Madagascar se trouve au Sud-Est de l’Afrique, et s’est détachée complètement du Gondwana au Crétacé supérieur. La grande île abrite des flores et des faunes très particulières. Plus de 90 % des espèces animales et végétales sont endémiques (ANGAP, 2003). L’exceptionnelle diversité de la flore et de la faune font d’île un véritable trésor biologique. De plus, Madagascar possède aussi plusieurs sites paléontologiques et géologiques constituant de véritables patrimoines de chaque région où ils se trouvent, témoins d’une biodiversité et un environnement très caractéristiques. Les évènements qui se sont produits au cours des millions d’années sont enregistrés dans les sédiments encaissants sous forme de fossiles. Au cours des temps géologiques, il y a eu changement de cet environnement conduisant jusqu’à sa disparition totale ou partielle. Les dangers menaçant ces sites sont dus à des activités humaines en plus des phénomènes naturels.
La Paléontologie, la Biostratigraphie, et la Sédimentologie sont toutes des disciplines qui se complètent et leurs études nous permettent la reconstitution, aussi bien du milieu de dépôt que leurs caractères physico-chimiques et biologiques. Il est nécessaire de les étudier ensemble pour avoir des résultats fiables et concrets. L’étude des microfaunes et macrofaunes du Jurassique supérieur dans la région de Vohipaly, bassin de Morondava, ainsi que les sédiments qui les contiennent nous permettent d’apporter plus de précisions sur le paléoenvironnement, la paléoécologie et la paléobiogéographie de cette époque.
CARACTERES GEOLOGIQUES GENERAUX DU BASSIN DE MORONDAVA
La stratigraphie du bassin de Morondava
Les séries sédimentaires déposées durant les périodes antérieures au Jurassique supérieur constituent les formations du Karoo d’âge allant du Carbonifère supérieur au Bathonien (Besairie), lesquelles sont caractérisés par des faciès continentaux avec quelques intercalations marines, comme la formation de Vohitolia, couche sommitale des formations du groupe de la Sakoa témoignant de l’incursion d’un bras de mer entre l’ Afrique et Madagascar (cf.Fig.3). Ce dernier marque le début de la séparation de Madagascar de l’Afrique. Il s’agit d’une transgression marine très éphémère.
Remarque
D’après E. RAZAFIMBELO, 1987 (90), l’Isalo I du Besairie, est rattaché à la Sakamena, et il est considéré comme le toit de cette formation. En effet au-dessus de l’Isalo I, il a remarqué une discordance majeure qui marque un nouveau cycle sédimentaire qu’il dénomme « MAKAY » et correspond à Isalo II de Bésairie.
Le Jurassique supérieur du bassin de Morondava
Le Jurassique supérieur est en général constitué par des formations marines, il est bien représenté dans tout le bassin. Dans le centre jusqu’au nord de l’Onilahy, la partie supérieure du Jurassique est complète allant du Callovien au Kimméridgien. Il atteint une puissance d’une centaine de mètres dans le secteur d’Ankazomiheva (BASSE,1930). Dans le secteur sud de l’Onilahy, le Jurassique supérieur montrant une très importante lacune englobant toutes les séries post-calloviennes, est directement recouvert par la formation du Crétacé.
Les travaux antérieurs et les problèmes posés
Avant 1870, aucune récolte paléontologique, et étude géologique n’ont été effectuées dans le bassin du Sud-Ouest de Madagascar E.BASSE, 1930 (13). Par contre vers la fin du 19ème siècle, le Jurassique supérieur dans le bassin de Morondava a déjà fait l’objet de recherche par RICHARDSON (1877), G.GRANDIDIER (1870), BASTARD (1898), et au début du 20ème siècle, par GEAY (1905-1907), H.PERRIER de la BATHIE. Seules des récoltes de fossiles ont été effectuées. Ce sont M.BOULE (1895-1899), R.B. NEWTON (1889), A.THEVENIN (1900-1923) et R.ZEILLER (1911), qui ont réalisé la description. Le capitaine COLCANAP (1907) a fait des magnifiques récoltes comprenant les invertébrés jurassiques. Le capitaine CONTET (1909) a recueilli des invertébrés fossiles du Jurassique supérieur de la région montagneuse du Mikoboka. Ce n’est qu’après la première guerre mondiale, que les recherches sont plus détaillées. E.BASSE en 1930 a fait une étude préliminaire sur les terrains jurassiques dans tout le bassin de Morondava y compris le secteur de Vohipaly en explorant et en faisant des levés de coupes. Elle a établi des cartes géologiques en 1935. M. COLLIGNON (1937-1938) a réalisé des fouilles paléontologiques dans certaines régions du bassin de Morondava et il a fait la détermination des invertébrés fossiles. Par ailleurs, les travaux effectués par L.F. SPATH (1925-1933) concernent les Céphalopodes du Jurassique.
Après la deuxième guerre mondiale, les travaux de recherche furent repris par HIRTZ.P.(1949). Il a effectué des levés dans le Jurassique supérieur du Sud-Ouest de Madagascar, N.VENDEGIES (1955) a apporté des informations sur le Malm de la région de Morondava, Belo-sur-Tsiribihina et Manja. C’est à DARDENNE (1957) qu’on doit la première étude des microfossiles ; G.KUNTZ et Ph.BIRO (1961), ont étudié la stratigraphie de tout le bassin. H.BESAIRIE et M.COLLIGNON (1972) ont présenté la synthèse des recherches paléontologiques et géologiques dans leur ouvrage : « les terrains sédimentaires malgaches ». P.BALOGE (1977) s’est intéressé au Jurassique supérieur d’Ankilizato. Une approche stratigraphique plus détaillée est fournie par les travaux effectués par E.RAZAFIMBELO à partir de 1972 jusqu’en 1987. une grande partie de la recherche dans le bassin de Morondava a été faite par la Société Pétrolière de Madagascar (SPM) dans les années soixante-dix. Toutes ces recherches anciennes sur le Jurassique supérieur sont encore très sommaires et très succinctes. Ces chercheurs sont souvent confrontés à des difficultés d’ordre géologique. C’est le cas des études qu’a fait E.BASSE, dans le secteur Vohipaly. La région étant affectée par une faille, il a été difficile pour l’auteur de faire une corrélation avec les niveaux d’Ankazomiheva, ainsi les résultats restent encore imprécis. Concernant la stratigraphie, la formation du Jurassique supérieur présente une monotonie et uniformité des faciès ne permettant pas d’effectuer une subdivision lithologique à l’intérieur de cet étage. La prise en considération des fossiles est indispensable pour la caractérisation telles les faunes d’Ammonites (Macrocephalitidés, Mayaitidés, Perisphinctidés). La présence des lacunes sédimentaires rend aussi difficile l’étude, par exemple, le Kimméridgien et le Tithonique ne sont représentés que dans quelques endroits seulement. Certaines couches n’affleurant pas, les observations ne sont pas évidentes. C’est le cas du Callovien, qui forme une bande continue du Nord au Sud, mais recouvert presque partout par l’Oxfordien inférieur à Céphalopodes (E.BASSE, 1930). Peu d’études sur les microfossiles du Jurassique supérieur ont été faites. Les reconstitutions des paléoenvironnements sont établies à partir des macrofossiles, alors que les microorganismes peuvent apporter des informations plus précises sur les environnements passés. Il en est de même pour les études sédimentologiques.
Lithologie du Jurassique supérieur
Le Callovien
Il est constitué par un faciès marno-calcaire. A la base, on observe des conglomérats suivis de marnes gris-jaunes à galets et nodules calcaires. Au Nord d’Ankilizato, les bancs calcaires renferment parfois des niveaux oolithiques et des bancs gréseux et marneux. Vers l’Ouest de cette région, il tend vers une dominance d’argiles marneuses avec présence de gypse et de nodules de Septaria.
L’Oxfordien
Il est caractérisé par une formation de calcaires marno-greseux à oolithes ferrugineux et grès glauconieuses. Cet étage est divisé en trois sous-étages qui sont de bas en haut :
– L’Argovien : selon H. BESAIRIE 1972 (18), au Sud- Ouest de Sakaraha, l’Argovien est représenté par des marnes gréseuses et gypseuses, des grès, et des argiles à gypse. En général, elle est caractérisée par un faciès marin, mais dans les régions au sud du Mangoky (ouest de la Sakanavaka, bas et moyen Sikily, massif de la Manamana), l’Argovien présente un faciès continental avec des grès entrecroisés contenant des bois silicifiés.
– Le Rauracien et le Séquanien sont vraisemblablement lacunaire au Sud de Fiherenana, sauf dans la région de Mahaboboka où il y a un lambeau d’âge rauracien qui apparaît dans le lit de la rivière Mahaboboka.
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Table des matières
PARTIE I : GENERALITES
I INTRODUCTION
1. But et objectifs d’études
2. Résultats attendus
3. Cadre géographique
4. Aperçu tectonique
II CARACTERES GEOLOGIQUES GENERAUX DU BASSIN DE MORONDAVA
1. La stratigraphie du bassin de Morondava
2. Le Jurassique supérieur du bassin de Morondava
PARTIE II : METHODOLOGIE
I LES TRAVAUX SUR TERRAIN
1. Levée des coupes
2. Prélèvement
II LES TRAVAUX DE LABORATOIRES
A. Etudes paléontologiques
B. Etudes sédimentologiques
C. Méthodes biométriques
PARTIE III- RESULTATS
I LA LITHOLOGIE RENCONTREE SUR TERRAIN
II LES FOSSILES RENCONTRES
1. Les microfossiles
2. Les macrofossiles
III ETUDE BIOMETRIQUE DU g.Aulacosphinctoides willisi
PARTIE IV- INTERPRETATIONS
I INTERPRETATIONS BIOMETRIQUES DU g. Aulacosphinctoides willisi
II BIOSTRATIGRAPHIE
III TAPHONOMIE
IV PALEOECOLOGIE
1. Les problèmes dans l’interprétation des faciès
2. Les faciès rencontrés
3. Microfaciès
V PALEOBIOGEOGRAPHIE DE MADAGASCAR ET SES HYPOTHESES
PARTIE V- CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE