉveloppement des agents pathogรจnes et nรฉfastes ร  la santรฉ du consommateur. Cet รฉtat des choses est dรป probablement ร  un environnement fiscal peu favorable.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
CHAPITRE I : Lโ€™AVICULTURE AU SENEGAL
I-1) AVICULTURE TRADITIONNELLE
I-2) Lโ€™AVICULTURE MODERNE
I-2-1) LA PRODUCTION DE POULETS
I-2-2) LA PRODUCTION Dโ€™ล’UFS DE CONSOMMATION
I-2-3) CIRCUIT DE COMMERCIALISATION DES PRODUITS AVIAIRES
I-2-4-1) Approvisionnement en poussins de 1 jour
I-2-4-2) Lโ€™alimentation
I-2-4-3) Matรฉriels avicoles
I-2-5) PRIX DES PRODUITS AVIAIRES
I-4) CONTRAINTES DE L’AVICULTURE AU SENEGAL
I-4-1) PERSONNEL NON QUALIFIE
I-4-2) IMPORTATIONS GALOPANTES DE PRODUITS AVICOLES
I-4-3) ENVIRONNEMENT FISCAL
I-4-4) PATHOLOGIES AVIAIRES
I-5) LE MARCHE DES MEDICAMENTS VETERINAIRES
I-5-1) IMPORTANCE DU MARCHE DU MEDICAMENT VETERINAIRE EN AFRIQUE
I-4-2) MARCHE DU MEDICAMENT VETERINAIRE AU SENEGAL
CHAPITRE II: GENRALITES SUR LES RESIDUS
II-1) DEFINITION
II-2) ORIGINES DES RESIDUS
II-2-1) ENVIRONNEMENT
II-2-2)TRAITEMENT SANITAIRE ET ZOOTECHNIQUE
II-2-3) INDUSTRIE ALIMENTAIRE
II-2-4)TRAITEMENTS AGRICOLES ET PHYTOSANITAIRES
II-3) LA FORMATION DES RESIDUS
II-3-1) LES RESIDUS TOTAUX
II-3-2) LES RESIDUS BIODISPONIBLES
II-3-3) LES RESIDUS LIES
II-4) RESIDUS DE MEDICAMENTS VETERINAIRES
II-4-1) DEFINITIONS
II-4-2) LA DOSE SANS EFFET (D.S.E)
II-4-3) LA DOSE JOURNALIERE ADMISSIBLE (D.J.A)
II-4-4)BONNES PRATIQUES D’UTILISATION DES MEDICAMENTS VETERINAIRES (BPMV)
II-4-5) LE DELAI D’ATTENTE
II-4-6) LA LIMITE MAXIMALE DE RESIDUS (L.M.R)
II-4-7) LIMITE MAXIMALE DE RESIDUS POUR LES MEDICAMENTS VETERINAIRES (LMRMV)
II-5) RISQUES LIES A LA PRESENCE DE RESIDUS DE MEDICAMENTS VETERINAIRES DANS LES DENREES
II-5-1) RISQUE CANCERIGENE OU MUTAGENE
II-5-2) RISQUE ALLERGIQUE
II-5-3) ANTIBIORESISTANCE
II-5-4) RISQUE TERATOGENE
II-5-5) AUTRES RISQUES
I-5-6) IMPORTANCE Dโ€™ORDRE ECONOMIQUE OU COMMERCIALE
I-6) LEGISLATION DES RESIDUS
CHAPITRE III: METHODES DE RECHERCHE ET DE DOSAGE DES RESIDUS D’ANTI INFECTIEUX DANS LES PRODUITS ALIMENTAIRES
III-1)QUALITES D’UNE BONNE METHODE
III-1-1) LA PRECISION
III-1-2) LA SENSIBILITE
III-1-3) LA SPECIFICITE
III-1-4) LA DETECTABILITE OU LIMITE DE DETECTION
III-1-5) LE TAUX DE RECUPERATION
III-2) CHOIX DE LA METHODE ET OBJECTIFS
III-2-1) LES METHODES DE TYPE I
III-2-2) LES METHODES DE TYPE II
III-2-3) LES METHODES DE TYPE III
III-3) METHODES DE RECHERCHE ET DE DOSAGE DES RESIDUS D’ANTIBACTERIENS DANS LES VIANDES ET ABATS
III-3-1) METHODES MICROBIOLOGIQUES
III-3-1-1) Le test sur Sarcina lutea appliquรฉ au cortex rรฉnal Principe
III-3-1-2) Le test sur Bacillus subtilis B.G.A
III-3-1-3) La mรฉthode des quatre boites
III-3-1-4) la mรฉthode STAR
III-3-2) METHODE ENZYMATIQUE : METHODE DE ยซPENZYMยป
III-3-3) METHODE RADIO-MICROBIOLOGIQUE (MICROBIAL RECEPTOR ASSAY)ยซCHARM TEST 11ยป
III-3-4) METHODE IMMUNO-ENZYMATIQUE TYPE ELISA (DIRECT COMPETITIVE ENZYME, LINKED IMMUNO SOEBENT ASSAY)
III-3-5) METHODES PHYSICO-CHIMIQUES
CONCLUSION

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