Etude des infections à Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae par biologie moléculaire (RT-PCR)

Facteurs de risque

Les facteurs de risques identifiés sont :
 L’âge (femmes de 15 à 25 ans et hommes de 20 à 35 ans),
 L’âge précoce du premier rapport sexuel,
 La non utilisation du préservatif,
 Le nombre de partenaire, partenaires occasionnels (risque multiplié par 13 chez l’homme et par 7 chez la femme),
 L’origine géographique de la patiente ou de son partenaire (Antilles),
 Les antécédents d’IST ou d’infection à CT.

Physiopathologie

      Il existe plusieurs hypothèses concernant la pathogénèse de l’infection à Ct. Les dommages tissulaires seraient liés soit à la réponse cellulaire immédiate au moment de l’infection, soit à la réponse immunitaire cellulaire spécifique au cours de l’infection persistante ou lors des réinfections. Plusieurs constituants bactériens sont impliqués dans la réponse immunitaire. Le lipopolysaccharide (LPS) bactérien est un antigène majeur avec une activité endotoxinique faible qui apparaît à la surface des cellules infectées. La liaison entre l’anticorps anti-LPS et le complément entraine une lyse cellulaire, l’activation de la coagulation, la production de cytokines par les macrophages (TNF-α), et la formation de complexes immuns circulants qui peuvent se déposer dans les tissus [8]. La heat shock protein (Chsp60) pourrait jouer un rôle dans la réorganisation des CE en CR.Les anticorps anti-Chsp60 sont associés aux séquelles du trachome, à l’atteinte inflammatoire pelvienne (AIP), à l’infertilité tubaire et à la survenue de GEU. Son expression est augmentée dans les formes d’infections persistantes. Plusieurs facteurs ont été retrouvés in vitro pouvant expliquer l’altération du cycle de développement de la bactérie à l’origine des formes persistantes, notamment la présence d’inhibiteurs de croissance bactérienne, l’exposition à la pénicilline, à l’interféron-γ (IFN- γ) et une carence en nutriments essentiels. La stimulation de la réponse immune par une forme quiescente ou par des antigènes persistants pourrait être à l’origine de l’inflammation chronique, des dommages tissulaires et de la fibrose [8].

Diagnostic au laboratoire

   Chlamydiae trachomatis est une bactérie intracellulaire obligatoire. Cette caractéristique rend son diagnostic impossible par les méthodes de culture conventionnelle et difficile par culture cellulaire d’où le recours à des techniques de biologie moléculaire (test d’amplification des acides nucléiques : TAAN) et immunologiques. Dans un contexte de dépistage, l’utilisation des tests multiplex N. gonorrhoeae (NG)/C. trachomatis (CT) doit être préconisée, compte tenu de la fréquence des co-infections, des avantages d’un point de vue économique et organisationnel et d’un coût additionnel faible de la recherche simultanée des deux infections [32]. La culture sur milieu cellulaire a une spécificité proche de 100 % et une sensibilité de 50 à 80 %. Elle est réservée aux laboratoires spécialisés et n’est pas recommandée en routine. Les prélèvements bactériologiques peuvent être pratiqués [18]:
 Chez l’homme symptomatique ou non : sur un premier jet urinaire (10 à 20 ml), au moins 2 heures après la dernière miction ;
 Chez la femme symptomatique : sur un écouvillonnage d’endocol associé au mieux par un prélèvement au pourtour urétral lors d’un examen au spéculum, en réalisant un raclage de la muqueuse ;
 Chez la femme asymptomatique : sur un écouvillonnage vulvovaginal (autoprélèvement)
La sérologie n’a pas d’intérêt dans le diagnostic des infections à Chlamydia, notamment car elle ne permet pas de distinguer en un seul prélèvement une infection active d’une infection ancienne [13].

Endocytose

     Après l’étape d’adhésion, le gonocoque est endocyté dans les cellules épithéliales au sein de vacuoles de phagocytose [63]. Cette étape de phagocytose est possible notamment grâce au lipo-oligosaccharide (LOS). Inséré dans le feuillet externe de la membrane plasmique externe, le LOS de Neisseria gonorrhoeae est composé de trois éléments : le lipide A, un noyau (ou core) et une chaîne oligosaccharidique (antigène O). A la différence du lipopolysaccharide (LPS) des autres bactéries à Gram négatif (endotoxine), l’antigène O n’est pas répété : on parle de lipooligosaccharide. C’est plus précisément la chaîne oligosaccharidique du LOS qui est impliquée dans l’internalisation du gonocoque dans les cellules épithéliales via le récepteur de l’asialoglycoprotéine (ASGP-R) [52]. Cette chaîne est soumise à des variations spontanées inter et intra souches pouvant modifier l’internalisation du gonocoque dans les tissus [20].

Traitement

    Le traitement de référence reste la ceftriaxone IM 500 mg en dose unique en première intention.
 En cas d’intolérance / d’allergie aux bêta-lactamines, il est proposé l’utilisation de macrolides type azythromycine a fortes doses a 2g. L’alternative de l’utilisation de fluoroquinolones type ciprofloxacine en dose unique à 500 mg per os est également possible mais, dans la mesure du possible, il vaut mieux utiliser cette catégorie de molécule avec l’appui d’un résultat bactériologique associé à un antibiogramme, à cause de la fréquence des résistances à ces molécules [53]. A noter, la proposition en alternative de l’utilisation de gentamicine en dose unique de 240 mg IM qui présenterait une diffusion moins efficace au niveau pharyngée [39]. Les alternatives ont une efficacité moindre. On associe systématiquement une antibiothérapie dirigée contre les infections anti-chlamydiae [2,24].
 Dans le cadre de l’existence de co-infection fréquente (15-40% des cas de gonococcie) entre le gonocoque et la chlamydia, il est prouvé l’intérêt d’associer un traitement contre le Chlamydia avec une prise unique de 1g per os d’azithromycine ou 200mg de doxycycline par jour pendant 7 jours [2].

Principe général de la méthode

     Depuis son invention, la PCR est devenue la technique la plus utilisée pour la détection de l’ADN et de l’ARN. À partir d’une simple copie d’une séquence particulière d’acides nucléiques, cette séquence peut être spécifiquement amplifiée et détectée. Sa nature exponentielle rend cette technique attrayante pour des analyses quantitatives. Théoriquement, il existe une relation quantitative entre la quantité de la séquence cible de départ et la quantité du produit amplifié à n’importe quel cycle. En pratique, il n’est pas rare que les réactions de PCR en replica donnent des taux différents d’amplicons. Le développement de la PCR quantitative en temps réel a éliminé les variabilités traditionnelles associées à la PCR quantitative et permet la quantification du produit de la PCR de façon fiable et routinière. Au début de la réaction PCR, les réactifs sont en excès mais en concentration assez faible afin d’éviter que la renaturation des amplicons n’entre en compétition avec l’hybridation des amorces (primers). L’amplification est alors réalisée de façon constante à un taux exponentiel à l’aide d’une ADN polymérase thermostable. Après la phase exponentielle, la réaction d’amplification entre dans une phase linéaire où le taux d’amplification devient extrêmement variable, même au niveau de replica d’un même échantillon, à cause d’une compétition entre la renaturation des amplicons et l’hybridation des amorces. Suit ensuite une phase plateau où le taux d’amplification décroît à près de zéro générant très peu d’amplicons. Afin de recueillir des données quantitatives avec précision, chacun des échantillons doit être analysé dans sa phase exponentielle d’amplification qui est la phase la plus reproductible de la réaction de PCR. La PCR en temps réel fait donc le suivi de la fluorescence émise pendant la réaction avec un indicateur de la production des amplicons durant chaque cycle, à l’opposé de la PCR quantitative conventionnelle où les amplicons ne sont détectés qu’à la toute fin du processus. La technologie de la PCR en temps réel est basée sur la détection et la quantification d’un «reporter» fluorescent. L’augmentation du signal fluorescent est directement proportionnelle à la quantité d’amplicons générés durant la réaction de PCR. En observant la quantité de fluorescence émise à chaque cycle, il devient possible de suivre la réaction PCR durant sa phase exponentielle où la première augmentation significative dans la quantité d’amplicons est en corrélation directe avec la quantité initiale de la matrice originale cible (template). Plusieurs instruments de PCR en temps réel sont présentement sur le marché. Ces appareils utilisent généralement un système en tubes fermés et la quantification ne requiert aucune manipulation postamplification, ce qui minimise ou élimine les problèmes de contamination par les amplicons suite à la réaction de PCR et réduit le temps d’analyse [11]. Le processus complet est donc automatisé du début à la fin rendant ainsi cette technologie intéressante pour des applications d’analyses à grande échelle (high-throughput) [43].

CONCLUSION

     Notre étude a permis de rechercher l’infection à C. trachomatis et N. gonorrhoeae auprès de 5014 patients asymptomatiques à partir des urines matinales de premier jet par technique moléculaire. Le sex-ratio était de 1,08 en faveur des femmes avec un âge médian de 29 ans (extrémités de 8 mois à 80 ans). La prévalence d’infection à C. trachomatis et à N. gonorrhoeae était respectivement de 3,1% et 1,1% et la tranche d’âge [20-29 ans] sexuellement active était la plus touchée. Une co-infection à a été observée chez 18 patients dont une majorité était dans la tranche d’âge [20-29 ans]. Ces résultats montrent la problématique de l’infection de ces pathogènes chez une population asymptomatique. D’où la nécessité d’une surveillance de ces pathogènes responsables d’IST chez les personnes sexuellement actives. Les techniques moléculaires sont un bon outil diagnostic pour rechercher ces pathogènes responsables d’IST d’où l’importance de la mise en place de ces tests en pratique de routine en complément à la culture bactériologique particulièrement pour N. gonorrhoeae afin d’étudier le profil de résistance aux antibiotiques. Au vu de nos résultats, et pour barrer la route aux IST et être en phase au programme de l’OMS d’éradiquer les IST d’ici 2030, une surveillance de ces pathogènes est primordiale particulièrement chez les personnes sexuellement actives même en absence de symptomatologie. Une sensibilisation de la population sur les moyens de prévention des IST doit être réalisée sans relâche par les autorités sanitaires.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LITTERATURE
I. GENERALITES SUR LES INFECTIONS A CHLAMYDIA TRACHOMATIS 
I.1. Caractères morphologiques
I.2. Epidémiologie
I.2.1. Habitat et transmission
I.2.2. Facteurs de risque
I.2.3. Données épidémiologiques
I.3. Cycle de multiplication
I.4. Physiopathologie
I.5. Pathogénie
I.6. Histoire naturelle
I.7. Diagnostic au laboratoire
I.8. Traitement
I.9. Prévention
II. GENERALITES SUR LES INFECTIONS A NEISSERIA GONORRHOEAE 
II.1. Caractères bactériologiques
II.1.1. Caractères morphologiques
II.1.2. Caractères biochimiques
II.1.3. Caractères antigéniques
II.1.4. Caractères culturaux
II.2. Epidémiologie
II.2.1. Habitat et transmission
II.2.2. Données épidémiologiques
II.3. Mécanismes d’infection de Neisseria gonorrhoeae
II.3.1. Adhésion
II.3.2. Endocytose
II.3.3. Multiplication cellulaire
II.3.4. Exocytose
II.4. Pathogénie
II.5. Diagnostic au laboratoire
II.6. Traitement
II.7. Résistance au traitement
II.8. Prévention
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL EXPERIMENTAL
I. OBJECTIFS
II. TYPE,CADRE ET PERIODE D’ETUDE
III. MATERIELS ET METHODE
III.1. Matériel
III.2. Population d’étude
III.3. Prélèvement
III.4. Extraction
III.5. Amplification
III.6. Analyse des données
IV. RESULTATS
IV.1. Population d’étude
IV.2. Répartition de la population selon l’âge et le sexe
IV.3. Recherche de Chlamydia trachomatis
IV.3.1. Fréquence de l’infection à C.trachomatis
IV.3.2. Répartition de l’infection à C. trachomatis selon l’âge
IV.3.3. Répartition de l’infection à C. trachomatis selon le sexe
IV.4. Recherche de Neisseria gonorrhoeae
IV.4.1. Fréquence de l’infection à N.gonorrhoeae
IV.4.2. Répartition de l’infection à N. gonorrhoeae selon l’âge
IV.4.3. Répartition de l’infection à N. gonorrhoeae selon le sexe
IV.5. Co-infection Chlamydia trachomatis / Neisseria gonorrhoeae
V. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES

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