L’agriculture sénégalaise emploie près 60% de la population rurale et compte 752 352 exploitations agricoles familiales (ANSD, 2014). Elle occupe environ 12% du territoire national (Leipzip, 1996). Le secteur agricole contribue à 14-18% du PIB du pays (FAO, 2003 ; ANSD, 2014). L’arachide (Arachis hypogaea L.) est une plante tropicale très importante au Sénégal de par sa contribution à l’alimentation et au revenu des poulations (FAO, 2003). Au début des années 60, le Sénégal était le premier exportateur mondial d’arachide (FAO, 2003). Aujourd’hui, l’arachide compte parmi les quatre premiers produits d’exportation du pays (FAO, 2003) et occupe directement ou indirectement au moins 4 millions de Sénégalais (Sow, 2014).
Cependant, ces performances demeurent limitées par sa dépendance à un régime pluviométrique irrégulier (ANSD, 2012). Elle est fortement tributaire des conditions pluviométriques, qui ne cessent de se dégrader, et des disponibilités en terres productives. Ces dernières connaissent de plus en plus des problèmes d’érosion, de salinisation et de baisse de fertilité. L’essentiel de la production agricole est à l’actif des cultures pluviales, les superficies irriguées ne représentent que 4% des surfaces cultivées (Leipzip, 1996). La forte pression démographique (presque 3% par an) a entraîné une dégradation des ressources productives notamment foncières et une baisse de la productivité agricole dans le Bassin arachidier (Diagana, 2008). A partir de 1970 et notamment depuis les années 1990, on a assisté à une véritable crise de la filière arachidière (Noba et al., 2013).
Cette siuation qui va entrainer à son tour une insécurité alimentaire est nécessaire à remédier. L’une des principales préoccupations du gouvernement sénégalais a toujours été de rendre le secteur agricole suffisamment performant pour contribuer significativement à la création de richesse et au renforcement de la sécurité alimentaire (ANSD, 2014). Il serait donc intéréssant de préconiser des solutions pour voir comment bouster le rendement de l’arachide avec le manque d’espace de culture et la dégradation des terres cultivables. Pour répondre à ces enjeux quatre orientations stratégiques et des axes d’intervention ont été retenus pour déployer les objectifs de la strategie de reconstitution du capital semencier 2016 2020 (MAER, 2015). Les orientations sont : augmenter durablement la production de semences certifiées (OPS et ISRA) ; renforcer la capacité opérationnelle du contrôle de qualité des semences ; appliquer les textes en vigueur au Sénégal et faciliter le financement des opérations de multiplication, de collecte et conditionnement.
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
Origne, classification et systématique
L’arachide (Arachis hypogeae L) est une légumineuse annuelle cultivée dans toute la zone intertropicale, qu’elle déborde très largement jusqu’aux 40e parallèles Nord et Sud, lorsque les étés chauds permettent à la plante de boucler son cycle malgré la latitude élevée (Schilling et al., 1996). Les archives montrent que ce n’est qu’au début des années 1800 que les arachides ont été cultivées comme culture commerciale aux États-Unis. Ils ont d’abord été cultivés en Virginie et utilisés principalement pour l’huile, la nourriture et comme substitut du cacao. À cette époque, les arachides étaient considérées comme un aliment pour le bétail et les pauvres et difficiles à cultiver et à récolter (Hamons, 1973). La dissémination de l’arachide s’est faite à partir de la cote péruvienne en direction de l’extrême orient d’une part, et à partir de la cote brésilienne en direction de l’Afrique de l’Ouest d’autre part, par les navigateurs espagnols et portugais respectivement (Schilling et al., 1996). Cette période peut être située dans la seconde moitié du XIX ème siècle quand la colonisation gagne l’intérieur des terres. L’arachide devient alors le principal produit agricole qui a lui seul représentait entre 1860 et 1880, 50 à 75 % des exportations de l’Afrique Occidentale Française vers la France (Venema, 1978). Actuellement une douzaine d’espèces du genre Arachis ont été décrites par des botanistes ; toutes sont spéciales à l’Amérique du Sud, sauf A. hipogaea, cultivée dans toutes les contrées chaudes du globe et jusque dans le Sud de l’Europe. Toutefois plusieurs des espèces décrites ne sont pas suffisamment différenciées et le nombre des espèces de premier ordre (linnéons) à admettre se ramène à 4 ou 5 seulement pour le moment. A l’exception des formes rattachées plus loin à A. hypogaea, A. Nambiquarae et A. Rasteiro qui sont seulement cultivées, toutes les autres formes sont exclusivement spontanées et elles ne sont pour le montant d’aucune actualité (Chevallier, 1929). La Classification de A hypogea est qu’elle fait partie du Règne Plantae, Sous-Règne Tracheobionta, Division Magnoliophyta Classe Magnoliopsida Sous-Classe Rosidae Ordre Fabales Famille Fabaceae Sous-Famille Faboideae et c’est du Genre Arachis.
Morphologie et phénologie
On fera allusion aux deux parties principales de la plante : aérienne et sous terain. La partie aérienne comprend une tige principale toujours érigée, et de deux ramifications primaires, érigées ou rampantes, qui commande le port de la plante. Les feuilles sont composées de deux paires de folioles opposées, elliptiques, de couleur verte plus ou moins foncée. Les fleurs jaunes-orangées, papilionacées, prennent naissance à l’aisselle des feuilles ; après la fécondation qui a lieu avant l’ouverture de la corolle, la base de l’ovaire s’allonge pour former un pédoncule appelé gynophore qui s’enfonce de quelques centimètres dans le sol ou se forme le fruit, composé d’une coque indéhiscente contenant une à quatre graines (Schilling et al., 1996). Le système racinaire pivotant porte les nodosités fixatrices d’azote caractéristiques des légumineuses Pour Thouin (1805), l’arachide à une racine fibreuse et chevelue. Ses tiges sont communément couchées ; ses feuilles alternés et ailées, composées de quatre folioles en deux paires, dont une paire termine le pétiole commun de la feuille, et l’autre est située un peu plus bas. Chaque feuille est accompagnée à sa base d’une stipule qui se divise en deux lanières courtes et pointues. Des aisselles des feuilles sortent les fleurs papilionacées, seules ou par paires. On a cru remarquer qu’il n’y a que celles près de terre qui deviennent fertiles, et viennent à bien. Après la floraison, la gousse, qui est cartilagineuse, cherche à s’ensevelir dans la terre, sans se détacher de la plante. C’est dans cet état qu’elle reçoit son dernier accroissement, et que la graine mûrit. Cette gousse, arrivée à sa perfection, a un à deux pouces de longueur, sur quatre à cinq lignes de diamètre. Elle est presque cylindrique, et contient d’une à trois graines qui en remplissent la cavité. Bouffi1 (1951) cité par Sene (1995) distingue trois principales phases phénologiques et stades de developpement : la germination levée, la préfloraison, et la phase reproductive qui inclut la floraison, la fructification et la maturation.
Selon Alleid (2014) Arachis hypogaea est une plante ayant 5 stades de développement en allant de la phase de germination à la phase de maturation en passant respectivement par la phase de croissance, de floraison et de fructification :
– Phase de germination : Cette phase correspond à l’imbibition de la graine (24 à 48 h), après la mise en terre de la graine jusqu’à l’apparition de la radicule (5 à 6 jours après semis). La germination de l’arachide est de type hypogé. Trois semaines après la germination, les nodosités apparaissent sur les racines ;
– Phase de croissance : Elle correspond à l’accroissement de la tige principale et l’apparition des rameaux cotylédonaires. Ces cotylédons persistent très longtemps et se présentent comme deux petits moignons ridés. Un peu plus tard deux autres rameaux n’apparaissent par rapport aux précédents ;
– Phase de floraison : Généralement, elle commence 20 à 40 jours après semis. Elle peut durer plusieurs mois selon les variétés et les conditions de culture ;
– Phase de fructification : Elle commence une semaine après fécondation. Cette phase de fructification souterraine requiert un sol léger, bien drainé, de pH variant de 5 à 8,5; de températures journalières oscillant entre 27 °C et 33° C et 500 mm de pluies bien distribuées durant tout au long du cycle de son développement. L’arachide est une plante qui répond aux engrais azotés, aux ajouts de matières organiques, de calcium, de phosphate, de soufre et de cobalt ;
– Phase de maturation : Ce stade varie selon les variétés; il y a des variétés de 75, 85, 90, 95, 110 jours voire même 120 jours .
Exigences édapho-climatiques
Sol
Les caractères de texture et de structure du sol sont très importants à cause du mode de fructification de l’arachide ; ils doivent en effet permettre la pénétration des gynophores et l’arrachage des gousses mûres. L’arachide requiert en outre des sols bien aérés, car les échanges respiratoire des gousses en formation sont élevés. Les sols sableux ou les sols à texture fine mais meubles et perméables, sont les mieux appréciés. Cependant, bien que productifs, les sols argileux, seront plus difficiles à travailler et leurs mises en culture d’arachide nécessite généralement le recours à la mécanisation et à l’irrigation (Schilling et al., 1976).
Besoins en eau
La préfloraison est la période de plus forte sensibilité à la sécheresse.Cette sécheresse pénalise plus le rendement quand elle survient entre le 50ème et le 80ème jour (Caron et Cranes, 1993). Dans les zones où la durée des pluies est très voisine de celle du cycle végétatif de l’arachide, les rendements sont souvent affectés par un arrêt, prématuré des précipitations. Une pluviométrie comprise entre 400-1200 mm est nécessaire à l’arachide pour boucler son cycle. La demande en eau est proportionnelle à la durée du cycle de développement de la variété. C’est pendant la floraison et la fructification que l’arachide a les plus grands besoins en eau. On estime que l’interruption des pluies trois semaines après la formation d’une fleur empêche celle-ci d’évoluer jusqu’au stade de maturation du fruit (Biteghe, 1992).
Climat, chaleur et lumière
• Action directe du climat sur les plantes. Les facteurs climatiques peuvent intervenir directement sur les plantes, en raison des caractéristiques particulières de chacune d’entre elles : longueur de leur cycle, ensoleillement et température, besoins en eau, résistance à la sécheresse ou à l’excès d’eau, etc.
• Action indirecte du climat par l’intermédiaire du sol. Les facteurs climatiques peuvent intervenir indirectement sur la végétation soit par l’intermédiaire du site, soit par l’intermédiaire du sol lui-même. Un facteur très important, le microrelief, influence surtout la répartition superficielle de l’eau. Le sol modifie les actions climatiques : par sa profondeur dont dépend la réserve en eau ; par sa texture qui conditionne la perméabilité, la rétention d’eau et les phénomènes capillaires.
Maladies fongiques
Les maladies retrouvées chez les légumineuses sont nombreuses. Leur développement ou occurrence dépend de plusieurs facteurs, notamment ceux du climat, des conditions de culture, de la zone agro écologique etc. Tous les organes de la plante, à tous les stades de développement, peuvent être affectés de manière plus ou moins grave par les parasites fongiques. Il convient néanmoins d’insister sur l’importance des maladies foliaires de cette plante, qui dominent largement, dans nos pays, le cortège des maladies de l’Arachide. Parmi ces maladies foliaires, deux sont de toute première gravité derrière celle des plantules, au point de constituer un frein considérable et une menace pour tout effort d’intensification: les cercosporioses et la rouille.
Maladies des plantules
Les jeunes plantules sont attaquées par une panoplie de champignons des semences et du sol, provoquant une mortalité pré-émergence (Bitheghe, 1999). Les maladies post émergences des plantules comprennent la pourriture du collet et de la couronne (Aspergillus niger), l’attaque de la racine par les Aspergillus (Aspergillus spp.) et la pourriture des racines (Rhizoctonia solani, Macrophomina phaseolina et Pythium spp.). Les maladies des plantules sont présentes dans toute l’Afrique Occidentale, partout où l’on cultive de l’arachide. Les pertes de rendement provoquées par les maladies des plantules sont importantes dans les zones à faible fertilité et lorsque la culture subit la sécheresse, il en résulte une faible croissance (Bitheghe, 1999). Les maladies des plantules peuvent être maîtrisées en se servant de semence de haute qualité. Un semis profond doit être évité, car les plantules étiolées sont très sensibles à ces pathogènes.
Rouille
La rouille est une maladie qui se caractérise par la formation sur les feuilles, de petites pustules légèrement allongées ou le plus souvent arrondies. Ces pistules ont d’abord une couleur blanc rose, puis après éclatement de l’épiderme de la plante hôte, elles prennent une couleur brun roux. Elles sont, soit irrégulièrement dispersées, soit formant des cercles concentriques. Lorsque l’attaque est grave, les urédies peuvent couvrir les tiges et même les gousses. Dans ce dernier cas, les pustules sont plus grandes, de forme irrégulière et souvent accompagnées par des crevasses de formes variables qui se matérialisés par des trous. En fin de culture, lorsque la fève commence à mûrir et à se dessécher, des pustules brun foncé à noires se forment (Nasraoul, 2008).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Origne, classification et systématique
1.2. Morphologie et phénologie
1.3. Exigences édapho-climatiques
1.3.1. Sol
1.3.2. Besoins en eau
1.3.3. Climat, chaleur et lumière
1.4. Maladies fongiques
1.4.1. Maladies des plantules
1.4.2. Rouille
1.4.3. Cercorporiose
1.5. Definitions, interêt et limites de la fertilisation
1.5.1. Defintions
1.5.2. Nutrition minerale et fertilité du sol
1.5.3. Limites des engrais minéraux
1.6. Densités de semis
1.7. Intérêts socio économiques de l’arachide
1.7.1. Produits arachidiers
1.7.2. Intérêt économique de l’arachide
1.8. Arachide dans la filière semencière
CHAPITRE II : Matériel et méthodes
2.1. Sites expérimentaux
2.3. Matériel
2.3.1. Matériel végétal
2.3.2. Sources d’amendement et de fertilisant
2.3.2. Matériel de mesure et de pesée
2.4. Méthodes
2.4.1. Facteurs étudiés et dispositif expérimental
2.4.2. Conduite des essais
2.4.4. Paramètres observés et mesurés
2.4.4.1. Paramètres de croissance
2.4.4.2. Paramètres de production
2.4.4.3. Paramètres semenciers
2.5. Analyses statistiques et logiciels utilisés
CHAPITRE III : RESULTATS
3.1. Effets sur la densité de plantes
3.2. Effets sur la hauteur des plantes
3.3. Effets sur la production de gousses
3.4. Effets sur la production de fanes
3.5. Effets sur l’indice de récolte
3.4. Effets sur la qualité des gousses et des graines
3.4.1. Proportion de gousses matures
3.4.2. Gousses monograines et bigraines
3.4.3. Calibre des graines
3.4.4. Pouvoir germinatif des graines
CHAPITRE IV : DISCUSSION GENERALE
4.1. Effets sur la densité des plantes
4.2. Effets sur la croissance des plantes
4.3. Caractéristiques pédologiques et paramètres de rendement
4.4. Effets sur la qualité des semences
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES