Etude des impacts de la pèche du poulpe sur l’environnement marin

Madagascar est classé parmi les dix premiers pays à plus haute importance en diversité biologique dans le monde (Mittermeier, R.A et P.R., GIL & M.H.J., Pilgrim & T., Brooks & C.G., .Mittermeier & J., Lamoureux & G.A.B., DA Fonse., 2004). La biodiversité malgache est considérée comme un sanctuaire de la nature, un patrimoine naturel mondial unique, un centre d’intérêt scientifique exceptionnel et en particulier un facteur d’équilibre et d’appui au développement avec un taux d’endémisme très élevé (80 % pour la faune et 90 % pour la flore). La gestion de la biodiversité est une activité à haut risque dû à la spirale de dégradation qui détruit les forêts tropicales et les récifs coralliens. Les causes de cette dégradation sont liées à la pauvreté de la population (ANGAP Masoala, 2005). La richesse et la variété de la faune justifient un large développement de toutes les formes de pêche à Madagascar ; et une meilleure connaissance des espèces permettra une utilisation rationnelle des stocks disponibles. L’Aire Protégée Masoala, située dans la presqu’île, est l’un des Parcs Nationaux exceptionnels de part sa richesse en biodiversité et de son bon état de santé. C’est presque l’unique exemple dans le monde où l’on peut rencontrer une forêt primaire intacte descendant de plus de 1000m d’altitude jusqu’au niveau de la mer (Jaomanana et Rakotoarinarivo A W et James M, 2001).

Le Parc Marin est constitué particulièrement par des récifs coralliens de type frangeant abritant diverses espèces de flore et de faune marine. L’écosystème marin reste peu perturbé avant l’année 1990 grâce à l’isolement de la région, à la démographie relativement faible de la population autochtone, au nombre réduit de pêcheurs professionnels et à la fréquence des intempéries (Lope et Be, 2002). Le récif corallien constitue une source de revenu et de protéine importante pour la population riveraine. Selon les estimations de la (F.A.O, 1983) pour Madagascar, la disponibilité moyenne journalière par habitant en protéine d’origine animale n’était en 1978 / 1980 que 12,5 g dont seulement 2,1g d’origine halieutique, chiffre nettement inférieur au seuil de carence protéique au dessous duquel apparaissent des maladies nutritionnelles (Randriamiarisoa, 1986). L’exploitation rationnelle des ressources marines vivantes comme les Céphalopodes (poulpes) devient la solution la plus efficace à ce niveau. Les Céphalopodes sont classés parmi les trois premiers produits d’exploitation de Madagascar après les crevettes et les langoustes en termes de valeur.

Les poulpes sont des espèces benthiques qui vivent dans des eaux peu profondes, se trouvant fréquemment sous les blocs de coraux. Ils ont une valeur supérieure à celle des poissons sur le marché international pour différentes raisons (Info-pêche, 1987) :
– la chair ferme qui se prête à toutes les formes de préparation, de traitement et de conditionnement ;
– le pourcentage de partie comestible qui est plus élevé : 85% contre 60% chez les poissons ;
– grande valeur nutritive et très grande richesse en protéine : 100g de chair contiennent 120,67g de calories contre 82,13g pour les poissons ;
– goût délicieux et doux.

Les poulpes sont des animaux marins à sexe séparés et ils sont exclusivement carnivores. Au Parc National Masoala, les poulpes sont parmi les produits d’exploitation de la région les plus recherchés par les pêcheurs. La pratique de pêche sur le récif offre plus de chance de gagner plus de produits que la pêche aux poissons. Et comme cette technique de pêche présente un danger pour le récif, les gestionnaires du parc ont cherché l’alternative aux pressions pour résoudre le problème de la dégradation récifale. Ainsi, un programme de recherche a été proposé par les gestionnaires du parc en 2005 dans le but de faire une expérimentation sur l’utilisation des poulpiers.

CARACTERISTIQUES GENERALES DE LA ZONE D’ETUDE 

Localisation géographique 

Le parc National Masoala est situé au Nord-Est de Madagascar, limité par la Baie d’Antongil du côté Sud et Sud-Ouest et par l’Océan Indien du côté Est et Nord (figure 1). Il s’étend entre les latitudes 15°10’ et 16°00’Sud et entre les longitudes 49°48’ et 50°32’ Est avec une superficie totale de 240 000 hectares (ANGAP Masoala, 2005). Il est à cheval entre les districts d’Antalaha et celui de Maroantsetra. Dans le Parc National Masoala, il existe le parc terrestre et le parc marin. Le parc marin se compose de trois parcelles : la parcelle marine de Tampolo, la parcelle marine de Ambodilaitry et celle de Tanjona. Ces trois parcelles marines de Masoala ont été créées par décrets en 1997 intégrés au grand Parc National de Masoala. La gestion de ces trois parcelles marines a été transférée à l’ANGAP- WCS à partir du mois d’Avril 2000. La presqu’île Masoala est l’endroit qui possède le plus grand bloc forestier à Madagascar, avec une forêt montagneuse allant jusqu’à 1200m d’altitude et une forêt côtière (Nicoll m.E, and Langrand, 1989). Grâce à cette richesse en bloc de forêt pluviale et côtière, la péninsule de Masoala est très importante car très peu de régions tropicales dans le monde en possèdent. Sa localisation géographique et sa topographie ont permis à cet endroit de garder sa richesse en faune et flore, qu’on ne trouve pas dans d’autres endroits de Madagascar.

Facteurs physiques de la zone d’étude 

Données climatologiques de la région 

La presqu’île Masoala présente un climat perhumide chaud. Elle est soumise à l’influence des alizés, qui soufflent en permanence dans la direction SSE-NNW. La presqu’île Masoala est caractérisée par la présence de trois saisons bien distinctes (Ratsisetraina, 2001) :
• une saison chaude et pluvieuse du mois de Décembre au mois d’Avril. Les pluies y sont apportées par la mousson. C’est aussi la saison cyclonique ;
• une saison fraîche et pluvieuse du mois de Mai au mois d’Août ;
• une saison chaude peu pluvieuse à partir du mois de Septembre au mois de Novembre.

La presqu’île ne connaît pas de saison sèche marquée.

Conditions hydrodynamiques de la mer

Dans la région de la presqu’île Masoala, le vent du Sud-Est ou Alizé provoque des houles de direction Nord-Ouest du mois de Novembre au mois de Mars (saison humide) (Be, 2002). Le développement du récif corallien à Masoala a été limité par l’étroitesse de la plate forme continentale et l’action intense des vagues qui causent une turbidité élevée quasipermanente des eaux (Jaomanana et Rakotoarinarivo et James, 2001). L’écosystème marin et côtier de Masoala est composé de deux grandes parties : la côte Est de la presqu’île protégée en grande partie par des récifs frangeant contre les houles et les vagues de l’Océan Indien, et la côte Ouest bordée d’eau relativement calme de la Baie d’ Antongil. La côte Est de Madagascar présente un marnage de faible amplitude de 0,5 à 0,7m (WCS, 2003). Les marées de la presqu’île Masoala, surtout dans les parcelles marines, sont de type semi-diurne de pleine et de basse mer toutes les six-heures avec alternance des mortes et des vives eaux.

La période séparant deux mortes eaux est de 14 jours (Andriamampandry, 1976). La région de la presqu’île Masoala est sous l’influence du courant équatorial Sud provenant de la partie orientale de l’Océan Indien (Australie du Nord et la région Ouest de l’Indonésie) mais également des sites plus proches tels que les Seychelles (Jaomanana et Rakotoarinivo et Jemes).

Zones d’études

Les travaux de recherche ont été réalisés dans les deux parcelles marines (Ambodilatry et Tanjona) qui ont une structure récifale discontinue et en général émergée durant la basse mer de vives eaux. La grande diversité biologique, terrestre et marine de la péninsule de Masoala reflète la diversité de ses habitats, en particulier ceux de nombreuses espèces marines exploitables représentées en majeure partie par le poulpe, dont l’espèce Octopus cyanea est la plus connue.

Parcelle Marine d’Ambodilaitry
Elle se situe de part et d’autre du Cap Masoala, entre la pointe Rantafay et l’embouchure de la rivière Beankora. La limite terrestre est la ligne la plus haute qui peut être atteinte par la marée, et du côté de la mer, elle est limitée en quelque sorte par la barrière récifale. La Parcelle marine Ambodilaitry (figure 2) a une superficie de 3300 Ha avec dix petits îlots. Elle comprend deux noyaux durs mesurant au total de 300 Ha, à savoir le noyau dur de Nosy Nepato (100Ha) et le noyau dur d’Ankoalambanona (200Ha). La formation récifale s’étend de Nosy Behento (ilôt) jusqu’au rivage Sud de la baie de Vinanibe. La partie Sud de la parcelle, d’Ankoalambanona jusqu’à Ambodilaitry, forme un récif de type barrière. Par contre, la partie Nord (à partir d’Ambodilaitry vers la baie de Vinanibe), présente un récif de type frangeant. On a remarqué aussi l’existence de passe dans ce récif. La passe sert de lieu d’échange entre les parties interne et externe du récif. Deux lieux sacrés comme Anjanaharibe et Nosy Ratsy existent dans cette parcelle marine.

Parcelle Marine de Tanjona
La parcelle marine de Tanjona (figure 3) se situe la plus au Nord du Parc marin Masoala. Elle couvre environ 3100Ha de surface. Elle s’étend de la pointe de Cap Tanjona jusqu’à 300m au Sud de l’embouchure de la rivière d’Anjanazana. Cette parcelle est marquée par la présence de deux noyaux durs qui ont une superficie totale de 400Ha dont 300Ha pour le noyau dur d’Ankaranilaotro et 100Ha pour celui d’Ankarananivo. Cette parcelle marine comprend trois zones distinctes : la mangrove (de 6 à 10m jusqu’à 200m de large), la baie (une surface de 1,5km²) et les récifs coralliens (Ranaivoson, 2000). La formation récifale est discontinue et exposée directement au large, de sorte que le récif est rempli d’eau en permanence durant la basse mer de vives eaux. Dans le platier interne, le mélange de peuplements faunistique et floristique est très fréquent, ce qui rend la zonation récifale très difficile. Le long de la côte, la présence d’une bande de mangrove est très remarquable. Dans le récif de Tanjona, il existe la passe et des fausses passes.

Zonage des Parcelles Marines
Le noyau dur ou la zone de conservation intégrée est une zone qui jouit d’une protection intégrale à l’intérieur de la parcelle marine. Il s’agit d’habitats sains, de haute importance écologique. Aucune forme de prélèvement des ressources naturelles ou activité, qui pourrait entraîner une dégradation, n’est autorisée. L’accès à l’intérieur du noyau dur est formellement interdit. La zone tampon ou la zone d’utilisation contrôlée (ZUC) est une zone où l’on peut faire différentes activités mais avec certaines règles. La population riveraine peut utiliser cette zone sous le contrôle des agents du parc, en tant que responsables, ou eux-mêmes peuvent y exercer leur contrôle à tout moment si nécessaire. Autrement dit, l’utilisation de cette zone est réglementée à l’aide des lois conventionnelles et formalisées entre les gestionnaires du Parc marin et la population riveraine, appelées « Dina ».

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Table des matières

INTRODUCTION
I- GENERALITES
1.1 CARACTERISTIQUES GENERALES DE LA ZONE D’ETUDE
1.1.1 Localisation géographique
1.1.2 Facteurs physiques de la zone d’étude
1.1.2.1 Données climatologiques de la région
1.1.2.2 Conditions hydrodynamiques de la mer
1.1.3 Zones d’études
1.1.3.1 Parcelle Marine d’Ambodilaitry
1.1.3.2 Parcelle Marine de Tanjona
1.1.3.3 Zonage des Parcelles Marines
1.1.3.4 Biotopes rencontrés dans les zones protégées
1.1.4 Population locale
1.2 PROBLEMATIQUES DES RECIFS DANS CES DEUX PARCELLES MARINES
II- MATERIELS ET METHODES
2.1 MATERIELS
2.1.1 Matériels biologiques (Poulpes)
2.1.1.1 Position systématique des poulpes
2.1.1.2 Morphologie externe
2.1.1.3 Reproduction
2.1.1.4 Prédateurs
2.1.1.5 Cycle de vie
2.1.1.6 Utilisation
2.1.2 Matériels de pêche (pots ou poulpiers)
2.1.2.1 Description des pots
2.1.2.2 Mise en place et répartition des poulpiers
2.1.2.3 Choix des sites, des stations et des biotopes
2.1.3 Justification des poulpiers
2.2 METHODES
2.2.1 Conditions hydroclimatiques
2.2.1.1 Température et salinité
2.2.1.2 Profondeur et turbidité de l’eau
2.2.2 Suivi de pêche traditionnelle
2.2.3 Pêche expérimentale
2.2.3.1 Suivi de capture aux poulpiers
2.2.3.2 Entretien des pots
2.2.4 Identification et mensuration des espèces
2.2.4.1 Identification des espèces
2.2.4.2 Mensuration
2.2.5 Analyse statistique des données
2.2.5.1 Evaluation du sex- ratio
2.2.5.2 Estimation des captures mensuelles
a- La CPUE moyenne mensuelle
b- Abondance moyenne de prise mensuelle
2.2.5.3 Description biométrique des poulpes
2.2.5.4 Etude de variabilité temporelle et homogénéité entre les deux parcelles
a- Normalité des échantillons
b-Test ANOVA
c- Comparaison de la rentabilité des deux pots
2.2.5.5 Enquêtes socio – économiques des pêcheurs
2.3 CONTRAINTE
III- RESULTATS ET DISCUSSION
3.1 CONDITIONS HYDROCLIMATIQUES
3.1.1 Température et salinité
3.1.2 Profondeur et turbidité de l’eau
3.1.3 Conclusion
3.2 PECHE AUX POTS
3.2.1 Différentes phases de maturation des pots
3.2.2 Capture
3.2.2.1 Répartition de captures selon la dimension des pots
3.2.2.2 Taux de capture par biotope
a- Résultats du test ANOVA
b- Conclusion
3.2.2.3 Taux de capture suivant les dimensions des pots
3.2.2.4 Taux de capture selon les dispositions des pots
3.2.3 Différentes espèces rencontrées dans les zones d’études
3.3 ANALYSE DE LA POPULATION DE POULPE
3.3.1 Evaluation du sex- ratio
3.3.2 Description biométrique des poulpes
3.3.3 Récapitulation des résultats avec les deux formes des poulpiers
3.3.4 Etude comparative de capture de la pêche traditionnelle et expérimentale
IV- ETUDE DES IMPACTS DE LA PECHE DU POULPE SUR L’ENVIRONNEMENT MARIN
4- 1 IMPACTS DE LA PECHE TRADITIONNELLE
4-2 IMPACTS DE LA PECHE AUX POTS
CONCLUSION GENERALE

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