La malnutrition est un état pathologique résultant de la carence ou de l’excès relatif ou absolu d’un ou de plusieurs nutriments essentiels. [1] Elle demeure un problème majeur de santé publique dans les pays en développement. On estime que 10 à 12 millions d’enfants meurent chaque année avant l’âge de 5 ans dans ces pays [2]. Quatre grandes causes sont à l’origine de plus de 50℅ de ces décès qui sont : la diarrhée, les infections respiratoires aigues, le paludisme, et la rougeole [3]. La malnutrition est rarement citée parmi ces étiologies majeures. Cependant, à partir des données de plusieurs pays, on a estimé que 50 à 60% des décès sont attribuables aux effets potentialisateurs de la malnutrition sur les maladies infectieuses [4]. Au Mali la situation est dominée par une forte prévalence de la malnutrition qui constitue un problème de santé publique. Les enquêtes démographiques et de santé [EDS] ont mis en exergue le problème de la malnutrition ; il ressort de la comparaison des résultats que l’état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans s’est légèrement amélioré. La prévalence du retard de croissance est passée de 38 % à 34 %. Le niveau de l’insuffisance pondérale est resté quasiment stable (33 % contre 32 %). Seule la prévalence de l’émaciation a légèrement augmenté en 2006 (EDS lV) [5]. Les interactions entre les infections et la malnutrition chez les enfants sont connues depuis longtemps et ont été peu étudiées. Elles regroupent deux entités : d’un coté les perturbations des défenses immunitaires causées par la malnutrition, et de l’autre les effets néfastes de l’infection sur le statut nutritionnel [6]. Les circonstances extérieures (les conflits armés, la pauvreté, le bas niveau d’hygiène, les déplacements de population) favorisant à la fois les infections et la malnutrition, participent à ces interactions. La malnutrition sévère entraine un certain nombre de perturbations métabolique et organique, qui doivent être prises en compte et restaurées progressivement. L’une des grandes difficultés de cette prise en charge est la présence d’infections d’étiologies multiples (bactérienne, parasitaire ou virale) chez ces enfants aux défenses immunitaires fortement altérées. Le tableau clinique d’infection est pauvre, l’évaluation initiale ne permet pas toujours de juger la gravité de l’infection. Les examens para cliniques dans les centres nutritionnels sont rares. Il est très difficile d’établir un diagnostic bactériologique dans les conditions de travail dans nos centres de santé. Depuis 2002 le département de pédiatrie de l’hôpital Gabriel Touré participe aux études du Centre pour le Développement des Vaccins (CVD-MALI), pour la surveillance épidémiologique des infections bactériennes invasives.
Généralités :
Le statut nutritionnel est clairement corrélé à la prévalence des infections et à la mortalité résultant de ces pathologies infectieuses [7]. Cette interaction est reconnue depuis des années, à la fois intriquée et complexe. Une personne malnutrie est fragilisée et devient plus susceptible à développer des infections, particulièrement sérieuses et étendues. Parallèlement, certaines infections ont une profonde influence sur le statut nutritionnel, due à plusieurs facteurs : les modifications d’apports, les troubles de l’absorption, l’accroissement des besoins énergétiques, et la perte de certains nutriments. Dans le contexte de la malnutrition infantile, il est indispensable de reconnaitre l’influence de l’environnement social sur cette interaction malnutrition infection. Il est important d’évaluer si un environnement social favorisant cette malnutrition n’est pas en même temps responsable du risque accru de certaines atteintes infectieuses (infections respiratoires, diarrhée….). Pour un enfant vivant dans des conditions sociales précaires (promiscuité, hygiène défectueuse, etc.), la malnutrition peut être considérée comme un marqueur de désavantage social. Cette influence de l’environnement sur la morbi-mortalité n’est donc pas négligeable. Il est probable que certaines malnutritions aigues soient en fait provoquées à la fois par des infections chroniques (infection urinaire, tuberculose….) et par un manque de nourriture [8]. L’identification et le traitement de ces infections sont des composantes majeures dans la réhabilitation nutritionnelle de ces enfants.
Rappel des notions de base sur les nutriments :
La malnutrition est la conséquence d’un déficit partiel ou total d’un ou de plusieurs nutriments. Ce déficit peut concerner les micronutriments (vitamines et les minéraux) ou être plus global (protéines et ⁄ou calories).On retrouve le plus souvent une malnutrition pluricarentielle. Les nutriments sont répartis en cinq (5) principales catégories: les protides, les glucides, les lipides, les vitamines, et les sels minéraux.
Les macronutriments :
L’organisme utilise de l’énergie pour les processus vitaux et pour se maintenir à une température constante. En nutrition, une kilocalorie (1 kcal) correspond à l’énergie calorique nécessaire pour élever la température d’un litre d’eau de 14,5°C à 15,5°C. Un gramme de lipide produit 9 kilocalories. Les lipides représentent la source d’énergie la plus facile à stocker.
Si l’organisme épuise ses réserves en glucide et en lipide, il peut se mettre à dégrader ses réserves protidiques pour trouver l’énergie nécessaire à son métabolisme basal. Les besoins caloriques de chaque individu dépendent de son activité et de son poids. Ceux-ci sont proportionnellement plus importants chez l’enfant que chez l’adulte. Avant 6 mois, les besoins sont de 110 à 120 kcal ⁄kg ⁄jour. Ces besoins énergétiques importants durant toute la période de croissance expliquent pourquoi les enfants sont les premières victimes de malnutrition aigue en cas de crise alimentaire. Ils sont métabolisés au cours de la digestion et donnent : Du glucose et autres monosaccharides, issus du métabolisme des glucides, Des acides gras et du glycérol provenant du métabolisme des lipides, Des peptides et des acides aminés issus du métabolisme des protides.
Les micronutriments : les vitamines et les oligo-éléments.
a- Les vitamines : ce sont des substances organiques indispensables à l’organisme et à sa croissance. Le corps humain ne pouvant en faire la synthèse, elles doivent être apportées par un régime alimentaire équilibré. Les vitamines favorisent le métabolisme des protides, des glucides et des lipides, en particulier par leur implication dans les systèmes enzymatiques. Leur absence entraine une pathologie de carence spécifique. En plus, de nombreuses vitamines sont immuno-régulatrices telle que la vitamine A qui a un double rôle protecteur à savoir:
– Maintenir l’intégrité structurelle et fonctionnelle des cellules épithéliales
– Contrôler la prolifération et la différenciation cellulaire en influençant ainsi l’immunité cellulaire [13]. Les vitamines sont réparties en deux groupes : les vitamines liposolubles qui peuvent être stockées (tissus lipidiques, foie, reins) et les vitamines hydrosolubles qui ne peuvent pas être stockées. Ces dernières doivent être consommées quotidiennement pour satisfaire les besoins de l’organisme.
b- Les oligo-éléments : Ils sont présents en quantité variable dans l’organisme. Ils ont un rôle dans la constitution des tissus, dans la régulation des mouvements d’eau, dans l’élaboration des enzymes et des hormones et dans l’excitabilité neuromusculaire. Malgré un rôle essentiel, leur fonctionnement est peu connu. On connait surtout les effets des carences en oligoéléments.
La Malnutrition :
La Pénurie alimentaire sur la scène internationale :
Le droit à l’alimentation est prévu dans le droit international, comme faisant partie intégrante ‹‹ d’un niveau de vie suffisant pour assurer la santé et le bien-être des individus et de leurs familles›› (Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, art. 25). L’OMS a fixé les besoins de toute personne dépendante de l’aide alimentaire à 2100 kcal par jour. La ration alimentaire doit être équilibrée et doit inclure au minimum 10 ℅ de protéines, 17 ℅ de lipides et glucides. La famine est un état de pénurie alimentaire grave s’étendant sur une longue durée. Elle se distingue de la malnutrition qui peut être endémique ou chronique. Certains indices médicaux sont utilisés pour évaluer la gravité de la situation au regard de l’ensemble de la population. D’autre indices peuvent également être utilisés, tels que les rendements agricoles, le prix et la disponibilité des denrées alimentaires. La famine peut être liée à des phénomènes naturels ou à l’existence d’un conflit. Elle peut illustrer la volonté politique et ou militaire d’affaiblir une partie de la population dans le cadre d’un conflit, ce que le droit humanitaire interdit [31].
En période de conflit :
Le droit humanitaire international réglemente l’usage de l’arme alimentaire et favorise les secours alimentaires aux populations civiles. Il interdit les destructions des cultures et des biens essentiels à la population ainsi que l’usage de la famine comme méthode de combat Il impose le libre passage du ravitaillement dans les zones assiégées, le libre passage des secours alimentaires, la fourniture de nourriture suffisante pour les personnes détenues ou internées [30].
En temps de paix :
Un système international de solidarité alimentaire existe entre les Etats au sein de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Les deux principales agences sont la Food and Agriculture Organization (FAO) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
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Table des matières
1- Introduction
2-Objectifs
3-Généralités
3.1. Rappel des notions de base sur les nutriments
3.1.1. Les macronutriments
3.1.2. Les micronutriments
3.2. La malnutrition
3.2.1. La Pénurie alimentaire sur la scène internationale
3.2.2. En période de conflit
3.2.3. En temps de paix
3.3. Aspect clinique de la malnutrition
3.4. Infection et risque de malnutrition
3.5. Malnutrition et risque d’infection
3.6. Diagnostic de la malnutrition
3.6.1. Les mesures anthropométriques
3.6.2. Interprétation des mesures anthropométriques
3.6.3. Cas particulier
3.7. Conséquences physiopathologique de la malnutrition
3.7.1. Système de défense non spécifique
3.7.2. Système de défense spécifique
3.7.3. Autre fonction
3.7.4. Modifications métaboliques
4-Méthodologie
4.1. Cadre et lieu d’Etude
4.2. Recrutement
4.3. Période et type d’étude
4.4. Echantillonnage
4.5. Critères d’inclusion
4.6. Critères de non inclusion
4.7. Matériels, déroulement du travail et variables mesurées
4.7.1. Matériels
4.7.2. Saisie et analyse des données
5. Aspects éthiques
6-Résultats
6.1. Caractéristiques Socio-démographiques
6.2. Données cliniques
6.3. Données Para cliniques
7-commentaires et discussions
8-Conclusion
9-Bibliographie
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