Etude des paramètres démographiques du cheptel bovin des élevages péri-urbains

Systèmes d’élevage extensifs

   Les systèmes d’élevage extensifs sont caractérisés par une alimentation des animaux qui dépend exclusivement de l’exploitation des pâturages naturels y compris les résidus culturaux par le biais de la conduite des troupeaux et la pratique de la transhumance. Très peu d’intrants zootechniques et vétérinaires sont utilisés dans le système d’élevage extensif (MRA, 2005). Seules les vaches lactantes et les animaux faibles bénéficient de la complémentation avec les aliments concentrés tels que les tourteaux (coton, arachide, soja) et aliments bétails. Cette complémentation se fait en période de crise aiguë notamment en saison sèche. Du point de vue de la santé animale, les vaccinations ne portent que sur une partie du troupeau même en cas de maladies déclarées (Kagoné, 2001) ; ce qui n’est pas sans conséquence sur la santé et la productivité des animaux. En général, ces systèmes extensifs sont caractérisés par de forts taux de mortalité (22% de mortalité des veaux de 0 à 1 an en zone subhumide), des taux de mise bas faibles de l’ordre de 45-55% selon Corniaux et al. (2012), de faible taux de fertilité (58-61%) et un faible taux d’exploitation (12%) (Otte et Chilonda, 2002). Selon les critères de mobilité, on distingue dans la zone soudanienne l’élevage de type transhumant, sédentaire et le système d’élevage sédentaire rencontré dans les zones pastorales aménagées (Kagoné, 2001).

Elevages laitiers urbains et péri-urbains

   Ces élevages sont caractérisés par une grande stabilité. Plus de 95% de ces élevages sont sédentaires et semi-transhumants avec des troupeaux composés de plus de vaches que de taureaux et de géniteurs (Mambila, 1999). Les éleveurs utilisent des races exotiques comme la Jersey, la Holstein, la Montbéliard, le Gir et les produits issus des croisements de ces races plus productives en plus des génotypes locaux notamment les zébus peulh. Gnanda et al. (2016) indiquent que les animaux exploitent le pâturage naturel durant toute l’année avec une complémentation à l’auge ou sont complémentés durant une partie de l’année et nourris en stabulation permanente en période de soudure (saison sèche). La complémentation alimentaire est faite à partir des importantes réserves alimentaires issues de la production fourragère, de la fauche et la conservation des fourrages naturels en bottes, du stockage des résidus de récoltes et des sousproduits agro-industriels (SPAI) (Hamadou et Sanon, 2005). Sur le plan sanitaire, les soins apportés aux animaux entraînent, en plus de la bonne alimentation, de bonnes productions laitières. Les rendements varient entre cinq à six litres/jour/vache laitière, voire beaucoup plus pour les animaux de races exotiques (10-15 litres) selon Ouattara (2014). Dans ces élevages périurbains, le risque trypanosomien est généralement faible, donc l’accent est mis dans la lutte contre les « maladies de l’intensification » telles les tiques, les verminoses, les mammites, etc. (Kamuanga, 2005)

Suivis individuels des animaux avec identification

   En milieu traditionnel, pour obtenir une précision de données zootechniques aussi comparables que celles relevées en station, Faugère et al. (1991) suggèrent les suivis individuels avec identification. Lesnoff (2013a) affirme que les suivis individuels d’animaux sont la méthode de référence pour collecter des informations sur les performances zootechniques, notamment les données servant à l’estimation des taux démographiques. Les suivis individuels sont les mieux adaptés pour établir des référentiels techniques précis de la productivité de races ou de systèmes d’élevage dans des démarches d’expérimentation en milieu rural pour quantifier l’impact de certaines innovations. En Afrique subsaharienne, les suivis individuels ont concerné d’abord les élevages améliorés dans les stations expérimentales ou ranch. Ils avaient pour objectif d’évaluer le potentiel biologique des races locales ou métissées avec des races exotiques (Lesnoff, 2011a). Puis un second type d’études, apparu dans les années 1980, a concerné des enquêtes réalisées directement au sein des villages. Bien que plus difficiles à mener, ces dispositifs visaient à mieux connaître les performances des troupeaux en conditions sub-optimales. La méthode de suivi individuel consiste à suivre pendant une ou plusieurs années un même échantillon de troupeaux dont tout ou une partie des animaux sont identifiés individuellement. Cette identification se fait le plus souvent par des boucles auriculaires. Ils sont visités régulièrement (chaque quinze jours ou chaque mois) par des agents enquêteurs qui sont chargés d’inventorier les évènements démographiques tels que les mises bas, les mortalités, les exploitations et les importations d’animaux. Bien qu’ils soient la méthode de référence, les suivis individuels en milieu traditionnel imposent un certain nombre de contraintes. Ils constituent des opérations assez lourdes à mettre en place et à maintenir dans la durée (Lesnoff, 2010). Pour le démarrage de tels suivis il faut des négociations auprès des propriétaires des troupeaux échantillonnés. Les suivis demandent, en plus, des moyens humains et financiers souvent assez importants (Lesnoff, 2011b). L’échantillon de troupeaux étant nécessairement limité, ils peuvent difficilement être étendus à de grandes régions ou à l’échelle d’un pays. Ils sont également difficiles à mener lorsque les troupeaux sont en perpétuel mouvement tels les troupeaux transhumants et nomades. Ces types de troupeaux se dispersent dans les zones pastorales sans accès routier ni plan de route prédéterminé et deviennent impossible à localiser et à enquêter.

Caractéristiques socio-économiques des ménages

   Les éleveurs enquêtés étaient en grande majorité de l’ethnie peulh dans les différents sites et sont soit propriétaires des troupeaux ou bergers. D’autres ethnies comme les mossis, les Bobos sont des propriétaires d’animaux sous la conduite de bergers salariés. L’élevage est l’activité principale des ménages, mais ils pratiquent aussi l’agriculture de subsistance qui constitue l’activité secondaire. La superficie moyenne emblavée par ménage a été de 3ha. Les ménages étaient composés de 5 à 20 personnes dans la zone agropastorale de Koumbia et de 7 à 10 personnes dans les autres sites (Nasso, campement Benkadi, Diaradougou et Bama). L’agriculture dans la zone est toujours de type extensif, faiblement mécanisée avec des instruments de production rudimentaires (Bénagabou, 2013). Le nombre élevé de personne par ménage dans certaines exploitations pourrait s’expliquer par la nécessité d’une main d’œuvre abondante dans cette activité. Les jeunes de la famille et les bouviers employés sont également impliqués dans la gestion du troupeau. Ils sont chargés de la conduite des animaux au pâturage. Pour Somda et al. (2004) l’importance donnée au système patriarcal oblige souvent les jeunes à rester pendant longtemps sous la tutelle parentale. Cela contribuerait également à la relative grande taille des ménages.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Systèmes d’élevage des ruminants en zone soudanienne
1.1.1. Concept et définition
1.1.2. Systèmes d’élevage rencontrés en zone soudanienne du Burkina Faso
1.1.2.1. Systèmes d’élevage extensifs
1.1.2.1.1. Système pastoral transhumant
1.1.2.1.2. Système agropastoral sédentaire
1.1.2.1.3. Système d’élevage sédentaire en zone pastorale aménagée
1.1.2.2. Systèmes d’élevage semi-intensifs et intensifs
1.2. Aperçu sur les méthodes d’estimation des paramètres démographiques du cheptel bovins en zone tropicale
1.2.1. Suivis individuels des animaux avec identification
1.2.2. Suivis de troupeaux sans identification des animaux
1.2.3. Enquêtes transversales rétrospectives
CHAPITRE II : PRESENTATION DE LA ZONE DE L’ETUDE
2.1. Situation géographique de la zone de l’étude
2.2. Caractéristiques biophysiques
2.2.1. Climat et hydrographie
2.2.2. Relief et sols
2.2.3. Végétation et faune
2.3. Description du milieu humain
2.3.1. Population
2.3.2. Activités socio-économiques
CHAPITRE III: MATERIEL ET METHODES
3.1. Localisation des sites de l’étude
3.2. Matériel d’étude
3.3. Méthodologie de l’étude
3.3.1. Phase pré-enquête
3.3.2. Choix des troupeaux et des éleveurs à enquêter
3.3.3. Phase d’enquête
3.3.4. Paramètres étudiés
3.4. Analyse des données de l’enquête
CHAPITRE IV: RESULTATS ET DISCUSSION
4.1. Typologies des ménages enquêtés
4.1.1. Caractéristiques socio-économiques des ménages
4.1.2. Systèmes d’élevage pratiqués par les ménages
4.2. Caractéristiques démographiques des troupeaux enquêtés
4.2.1. Taille moyenne des troupeaux
4.2.2. Structure des troupeaux
4.2.2.1. Structure par sexe des troupeaux
4.2.2.2. Structure par classe d’âge des troupeaux
4.2.2.3. Principales races bovines rencontrées dans les sites d’étude
4.3. Paramètres démographiques des troupeaux
4.3.1. Taux de mise bas
4.3.2. Taux de mortalité dans les troupeaux
4.3.2.1. Taux de mortalité selon le sexe
4.3.2.2. Taux de mortalité selon la classe d’âge
4.3.3. Paramètres d’exploitation des troupeaux
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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