La situation mondiale des ressources en eau est désormais critique. Les pays Sahéliens à l’instar du Sénégal sont confrontés depuis quelques décennies à une sécheresse qui tend à se pérenniser. Cette situation a rendu très précaire le niveau d’alimentation en eau potable et a baissé les productions agricoles de ces pays.
L’eau est une ressource renouvelable, mais rare et très fragile c’est pourquoi, elle mérite une gestion viable et efficace notamment en milieu rural où la plupart des activités de production dépendent d’elle. La couverture en eau potable du monde rural a atteint 69% des populations rurales . Le service de l’eau en milieu rural comprend 1 100 forages motorisés, en grande partie dotés d’un réseau de distribution, 1 500 forages équipés de pompes manuelles et 4 500 puits modernes à pompe manuelle. «La consommation journalière, qui est de 28 litres par jour et par habitant, est assez élevée par rapport aux moyennes dans la sous-région, mais reste en dessous des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) qui se situent à 35 litres par jour et par habitant», souligne-t-on du côté de la CTB qui, depuis les années 1980, assiste le Sénégal dans le domaine de l’approvisionnement en eau potable des populations rurales, à travers notamment le financement de projets.
Entre 2003 et 2008, la Belgique a poursuivi cet engagement à travers le Projet d’amélioration et de renforcement des points d’eau dans le bassin arachidier (Pepam-Ba). D’un montant global de 10 milliards de francs Cfa, avec une contrepartie financière de 250 millions de francs Cfa, le Pepam-Ba visait à assurer un accès durable à l’eau potable à environ 780 villages dans les régions de Diourbel, Kaolack et Fatick. Dans la communauté rurale de Ndiaganiao, il est à souligner une absence notoire de projets hydrauliques visant à améliorer la situation actuelle des équipements et infrastructures hydrauliques. Les stratégies de mobilisation des ressources locales allant dans le sens de la gestion de ces derniers est un acquis du comité de gestion qui a en charge les services de l’eau (ASUFOR). Cette expérience est renforcée par la subvention octroyée chaque année par la communauté rurale dans le souci d’une amélioration de sa politique hydraulique. Mais toujours des difficultés techniques existent et concernent les infrastructures endommagées, peu entretenues, les mauvaises conditions d’hygiène et la faiblesse des autorités ou des institutions en charge de la gestion.
La CR de Ndiaganiao dispose de 26 forages dont seulement 01 fonctionnel et de plusieurs puits modernes dont les problèmes d’entretien et de maintenance se posent avec acuité. Cette situation s’explique par les nombreux problèmes techniques et financiers notés au niveau des structures de gestion du sous secteur de l’hydraulique rurale. La gestion de l’eau doit commencer par une bonne prise en charge des équipements vétustes et une augmentation des points d’eau équipés. Elle doit aussi facilité l’accès à l’eau potable par un rapprochement des sources d’approvisionnement et une sécurisation du réseau d’adduction en eau potable. En définitive, la gestion de l’eau doit permettre la pérennisation des services de l’eau au niveau des ménages et autres usagers.
A ces problèmes de gestion des ouvrages, s’ajoute la mauvaise qualité physico-chimique de l’eau consommée par les populations de la zone. Ceci porte également des effets néfastes sur la santé des populations particulièrement pendant l’hivernage, période durant laquelle les ménages utilisent l’eau de pluies pour des usages domestiques. Les maladies diarrhéiques sont de plus en plus fréquentes dans l’espace communautaire et touchent le plus les enfants et les femmes enceintes. D’autant plus ces dernières assurent la collecte et le transport de l’eau depuis la source jusqu’au lieu de consommation. Les récipients utilisés pour l’accomplissement de ces services sont le plus souvent des bassines, des sceaux et des bidons et les nombreux transvasements entre ces matériels mal entretenus, modifient la qualité de l’eau qui peut, en cet effet, porter des bactéries et coliformes fécaux. Ces problèmes d’hygiènes sont aussi notés au niveau des puits traditionnels qui assurent l’abreuvement du bétail pendant la journée. Les selles et les urines déposés aux alentours de ces ouvrages polluent leur eau avec l’effet du vent pendant la saison sèche et du ruissellement pendant la saison pluvieuse. Ceci est le cas des ouvrages non fermés qui sont à la merci des poussières et autres attaques provenant de l’extérieur telles que les insectes, les fourmis et les reptiles qui y tombent surtout pendant la nuit .
Problématique et justification du sujet
L’eau est la source de la vie et une denrée essentielle à la survie sur cette planète. De même, elle est le pilier de toute civilisation et de tout développement. La pénurie des ressources en eau constitue l’un des plus grands défis qu’affrontera le monde en général et le Sénégal en particulier au cours des prochaines années, et ce suite aux changements climatiques et leurs effets sur les ressources en eau, la croissance démographique, la pollution, la sécheresse et le gaspillage de l’eau. Les ressources naturelles en eau n’ont connu alors aucune amélioration quantitative et leur niveau a plutôt diminué à cause des changements climatiques.
Et comme l’économie du pays repose largement sur l’agriculture, le manque d’eau risque de provoquer une pénurie en denrées alimentaires dans plusieurs zones notamment, en milieu rural. Face à ce déficit hydrique en milieu rural, s’impose la nécessité d’une gestion optimale des ressources en eau pour lutter contre la réduction des récoltes, l’altération de la texture du sol, l’exploitation excessive qui favorise l’augmenter du taux de salinité dans l’eau. En effet, cette gestion doit d’abord concerner les ouvrages et équipements hydrauliques en état de destruction pour garantir la pérennisation des services de l’eau et de sa qualité.
Outre les problèmes gestion de l’eau et des ouvrages hydrauliques dans ces milieux, s’ajoute une détérioration de sa qualité, la hausse du taux de contamination qui conduit à une augmentation des matières en suspension (MES) dans les eaux de boisson qui proviennent essentiellement des sources traditionnelles. L’infrastructure et l’expertise dont dispose le milieu rural sont inadaptées à la demande actuelle. C’est pourquoi l’Etat du Sénégal en collaboration avec les partenaires au développement, a initié plusieurs programmes et projets allant dans le sens d’une meilleure gestion des ouvrages et équipements hydrauliques des espaces ruraux plus défavorisés en matière d’approvisionnement en eau potable. En 1996, le gouvernement du Sénégal a opté dans le cadre d’une réforme de la direction de l’hydraulique, pour une décentralisation des compétences en matière de gestion des ouvrages hydrauliques rurales. Cette réforme responsabilise les ruraux qui sont réunis autour des associations des usagers des forages (ASUFOR) devant gérer les premiers rôles dans cette nouvelle forme de gestion des infrastructures rurales. Cette gestion de la desserte de l’eau par des comités de gestion villageois est une solution incontournable, particulièrement dans la perspective proche de mise en œuvre de la décentralisation.
Dans la communauté rurale de Ndiaganiao, cette formule de gestion apporte des résultats encourageants dans la plupart des interventions mais, elle souffre toutefois d’un manque de professionnalisme et de compétences des agents en charge. Elle doit s’adapter aussi au nouveau contexte de privatisation qui se manifeste de plus en plus en milieu rural et périurbain puisque la majorité des politiques sectorielles d’AEP dans le pays privatisent les services de l’eau ou délèguent certains services, tels que la maintenance, l’entretien, la gestion et l’exploitation en milieu rural.
A l’heure actuelle les problèmes que connaît la communauté rurale de Ndiaganiao en termes de gestion des ressources en eau et des équipements hydrauliques se résument généralement dans les points suivants :
➤ La distribution non équilibrée des eaux. En effet, certains villages (environnants) vivent une situation délicate, alors que d’autres (du centre) vivent une situation confortable.
➤ L’absence au sein de la communauté rurale, qui souffre d’un déficit en matière d’eau, de ressources matérielles suffisantes et de technologies adéquates pour lutter contre les pénuries d’eau.
➤ La zone souffre de la stagnation des eaux pluviales pendant l’hivernage qui entraîne des épidémies et d’autres infections.
➤ La rareté de plus en plus des eaux de surface, l’exploitation irrationnelle des eaux souterraine, la désertification, l’érosion et le tarissement des nappes d’eau.
Ainsi, les rôles et responsabilités de chacun doivent évoluer pour prendre en compte ces tendances puisque la gestion de l’eau s’applique aussi bien dans le cas des eaux de surfaces que des eaux souterraines et des nappes superficielles qui sont exploitées par les puits et les puisards à l’initiative des ruraux. Car cette nouvelle forme de gestion des ressources en eau fait partie de la gestion du terroir dont l’approche est fondée sur la maîtrise des ressources naturelles par les populations. En effet, les problèmes de l’eau à Ndiaganiao sont liés d’une part à une mauvaise gestion des ouvrages hydrauliques de la zone et d’autre part à la mauvaise qualité de celle-ci. C’est ce qui justifie d’ailleurs le choix de notre sujet intitulé : étude des stratégies de gestion des ouvrages hydrauliques et de la qualité dans la communauté rurale de Ndiaganiao. Ce choix constitue un élargissement voire une confirmation des résultats provisoires que nous avions trouvés dans le cadre de notre mémoire de maîtrise. La communauté rurale de Ndiaganiao se trouve dans la région de Thiès, département de Mbour, l’arrondissement de Fissel. Elle est située entre 14,33° de latitude Ouest et 16,43° de longitude. Elle est limitée au Nord par la communauté rurale de Ngoundiane, au Sud par celles de Sandiara et Sessene, à l’Est par celle de Fissel et l’Ouest par les communautés rurales de Sindia et Tassette.
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Table des matières
Introduction
Problématique et justification du sujet
PREMIERE PARTIE : Caracteres generaux du milieu d’etude
Chapitre I : le milieu physique
Chapitre II : Le milieu humain
DEUXIEME PARTIE : La Problématique de la ressource eau et des ouvrages hydrauliques dans la CR de Ndiaganiao
Chapitre I : Inventaire des ressources en eau et des équipements hydrauliques de la CR de Ndiaganiao
Chapitre II : Les strategies de gestion des ouvrages et equipements hydrauliques
TROISIEME PARTIE : La qualite de l’eau dans la communaute rurale de ndiaganiao
Chapitre I : Résultat des paramètres physiques
Chapitre II : Résultats des paramètres chimiques
Conclusion générale
Bibliographie
ANNEXES
Liste des cartes
Liste des figures
Liste des Photo
Liste des tableaux