Étude des processus de métropolisation français

Au cours du semestre précédent, dans le cadre de notre Projet de Fin d’Études (PFE), nous avons défini les notions importantes liées à la métropolisation des territoires. Pour cela, nous avons étudié ses différentes dimensions en effectuant une revue littérature. Ensuite, nous avons analysé le processus de métropolisation des vingt-deux capitales régionales françaises. Cela nous a permis de faire ressortir différentes grilles d’analyse portant sur les facteurs et les objectifs de métropolisation, mais aussi sur les moyens mis en œuvre par les métropoles en termes d’innovation, de logistique et d’aménagement. La métropolisation est un phénomène complexe allant de pair avec la mondialisation et la globalisation. Les changements occasionnés au niveau de l’économie mondiale ont eu de nombreuses conséquences sur les territoires, que celles-ci soient économiques, sociales, politiques ou bien spatiales. La métropolisation est ainsi devenue un véritable enjeu pour les villes souhaitant se positionner sur la sphère internationale. Afin de répondre aux nouveaux besoins et exigences émis, les métropoles se doivent de rentrer dans une dynamique de compétitivité de plus en plus poussée. Cela passe à la fois par le développement économique, par la promotion de la culture, par l’amélioration de la qualité du cadre de vie, mais aussi par le développement de nouvelles activités tertiaires, de pôles universitaires et de pôles de recherche et d’innovation. En diversifiant leurs bases économiques et culturelles, toutes les métropoles ont pour ambition de se démarquer les unes des autres. Aujourd’hui, les capitales régionales influent sur des territoires aux échelles variables. La notion de région évolue et fait apparaître différentes dimensions. Tout d’abord, la région peut être entendue au sens institutionnel et se résumer aux strictes frontières administratives. Néanmoins, dans le contexte de métropolisation, cette notion s’apparente de plus en plus aux concepts de rayonnement et d’attractivité. Tandis que certaines métropoles agissent à un niveau plus local et régional (Orléans, Tours…), d’autres se positionnent comme transfrontalières et rayonnent sur des territoires de plus en plus vastes. Parmi elles, nous pouvons citer Lyon, avec son influence sur la Suisse et l’Italie, mais aussi Lille et Strasbourg qui bénéficient d’une proximité immédiate ou logistique avec les pays européens (Allemagne, Belgique, Luxembourg, Angleterre…). Désormais, les métropoles animent et mettent en relation divers territoires : leurs aires d’influence se renouvellent et s’agrandissent.

Étude des processus de métropolisation français

Dans le but d’analyser les différents processus de métropolisation, nous nous sommes tout d’abord réparties les dix cas d’études. Nous les avons ensuite organisés en quatre sousparties afin de pouvoir les comparer plus facilement par la suite. En premier lieu, nous nous sommes intéressées aux différents facteurs de métropolisation, qu’ils soient déclenchants ou de localisation, et aux objectifs recherchés par les métropoles. Pour cela, nous nous sommes appuyées sur les recherches et grilles d’analyse effectuées au semestre précédent. Ensuite, nous nous sommes concentrées sur certains projets phares que les grandes villes françaises ont mis en œuvre afin de devenir plus attrayantes. Cette étude nous a permis d’analyser les différents leviers de métropolisation utilisés et d’étudier la nature et le rôle des acteurs locaux dans l’enclenchement et l’animation de ce processus.

Le cas de Nantes

Un territoire touché par la désindustrialisation

Auparavant, le développement de Nantes était structuré autour de son port. Véritable carrefour fluvio-maritime, sa localisation lui a permis de se spécialiser dans la construction navale et de s’industrialiser (raffineries de sucre, biscuiteries, métallurgie…) (Geographie.ens.fr, 2013). Néanmoins, avec la crise économique et la désindustrialisation, de vastes espaces portuaires ont été désinvestis. Longtemps laissés à l’état de friche, les bâtiments désaffectés, situés sur l’Ile de Nantes, ont fait l’objet de nombreuses réflexions de requalification et ce, dès 1989 (Geographie.ens.fr, 2013) (cf. Fig. 2). En effet, “l’île constitu[ait] une importante réserve foncière pour redensifier la ville en son centre” et “la construction de waterfront et l’aménagement des rives représent[ai]ent des facteurs d’attractivité” permettant à la ville d’entrer dans le processus de métropolisation (Geographie.ens.fr, 2013). La réhabilitation de l’Ile de Nantes avait pour but premier “de retrouver un nouveau souffle économique” et de “redéfinir son rôle, affirmé par la politique de régionalisation” (Geoconfluences.ens-lyon.fr, 2008). La localisation des anciens chantiers navals et des industries en cœur de ville a ainsi été une grande opportunité de redéveloppement pour la métropole qui s’est engagée à créer une nouvelle centralité et à asseoir sa position régionale.

Une image de ville en friche à renouveler

À l’origine, l’Ile de Nantes devait accueillir un quartier d’affaires et des logements. Mais, face aux réticences de la population qui souhaitait sauvegarder le patrimoine industriel du site, un nouveau projet a vu le jour (Geographie.ens.fr, 2013). C’est ainsi qu’en 2002, la métropole nantaise s’est lancée dans une vaste opération de reconquête et de reconversion. Le projet de l’Ile de Nantes avait en effet pour but de redonner une certaine cohérence au territoire en réhabilitant les anciennes friches, en valorisant la présence de la Loire et en soulignant l’héritage industriel de la ville. Cet aménagement a permis à la métropole nantaise de se réinventer en créant une nouvelle centralité et de changer son économie en développant son côté culturel et innovant (cf. Fig. 2). Après s’être désintéressée de la Loire, la métropole a aussi cherché, “à travers un certain nombre d’aménagements et d’opérations architecturales, à recréer un lien fort entre la ville et le fleuve et à redonner à Nantes l’identité d’un port ligérien” (Chasseriau, 2004).

Outre la reconversion de l’Ile de Nantes, la métropole s’est également attachée à créer un nouveau centre d’affaires EuroNantes, situé à proximité immédiate de la gare TGV, afin de “doter Nantes d’un centre urbain de dimension internationale” (insertion dans les réseaux, présence d’activités à haute valeur…) (Geoconfluences.ens-lyon.fr, 2008). Avec la mise en place de ces deux projets, la ville a renforcé sa position au niveau local mais aussi au niveau international : “l’exemple nantais illustre la superposition de deux logiques au sein d’un même territoire urbain : l’une qui renvoie à l’inscription local et à la fabrication de l’urbanité, c’està-dire à la production de la ville, l’autre à l’insertion dans le réseau mondial des villes impliquées dans la globalisation” (Geographie.ens.fr).

Le projet de l’Ile de Nantes

Alors que le nouveau quartier d’affaires de Nantes consiste à concentrer les fonctions intellectuelles supérieures et les fonctions de commandement, l’Ile de Nantes accueille les fonctions d’enseignement supérieur, de recherche, d’innovation et de nombreux lieux culturels. En effet, le nouveau quartier de l’Ile de Nantes, caractérisé par la diversité des services, a permis la création d’une zone multifonctionnelle marquée par la prédominance de la culture. Outre la présence d’habitats, d’équipements publics (CHU, palais de justice…) un vaste cluster culturel a été créé. Celui-ci comprend, entre autres, des grandes écoles comme la nouvelle école des Beaux-Arts ou bien l’école d’architecture de Nantes, des entreprises de haute technologie (numérique, médias…), la cité des biotechnologies et de nombreux lieux culturels et touristiques (éléphant de Nantes avec sa vue panoramique sur la Loire et les anciens chantiers navals, la Fabrique destinée à la musique contemporaine, les Machines…). La métropole nantaise a ainsi mêlé “une politique de développement d’industries culturelles et créatives, à la présence des établissements d’enseignement supérieur et de la recherche et de l’Université” (Popsu.archi.fr, 2014).

La place du culturel est également confortée par la conservation et la rénovation du patrimoine architectural et industriel du site. “Le lien avec le passé, l’entretien de la mémoire, passent aussi par une multiplicité d’éléments symboliques, intégrés au paysage” (Geoconfluences.ens-lyon.fr, 2008). Ces éléments de repères permettent de caractériser la ville. Parmi ceux-ci nous pouvons citer la reconversion des anciens hangars en “espaces de pratiques artistiques (scènes, espaces d’exposition) et espaces de vie quotidienne (bars, restaurants, boutiques…)”, la grue Titan, la transformation des cales de chantiers en nefs, la conservation des rampes de lancement des navires… (Geographie.ens.fr, 2013). L’objectif initial du projet urbain de l’Ile de Nantes était “de reconvertir un espace urbain déshérité en morceau de ville dédié à la culture et aux industries culturelles et créatives” (Morteau, 2016). En mettant en place une opération de grande envergure, il s’agissait à la fois “de réhabiliter un espace industriel en déclin, de développer un métacentre, d’assurer le marketing territorial, d’attirer de nouveaux consommateurs (de culture, de tourisme, de nouveautés…), de trouver une nouvelle spécialisation…” (Morteau, 2016). Pour cela, la Société d’Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique (SAMOA) s’est tout d’abord concentrée sur le développement des institutions de formation et sur l’accueil d’entreprises : “les objectifs de départ, tels qu’ils ont été présentés aux élus, consistaient à bâtir sur l’Ile de Nantes un pôle d’excellence dédié aux industries créatives et culturelles, c’est-à-dire un dispositif réunissant sur un même quartier un pôle de recherche, un pôle de formation et un pôle de développement économique” (Jean-Luc Charles dans Morteau, 2016). Propice à la rencontre entre artistes, chercheurs, étudiants et entrepreneurs, l’Ile de Nantes a ensuite donné naissance au quartier de la création, véritable cluster culturel métropolitain. Bénéficiant d’une bonne accessibilité depuis le centre-ville, l’Ile de Nantes est ainsi devenue un “cluster transdisciplinaire” où se côtoient les grandes communautés créatives (Morteau, 2016). Alliant établissements de formation, économie, culture / loisirs, le territoire nantais bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance nationale et est de plus en plus attractif (cf. Fig. 3).

Une métropolisation axée autour des activités culturelles et créatives

Nantes a ainsi axé sa stratégie urbaine et sa métropolisation sur le développement de la culture et de l’économie de la connaissance : “la culture a joué le rôle d’un catalyseur du réaménagement urbain” (Geographie.ens.fr, 2013). En créant une nouvelle centralité basée sur un cluster culturel, la ville a mené une politique de développement s’inscrivant dans le contexte de métropolisation (Popsu.archi.fr, 2014). En effet, “le projet Ile de Nantes a pour vocation de mettre en valeur et de développer les potentialités spécifiques et singulières de l’île afin de permettre la différenciation et le rayonnement de la ville aux échelles françaises et européennes” (Geographie.ens.fr, 2013). La culture a été utilisée comme un moyen promouvant les loisirs et le tourisme, mais également comme un moyen de développement économique avec l’arrivée de pépinières d’entreprises. Le projet de l’Ile de Nantes, avec le développement des activités culturelles et créatives, a permis à la ville de se doter de l’ensemble des fonctions urbaines (habitat, activités économiques, de recherche et d’enseignement universitaire, commerces, transports, équipements sociaux, culturels et de loisirs…) et de renforcer sa place de capitale régionale et de ville internationale (Nantesmetropole.fr, 2017). “En créant un nouvel axe de développement au carrefour de la culture, des technologies et de l’économie”, la métropole nantaise est parvenue à stimuler sa croissance économique en optimisant les processus d’innovation, et à créer des emplois dans le secteur culturel (Bonnin, Caro, Pignot, 2010).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
I. Étude des processus de métropolisation français
1) Le cas de Nantes
a) Un territoire touché par la désindustrialisation
b) Une image de ville en friche à renouveler
c) Le projet de l’Ile de Nantes
d) Une métropolisation axée autour des activités culturelles et créatives
2) Le cas de Strasbourg
a) Un territoire au carrefour européen
b) Une volonté de rayonnement supranational
c) Le quartier de l’Europe et l’Alsace BioValley
d) Une métropolisation principalement axée autour de la culture et du tourisme
3) Le cas de Lyon
a) Un territoire résilient
b) Une ville faisant face à la concurrence européenne
c) Des activités variées à maintenir et à renforcer
d) Une métropolisation continue
4) Le cas de Nice
a) Un territoire de villégiature
b) Une volonté de diversification de l’économie
c) La dynamique de l’Éco-Vallée
d) Une métropolisation axée autour du développement durable
5) Le cas de Grenoble
a) Un territoire de synergies
b) Une volonté de développer son attractivité
c) L’ingénierie grenobloise au service de la presqu’île scientifique
d) Une métropolisation axée autour de l’innovation
6) Le cas de Lille
a) Lille, un territoire face à la désindustrialisation
b) Une métropolisation axée sur le rayonnement européen
c) Une métropolisation diversifiée à maintenir
d) Euralille : un véritable accélérateur de la métropolisation lilloise
7) Le cas de Bordeaux
a) Un territoire viticole en déclin
b) Un dynamisme retrouvé
c) Une métropolisation à vocation touristique
d) La dynamique autour de grands projets
8) Le cas de Montpellier
a) Un territoire viticole
b) Le tertiaire comme levier de métropolisation
c) Une métropolisation axée sur le tourisme
d) La dynamique Écocité
9) Le cas de Marseille
a) Un territoire au cœur de l’industrie et du commerce
b) Euroméditerranée, un levier de métropolisation
c) Une métropolisation diversifiée
d) Un rayonnement européen
10) Le cas de Rennes
a) Un territoire dont l’expansion est limitée
b) Une capitale régionale en premier lieu
c) Une métropolisation autour de l’innovation
d) Le projet ambitieux ViaSilva
II. Élaboration des différents profils de métropolisation
1) Comparaisons des différentes formes de métropolisation
a) Facteurs de métropolisation
b) Objectifs de métropolisation
c) Projets phares et leviers de métropolisation
2) Collecte de données institutionnelles
a) Des métropoles attractives
b) Des métropoles en hausse démographique
c) Fonctions métropolitaines et emplois
3) Élaboration de profils-types
a) Typologie A
b) Typologie B
c) Typologie C
d) Typologie D
4) Métropoles et perspectives d’évolution
a) Des métropoles de plus en plus attractives
b) Des métropoles arrivant à saturation
c) Des métropoles plus en difficultés
Conclusion
Bibliographie

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *